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[APPEL À PROJETS] L'AFNIC LUTTE CONTRE L'EXCLUSION NUMÉRIQUE - Interview d'Isabel Toutaud


David Commarmond
Vendredi 5 Mai 2017




Pouvez vous vous présenter et présenter l'Afnic

Je suis actuellement Directrice Juridique et ce depuis 2005 ; Et avant cela j’étais responsable du service support et enregistrement des noms de domaine ; Je travaillais à l’Afnic (association française pour le nommage internet en coopération) avant même qu’elle ne porte ce nom puisque dès 1993 j’assurais la gestion de l’internet en France dans le NIC France, un service au sein de l’établissement public INRIA (Institut de recherche en informatique et en automatique). L’Afnic a été créée en 1999 et est sortie de l’INRIA. C’est une association à but non lucratif. Sa gouvernance est multipartite c’est-à-dire qu’elle associe pouvoirs publics, utilisateurs et secteur privé mais elle est indépendante et ne reçoit aucune subvention. Le financement de l’activité et de son équipe est entièrement assuré par la mise à disposition de ses prestations.
 

En 2012 lorsque l’Afnic est nommée office d’enregistrement par le gouvernement français, elle prend l’engagement de reverser 90 % des bénéfices du .fr à un Fonds de Soutien au Développement de l’Internet, doté d’une gouvernance indépendante, qui financera des actions de recherche pour le développement d’Internet.
 

Ma motivation première ayant toujours été l’intérêt général, j’ai tout de suite été intéressée dès qu’il a été question que l’Afnic s’engage dans ce type d’action de solidarité.
 

En 2015, lorsque l’Afnic et la Fondation de France signent une convention visant à créer La Fondation Afnic pour la Solidarité Numérique, je me porte volontaire pour en être la Déléguée Générale.
 

En finançant cette fondation grâce aux bénéfices réalisés sur la gestion du .fr, l’Afnic met au service de la communauté internet locale les revenus générés à travers l’utilisation du .fr, qui est un bien commun de cette communauté. Ainsi, l’ensemble des efforts de l’Afnic pour rendre le .fr plus attractif, plus simple, plus compétitif, aura un impact direct sur le montant des ressources disponibles de la fondation Afnic.
 

Quel est votre rôle au sein de la Fondation AFNIC ?

Sur ma carte de visite, je suis Déléguée Générale. Aussi, je suis celle qui répond aux porteurs de projet, qui teste le site web, qui assure le secrétariat avec l’instance de gouvernance, qui instruit des dossiers, qui assure la relation avec les lauréats, avec la Fondation de France, qui communique …
 
Je suis accompagnée par un coordinateur (Denis Pansu) expert en innovation digitale dont la connaissance de l’écosystème et des mécanismes des appels à projet sont appréciables, d’un comité exécutif composé de 9 personnes et présidé par M Jean Michel Hubert et entourée par une petite équipe d’instructeurs qui se chargent de la plupart des instructions de dossiers.
 

Et d’ici quelques semaines, j’assurerai également la coordination d’un comité scientifique et d’orientation qui sera chargé d’appuyer le comité exécutif de la Fondation dans la définition de ce que seront les futurs appels à projet.
 


Pouvez-vous nous parler de l'ancien Appel à projet et du nouveau  : les différences ?

Il n’y a pas de différence. Les deux appels à projet sont largement ouverts – sans thématique particulière. Nous ne nous sommes rien interdit (sauf la santé parce qu’il y a déjà beaucoup de fondation sur les rangs mais sans exclure le handicap). Nous acceptons les projets portées par des structures âgées seulement d’un an et avons décidé que les projets s’adresseront exclusivement à des bénéficiaires localisés sur le territoire français, ce qui est logique compte tenu de la source des financements.

Nous avons également accepté de recevoir des dossiers de structure de type coopérative à partir du moment où ces dernières étaient d’intérêt général et sous agrément ESUS.
 

Nous avons été surpris par le nombre de dossiers reçus l’année dernière (228) et à ce jour, à moins de quinze jours de la date limite de dépôts du formulaire d’éligibilité, il y a 230 entrées en base.
 

Les deux appels sont dotés de la même enveloppe financière, les lauréats seront connus en fin d’année.
 


Pouvez-vous dresser le portrait type du porteur de projet ?

Si l’on se base sur les dossiers déposés, je dirais que le porteur de projet est avant tout une association loi 1901, de budget moyen, soutenu par des responsables « habités » par leurs projets.

Ils pensent « intérêt général » et c’est ainsi que sortent des projets de type chèque service, cartographie participative, plateforme de formation, coffre-fort numérique pour personnes démunies, dispositif scénique interactif pour interprètes en situation de handicap, outil ludique pour apprendre à lire, jeux pour personnes âgées, aides aux démarches administratives …

 

Il est quelque fois difficile de choisir tant la palette est riche… et même les projets qui ne sont pas lauréats sont des bons projets.

 

Il y a peut-être un dénominateur commun à tous ces porteurs de projets issus des quatre coins du territoire : quand ils se retrouvent ensembles dans une pièce, ils découvrent que leurs projets se ressemblent, qu’ils se heurtent aux mêmes problèmes ; ils ont envie d’échanger ; ils veulent leurs adresses respectives ! Ils voudraient un annuaire des structures, des projets , des réalisations. Il me semble qu’il y a un vrai besoin de mise en relation et c’est à cette problématique que la Fondation tente de remédier en organisant des rencontres territoriales entre porteurs de projet, en incitant à la mutualisation ou en recherchant les projets transmissibles. Et peut-être pourrons nous aller plus loin en organisant un vaste réseau de porteurs de projets , qui sait ?


Si vous aviez un message à faire passer : quel serait-il ?

Continuer à faire preuve de dévouement, de générosité et d’ingéniosité.

Et plus matériellement, militer pour les dépôts de noms de domaine en .fr, car chaque fois que quelqu’un enregistre un nouveau « .fr », il y a un peu plus d’euros dans l’enveloppe annuelle que l’Afnic confiera à la Fondation Afnic.

De quoi alimenter plusieurs années d’appel à projets.