Acteurs

Alliance Big Data : Les Français premiers en traitement statistique des données

Retrouvez l'interview dans le numéro 137 de Veille Magazine


Marie Souhiard


Pour Charles Huot, vice-président d’Aproged, cofondateur de Temis et président du comité éditorial du portail Alliance Big Data, le développement du Big Data devrait en France créer une dynamique comparable à celle de Bull et du Plan Calcul au début des années 1960.



Veille Magazine :
– L’alliance Big Data est née le 20 mars 2013 à l’initiative d‘Aproged et Cap Digital, ADBS, APECA, GFII et l’Institut Mines-Telecom se mobilisant pour la co-construire. Comment a-t-elle été accueillie jusqu’ici par les professionnels ?

Charles Huot :
- Nous réunissons à ce jour 5000 professionnels dont de grandes organisations avec chacune sa préoccupation, en matière de collecte, de traitement, de visualisation, d’analyse des données. Nous fédérons de multiples institutions autour de la thématique Big Data et travaillons à l’homogénéisation d’un discours sur le sujet : celui-ci n’est pas que l’affaire des spécialistes de logiciels.
Le réseau social que nous avons créé autour du Big Data, est très divers et très suivi. Notre effort de réflexion, d’information correspond à un besoin pour les membres de l’Alliance. Nous avons contribué à leur participation au premier appel du Ministère des Finances sur les investissements d’avenir.

Veille Magazine :
- Quelles sont les relations d’Alliance Big Data avec les pouvoirs publics ?

Charles Huot :
- Nous sommes relativement indépendants des pouvoirs publics. Cependant  Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique recherche des regroupements/des synergies entre les différents acteurs du domaine. C’est ce que nous faisons avec l’alliance en complément  des réflexions menées par  l’AFDEL (Association Française des Éditeurs de Logiciels et Solutions Internet) et l’ambitieux Plan Big Data présenté par le  gouvernement.
Nous avons également été consultés par le Commissariat Général à la Stratégie et au Développement, sur des sujets comme l’Open Data, le web sémantique, le partage de connaissances.

Veille Magazine :
- Comment les acteurs du Big Data s’organisent-ils aux Etats-Unis ?  Sont-ils une source d’inspiration ?

Charles Huot :
- Les Etats-Unis sont certainement une source d’inspiration en matière d’organisations Open Source et Bases de Données qui sont essentielles au Big Data. Mais en France, on est en avance en matière de traitement de l’information. Nos compétences en mathématiques n’ont rien à envier aux américains. Nous sommes premiers en traitement statistique des données.
Nous maîtrisons parfaitement le traitement de l’information non structurée. Et la France présente des avantages. Elle est un système pyramidal. Quand la tête de la pyramide est prête, on peut progresser rapidement. Nous pourrions réaliser avec le Big Data une performance comparable à celle de Bull et du Plan Calcul au début des années 60.
L’équipe de campagne de Barak Obama qui a analysé les données Internet des citoyens américains pour sa réélection n’a-t-elle pas fait appel à la société française de traitement statistique KXEN ?

Veille Magazine :
- L’Alliance Big Data ne devrait-elle pas avoir une dimension européenne ?

Charles Huot :
- On y travaille à travers l’extension de notre réseau social à un réseau social européen. Beaucoup de partenaires, tel Cap Digital, ont d’ailleurs des liens avec des clusters technologiques à travers l’Europe. Beaucoup d’intégrateurs, tel Cap Gemini, sont prêts à être sponsor d’un réseau d’excellence européen sur le sujet, spécialement  sur le thème épineux de la formation au traitement de données et les nouveaux métiers de l’information.
Nous avons également des échanges d’expériences avec la britannique Open Data Center Alliance.

Veille Magazine :
- L’Alliance Big Data a récemment présenté sa Charte Ethique et Big Data. Quel est son objectif ? Quels sont ses thèmes ? Comment a-t-elle été accueillie ?

Charles Huot :
- La rédaction de la Charte a été pilotée par Alain Couillault, secrétaire de l’APIL(Association des Professionnels des Industries de la Langue, aujourd’hui fusionnée avec l’Aproged) et membre de l’Aproged. La diversité des participants à son groupe de travail mixte a favorisé l’expression de points de vue croisés qui se sont mutuellement enrichis pour aboutir à une charte comprenant quatre volets : la description des données, la traçabilité, la propriété intellectuelle et les réglementations spécifiques à la nature des données traitées.
Cette charte contribue à harmoniser les rapports entre producteurs, fournisseurs et utilisateurs de données sur le plan du respect des lois, de celui de l'éthique, et garantir la confiance dans les rapports entre l'ensemble des acteurs impliqués.
C’est un recueil de bonnes pratiques en matière de traçabilité et d’exploitation des données, et un guide pratique pour savoir comment traiter les données. Pour la protection des données personnelles, la Charte s’appuie sur les travaux de la CNIL. Elle a été accueillie très positivement au Ministère des Finances et dans les Pôles de Compétitivité.

Veille Magazine :
- L’Alliance Big Data s’engage pour la R&D dans le domaine du Big Data. Quels sont les thèmes les plus porteurs ?

Charles Huot :
- L’un des objectifs premiers de Cap Digital est de favoriser l’émergence de projets de R&D en France et en Europe et d’aider les équipes de projets à faire face à la complexité des dossiers de demande de financement. 8 d’entre elles ont été retenues dans son appel à projets 2012. Aproged, Cap Gemini, Atos se concentrent sur le stockage des données, et ADBS sur les nouveaux métiers de la documentation et du traitement de l’information.

Veille Magazine :
- Quels sont les secteurs professionnels où l’exploitation du Big Data est le plus prometteur ?

Charles Huot :
- Un des grands sujets, est la santé, en terme de bénéfice pour les patients et d’économie pour le gouvernement. Vient ensuite la relation entre l’internaute et l’entreprise : le marketing, l’environnement avec le mixe des informations satellites, les capteurs au sol et les réseaux sociaux, le transport public, automobile avec indicateurs embarqués, assurances, tous les objets intelligents, la sécurité et la défense aux applications immédiates. Il y a des initiatives récentes en matière d’économie et de finances, et dans le tourisme également.

Veille Magazine :
- l’Alliance Big Data a-t-elle pour objectif de faire connaître la problématique du Big Data au grand public ?

Charles Huot :
- Au départ nous étions B to B, business to business. Nous pensions nous adresser à des professionnels. Et puis avec des projets comme les effets secondaires des médicaments, ou le tourisme, nous avons constaté que le sujet intéresse tout le monde…

Veille Magazine :
- Quels sont vos objectifs dans les mois qui viennent ? Quelles actions, quelles manifestations sont en vue ?

Charles Huot :
- En termes de communication, une Big Data TV complètera courant octobre le dispositif de l’Alliance. Le calendrier événementiel de l’Alliance sur l’année 2013 comporte plusieurs rendez-vous après le Forum du GFII (29 et 30 mai), dont le Congrès national de la valorisation des contenus ou congrès FAN de l’Aproged (14 novembre), Il y aura chez Cap Digital un deuxième appel à projets Big Data. Nous allons chercher des sponsors pour pouvoir financer le site web et le réseau social.
Le portail va se développer et s’ouvrir au monde de l’assurance. Il va intégrer des rubriques sur la formation. Toute la partie télévisuelle sera un moyen de faire connaître l’Alliance. On commence avec de petites séquences de 1 minute 30, 2 minutes, toutes les semaines, et une émission de trente minutes par mois, avec des interviews de décideurs politiques et de personnalités du monde de la recherche. Il  y aura un gros plateau à l’occasion du salon FAN.

Merci Charles Huot.

Propos recueillis par Mireille Boris