Intelligence des risques

Entretien avec Préfet Cyrille Schott, directeur de l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice, et partenaire privilégié du Sommet IES 2015


Cynthia Glock




Le Sommet IES 2015 réunit pour la première fois intelligence économique et sécurité au sein d’un même cadre de réflexion. Comment l’INHESJ, partenaire du Sommet, contribue-t-il à cette réflexion ?

Cette première édition du Sommet IES doit permettre le partage et la confrontation des idées, indispensables à l’éclairage des grands acteurs de la sphère institutionnelle et du secteur privé dans leur prise de décision. Dans un environnement en mutation permanente, le développement des échanges, des coopérations et des partenariats est incontournable. 

Les cadres et dirigeants de la sphère institutionnelle et du secteur privé prennent peu à peu conscience des questions que soulève la protection des entreprises dans notre pays, et l’on ne peut que s’en réjouir. Il faut cependant poursuivre l’effort et l’intensifier. En effet, l’on ne peut et ne doit plus ignorer l’enjeu. Les acteurs économiques font face à des menaces protéiformes, de plus en plus difficiles à anticiper et à maitriser. Seule une réflexion innovante et décloisonnée sur les risques et menaces permet la mise en œuvre des dispositifs adaptés de protection et de management de crises, en vue d’un épanouissement serein des activités commerciales.


A travers ses formations et sa revue DéfIS, l’INHESJ contribue à alimenter le débat et à approfondir les savoirs. Son département Intelligence et sécurité économiques constitue un centre d’expertise sur les stratégies et les dispositifs opérationnels d’intelligence économique et de protection des entreprises. Parmi les formations qu’il propose, la session nationale Protection des entreprises et Intelligence économique, aujourd’hui enregistrée au sein du RNCP (équivalent bac+5), a pour vocation de délivrer aux managers sécurité/sûreté des entreprises, aux praticiens de l’intelligence économique et aux gestionnaires de crises, les connaissances théoriques et le savoir-faire directement opérationnels leur permettant d’appréhender les différentes menaces susceptibles de remettre en cause la pérennité des entreprises.
 

La cybercriminalité préoccupe de plus en plus les organisations comme les entreprises. Qu'est-ce que cela augure pour les années à venir ?

La révolution numérique, que nous connaissons depuis une trentaine d’année, s’accélère et modifie en profondeur nos modes de vie et nos organisations. Cette évolution des usages numériques s’accompagne en effet d’un accroissement sans précèdent d’une cybercriminalité protéiforme. Dans notre société de l’information et de la connaissance, la préservation de son capital immatériel (patrimoine informationnel, données, savoir-faire, image de marque…) constitue désormais pour toute entreprise ou organisation la condition sine qua non de son développement, voire de sa survie.

Les cyberattaques, que nos entreprises et organisations peuvent subir, forment une menace de premier ordre pour la pérennité de leurs activités. Si elles peuvent avoir pour objectifs un simple déni de service, une pénétration des réseaux à des fins d’espionnage ou de vol de données, une cyberextorsion, elles peuvent aller jusqu’à viser une prise de contrôle à distance, une paralysie voire une destruction d’infrastructures vitales et d’entreprises stratégiques. Il s’agit là d’un enjeu fort de souveraineté nationale.

Le traitement de cet enjeu dépend de notre capacité à adapter nos modalités d’actions et nos structures pour faire face aux évolutions. Et cela passe nécessairement par le renforcement des partenariats entre la puissance publique et le secteur privé.

 

Propos recueillis par Cynthia Glock