Entretien avec Eric Seulliet. L'innovation, ce lien indéfectible qui rassemble grandes entreprises et startups.

V. Mag : Il semblerait qu’en matière d’innovation il y ait une tendance à ce que les grandes entreprises cherchent de plus en plus à interagir avec l’écosystème des startups. Qu’en pensez-vous ?

C’est en effet un constat que nous avons fait. Cela a d’ailleurs été un sujet central de la première édition de l’Innovation Ecosystems Agora , qui a eu lieu en décembre dernier. Nous conduisons justement une étude sur ce thème, après avoir réalisé un sondage en ligne en partenariat avec OpinionWay. Les entreprises réalisent qu’elles doivent innover plus rapidement et plus radicalement. Elles doivent aussi changer leurs pratiques du management en étant beaucoup plus agiles. Pour ces raisons s’inspirer des pratiques des startups et nouer des collaborations avec certaines d’entre elles devient un axe stratégique important pour les entreprises.

V. Mag : Que pensez-vous de ce mouvement des “labs d’innovation” qui semblent en parallèle se développer de plus en plus rapidement dans de nombreuses entreprises ?

E.R. De nombreuses entreprises ont pu nouer des collaborations avec des dispositifs d’innovation comme des incubateurs, des fablabs, des living labs... de façon à développer leur démarche d’open innovation en se rapprochant du monde des startups et de l’entrepreneuriat. Mais beaucoup se sont également rendu compte qu’il fallait faire rentrer davantage en interne les bonnes pratiques qu’elles trouvaient à l’extérieur. D’où la vague accélérée de création de labs d’innovation au sein même des entreprises. Cela présente pour elle plusieurs avantages : travailler de façon plus confidentielle, faire en sorte que les pratiques et moyens de ces “labs internes” soient mieux adaptés au secteur de l’entreprise , mieux infuser le management interne.

V. Mag : Comment concrètement prenez-vous en compte ces tendances dans vos pratiques de consultant ?

Nous faisons le constat que les entreprises peuvent certes avoir besoin de conseils, mais ce qu’elles attendent surtout c’est un accompagnement concret, avec des outils, des ressources, des méthodes, des lieux pour innover. il se trouve que depuis la création du DIL, nous avons créé un vaste écosystème d’acteurs spécialistes de l’innovation. Nous avons donc pris l’initiative de proposer à ces acteurs de rejoindre une plateforme ouverte d’innovation que nous créons. Celle-ci vise à agréger des outils logiciels comme autant de briques technologiques mais également diverses autres ressources (méthodes ainsi que des compétences et expertises humaines). Comme nous souhaitions ancrer cette plateforme sur un socle technologique, c’est ainsi que nous nous sommes rapprochés de CreaKtive. Dans le cadre de cette plateforme, nous avons un projet très novateur consistant à créer un fablab et un living lab virtuel.

V.Mag : Un dernier mot sur vos projets ?

E.R. Rendez-vous à l’occasion de la deuxième édition de l’Innovation Ecosystems Agora, le 17 novembre prochain où nous présenterons à la fois les résultats de notre étude et nos avancées. Plus d’infos à venir sur le site de la 2ème édition .

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Eric Seulliet

Eric Seulliet, diplômé de HEC et de l’Institut d’Urbanisme de Paris, est Président-fondateur de La Fabrique du Futur dont la vocation est d’être un think tank réconciliant technologie et développement durable et un laboratoire de détection des usages émergents. Dans le cadre de ce think tank, Eric Seulliet a créé un living lab qui a été labellisé fin 2008 par le réseau ENoLL (European Network of Living Labs).
En 2013, il a lancé le DIL (Discovery Innovation Lab), un organisme d’accompagnement à l’innovation qui pourrait être qualifié de « do tank » et qui complète de façon plus opérationnelle les activités de la Fabrique du Futur. En plus d’avoir une activité de living lab, le DIL regroupe en effet plusieurs fablabs ce qui permet au DIL de prototyper et d’expérimenter avec des usagers des concepts innovants pour le compte de porteurs de projets et d’entreprises.