Personnalités

Birane Diop : l'interview. La communauté de l'IE accueille un nouveau membre.


David Commarmond
Lundi 12 Octobre 2020




Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?

Je m’appelle Birane DIOP. Je suis Sénégalais et je vis en France depuis plusieurs années, à Lyon pendant mes études et aujourd’hui à Paris. Diplômé d’un master, je suis un spécialiste de l’information numérique. Je suis passionné par la politique, l’économie et la géopolitique, avec un faible pour la littérature.
 
Après mon bac, j’ai été reçu comme vice-major au concours d’entrée à l’EBAD, une école qui forme des professionnels de l’information. J’ai passé trois années là-bas. Après l’obtention de ma licence, j’ai décidé d’intégrer l’Université Jean Moulin Lyon III. Dans cette université, j’ai su saisir l’opportunité de refaire une licence « Métiers de l’information et du document numérique ». J’ai pris cette décision parce que ma licence obtenue à Dakar n’était pas très intensive en termes de gestion de contenus numériques. Suite à cette nouvelle licence, j’ai souhaité continuer mon cursus à Lyon III, car j’étais tombé sous le charme de cette ville, et j’ai poursuivi avec le master « Stratégies informationnelles et documents numériques ».
 
À l’issue de mon master, j’ai occupé un poste de Chargé de veille et intelligence économique à la Direction des Études économiques et financières de BNP Paribas, à Paris, dans le 9ᵉ arrondissement.



Sur quoi a porté votre mémoire de recherche

Mon sujet de mémoire était le suivant : « Comment la maîtrise de l’information, à travers la mise en place de cellules de veille stratégique, peut-elle aider les PME sénégalaises dans leur quête de compétitivité et de sécurité de l’information ? »
 
Les entreprises sénégalaises ne sont pas épargnées par l’abondance d’informations, comme les entreprises européennes. Tout comme elles, elles peuvent se sentir désarmées, envahies et décontenancées par ce raz-de-marée informationnel. C’est pourquoi cette thématique m’a intéressé. J’ai senti que je pouvais contribuer à diffuser les bonnes pratiques de veille et d’intelligence économique auprès des acteurs économiques et des entreprises sénégalaises.
 
Il n’est pas rare aujourd’hui qu’une entreprise chinoise implantée à Beijing se mette à concurrencer une PME sénégalaise, non seulement à l’exportation, mais aussi sur son marché de proximité.
 
Le Sénégal est la 165ᵉ économie mondiale. Les PME sénégalaises constituent la base du tissu économique du pays. Elles concentrent plus de 30 % des emplois, 25 % du chiffre d’affaires et 20 % de la valeur ajoutée nationale. L’intelligence économique peut être un levier pour accroître la compétitivité des PME, protéger leur patrimoine immatériel et, par là même, préserver un savoir-faire très précieux pour le Sénégal.
 
Par ailleurs, face à l’essor fulgurant des TIC, la maîtrise de l’information est devenue un enjeu stratégique pour les PME sénégalaises. Comme leurs homologues européennes, cette démarche leur permet de surveiller leur environnement, mais aussi de transformer les informations brutes au sein des cellules de veille en véritables informations stratégiques.

Ma vision sur cette problématique

À l’aune de la Covid-19 et de ses effets pervers sur l’économie mondiale, cette problématique prend une autre dimension. Aujourd’hui, le Sénégal est en récession, car il est fortement ébranlé dans ses piliers économiques. L’économie est à genoux : le tourisme est au point mort, et les exportations sont entravées par la fermeture des aéroports. Les PME, qui sont le moteur de la création d’emplois et in fine de la croissance inclusive, sont terriblement touchées par l’épidémie dans toutes ses manifestations et conséquences.
 
Pour ce faire, l’intelligence économique, par ses canaux comme la maîtrise de l’information, peut donner un nouveau souffle à l’économie sénégalaise en ces temps sombres. Les PME peuvent s’y appuyer pour prospecter leur environnement concurrentiel, établir des stratégies pour protéger davantage leur savoir-faire, transformer les pratiques les plus énergivores ou consommatrices de ressources, trouver de nouveaux gisements de croissance et d’économies, et travailler sur des synergies. De nombreuses voies restent encore inexplorées, et beaucoup de possibilités s’offrent aux PME sénégalaises pour envisager de nouvelles perspectives.
 
Je pense aussi que les entreprises européennes, et particulièrement françaises, pourraient tirer avantage des expériences sénégalaises. En effet, les fortes contraintes financières qui pèsent sur les secteurs d’activité sénégalais demandent de développer beaucoup d’ingéniosité et d’inventivité pour compenser d’autres faiblesses. Des partenariats, des partages d’expériences et des coopérations transnationales au niveau des PME pourraient renforcer nos tissus économiques respectifs.