Analyse croisée de la désindustrialisation en France : une responsabilité partagée
Lors d'un débat, Anaïs Voy-Gillis, géographe spécialisée dans les questions industrielles, et Maroun Eddé, philosophe politique expert en réforme de l'État, ont conjugué leurs savoirs pour analyser les origines et les répercussions de la désindustrialisation en France.
Leur échange souligne une responsabilité collective, pointant du doigt les erreurs des élites et les choix économiques qui ont mené à la situation actuelle.
Leur échange souligne une responsabilité collective, pointant du doigt les erreurs des élites et les choix économiques qui ont mené à la situation actuelle.
Responsabilité collective et choix économiques
Anaïs Voy-Gillis, pointe du doigt une responsabilité collective dans la désindustrialisation française, impliquant hauts fonctionnaires, politiques, chefs d'entreprise et passivité intellectuelle.
Elle souligne que la France a délocalisé une partie de sa production en Chine, privilégiant les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Maroun Eddé, partage cette analyse, évoquant une mouvance idéologique et le rôle controversé des grands corps d'État dans cette transformation. Il accuse certains de ces corps d'avoir conduit à la faillite ou à la revente des grandes entreprises publiques, voire d'avoir pris des décisions technologiques douteuses.
Elle souligne que la France a délocalisé une partie de sa production en Chine, privilégiant les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Maroun Eddé, partage cette analyse, évoquant une mouvance idéologique et le rôle controversé des grands corps d'État dans cette transformation. Il accuse certains de ces corps d'avoir conduit à la faillite ou à la revente des grandes entreprises publiques, voire d'avoir pris des décisions technologiques douteuses.
L'entreprise sans usine : un symbole de la désindustrialisation
Maroun Eddé cite l'exemple de Serge Tchuruk, ancien PDG d'Alcatel, qui a initié la transformation de l'entreprise en une "entreprise sans usine". Applaudie par l'élite politico-financière parisienne, cette décision visait à améliorer les marges, mais a entraîné la perte de 120 000 emplois et la revente des brevets d'Alcatel à Nokia en 2015. Il critique l'idéologie à l'origine de cette décision et rappelle que même Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, s'était opposé à bloquer la fusion, invoquant une vision "romantique" de l'entreprise française.
Anaïs Voy-Gillis met en lumière l'influence des doctrines économiques anglo-saxonnes sur les élites françaises, notamment celle de l'école de Chicago. Elle s'interroge sur la perte de l'esprit entrepreneurial et de la résilience française.
Maroun Eddé, quant à lui, se questionne sur l'échec du système éducatif à former des patriotes capables de défendre les intérêts nationaux. Il retrace l'histoire de l'ENA, soulignant comment cette institution, initialement conçue pour former des hauts fonctionnaires compétents, est devenue un "goulot d'étranglement" uniformisant les parcours et les modes de pensée.
Anaïs Voy-Gillis met en lumière l'influence des doctrines économiques anglo-saxonnes sur les élites françaises, notamment celle de l'école de Chicago. Elle s'interroge sur la perte de l'esprit entrepreneurial et de la résilience française.
Maroun Eddé, quant à lui, se questionne sur l'échec du système éducatif à former des patriotes capables de défendre les intérêts nationaux. Il retrace l'histoire de l'ENA, soulignant comment cette institution, initialement conçue pour former des hauts fonctionnaires compétents, est devenue un "goulot d'étranglement" uniformisant les parcours et les modes de pensée.
Situation actuelle et perspectives d'avenir
Anaïs Voy-Gillis dresse un constat alarmant de la situation industrielle française, affirmant que la France est le pays le plus désindustrialisé de la zone euro.
Toutefois, elle note une progression de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière française. Elle s'inquiète de la guerre des prix et du risque de voir l'industrie européenne perdre sa capacité à décider de son propre destin.
Maroun Eddé insiste sur l'importance de mobiliser l'épargne des Français au service de l'économie nationale et met en garde contre la vassalisation de la France au profit des États-Unis et d'autres puissances.
Toutefois, elle note une progression de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière française. Elle s'inquiète de la guerre des prix et du risque de voir l'industrie européenne perdre sa capacité à décider de son propre destin.
Maroun Eddé insiste sur l'importance de mobiliser l'épargne des Français au service de l'économie nationale et met en garde contre la vassalisation de la France au profit des États-Unis et d'autres puissances.
Pour conclure
Anaïs Voy-Gillis et Maroun Eddé offrent une analyse approfondie et nuancée de la désindustrialisation française. Leur débat met en évidence la complexité des enjeux et appelle à une prise de conscience collective pour inverser cette tendance.