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Le 11 mars dernier, à l'École Militaire, s'est tenue la deuxième édition du Paris Defense Strategie Forum, un événement important pour les experts en géopolitique et stratégie internationale. Parmi les thèmes abordés, l'influence a particulièrement attiré l'attention d'un public nombreux. Deux conférences ont retenu notre intérêt : la première portait sur la lutte contre la désinformation, avec un focus sur les leçons tirées de l'Europe de l'Est, et la seconde explorait les nouvelles voies de financement de l'influence.
Ces conférences avaient pour objectif d'analyser les stratégies d'influence et de désinformation, en mettant en lumière leurs mécanismes de financement et les vulnérabilités exploitées. Les interventions de Christine Dubois Clément ont offert un fil conducteur pertinent pour explorer les différentes dimensions de ce thème.
Ces conférences avaient pour objectif d'analyser les stratégies d'influence et de désinformation, en mettant en lumière leurs mécanismes de financement et les vulnérabilités exploitées. Les interventions de Christine Dubois Clément ont offert un fil conducteur pertinent pour explorer les différentes dimensions de ce thème.
Stratégies d'Influence et Désinformation
Les deux conférences s'accordent sur le fait que des acteurs, notamment la Russie, déploient des stratégies d'influence sophistiquées. Christine Dubois Clément introduit la notion de "chaos dirigé", expliquant comment la Russie cherche à semer le désordre chez des tiers en multipliant les points d'entrée et les variables dans leurs systèmes, tout en stabilisant son propre système. Cette stratégie vise à diviser les populations et à contrôler l'information. Le succès de ces opérations repose sur l'exploitation de narratifs et de ferments préexistants sur le territoire ciblé, avec pour objectif de paralyser la prise de décision des États ciblés en multipliant les crises sur différents fronts.
Les vulnérabilités exploitées sont multiples : un manque de récit occidental crédible, notamment en Afrique, a permis à la Russie de proposer une narration plus attrayante. L'exploitation des sentiments anti-occidentaux liés au passé colonial est également un facteur clé. De plus, l'utilisation des valeurs culturelles traditionnelles par la Russie trouve un écho favorable dans certaines sociétés. La création de doute et d'incertitude par l'inondation informationnelle rend les populations plus malléables.
L'exploitation de l'insécurité et de l'imprévisibilité rend les individus plus susceptibles d'adhérer à des idées extrêmes. Les faiblesses des médias traditionnels, pris dans le rythme de l'information continue et le "breaking news", les rendent vulnérables à la diffusion de fausses informations. Un manque de volonté d'apprendre des erreurs passées est aussi noté. Une mauvaise compréhension des objectifs des opérations, certaines étant destinées à un public interne, est également une vulnérabilité. Enfin, une tendance à la réactivité excessive plutôt qu'à la réflexion, l'aplatissement de l'importance de la parole, et la complexité de la vérification en ligne sont soulignés.
Les vulnérabilités exploitées sont multiples : un manque de récit occidental crédible, notamment en Afrique, a permis à la Russie de proposer une narration plus attrayante. L'exploitation des sentiments anti-occidentaux liés au passé colonial est également un facteur clé. De plus, l'utilisation des valeurs culturelles traditionnelles par la Russie trouve un écho favorable dans certaines sociétés. La création de doute et d'incertitude par l'inondation informationnelle rend les populations plus malléables.
L'exploitation de l'insécurité et de l'imprévisibilité rend les individus plus susceptibles d'adhérer à des idées extrêmes. Les faiblesses des médias traditionnels, pris dans le rythme de l'information continue et le "breaking news", les rendent vulnérables à la diffusion de fausses informations. Un manque de volonté d'apprendre des erreurs passées est aussi noté. Une mauvaise compréhension des objectifs des opérations, certaines étant destinées à un public interne, est également une vulnérabilité. Enfin, une tendance à la réactivité excessive plutôt qu'à la réflexion, l'aplatissement de l'importance de la parole, et la complexité de la vérification en ligne sont soulignés.
Le financement des Opérations d'Influence
Un thème central est celui des nouvelles voies de financement de l'influence. Christine Dubois Clément aborde la monétisation de l'engagement en ligne, mentionnant la vente d'espaces publicitaires, le financement participatif et la monétisation des chaînes Telegram.
La publicité programmatique est une autre méthode, où de grandes marques financent involontairement des sites de désinformation. Les réseaux peer-to-peer comme Telegram et WhatsApp permettent également de monétiser l'engagement au sein de communautés thématiques. Le paiement pour la diffusion de contenus sponsorisés et le ciblage publicitaire sont des outils puissants. L'achat d'articles sponsorisés dans des médias africains pour "blanchir" l'information est une autre technique. L'utilisation de sociétés écrans et de l'offshore, ainsi que le rôle des cryptomonnaies avec leur perte de traçabilité, sont soulignés. Le layering financier complexifie davantage la traçabilité des fonds.
Christine Dugoin-Clément décrit également l'économie circulaire de l'influence, illustrée par l'exemple de Wagner qui utilise des activités commerciales pour générer des fonds réinjectés dans leurs opérations d'influence. La captation de ressources est une autre méthode de financement. Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme outil d'influence et de financement.
La publicité programmatique est une autre méthode, où de grandes marques financent involontairement des sites de désinformation. Les réseaux peer-to-peer comme Telegram et WhatsApp permettent également de monétiser l'engagement au sein de communautés thématiques. Le paiement pour la diffusion de contenus sponsorisés et le ciblage publicitaire sont des outils puissants. L'achat d'articles sponsorisés dans des médias africains pour "blanchir" l'information est une autre technique. L'utilisation de sociétés écrans et de l'offshore, ainsi que le rôle des cryptomonnaies avec leur perte de traçabilité, sont soulignés. Le layering financier complexifie davantage la traçabilité des fonds.
Christine Dugoin-Clément décrit également l'économie circulaire de l'influence, illustrée par l'exemple de Wagner qui utilise des activités commerciales pour générer des fonds réinjectés dans leurs opérations d'influence. La captation de ressources est une autre méthode de financement. Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme outil d'influence et de financement.
Défis et Perspectives dans la Lutte Contre l'Influence et la Désinformation
Les sources soulignent les difficultés du debunking, qui arrive souvent trop tard et a moins de portée.
Un retour aux opérations d'influence "à l'ancienne" est observé, combinant actions hors ligne et amplification numérique. Une perte de capacités des deux côtés (Russes et Occidentaux) est notée. La privatisation de la guerre de l'information, menée par des entreprises privées, complexifie la traçabilité. La nécessité d'une recherche transdisciplinaire et transnationale est cruciale.
L'intelligence artificielle générative pose des défis importants en créant des contenus crédibles et en étant utilisée comme moteur de recherche. Le recours à la société civile et à la résilience collective ("bricolage") est une forme de résistance. Prendre soin de sa population est essentiel pour la rendre moins vulnérable. Des initiatives comme Viginum se concentrent sur les moyens techniques d'amplification. Le rôle des sanctions européennes est mentionné. La coopération et le partage de données entre chercheurs sont nécessaires. L'importance de la fiabilité de l'information ("prebunking") est soulignée, avec des initiatives comme NewsGuard. Des initiatives de certification de la fiabilité (JTI) existent. La confiance devient un enjeu économique. Noyer les narratifs nuisibles peut être plus efficace que la réfutation tardive.
Un retour aux opérations d'influence "à l'ancienne" est observé, combinant actions hors ligne et amplification numérique. Une perte de capacités des deux côtés (Russes et Occidentaux) est notée. La privatisation de la guerre de l'information, menée par des entreprises privées, complexifie la traçabilité. La nécessité d'une recherche transdisciplinaire et transnationale est cruciale.
L'intelligence artificielle générative pose des défis importants en créant des contenus crédibles et en étant utilisée comme moteur de recherche. Le recours à la société civile et à la résilience collective ("bricolage") est une forme de résistance. Prendre soin de sa population est essentiel pour la rendre moins vulnérable. Des initiatives comme Viginum se concentrent sur les moyens techniques d'amplification. Le rôle des sanctions européennes est mentionné. La coopération et le partage de données entre chercheurs sont nécessaires. L'importance de la fiabilité de l'information ("prebunking") est soulignée, avec des initiatives comme NewsGuard. Des initiatives de certification de la fiabilité (JTI) existent. La confiance devient un enjeu économique. Noyer les narratifs nuisibles peut être plus efficace que la réfutation tardive.
Convergences, divergences et nuances
Les deux sources convergent fortement sur l'analyse de la stratégie russe de "chaos dirigé" et son application informationnelle et géographique. Elles s'accordent également sur les nombreuses vulnérabilités sociétales et médiatiques exploitées par les opérations d'influence. De plus, les deux sources décrivent une variété de méthodes de financement sophistiquées, allant de la monétisation en ligne à l'utilisation de cryptomonnaies et de montages financiers complexes. Enfin, les deux sources soulignent les défis importants dans la lutte contre la désinformation et la nécessité d'approches multidisciplinaires et coopératives.
La première conférence sur la lutte contre la désinformation offre une présentation plus structurée par thèmes (chaos dirigé, vulnérabilités, financement, contre-mesures), tandis que la deuxième source axée sur le financement reprend en illustre par des exemples, concrets comme les "1000 blogueurs" russes.
La deuxième source met davantage l'accent sur l'exploitation de l'intelligence artificielle pour la création et la dissémination de désinformation, ainsi que sur le risque de "contamination" des grands modèles de langage. Elle esquisse la sous-estimation de l'influence chinoise. Dans les deux cas, russe ou chinoise, demeure la complexité de la mesure de l'impact des campagnes d'influence.
La première conférence sur la lutte contre la désinformation offre une présentation plus structurée par thèmes (chaos dirigé, vulnérabilités, financement, contre-mesures), tandis que la deuxième source axée sur le financement reprend en illustre par des exemples, concrets comme les "1000 blogueurs" russes.
La deuxième source met davantage l'accent sur l'exploitation de l'intelligence artificielle pour la création et la dissémination de désinformation, ainsi que sur le risque de "contamination" des grands modèles de langage. Elle esquisse la sous-estimation de l'influence chinoise. Dans les deux cas, russe ou chinoise, demeure la complexité de la mesure de l'impact des campagnes d'influence.
Conclusion
Les deux conférences dressent un tableau complexe et évolutif des stratégies d'influence et de désinformation, où l'exploitation des faiblesses sociétales et médiatiques, combinée à des méthodes de financement obscures et sophistiquées, représente un défi majeur. Les interventions de Christine Dugoin-Clément, tout au long de ces analyses, mettent en lumière la logique du "chaos dirigé" et la nécessité d'une compréhension approfondie des mécanismes à l'œuvre pour pouvoir y faire face efficacement. La lutte contre ces phénomènes exige une approche globale, collaborative et innovante, tenant compte des évolutions technologiques et des vulnérabilités persistantes de nos sociétés et de nos systèmes d'information.
