Tout montre l’importance, l’urgence et l’impérieuse nécessité de réindustrialiser notre territoire. « Elle est indispensable pour notre indépendance, notre force économique, la création de richesses et d’emplois ». Un fossé, une fracture s’est installée, entre une majorité de français qui la souhaite, tandis que les décisionnaires « experts », dans de nombreux partis politiques et de la haute fonction publique, autour d’un discours clament depuis des décennies sur tous les tons « ce n’est pas possible !».
Ce sont les mêmes qui l’ont cantonné ou provoqué en cédant aux sirènes de la financiarisation de l’économique, au mythe de l’entreprise sans usines, et aux sociétés de services. Malgré ces Cassandre, cette impression de prêcher dans le désert, de nombreux acteurs s’élèvent contre ce pessimisme ambiant.
La crise sanitaire a montré les faiblesses d’un marché mondialisé « grippé », elle a aussi mis à nues nos faiblesses structurelles et les risques effarants en nous exposants à des prédateurs économiques.
Force est de constater que notre pays est insuffisamment armé ou réactif, car une prise de conscience est un premier pas. Mais nous devons aller plus loin : faire converger les forces et les bonnes volontés, la France pour certains étant au point de quitter l’histoire.
La crise sanitaire a montré les faiblesses d’un marché mondialisé « grippé », elle a aussi mis à nues nos faiblesses structurelles et les risques effarants en nous exposants à des prédateurs économiques.
Force est de constater que notre pays est insuffisamment armé ou réactif, car une prise de conscience est un premier pas. Mais nous devons aller plus loin : faire converger les forces et les bonnes volontés, la France pour certains étant au point de quitter l’histoire.
Organisées en trois tables rondes, elles explorent chacune les différentes problématiques et étages des enjeux, mondiaux, sectoriels, territoriales, nationales, européennes et sociétales et illustrées par de nombreux exemples.
« Comment s’armer face aux nouvelles formes de déstabilisation économique ? » - un focus sur la Chine.
André Gattolin , (1* sénateur des Hauts-de-Seine, et rapporteur de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes apporta son expertise.
- En 1999 lorsque la Chine (2* intègre l’OMS (3* et l’OMC l’Europe et le reste du monde nourrit de grands espoirs pour voir la Chine se démocratiser et adopter des valeurs européennes. Ces espoirs se sont rapidement transformées en déception, nombre d’acteurs se demandant si elles ne se sont pas nourries d’illusions.
- En 2015, la Crise mondiale de l’acier va être l’occasion d’un rapport de force qui sonnera comme un avertissement. A cette époque l’industrie française de l’acier est la proie d’un conglomérat indien qui achète massivement des aciéries et fait des promesses d’investissements, promesses qui resteront sans suite. D’autres marchés de matières premières comme le manganèse font l’objet de spéculation à la baisse par la Chine.
Stratégies d'influence multiformes
Dans le domaine de la formation, et plus particulièrement universitaire, la pression de l’Influence chinoise peut tendre vers l’ingérence. La gamme de nuances des démarches est vaste et peut s’entremêler entre l’acceptable et l’inacceptable (vol de technologies, ingérences).
La Chine est aujourd’hui soucieuse de son image et se veut responsable, favorable au multilatéralisme, engagée contre le changement climatique. Alors qu’en fait elle veut avant tout modifier le discours fait par les chercheurs sur elle-même. Cette volonté aboutit a une pression qui se traduit par une auto-censure.
Les autorités chinoises sont très inventives, les typologies de sanctions sont variées. Cela va de la limitation de circulation dans le pays, à la lenteur ou réticence lors de la délivrance des visas, à la limitation ou l’interdiction à certaines sources.
La Chine est aujourd’hui soucieuse de son image et se veut responsable, favorable au multilatéralisme, engagée contre le changement climatique. Alors qu’en fait elle veut avant tout modifier le discours fait par les chercheurs sur elle-même. Cette volonté aboutit a une pression qui se traduit par une auto-censure.
Les autorités chinoises sont très inventives, les typologies de sanctions sont variées. Cela va de la limitation de circulation dans le pays, à la lenteur ou réticence lors de la délivrance des visas, à la limitation ou l’interdiction à certaines sources.
La menace peut se faire aussi sur les universités, les cadres de coopérations et non sur les chercheurs eux-mêmes, c’est plus subtile
Tous les moyens sont bons, ainsi certaines universités accueillant un grand nombre d’étudiants chinois peuvent en être très dépendants. En Australie par exemple il n’est pas rare que 40 % des étudiants soient chinois et que les programmes de recherche soient orientés. Difficile en effet de perdre 40 % de ses budgets et d’être rétrogradé dans les classements internationaux.
Les Universités françaises échappent aux contingences anglo-saxonnes car les frais d’inscriptions sont bien inférieurs à celui des universités australiennes, américaines ou anglaises, (payées par nos impôts). La dépendance étant moins forte, la liberté scientifique s’en trouve un peu plus préservée. C’est peut-être un des atout de notre modèle.
Toutefois, le développement des cours en ligne ne garantit pas comme l’amphithéâtre la liberté d’expression de l’enseignant. L’expérience pendant la pandémie a montré que d’autres personnes pouvaient suivre les cours et qu’en temps réel l’Ambassade de Chine n’hésitait pas à manifester sa désapprobation.
Sur notre territoire, l’influence des Instituts Confucius a aussi un rôle majeur, rôle toutefois ambigu, et leur installation ne se sont pas dûs au hasard. Le choix de la ville de Brest n’est par exemple pas innocent. Brest est une ville militaire, où des entreprises stratégiques sont très présentes et l’arrivée de jeunes étudiantes chinoises n’était pas sans arrières-pensées.
Il est plus surprenant que le manque de dialogue entre les hommes politiques locaux , notamment les présidents de région et les universitaires. Très souvent de vagues promesses de partenariats, de développement économiques, d’emplois de la part d’investisseurs chinois sont la source de pression pour l’ouverture d’un Institut et la mise en place de partenariats universitaires.
De même, les politiques de jumelage qui ont longtemps été menées ont parfois réservé des surprises, derrière des entités culturelles, des universités, des acteurs économiques se trouvaient des acteurs proches du parti. La ville de Bordeaux est jumelée avec une ville de Sichuan.
Bien sûr il existe des contrôles prévus par la loi. Toutefois la pertinence de ceux-ci est sujette à caution. En effet, au bout de 30 jours l’absence de réponse équivaut à acceptation. Ce qui est un délai très court et il est très facile de le contourner. En faisant la demande le 30 juillet, celle-ci passe entre les mailles du filet si la réponse n’arrive pas le 1er Septembre.
Les Universités françaises échappent aux contingences anglo-saxonnes car les frais d’inscriptions sont bien inférieurs à celui des universités australiennes, américaines ou anglaises, (payées par nos impôts). La dépendance étant moins forte, la liberté scientifique s’en trouve un peu plus préservée. C’est peut-être un des atout de notre modèle.
Toutefois, le développement des cours en ligne ne garantit pas comme l’amphithéâtre la liberté d’expression de l’enseignant. L’expérience pendant la pandémie a montré que d’autres personnes pouvaient suivre les cours et qu’en temps réel l’Ambassade de Chine n’hésitait pas à manifester sa désapprobation.
Sur notre territoire, l’influence des Instituts Confucius a aussi un rôle majeur, rôle toutefois ambigu, et leur installation ne se sont pas dûs au hasard. Le choix de la ville de Brest n’est par exemple pas innocent. Brest est une ville militaire, où des entreprises stratégiques sont très présentes et l’arrivée de jeunes étudiantes chinoises n’était pas sans arrières-pensées.
Il est plus surprenant que le manque de dialogue entre les hommes politiques locaux , notamment les présidents de région et les universitaires. Très souvent de vagues promesses de partenariats, de développement économiques, d’emplois de la part d’investisseurs chinois sont la source de pression pour l’ouverture d’un Institut et la mise en place de partenariats universitaires.
De même, les politiques de jumelage qui ont longtemps été menées ont parfois réservé des surprises, derrière des entités culturelles, des universités, des acteurs économiques se trouvaient des acteurs proches du parti. La ville de Bordeaux est jumelée avec une ville de Sichuan.
Bien sûr il existe des contrôles prévus par la loi. Toutefois la pertinence de ceux-ci est sujette à caution. En effet, au bout de 30 jours l’absence de réponse équivaut à acceptation. Ce qui est un délai très court et il est très facile de le contourner. En faisant la demande le 30 juillet, celle-ci passe entre les mailles du filet si la réponse n’arrive pas le 1er Septembre.
Références
Vincent Desroches, chef du pôle « protection du potentiel scientifique et technique et contre-ingérence économique »
Il rappela les différents rôles du SGDSN au sein de l’appareil exécutif, principalement de Secrétariat et de coordination interministériel dans le domaine de la défense et plus particulièrement dans la protection du patrimoine scientifique, de VIGIPIRATE, de PIRANET (aspect de cybersécurité).
Cette entité chapeaute d’autres entités comme l’ANSSI, l’Osic, Viginum, le PSE , l’AIST.
Le SGDSN a pour fonction de sécuriser en amont les systèmes informatiques et d’améliorer les moyens et les techniques structurelles et de faire évoluer les pratiques et techniques afin de les adapter aux nouvelles menaces.
Le SGDSN travaille avec Bercy et le CISSE pour sécuriser le domaine économique ; de promouvoir les bonnes pratiques, les actions et d’être ainsi proactif.
En un an (2019/2020), le nombre de victimes a été multiplié par quatre. La difficulté de l’exercice réside dans le fait de la grande incertitude et de la perception que l’on peut avoir sur le moment. Elle peut en effet être d’une autre nature et d’un autre volume après un examen approfondi. On sait cependant que les attaquants sont très dynamiques.
Sur le volet d’actions hostiles la menace est globale, diffuse. On enregistre par mois 40 actions de prédations auprès d’acteurs stratégiques français. La moitié sont des opérations d’achats qui vont petit à petit orienter la gouvernance de l’entreprise,la piller, la tuer progressivement et capturer les savoir faire.
Un tiers de captation de propriété intellectuelle et 10 % d’actions juridiques complexes venant d’un Etat spécialisé dans ce domaine. Sur les 700 alertes traitées par Bercy, environ une vingtaine ont fait l’objet du déploiement d’une « task force ». Task forces qui ont lancé des actions de contre ingérence économiques. Il faut savoir que le déploiement d’une telle équipe, ne se fait que dans une situation critique, soit sous le feu d’une attaque, soit sous la demande expresse politique. Un caractère particulier qui semble émerger réside dans des coalitions de pays prédateurs. A moyen terme, il faudra peut être imaginer une réponse européenne.
Dans un autre domaine, les attaques par rebonds. C’est à dire quand un acteur étranger utilise un serveur situé en France, le droit international donne au pays attaqué (les USA) la possibilité d’avoir accès au dit serveur afin de l’analyser (procédure de Due Diligence).
Le FBI fait alors une demande d’accès dans le cadre de cette procédure, qui ne soulève par principe aucune objection. Là où cela peut commencer à coincer, c’est dans l’étendue de ce droit d’accès. Le FBI a tout à fait la possibilité de s’adresser à plusieurs Ministères ou Services afin de demander cet accès. L’analyse des demandes par les autorités sur le périmètre de cette demande nourrissait un questionnement dans la mesure où les motifs de consultations différaient d’un Ministère à l’autre.
Avec une concertation préalable (grâce au C4) avant la demande d’accès l’objectif est de circonscrire aux éléments nécessaires à l’enquête et non de livrer l’intégralité du serveur et des données pour satisfaire d’autres questions hors du champs de la demande.
Tout d’abord l’idée d’accroissement de puissance par l’économie est une notion encore tabou pour nombre de services. Parler d’accroissement de souveraineté par l’économie est mieux supportée. Le fait d’être un peu moins chevaleresque est un frein, le fait d’être rusé, de jouer dans l’épaisseur du trait du crayon n’est pas dans notre mode de pensée. Mais il y a un léger frémissement sur le sujet. Mais cela doit être négocié avec la DG Trésor, gardien du temple sur les dispositifs. Par certains aspects, des éléments budgétaires pourraient être utilisés pour réaliser des opérations de sécurité économiques.
Cette entité chapeaute d’autres entités comme l’ANSSI, l’Osic, Viginum, le PSE , l’AIST.
Le SGDSN a pour fonction de sécuriser en amont les systèmes informatiques et d’améliorer les moyens et les techniques structurelles et de faire évoluer les pratiques et techniques afin de les adapter aux nouvelles menaces.
Le SGDSN travaille avec Bercy et le CISSE pour sécuriser le domaine économique ; de promouvoir les bonnes pratiques, les actions et d’être ainsi proactif.
- En terme de menaces, nous sommes bien dans un contexte de guerre, mais il faut bien distinguer le niveau tactique du niveau stratégique. Au niveau tactique, ce sont les agences qui se déplacent auprès des entreprises aussi bien pour le cyber qu’économique, mais le niveau est tellement fort que cela remonte jusqu’au niveau interministériel. Aujourd’hui, il y a un continuum entre la compétition et la confrontation. Il y a un effacement des barrières entre temps de paix, temps de crise, temps de guerre. Ce n’est plus une grille de lecture, elle est obsolète, mais elle fait toujours référence à l’OCDE. Mais les choses changent « doucement ».
En un an (2019/2020), le nombre de victimes a été multiplié par quatre. La difficulté de l’exercice réside dans le fait de la grande incertitude et de la perception que l’on peut avoir sur le moment. Elle peut en effet être d’une autre nature et d’un autre volume après un examen approfondi. On sait cependant que les attaquants sont très dynamiques.
- En matière de déstabilisation de masse, certains Etats utilisent le vecteur cyber comme arme de déstabilisation de masse. C’est à dire quand plusieurs attaques à plusieurs endroits qui sont coordonnées et visent à saturer les moyens de réponses et de défenses. L’exemple type est l’affaire TV5 monde, qualifiée un temps de terroriste.
Sur le volet d’actions hostiles la menace est globale, diffuse. On enregistre par mois 40 actions de prédations auprès d’acteurs stratégiques français. La moitié sont des opérations d’achats qui vont petit à petit orienter la gouvernance de l’entreprise,la piller, la tuer progressivement et capturer les savoir faire.
Un tiers de captation de propriété intellectuelle et 10 % d’actions juridiques complexes venant d’un Etat spécialisé dans ce domaine. Sur les 700 alertes traitées par Bercy, environ une vingtaine ont fait l’objet du déploiement d’une « task force ». Task forces qui ont lancé des actions de contre ingérence économiques. Il faut savoir que le déploiement d’une telle équipe, ne se fait que dans une situation critique, soit sous le feu d’une attaque, soit sous la demande expresse politique. Un caractère particulier qui semble émerger réside dans des coalitions de pays prédateurs. A moyen terme, il faudra peut être imaginer une réponse européenne.
Dans ce tableau un peu noir, un signe d’espoir peut être trouvé dans le fait que des réponses existent et que l’État soit en capacité de répondre. Malgré le fait que nous avons été « long à la détente ».Deux axes forts marquent des changements profonds.
- Le partage d’informations entre les services s’est accru entre les ministères et les métiers et cette information est utilisée dans le cadre de stratégies afin de répondre à des ingérences, soit en indemnisant au mieux les entreprises victimes, où beaucoup mieux en étant proactif et en aidant les entreprises présentes sur des marchés extérieurs à mieux connaître ses concurrents. Dans le domaine du Cyber, le C4 (centre de coordination), a pour but de traiter les attaques sous l’angle de l’agresseur.
- L’intérêt de la démarche est de comprendre son objectif pour l’identifier.
Dans un autre domaine, les attaques par rebonds. C’est à dire quand un acteur étranger utilise un serveur situé en France, le droit international donne au pays attaqué (les USA) la possibilité d’avoir accès au dit serveur afin de l’analyser (procédure de Due Diligence).
Le FBI fait alors une demande d’accès dans le cadre de cette procédure, qui ne soulève par principe aucune objection. Là où cela peut commencer à coincer, c’est dans l’étendue de ce droit d’accès. Le FBI a tout à fait la possibilité de s’adresser à plusieurs Ministères ou Services afin de demander cet accès. L’analyse des demandes par les autorités sur le périmètre de cette demande nourrissait un questionnement dans la mesure où les motifs de consultations différaient d’un Ministère à l’autre.
Avec une concertation préalable (grâce au C4) avant la demande d’accès l’objectif est de circonscrire aux éléments nécessaires à l’enquête et non de livrer l’intégralité du serveur et des données pour satisfaire d’autres questions hors du champs de la demande.
- Sur la sécurité économique, une enceinte particulière chargée des dossiers les plus sensibles a pour but d’entériner les stratégies de réponses. Créer en 2018, cette structure s’intéresse particulièrement aux faiblesses territoriales. En effet, les préfets de régions se heurtent souvent aux élus locaux qui ont cédé aux sirènes des financements étrangers et qui veulent pour boucler un projet de développement économique avoir l’aval des autorités. Dire non, et expliciter ce refus est relativement complexe.
- Une doctrine des partenariats est en train d’être élaborée avec la collaboration de Bercy. Cette doctrine est pour le moment limitée au monde public, (mais nous espérons que le secteur privé s’en inspirera). Sur 70 projets de partenariats soumis : le discours étant, « venez faire un colloque chez nous, présenter vos travaux de thèse...nous vous invitons, c’est une relation gagnant-gagnant » , près de 50 ont été refusés ou d’une régulation forte pour que la propriété intellectuelle soit protégée. Cette mesure est peu à peu étendue à d’autres secteurs.
- Ce qui est encore en progrès, c’est notre ligne défensive et préventive, qui est sur du 40/50 par mois d’actions détectées, d’en parler et de voir ce que l’on fait. On n’est encore sur un volet réactif. Là où nous sommes encore faibles c’est le domaine offensif. Nous ne sommes pas assez offensifs. Nous avons du mal à nous projeter sur de l’offensif, or le défensif seul ne permettra pas de maintenir les intérêts fondamentaux de la nation.
Tout d’abord l’idée d’accroissement de puissance par l’économie est une notion encore tabou pour nombre de services. Parler d’accroissement de souveraineté par l’économie est mieux supportée. Le fait d’être un peu moins chevaleresque est un frein, le fait d’être rusé, de jouer dans l’épaisseur du trait du crayon n’est pas dans notre mode de pensée. Mais il y a un léger frémissement sur le sujet. Mais cela doit être négocié avec la DG Trésor, gardien du temple sur les dispositifs. Par certains aspects, des éléments budgétaires pourraient être utilisés pour réaliser des opérations de sécurité économiques.
L’offensif fait peur. Mais des pistes existent. Nous pourrions développer notre capacité à nous projeter à l’extérieur pour conquérir des marchés. Nous pourrions aussi aller capter des subventions européennes puis les orienter en notre faveur, accroître nos zones d’influences, façonner de nouveaux rapports de forces économiques afin de générer des marges de manœuvres. Ces deux derniers volets seront plus complexes car demandeurs d’outils et de capacité à sortir du domaine économique et d’entrer véritablement dans la compétition informationnelle d’influence. Ce qui suppose l’intervention de nouveaux acteurs comme le Quai d’Orsay ou le secteur privé.
Régis Portalez, ingénieur diplômé de l’école polytechnique, fondateur de X-Alternative et de Plan deux. Si on peut se réjouir que la classe politique se soucie (enfin) d’un phénomène préoccupant depuis plus de 40 ans. Ce large consensus présente de nombreux points communs avec le réchauffement climatique. On parle beaucoup, mais on agit peu et on perd du temps.
L’autre similitude, est la façon d’aborder la question. Ni le réchauffement climatique, ni la désindustrialisation ne sont le fait de lois universelles. Le libre échange s’accroît, les usines ferment, la dette publique c’est grave, car« c’est comme ça !!!! » comme le sont la gravitation ou la thermodynamique.
Et bien non. Les lois de l’économie sont d’abord des règles et des conventions sociales et donc le fruit de rapports de force. On peut donc les changer. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui la force est en faveur de l’argent et à la finance, et non à l’industrie ou à l’environnement. Le Medef, ancien syndicat patronal de l’industrie (CNPF) est devenu le représentant du monde de la finance et de la grande distribution, ce qui change beaucoup de choses dans la façon de faire du lobbying.
Quelques chiffres éclairants, pour éclairer la situation
En quarante ans, de 1974 à 2016, l’industrie française a perdu 2.3 millions d’ETP. Et pendant ce temps, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée nationale est passée de 23 % à 11 %, faisant de la France le pays le plus désindustrialisé d’Europe, derrière la Grèce. Sans pour autant voir la part des produits industriels diminuer, ils représentent encore près de 30 % de la demande intérieure.
Cette dégradation a conduit à plusieurs choses :
– un grave déséquilibre (60 milliards de déficit) de notre balance commerciale, alors que l’Italie (notre voisin) est bénéficiaire ;
– un chômage de masse impossible à résorber (alors qu’un emploi industriel génère 3/4 emplois induits) ;
– la mise en dépendance de la Nation sur de nombreux de produits, parmi lesquels des produits stratégiques.
Ce dernier point s’est particulièrement révélé avec la crise sanitaire et notamment les pénuries de masques, de principes actifs, psychotropes ou anesthésiques. Aujourd’hui, des usines Renault ou Peugeot sont mises à l’arrêt du fait des pénuries en composants électroniques, de matières premières moins visibles, plus diverses (graviers, bois, aciers, boulons) mettent à mal des secteurs pourtant dynamiques comme le BTP.
Et bien non. Les lois de l’économie sont d’abord des règles et des conventions sociales et donc le fruit de rapports de force. On peut donc les changer. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui la force est en faveur de l’argent et à la finance, et non à l’industrie ou à l’environnement. Le Medef, ancien syndicat patronal de l’industrie (CNPF) est devenu le représentant du monde de la finance et de la grande distribution, ce qui change beaucoup de choses dans la façon de faire du lobbying.
Quelques chiffres éclairants, pour éclairer la situation
En quarante ans, de 1974 à 2016, l’industrie française a perdu 2.3 millions d’ETP. Et pendant ce temps, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée nationale est passée de 23 % à 11 %, faisant de la France le pays le plus désindustrialisé d’Europe, derrière la Grèce. Sans pour autant voir la part des produits industriels diminuer, ils représentent encore près de 30 % de la demande intérieure.
Cette dégradation a conduit à plusieurs choses :
– un grave déséquilibre (60 milliards de déficit) de notre balance commerciale, alors que l’Italie (notre voisin) est bénéficiaire ;
– un chômage de masse impossible à résorber (alors qu’un emploi industriel génère 3/4 emplois induits) ;
– la mise en dépendance de la Nation sur de nombreux de produits, parmi lesquels des produits stratégiques.
Ce dernier point s’est particulièrement révélé avec la crise sanitaire et notamment les pénuries de masques, de principes actifs, psychotropes ou anesthésiques. Aujourd’hui, des usines Renault ou Peugeot sont mises à l’arrêt du fait des pénuries en composants électroniques, de matières premières moins visibles, plus diverses (graviers, bois, aciers, boulons) mettent à mal des secteurs pourtant dynamiques comme le BTP.
Si l’on veut enrayer le phénomène, voire inverser la tendance,
il faut commencer par en identifier les causes.
Tout d’abord tordre le cou à une idée reçue que la lourdeur des charges et autres impôts de production serait la source de nos soucis. Dans l’industrie, le taux de marge atteint près de 40 %, soit plus que l’ensemble des sociétés non financières. En 2021, le taux de marge des entreprises a atteint un niveau record depuis 1945. Parallèlement, il faut rappeler que l’impôt sur les bénéfices recule presqu’aussi vite qu’augmentent les subventions et allègements de charges (CICE, CIR en tête), eux-mêmes à la traîne derrière la rémunération du capital. Allègements qui sont aussi fléchés n’importe comment.
Parmi les facteurs biens connus et identifiés de la désindustrialisation :
– aux délocalisations, dont la moitié se fait au sein de l’UE ;
– à un taux de change défavorable (ainsi que la perte de l’outil monétaire) depuis l’introduction de la monnaie unique ;
– au dogme de la tertiarisation, commencé dès les années 80, selon lequel il fallait nous concentrer sur la plus forte valeur ajoutée et délocaliser les productions moins rémunératrices.
La responsabilité de la financiarisation de l’actionnariat commence également à être pointée, certains regrettant l’actionnariat familial, supposément plus humain et responsable, pourtant bien documenté par Émile Zola. Il faut bien reconnaître que le capitalisme financiarisé se concentre avant tout sur le retour sur investissement, il ne se soucie ni de l’environnement, ni de la France, ni de l’outil de production, ni des salariés, et qu’en ça, il est le pire des capitalismes en tant que sa forme terminale.
Mais nous faisons ici une réflexion à institutions constantes. Il n’est donc pas question de renverser le capitalisme, financiarisé ou non ni l’Union Européenne, austéritaire ou non. La première source de déstabilisation de notre industrie, c’est le comportement de nos actionnaires, de nos politiques et de nos patrons. Ceux-ci ont délocalisé pour accroître ou conserver les marges (Serge Tchuruk et sa fameuse industrie sans usine), initiative qui fit dévisser le cours de bourse d’Alcatel et le démembrement du groupe ou vendu à l’étranger (Alstom, Technip, Alcatel, Pechiney, etc).
Les grands groupes ont été transformé en centres de profits qui pressurent des sous-traitants devenus incapables d’investir et de se développer.
La deuxième source, c’est celui de notre classe politique qui se gave de mots, d’action, de lutte, de combat. A chaque fermeture d’usine, ils sont prompts à « se battre » et sitôt les élections passées, la motivation comme les promesse disparaît. Les exemples sont nombreux.
Afin d’illustrer mon propos, voici l’histoire de MBF, une fonderie aluminium dans le Jura (l’histoire peut se transposer à n’importe laquelle des autres fonderies alu).
En 2016, un actionnaire étranger, Gianmario Cola, rachète l’entreprise. Ses clients industriels (Renault et Peugeot) passent une commande pour répondre à laquelle M. Colla a mis en gage l’intégralité des actifs de l’entreprise. En même temps, il organisait l’évasion de la trésorerie de l’entreprise vers le Luxembourg via des droits de transferts et des royalties. Il ne fallut pas longtemps pour que l’entreprise soit en liquidation (4* .
Les salariés ont un beau plan de reprise bien ficelé, mais Renault et Peugeot ne veulent plus passer commande parce qu’entre temps, l’UE a décidé de la fin de la voiture thermique. Évidemment, personne à Bruxelles n’aura réfléchi aux milliers de salariés impactés par cette décision. Ni amortisseur social, ni stratégie de reconversion industrielle. A Bercy, à l’assemblée nationale, bien peu s’en émeuvent
Tout d’abord tordre le cou à une idée reçue que la lourdeur des charges et autres impôts de production serait la source de nos soucis. Dans l’industrie, le taux de marge atteint près de 40 %, soit plus que l’ensemble des sociétés non financières. En 2021, le taux de marge des entreprises a atteint un niveau record depuis 1945. Parallèlement, il faut rappeler que l’impôt sur les bénéfices recule presqu’aussi vite qu’augmentent les subventions et allègements de charges (CICE, CIR en tête), eux-mêmes à la traîne derrière la rémunération du capital. Allègements qui sont aussi fléchés n’importe comment.
Parmi les facteurs biens connus et identifiés de la désindustrialisation :
– aux délocalisations, dont la moitié se fait au sein de l’UE ;
– à un taux de change défavorable (ainsi que la perte de l’outil monétaire) depuis l’introduction de la monnaie unique ;
– au dogme de la tertiarisation, commencé dès les années 80, selon lequel il fallait nous concentrer sur la plus forte valeur ajoutée et délocaliser les productions moins rémunératrices.
La responsabilité de la financiarisation de l’actionnariat commence également à être pointée, certains regrettant l’actionnariat familial, supposément plus humain et responsable, pourtant bien documenté par Émile Zola. Il faut bien reconnaître que le capitalisme financiarisé se concentre avant tout sur le retour sur investissement, il ne se soucie ni de l’environnement, ni de la France, ni de l’outil de production, ni des salariés, et qu’en ça, il est le pire des capitalismes en tant que sa forme terminale.
Mais nous faisons ici une réflexion à institutions constantes. Il n’est donc pas question de renverser le capitalisme, financiarisé ou non ni l’Union Européenne, austéritaire ou non. La première source de déstabilisation de notre industrie, c’est le comportement de nos actionnaires, de nos politiques et de nos patrons. Ceux-ci ont délocalisé pour accroître ou conserver les marges (Serge Tchuruk et sa fameuse industrie sans usine), initiative qui fit dévisser le cours de bourse d’Alcatel et le démembrement du groupe ou vendu à l’étranger (Alstom, Technip, Alcatel, Pechiney, etc).
Ce n’était pas des espions au service de puissances étrangères, mais bien nos naufrageurs à nous. A chaque fois ces gens ont obéi à une idéologie qui s’est révélée nocive pour la Nation.
Les grands groupes ont été transformé en centres de profits qui pressurent des sous-traitants devenus incapables d’investir et de se développer.
La deuxième source, c’est celui de notre classe politique qui se gave de mots, d’action, de lutte, de combat. A chaque fermeture d’usine, ils sont prompts à « se battre » et sitôt les élections passées, la motivation comme les promesse disparaît. Les exemples sont nombreux.
Afin d’illustrer mon propos, voici l’histoire de MBF, une fonderie aluminium dans le Jura (l’histoire peut se transposer à n’importe laquelle des autres fonderies alu).
En 2016, un actionnaire étranger, Gianmario Cola, rachète l’entreprise. Ses clients industriels (Renault et Peugeot) passent une commande pour répondre à laquelle M. Colla a mis en gage l’intégralité des actifs de l’entreprise. En même temps, il organisait l’évasion de la trésorerie de l’entreprise vers le Luxembourg via des droits de transferts et des royalties. Il ne fallut pas longtemps pour que l’entreprise soit en liquidation (4* .
Les salariés ont un beau plan de reprise bien ficelé, mais Renault et Peugeot ne veulent plus passer commande parce qu’entre temps, l’UE a décidé de la fin de la voiture thermique. Évidemment, personne à Bruxelles n’aura réfléchi aux milliers de salariés impactés par cette décision. Ni amortisseur social, ni stratégie de reconversion industrielle. A Bercy, à l’assemblée nationale, bien peu s’en émeuvent
On a là un exemple qui illustre les points dont nous parlions précédemment : un actionnaire véreux, des structures supranationales bureaucratisées et idéologues, une libre circulation des capitaux utilisée à siphonner la valeur, et enfin des politiques au mieux dépassés, au pire incompétents et faibles.
Un autre exemple, passé complètement sous les radars. SOMAB, ex Ernault-Somua (ex grand leader des machines-outils de précision), fournisseur du CEA pour des machines capables d’opérer en environnement radioactif, s’est fait racheter par un fonds chinois.
Leur actionnaire est dormant, mais pour combien de temps ?
Qui s’est occupé à Bercy, en ministère, de vérifier que l’actionnaire entrant n’allait pas siphonner les brevets avant de partir, ce qu’il peut faire à tout moment ?
Que faire alors pour se protéger de ces déstabilisations, le tout sous la contrainte de rester à institutions constantes ?
Penser à institution constante est une contrainte lourde, parce qu’à force penser que les institutions sont immuables alors que rien n’est plus mutables que des institutions, pour la peine qu’on veuille les changer.
On doit déjà protéger ce qu’on a encore.
Il est urgent d’identifier les entreprises stratégiques (et pas seulement les grands groupes mais aussi leurs fournisseurs, mais aussi des PME).
A court terme, STMicroelectronics, dont il faudrait sécuriser le capital, pourquoi pas à parité avec l’Italie qui en possède 12,5 % (voir nos travaux sur le numérique). Un rachat par GlobalFoundries, Samsung ou Huawei serait une catastrophe à la mesure de celle que va être le rachat d’ARM par NVIDIA.
A institutions constantes, on peut commencer par l’utiliser. A Bercy, via l’Office des investissements étrangers, on peut s’opposer à une cession à l’étranger. Ce recours a été utilisé pour photonis, producteur de matériel de vision nocturne. Si c’est possible, pourquoi ne pas le faire plus systématiquement ? Pourquoi ne pas l’avoir faire pour Alstom ? Pour Alcatel ?
De la même manière, en tordant à peine le droit européen, la commande publique pourrait être fléchée sur l’industrie nationale via des clauses spécifiques (kilométrages, développement durable etc) dans les appels d’offre. Les Allemands ne se gênent pas ! Pourquoi pas nous ?
A institutions constantes, on peut investir dans la R&D, par exemple en arrêtant d’attribuer du CIR aux banques et à la grande distribution et les obliger à faire de la recherche en France. Ou encore en (re)finançant le lycée professionnel, les écoles d’ingénieurs ou l’université. De grandes écoles qui souhaitent s’agrandir ou s’internationaliser se tournent vers les entreprises privées pour palier les baisses de dotations publiques. « Il faut rester loin du modèle américain, car celui-ci est dépassé ».
A institutions constantes, il est également possible de poursuivre et punir nos naufrageurs « bien à nous ». Comment comprendre qu’un Patrick Kron (Alstom), qu’un Serge Tchuruk (Alcatel), qu’une Anne Lauvergeon (Areva), puissent passer leurs temps dans des conseils d’administration, « le portefeuille bien garni de millions de bonus, alors qu’ils ont littéralement liquidé des groupes stratégiques ? ». Il faudrait les poursuivre et qu’ils soient comptables devant la représentation nationale et les Français.
A institutions constantes, on peut aussi se doter d’une stratégie. Il ne sert à rien de saupoudrer des milliards. Il faut planifier. C’est ce que font les Américains, les Chinois, les Russes, les Allemands. Il n’y a que nous qui pensons et attendons que le marché fasse des miracles.
A institutions constantes, il faut arrêter d’être naïfs, les autres pays, y compris nos « alliés » et nos voisins, ne sont pas nos amis, ce sont des pays qui ont leurs propres intérêts. Enfin, il faut arrêter de raisonner à institutions constantes, mais raisonner à France constante, et faire coller enfin le droit aux intérêts de la Nation et non l’inverse.
Références
Nicolas Ravailhe (5* , expert en intelligence économique européenne, Directeur du cabinet Conseil en Affaires Européennes EURAEGIS.
La désindustrialisation n’est pas un phénomène récent, c’est par ce biais que Marie-Noelle Lienmann et moi nous nous sommes connus, il y a de nombreuses années au Parlement Européen. C’est ce combat et la rencontre avec Christian Harbulot qui m’a fait rencontrer l’Intelligence Economique et en prendre conscience. J’y ai trouvé des grilles de lecture et une politique de combat. Mais parler de l’industrie, implique d’évoquer l’Union Européenne. C’est une réalité, une maîtrise totale d’une politique vis-à-vis de la Chine et des Etats-Unis (6* et du reste du monde. C’est elle qui décide de notre politique commerciale avec les pays tiers et c’est elle qui décide de notre organisation économique dans le marché intérieur, puisque le financement, comme du droit, des stratégies, tout y ait régit. Des marges de manœuvre existe, mais elle est incontournable.
L’union est Européenne est en bonne santé économique, elle va bien. Ce n’est pas l’avis des Politiques français, elle enregistre plus de deux cent milliards d’excédents commerciaux, notamment avec les USA, une seule zone de risque demeure, c’est l’innovation et les technologies du numérique.
L’Union européenne a un indicateur majeur, la richesse par habitant (PIB) et avant 2014, la France en général avait un PIB par région (2/3) en moyenne supérieur au reste de l’Europe. L’île de France se détachait particulièrement. Mais pour l’ensemble les chiffres étaient bons.
A côté de nous, l’Italie du Nord enregistrait aussi de très bons résultats. A cette époque déjà, elle enregistrait dix fois plus de PME qui participaient à des programmes de l’Union Européenne que la France.
Après 2014, la machine va se gripper et le PIB va baisser dans de nombreuses régions, cela va correspondre aux contestations sociales (Brexiter et Gilets jaunes). Cette évolution trouvent ses causes dans la stratégie de l’Allemagne (os politique), notamment ses investissements dans les pays de l’Est, en ayant une stratégie de guerre économique, politique menée au détriment ses voisins latins (Italie, France), et dans une certaine mesure l’Angleterre.
Biens sûr l’Europe de l’Est a toujours un PIB inférieur, mais il est en progression, tandis que la France, l’Italie et la Grande Bretagne enregistrent des baisses significatives de PIB qui se traduisent rapidement par des mouvements sociaux. La fiabilité et l’exactitude des chiffres d’Eurostat sont incontestables et il est déplorable qu’en France le discours des hommes politiques et de la presse ne s’appuient pas sur eux, mais sur des sondages. Non la France (7* n’est pas le pays le plus attractif d’Europe.
L’union est Européenne est en bonne santé économique, elle va bien. Ce n’est pas l’avis des Politiques français, elle enregistre plus de deux cent milliards d’excédents commerciaux, notamment avec les USA, une seule zone de risque demeure, c’est l’innovation et les technologies du numérique.
L’Union européenne a un indicateur majeur, la richesse par habitant (PIB) et avant 2014, la France en général avait un PIB par région (2/3) en moyenne supérieur au reste de l’Europe. L’île de France se détachait particulièrement. Mais pour l’ensemble les chiffres étaient bons.
A côté de nous, l’Italie du Nord enregistrait aussi de très bons résultats. A cette époque déjà, elle enregistrait dix fois plus de PME qui participaient à des programmes de l’Union Européenne que la France.
Après 2014, la machine va se gripper et le PIB va baisser dans de nombreuses régions, cela va correspondre aux contestations sociales (Brexiter et Gilets jaunes). Cette évolution trouvent ses causes dans la stratégie de l’Allemagne (os politique), notamment ses investissements dans les pays de l’Est, en ayant une stratégie de guerre économique, politique menée au détriment ses voisins latins (Italie, France), et dans une certaine mesure l’Angleterre.
Biens sûr l’Europe de l’Est a toujours un PIB inférieur, mais il est en progression, tandis que la France, l’Italie et la Grande Bretagne enregistrent des baisses significatives de PIB qui se traduisent rapidement par des mouvements sociaux. La fiabilité et l’exactitude des chiffres d’Eurostat sont incontestables et il est déplorable qu’en France le discours des hommes politiques et de la presse ne s’appuient pas sur eux, mais sur des sondages. Non la France (7* n’est pas le pays le plus attractif d’Europe.
Cette stratégie a eut des conséquences.
L’Allemagne à réussi sa stratégie, elle s’est traduite par une modification de l’affectation de fonds européens. Elle a réussi a redirigé en sa faveur les fonds européens, la France en a beaucoup perdu, sauf l’Île de France et la région Rhône Alpes. C’est un véritable effondrement.
Dans ce tableau plutôt sombre, la France a cependant des atouts des atouts compétitifs, mais pas au sens commun où nous l’entendons. La productivité et le coût du travail ne sont pas des handicaps, nous pouvons rivaliser avec l’Allemagne sans rougir. Et malgré cela, on a des délocalisation et des pertes d’emplois. L’enjeu est ailleurs.
L’économie de l’Europe est prise en tenailles entre deux logiques différentes et antagonistes.
La première consiste à produire et exporter, c’est la logique allemande, et la seconde mise en œuvre par les Néerlandais, les Flamands et l’Irlande qui consiste à importer dans d’autres zones que celles de l’union européenne, principalement depuis la Chine et l’Asie.
Et pour l’Irlande d’être le cheval de Troie des États-Unis dans le domaine du numérique et de l’économie financière.
Dans ce tableau plutôt sombre, la France a cependant des atouts des atouts compétitifs, mais pas au sens commun où nous l’entendons. La productivité et le coût du travail ne sont pas des handicaps, nous pouvons rivaliser avec l’Allemagne sans rougir. Et malgré cela, on a des délocalisation et des pertes d’emplois. L’enjeu est ailleurs.
L’économie de l’Europe est prise en tenailles entre deux logiques différentes et antagonistes.
La première consiste à produire et exporter, c’est la logique allemande, et la seconde mise en œuvre par les Néerlandais, les Flamands et l’Irlande qui consiste à importer dans d’autres zones que celles de l’union européenne, principalement depuis la Chine et l’Asie.
Et pour l’Irlande d’être le cheval de Troie des États-Unis dans le domaine du numérique et de l’économie financière.
La France ne bénéficie d’aucune de ses stratégies, et nous manquons de stratégies plus particulièrement de stratégie d’attaque, car jouer en défense est insuffisant. Une stratégie d’attaque ce fait par la mise en œuvre d’une stratégie politique, d’une expertise scientifique, du droit, de la législation, des accords européens et internationaux.
Alors pourquoi ne le faisons nous pas ?
Entre 2002 et 2019, la France et l’Angleterre ont vu les chiffres du commerce extérieur se dégrader très fortement. Nous sommes le seul grand perdant. Le fait d’avoir désindustrialisé a fait chuter le PIB, cela a eut pour conséquence de faire chuter les ventes. Ceux qui nous font mal, sont la Chine, l’Allemagne, les Pays-Bas, Espagne et Slovaquie.
En 2020, l’Allemagne est toujours bénéficiaire dans son commerce avec les USA à hauteur de 153 milliards d’Euro d’excédent commercial. L’Europe n’a donc aucun intérêt à durcir sa politique vis à vis des États-Unis. «On ne donne pas de coup à un pays avec qui on est excédentaire ». Le seul domaine de vigilance doit être le numérique. L’Allemagne a beaucoup plus de points d’intérêts qu’en France. C’est tout le problème de l’industrie de défense française, les directives européennes de marché publique permettent aux allemands de se fournir aux États-Unis.
Cela protège aussi les marques allemandes dans le domaine automobile vendues aux États-Unis, pendant qu’en France, nous ne pourrions pas sanctionner l’Allemagne puisque les directives nous interdiraient de le faire. Face aux États-Unis, la France n’a aucun espoir de secours ou d’aide à attendre de l’Europe, car l’Europe est faible face aux USA, elle est aussi intelligente et qu’elle n’y a pas intérêt. Mais c’est une raison pour laquelle la France doit s’adapter.
Avec la Chine, c’est le même scénario (Angela l’a reconnu récemment (9*, l’Allemagne est excédentaire et même si elle était déficitaire cela aurait peu d’importance, les produits importés étant de faible valeur. Elle demeurait sur le reste du monde excédentaire. Ces deux logiques créent une alliance d’intérêts dont on ne sort pas. Les Pays Bas ont un déficit avec la Chine de 75 milliards d’Euros, mais ils ont encore des excédents commerciaux.
En 2020, l’Allemagne est toujours bénéficiaire dans son commerce avec les USA à hauteur de 153 milliards d’Euro d’excédent commercial. L’Europe n’a donc aucun intérêt à durcir sa politique vis à vis des États-Unis. «On ne donne pas de coup à un pays avec qui on est excédentaire ». Le seul domaine de vigilance doit être le numérique. L’Allemagne a beaucoup plus de points d’intérêts qu’en France. C’est tout le problème de l’industrie de défense française, les directives européennes de marché publique permettent aux allemands de se fournir aux États-Unis.
Cela protège aussi les marques allemandes dans le domaine automobile vendues aux États-Unis, pendant qu’en France, nous ne pourrions pas sanctionner l’Allemagne puisque les directives nous interdiraient de le faire. Face aux États-Unis, la France n’a aucun espoir de secours ou d’aide à attendre de l’Europe, car l’Europe est faible face aux USA, elle est aussi intelligente et qu’elle n’y a pas intérêt. Mais c’est une raison pour laquelle la France doit s’adapter.
Avec la Chine, c’est le même scénario (Angela l’a reconnu récemment (9*, l’Allemagne est excédentaire et même si elle était déficitaire cela aurait peu d’importance, les produits importés étant de faible valeur. Elle demeurait sur le reste du monde excédentaire. Ces deux logiques créent une alliance d’intérêts dont on ne sort pas. Les Pays Bas ont un déficit avec la Chine de 75 milliards d’Euros, mais ils ont encore des excédents commerciaux.
La balance des paiements (flux financiers) n’est aussi pas en notre faveur
Nous avons aussi un décrochage sur le marché intérieur de 30 milliards d’Euros. En 2018, la situation empire car le seul pays avec qui nous avions une balance excédentaire étaient les Britanniques (+12 milliards) et avec le Brexit, ce marché disparaît et creuse notre déficit commercial dans le marché intérieur. La « prime covid » a accentué le déficit pendant la crise (+ 9 milliards), pendant la crise, la Chine a continué à produire, la France a fait du traitement social tandis que les Pays-Bas ont accordé des primes aux salariés qui travaillaient. Aucune approche stratégique par contre, ni économique.
La balance des comptes courants en France, mais aussi en Irlande va mal, alors que pendant la crise, c’était le seul pays à ne pas voir son PIB s’effondrer. Cela s’explique par le fait qu’il faut bien rapatrier l’argent des GAFAM vers les USA. « On peut être très productif, travailler contre ses partenaires, et ne pas profiter de cette manne financière car il faut bien rapatrier chez son partenaire économique principal (les USA) les bénéfices".
La balance des comptes courants en France, mais aussi en Irlande va mal, alors que pendant la crise, c’était le seul pays à ne pas voir son PIB s’effondrer. Cela s’explique par le fait qu’il faut bien rapatrier l’argent des GAFAM vers les USA. « On peut être très productif, travailler contre ses partenaires, et ne pas profiter de cette manne financière car il faut bien rapatrier chez son partenaire économique principal (les USA) les bénéfices".
Le problème de la France dans son marché intérieur peut être illustrer par deux exemples, le raisin italien et les systèmes de recharge électrique.
Pourquoi on ne le fait pas ?
Nous avons deux problèmes dans l’Union Européenne.
Nous avons besoin d’être informés. Et pour être informés, il faut savoir ce que l’on recherche. Or on ne recherche rien parce que l’on a pas d’objectif de combat. La commande de l’État, des entreprises, des territoires est donc en défaut.
En défaut parce que l’on demande aux acteurs de terrain une information sans forme, imprécise laquelle il est difficile d’apporter du sens.
Nous avons besoin d’être informés. Et pour être informés, il faut savoir ce que l’on recherche. Or on ne recherche rien parce que l’on a pas d’objectif de combat. La commande de l’État, des entreprises, des territoires est donc en défaut.
En défaut parce que l’on demande aux acteurs de terrain une information sans forme, imprécise laquelle il est difficile d’apporter du sens.
La demande est en plus souvent tardive, quand les jeux sont faits et qu’il est impossible d’agir sur la prise de décision.
Paradoxalement, nous avons les outils de contre-influence, pas peu ou pas l’intention de les utiliser et que la demande qui en est faite est imprécise.
Enfin, il y a la gestion des talents des personnes qui ont travaillé à Bruxelles, la capacité de conserver et transmettre leur savoir-faire dans les institutions et autour des institutions.
Notre autre point faible est notre incapacité à jouer en collectif entre Français, sans se diviser sur des poncifs et de vieilles lunes. Les acteurs économiques ont besoin d’unité nationale et d’unité de combat.
La nécessité d’agir c’est la nécessité d’analyser l’information que l’on a reçue, c’est aussi avoir un processus de gouvernance, avoir une capacité de faire des war-rooms entre les filières.
C’est l’exemple du raisin italien. Au Pays-Bas, les Entreprises travaillent avec l’État, elles définissent des cibles, lancent des attaques, par le droit, par l’économie, la science, la recherche et tout cela travaille ensemble. En France, ce n’est pas le cas. Et bien sûr il faut faire de l’influence. Il faut sortir de nos silos.
Enfin, il faut sortir de notre dilemme de la poule et l’œuf, « une France affaiblie ne change pas l’UE, pas de France forte sans stratégie avec ses acteurs économiques dans l’UE.
Nous sommes enfin sortis du déni, mais cela ne suffit pas, il faut maintenant entrer dans une logique constructive d’organisation.
Cette PPL est une bonne chose, car c’est la première fois qu’au sein du Parlement est saisie cette question de la réorganisation. Et donc pour la France, il faut une stratégie dans le marché intérieur européen et dans les accords qui sont passés dans l’Union Européenne et les zones de pays tiers.
Se pose toujours la question de l’évaluation, à quel guichet doit on frapper. C’est un angle mort, un point faible majeur, les auditions au Parlement où chacun défile avec son expert pour justifier son point de vue ne permet pas de convaincre. L’exemple du Parlement Européen pourrait nous inspirer, c’est un centre de recherche qui produit lui même ou qui commande des études à des acteurs extérieurs, souvent Anglo-Saxons et Américains.
Nous, nous n’opposons aucun front qui permettrait de contrebalancer ce discours. A chaque fois qu’une loi est votée, une analyse d’impact devrait être mise en œuvre dans un cycle d’intelligence économique. Cela nous sommes en situation de le faire. Nous sommes désormais dans une logique de réponse et d’action. Ce qui veut dire, que les différentes analyses doivent aujourd’hui irriguer la pensée stratégique des Acteurs Publics (administration et territoires), mais aussi que le monde du privé s’en empare pour passer à l’action.
Enfin, il y a la gestion des talents des personnes qui ont travaillé à Bruxelles, la capacité de conserver et transmettre leur savoir-faire dans les institutions et autour des institutions.
Notre autre point faible est notre incapacité à jouer en collectif entre Français, sans se diviser sur des poncifs et de vieilles lunes. Les acteurs économiques ont besoin d’unité nationale et d’unité de combat.
La nécessité d’agir c’est la nécessité d’analyser l’information que l’on a reçue, c’est aussi avoir un processus de gouvernance, avoir une capacité de faire des war-rooms entre les filières.
C’est l’exemple du raisin italien. Au Pays-Bas, les Entreprises travaillent avec l’État, elles définissent des cibles, lancent des attaques, par le droit, par l’économie, la science, la recherche et tout cela travaille ensemble. En France, ce n’est pas le cas. Et bien sûr il faut faire de l’influence. Il faut sortir de nos silos.
Enfin, il faut sortir de notre dilemme de la poule et l’œuf, « une France affaiblie ne change pas l’UE, pas de France forte sans stratégie avec ses acteurs économiques dans l’UE.
Nous sommes enfin sortis du déni, mais cela ne suffit pas, il faut maintenant entrer dans une logique constructive d’organisation.
Cette PPL est une bonne chose, car c’est la première fois qu’au sein du Parlement est saisie cette question de la réorganisation. Et donc pour la France, il faut une stratégie dans le marché intérieur européen et dans les accords qui sont passés dans l’Union Européenne et les zones de pays tiers.
Se pose toujours la question de l’évaluation, à quel guichet doit on frapper. C’est un angle mort, un point faible majeur, les auditions au Parlement où chacun défile avec son expert pour justifier son point de vue ne permet pas de convaincre. L’exemple du Parlement Européen pourrait nous inspirer, c’est un centre de recherche qui produit lui même ou qui commande des études à des acteurs extérieurs, souvent Anglo-Saxons et Américains.
Nous, nous n’opposons aucun front qui permettrait de contrebalancer ce discours. A chaque fois qu’une loi est votée, une analyse d’impact devrait être mise en œuvre dans un cycle d’intelligence économique. Cela nous sommes en situation de le faire. Nous sommes désormais dans une logique de réponse et d’action. Ce qui veut dire, que les différentes analyses doivent aujourd’hui irriguer la pensée stratégique des Acteurs Publics (administration et territoires), mais aussi que le monde du privé s’en empare pour passer à l’action.
Rérérences
[5]https://www.euraegis.eu/spip.php?auteur28
[6]https://exporter.be-est.fr/fr/s-informer/fiches-pays/etats-unis/introduction
[7]https://www.usinenouvelle.com/editorial/alerte-rouge-sur-la-balance-commerciale-francaise.N1145252
[8]https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CN/echanges-bilateraux-entre-la-france-et-la-chine
[9]L'Allemagne s'est révélée "trop naïve dans certains domaines de coopération" avec la Chine, son premier partenaire commercial. Un euphémisme : sa dirigeante a systématiquement privilégié les intérêts économiques allemands sur presque toute autre considération dans ses échanges avec Pékin. (L’express / Clément Daniez Publié le 29/11/2021)
[6]https://exporter.be-est.fr/fr/s-informer/fiches-pays/etats-unis/introduction
[7]https://www.usinenouvelle.com/editorial/alerte-rouge-sur-la-balance-commerciale-francaise.N1145252
[8]https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CN/echanges-bilateraux-entre-la-france-et-la-chine
[9]L'Allemagne s'est révélée "trop naïve dans certains domaines de coopération" avec la Chine, son premier partenaire commercial. Un euphémisme : sa dirigeante a systématiquement privilégié les intérêts économiques allemands sur presque toute autre considération dans ses échanges avec Pékin. (L’express / Clément Daniez Publié le 29/11/2021)