Communication & Influence

Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS). MÉDIAS ET MANIPULATION : ENTRE COMPLOTISME, RÉINFORMATION ET FAKES NEWS


David Commarmond
Jeudi 19 Décembre 2024


Le 26 novembre 2024, à Paris, le séminaire "Enjeux communicationnels de la désinformation : Nouvelles formes, nouveaux défis" organisé par L’Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS). Académie créée par Thierry Libaert, Bernard Motulsky et François Allard-Huver en Janvier 2018. Animée par François Allard-Huver, Université catholique de l’Ouest et Audrey Knauf, Université de Lorraine. Cette session explore la désinformation et la notion réinformation, les stratégies de lutte, en particulier dans le contexte Covid19/Vaccins et de la guerre en Ukraine.



Les intervenants :

  • Animation : Justine Lalande. Doctorante en communication. Université du Québec à Montréal.
  • Théophile Robineau. Université Paris Cité Plus légaliste que la loi : le complotisme comme exigence de cohérence.
  • Stéphanie Lukasic, Alexandra Salou. Université Aix-Marseille. Quand la réinformation reconfigure les pratiques journalistiques. Une analyse comparative de trois pays francophones.
  • Laurence Grondin-Robillard. Université du Québec à Montréal. Sur le fil de TikTok : entre espace informationnel et de désinformation.
 


Temsps forts

Théophile Robineau, le premier intervenant, analyse comment la loi est instrumentalisée dans les discours complotistes. Il illustre cela par l'exemple des "citoyens souverains" qui refusent l'autorité de la police en s'appuyant sur une interprétation biaisée de la loi. Il souligne le paradoxe de cette stratégie : comment la loi pourrait-elle protéger des comploteurs si puissants qu'ils contrôlent les États et les institutions ? Théophile met également en lumière la structuration argumentative des discours complotistes, qui consiste à fermer le débat en excluant toute hypothèse alternative.
 
Stéphanie et Alexandra
abordent ensuite la réinformation, une forme subtile de désinformation qui utilise des informations vraies mais manipulées. Elles présentent une étude comparative sur les pratiques journalistiques face à la réinformation au Luxembourg, au Canada et en France. Leur analyse met en évidence la défiance du public envers les médias traditionnels, l'appropriation de contenus journalistiques par des sites de réinformation et la difficulté pour les journalistes de lutter contre ce phénomène. Elles proposent des solutions pour renouer la confiance avec le public, comme favoriser un dialogue de co-construction de l'espace médiatique, diversifier les pratiques journalistiques et s'intéresser aux sujets qui préoccupent les citoyens.
 
 

Laurence se concentre sur TikTok et la présence de désinformation sur la plateforme. Son étude met en évidence la faible présence de médias d'information fiables dans le fil "For You", la section de recommandations algorithmiques. Elle critique également les solutions mises en place par TikTok pour lutter contre la désinformation, jugées inefficaces, comme la vérification des comptes certifiés et l'étiquetage des contenus générés par intelligence artificielle.
 
La session met en lumière la complexité du phénomène de désinformation et la nécessité d'adopter une approche multidimensionnelle pour y faire face, combinant éducation, analyse critique des médias et collaboration entre chercheurs, journalistes et professionnels de la communication. En intégrant ces perspectiveCopiers variées, nous pouvons mieux comprendre et contrer les effets néfastes de la désinformation dans nos sociétés contemporaines.

A retenir :

  • Théophile Robineau : "La loi, bouclier contre les comploteurs ? Un paradoxe quand on leur attribue le contrôle des États!" Cette phrase souligne l'argument central de Théophile, qui analyse l'instrumentalisation paradoxale de la loi par les complotistes.
  • Stéphanie et Alexandra : "Pour regagner la confiance du public, il est essentiel de co-construire l'information avec les citoyens." Elles insistent sur l'importance du dialogue et de la collaboration entre les journalistes et les citoyens pour contrer la réinformation. Elles proposent des stratégies pour rétablir la confiance, telles que l'engagement communautaire et la diversification des pratiques journalistiques.
  • Laurence : "TikTok : un algorithme qui favorise la désinformation tout en négligeant les sources d'information fiables." Cette affirmation souligne la responsabilité des plateformes de médias sociaux comme TikTok dans la propagation de fausses informations. Laurence critique les solutions actuelles, telles que la vérification des comptes certifiés et l'étiquetage des contenus générés par intelligence artificielle, qu'elle juge inefficaces.

L'Académie des Controverses et de la Communication Sensible (ACCS)
Face aux changements médiatiques et à l'explosion de la sphère digitale, l'ACCS vise à objectiver les points de vue sur les controverses et les sujets connexes.
Elle s'appuie sur les recherches en sciences humaines et sociales, notamment en sciences de l'information et de la communication, pour offrir un regard scientifique sur ces thématiques.
Voir le programme de la conférence du 26 novembre 2O24.