Communication & Influence

Etude de cas. Les Pays-Bas, l'autre pays du Softpower. Drones. Un aéronef peut en cacher un autre. Le modèle néerlandais


Jacqueline Sala
Vendredi 4 Mars 2016


Par Stéphane NICOLAS et Gérard BRIARD. © Copyright CATSPAW GROUP

Au début du mois de février 2016 se déroulait à Dubaï la finale du concours international « Drone for Good » doté d’un prix d’un million de dollars. Comme le nom l’indique, il ne s’agissait pas tant d’un concours technique que de démontrer un potentiel d’applications.



Télécharger l'article


Les drones attirent ainsi beaucoup de pays. Pour les uns c’est un passage obligé pour conserver une suprématie dans une industrie de souveraineté. Pour les autres ayant peu ou pas d’industrie aéronautique, c’est le moyen d’y entrer avec un ticket au coût relativement modeste. Certains sont aussi attirés par le potentiel de développement des services. 
 
Dans ce paysage, les Pays-Bas constituent un modèle de soft power qui a appelé l’attention des experts du think-tank CATSPAW GROUP. Compte tenu de son histoire et de sa situation géographique, ce pays conserve en effet un grand intérêt pour tout ce qui concerne les transports et les questions de sécurité qui y sont associées. Il réussit à être au cœur des discussions normatives sur ces sujets avec un rapport efficacité / poids remarquable.

Concernant les drones, on peut faire commencer l’histoire à la fin des années 1990 ...

… quand les Pays-Bas ont exigé de  leur fournisseur Sagem la certification du drone Sperwer, chose qui n’était absolument pas évidente compte tenu des caractéristiques opérationnelles et techniques de cet engin militaire. Cette certification, même adaptée, a constitué une première mondiale pour un engin de ce type. Elle a surtout permis aux autorités nationales de défricher le sujet et, avec le concours obligé du fournisseur, de s’y construire une légitimité.
 
Le deuxième cercle concerne la représentation des industriels, avec la création en 2004, sur initiative néerlandaise, d’UVS International dont un des objets est l’harmonisation des réglementations nationales. Cette association est reconnue par les autorités nationales, européennes ainsi que par l’OACI. Le fondateur néerlandais en est le Président actuel.
 
Le troisième cercle de la toile a été tissé en 2008 : il s’agit de la création de JARUS un groupement des autorités nationales de l’aviation ayant pour objet d’établir des recommandations pour la certification des systèmes de drones et leur intégration dans l'espace aérien. Ce groupement a été présidé jusqu’en 2014 par son initiateur néerlandais.
 
Au delà de ces aspects de certification et de réglementation, les Pays-Bas sont présents via des universités, des industriels ou encore des organismes comme le Toegepast Natuurwetenschappelijk Onderzoek (TNO). TNO se présente comme un organisme de droit public indépendant ne faisant partie ni du gouvernement, ni d’université, ni d’entreprise. Son conseil d’administration est cependant composé majoritairement de personnalités nommées par Décret Royal dont une sur recommandation du ministre des affaires économiques et une autre sur recommandation du ministre de la Défense.
 

« innovation for live »


Les domaines d’intervention de TNO sont assez larges. Sous le thème générique « innovation for live » ils couvrent des domaines allant de la santé à la défense en passant par la sécurité et la sûreté. Ce qui est surtout remarquable c’est que TNO réussit à être présent à différents niveaux d’intervention :
  • Expert pour le compte de l’État
  • Études et conseil (présent dans la batterie d’études sur les marchés de la sécurité lancée au début des années 2000 par la DG Enterprise)
  • Laboratoire et centre de recherche présent dans les clusters de R&D
  • Courroie  d’entrainement pour l’industrie néerlandaise
Ce positionnement permet à TNO d’être actif de façon cohérente sur plusieurs tableaux. Il est aussi membre d’UVS International.
 
Enfin au niveau de la R&T, le cluster The Hague Security Delta, dont TNO est un des membres fondateurs, est notamment positionné sur les drones. Un des objectifs de ce cluster est de nouer des liens avec d’autres entités pour obtenir un effet multiplicateur. Il se présente comme le plus grand cluster sur la sécurité en Europe et comme le point d’entrée sur les questions de sécurité en Europe. Il a noué des liens avec le cluster français SAFE (Security and Aerospace actors for the Future of Earth) lui aussi présent sur les applications des drones.
 
On le voit le système néerlandais sur la thématique des drones est un bel exemple de soft power d’une grande cohérence permettant d’obtenir un effet de levier significatif.
 
Comme dans le Gouda peu de trous dans ce système. Sans doute un exemple à suivre par un autre pays du fromage.
 
Stéphane NICOLAS
Gérard BRIARD
Email : cg-cie@catspawgroup.eu
 
© Copyright CATSPAW GROUP -Tous droits réservés - Reproduction interdite sans autorisation

 

[[1]]url:#_ftnref1 CATSPAW GROUP – CERCLE INTERCULTUREL EUROPEEN est un club indépendant de réflexion et d’action. Interface entre experts et décideurs, sa vocation est de fournir des analyses et de formuler des recommandations utiles à l'élaboration de politiques publiques ou d'interventions ponctuelles sur toutes les problématiques liées aux transports et à la mobilité. Il est présidé par Patrick GOUDOU.

CATSPAW GROUP - 62 avenue des Champs-Elysées, 75008 PARIS.
cg-cie@catspawgroup.eu
 

Stéphane NICOLAS

Stéphane Nicolas
Stéphane Nicolas
Stéphane NICOLAS est consultant en Stratégie et Management et ingénieur aérospatial diplômé de l'Ecole de l'air et de l'Ecole de Guerre Economique. Il intervient dans le cadre du business development et des logiques de transformation au profit des entreprises du secteur Aerospace & Defence. Il a été responsable d'un escadron Rafale après un parcours d'officier pilote de chasse dans l'Armée de l'air. Il est membre du Think-tank Catspaw Group.

Gérard Briard

Gérard Briard
Gérard Briard
Gérard Briard est consultant aéronautique pour la société ID/AERO. Ingénieur ENSIETA, ancien élève de l’Institut de Contrôle de Gestion, il a occupé différents postes à la Direction des Constructions et Armes Navales, au ministère de l’industrie, au sein de la préfecture de région Ile-de-France ainsi qu’en administration centrale au sein de la délégation générale pour l’armement. Il est membre du Think-tank Catspaw Group.