Cindyniques, Art de la guerre et Mécanique quantique, Maîtrise des propensions et construction des modèles. Par Pascal COHET

Les Cindyniques ont pour spécificité d’avoir adopté une approche propensionniste pour dépasser les approches fréquentielles traditionnelles de la gestion de risque, comme les méthodes macro-quantitatives de prédiction des coups d’État, dont l’échec est patent. Si l’apport de Karl Popper, qui considérait les propensions comme des forces, est souvent invoqué, c’est bien Sun Tseu qui a inspiré Georges-Yves Kervern : la maîtrise des propensions (‘shi’) est le concept central de l’Art de la Guerre, et repose sur le piégeage systématique ex ante des possibilités.

Maîtriser les propensions, c’est ne pas subir une transformation non souhaitée, et réussir à mener une transformation préventive pour forger des résiliences. Et en situation de conflit, c’est maîtriser les transformations souhaitées par les antagonistes. La nécessité de prise en compte des conflits a mené au développement des Cindyniques Relativisées, conçues notamment pour tenir compte des guerres hybrides et des luttes informationnelles, à une époque où cette question était institutionnellement sous-estimée, en particulier dans les milieux diplomatiques, ce qui a par exemple mené au départ de Barkhane.

 La formalisation des Cindyniques Relativisées repose sur un usage intensif de la méthode de conceptualisation relati -
visée (MCR) développée par Mioara Mugur-Schächter dans le cadre de ses recherches en Mécanique Quantique.
Mioara Mugur-Schächter a commencé sa carrière par l’invalidation du théorème de von Neumann.
Elle a approfondi cette démarche à l’occasion d’une thèse que Louis de Broglie lui avait proposé de réaliser en France après avoir pris connaissance de ses travaux. Il a notamment témoigné de la qualité exceptionnelle de cette thèse, notant la rigueur logique de sa démonstration.

Rappelons que Louis de Broglie est le père de la dualité ondes-corpuscules : la coexistence de deux modèles valides d’un même phénomène ne pouvait qu’inciter à se focaliser sur le processus de construction des modèles.

C’est ce à quoi Mioara Mugur-Schächter s’est attachée en développant MCR. Si Mioara Mugur-Schächter est avant tout
une physicienne, MCR est une méthode de construction formelle des concepts scientifiques et de description des phéno-
mènes qui constitue un apport majeur et sans équivalent à l’épistémologie.

Cette méthode essentiellement constructiviste est Husserlienne en ce sens que la relativité du point de vue de l’observateur d’un phénomène y est systématiquement prise en compte : cet aspect philosophique est en pratique fondamental pour l’analyse des situations conflictuelles.

Pouvant être utilisée dans de nombreux domaines, comme les sciences du danger, ou les sciences sociales, MCR dé-
passe largement le cadre de la Mécanique Quantique.
À l’usage, c’est une méthode de conceptualisation puissante et rigoureuse, qui laisse une grande liberté à l’utilisateur. Peu de gens comprennent les travaux de Mioara Mugur-Schächter, et nombreux sont ceux qui, comme son ami Edgar Morin, ont pu être intimidés par l’apparence mathématique de MCR.

Cela étant, il est tout à fait possible d’utiliser MCR de façon simple, sans avoir besoin de comprendre tous les travaux de
†IFREI – Institut Francophone des Risques Environnementaux et Individuels.
Mioara Mugur-Schächter consacrés à la Physique. Qui plus est, même si MCR peut permettre à certains utilisateurs d’af-
finer les modèles, il n’est pas nécessaire de la connaître pour utiliser les modèles Cindyniques existants. Dans cette idée,
une méthode cindynique masquant totalement les processus MCR est en cours de finalisation, ce qui devrait favoriser la
démocratisation des Cindyniques, donc la prévention des risques, la réduction des conflictualités, et l’efficience des ac-
tions de développement.

Pascal Cohet a ainsi utilisé MCR pour prolonger les modélisations cindyniques du second ordre par des modélisations d'ordre trois relativisant la description des spectres de situations : l'analyse cindynique de ce type de situation permet ainsi de décrire l'ensemble des spectres de situations relatives utilisés par différents stratèges, constituant une matrice de spectres.
D'usage complexe, ces modélisations d'ordre trois sont notamment nécessaires pour les situations complexes ou fluides, comme les coups d’État, où la relativité de la perception des puissances joue un rôle déterminant.

Les Cindyniques, développées dans les années 90 en France par Georges-Yves Kervern, sont à la fois une science étudiant les dangers qui menacent l’homme et son environnement, et une méthode d’analyse stratégique et de conduite opérationnelle. L’approche cindynique replace l’homme et les organisations au cœur de la réflexion sur les problématiques de danger, et s’appuie sur la méthode de conceptualisation MCR, développée par Mioara Mugur-Schächter, pour formaliser la description des concepts cindyniques. S’appuyant sur la diversité de ses expériences et la rigueur conceptuelle de MCR,

Pascal Cohet a poursuivi les travaux de Georges-Yves Kervern et développé les Cindyniques Relativisées, qui étendent le domaine d’application des Cindyniques aux situations complexes où les problématiques du risque, des conflits et du développement sont indissociables. Cet ouvrage présente les évolutions conceptuelles des Cindyniques Relativisées intervenues à partir de 2022, et l’ensemble de leurs formalisations MCR.
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