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Formation. Rencontre avec Thomas Meszaros, Master Relations internationales- intelligence stratégique et gestion de crises,


Jacqueline Sala
Dimanche 21 Avril 2024


La gestion par les enseignants-chercheurs de formations de master, telles que le master Relations internationales – intelligence stratégique et gestion de crises, nécessite du temps et de l’énergie.
Elle implique de piloter une équipe pédagogique de collègues enseignants-chercheurs et de professionnels afin de donner de la cohérence aux enseignements dans le cadre d’un projet pédagogique clair et pertinent.



Thomas Meszaros Maître de conférences en sciences politiques Directeur du Master relations internationales –intelligence stratégique et gestion de crise (ISGC) Faculté de droit Université Lyon 3


Pouvez-vous identifier les principaux défis que vous avez rencontrés dans l'enseignement et la recherche en Master ?

Dans le cadre du master Relations internationales- intelligence stratégique et gestion de crises, les défis auxquels je suis confronté en tant que directeur de diplôme concernent principalement les attentes des étudiants et des partenaires, privés et publics, de la formation. En effet, la formation s’est considérablement développée depuis quelques années et avec elle les exigences en termes de formation mais aussi de recherche.
Maintenir une formation pertinente et de qualité suppose un équilibre entre recherche et formation, l’un alimentant l’autre, et vice-versa.  Faire comprendre cela aux étudiants n’est pas toujours aisé. Les partenaires de la formation, quant à eux, ont aujourd’hui pleinement conscience de cette nécessité, en particulier dans leurs domaines parce qu’ils sont stratégiques, de lier recherche scientifique et formation professionnelle. 
 

Comment gérez-vous la diversité des besoins et des niveaux de préparation des étudiants en Master au sein de vos cours ?

La plupart des étudiants qui intègrent le master Relations internationales – intelligence stratégique et gestion de crises sont issus de formations universitaires en droit, science-politique, économie.  Quelques étudiants sont viennent d’autres formations, telles que la géographie, l’histoire, ou encore de formations en langue. Leur nombre demeure cependant limité. Les étudiants ont un an pour se mettre à niveau sur les principales matières de la formation. En deuxième année, ils découvrent de nouvelles matières, spécifiques.
De manière générale, l’équipe pédagogique répond aux différents besoins qu’ils peuvent exprimer au cours de leur formation. J’ai également souhaité que soit mis en place un système de parrainage entre étudiants pour renforcer leur solidarité et anticiper certains besoins ou attentes que pourraient avoir des étudiants. Enfin, nous avons également des professionnels qui accompagnent les étudiants tout au long de leur formation.

Existe-t-il des domaines de recherche spécifiques auxquels vous vous intéressez particulièrement en ce moment ?

Nous sommes dans des champs qui évoluent rapidement et qui nécessitent de se tenir à jour sur les sujets qui intéressent les professionnels ainsi que les chercheurs. Ainsi, aujourd’hui dans les domaines de l’intelligence économique et stratégique ainsi que la prévention et la gestion des risques et des crises, les questions qui portent sur l’intelligence artificielle, sur les biais cognitifs ou encore sur l’éthique connaissent des développements particulièrement importants.

Comment maintenez-vous votre expertise à jour dans votre domaine et comment cela bénéficie-t-il à vos étudiants ?

Se maintenir à jour implique de suivre l’actualité scientifique, juridique et professionnelle, faire une veille active sur les domaines sur lesquels portent la formation en l’occurrence l’intelligence économique et stratégique et la prévention et la gestion des risques et des crises.

Cela suppose de maîtriser son environnement et d’être en interaction permanente avec cet écosystème d’acteurs afin d’échanger avec eux pour comprendre les enjeux, la manière dont ils se les représentent, leurs perceptions, identifier leurs attentes et besoins en termes de recherche et de formation. Les rencontres et interventions de professionnels et chercheurs dans le cadre de la formation, l’organisation d’événements scientifiques, de rencontres professionnelles , de visites de sites sont également un excellent moyen de se tenir informé et de se maintenir à niveau.

Pouvez-vous partager une expérience ou un projet pédagogique particulièrement réussi que vous avez mené en Master ?

Le 29 mars 2024, le master Relations internationales - intelligence stratégique et gestion de crise a organisé, en partenariat avec l’institut d’études des crises de l’intelligence économique et stratégique, la 2e rencontre de l’intelligence économique et stratégique et de la gestion des crises d’Auvergne Rhône-Alpes. Cette deuxième édition s’est déroulée au Cercle Général-Frère à Lyon.
Cette rencontre ouverte par Madame Bossart-Trignat, préfète déléguée pour la défense et la sécurité, était organisée en trois temps.
Le matin, suite aux discours de monsieur Denis Thuriot, maire de Nevers et président du conseil d’orientation pour la prévention des risques naturels majeurs, Madame Veronique Sarselli, maire de Sainte-Foy-lès-Lyon et conseillère métropolitaine du Grand Lyon et Monsieur le Général Gilles Darricau, directeur à la CCI du Rhône, Madame Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé et des Solidarités, ont prononcé une conférence inaugurale sur le thème de la gestion des crises majeures. Cette conférence a été suivie par des rencontres B2B et B2S.
 
L’après-midi ont eu lieu six ateliers de travail : collectivités territoriales, sécurisation des sites sensibles, gestion des grands événements, intelligence économique et stratégique, crises cyber, exercices de simulation. Cette journée a été une réussite. Elle a réuni plus de 150 participants parmi lesquels des professionnels notamment des acteurs majeurs dans les domaines de l’intelligence économique et stratégique et de la prévention et gestion des risques crises, des étudiants du master 2 intelligence stratégique et gestion crise ainsi que des représentants des services de l’État et des collectivités territoriales. Elle a permis de comprendre des attentes, des acteurs et de favoriser l’insertion professionnelle des étudiants.

Quelles sont vos recommandations pour améliorer l'expérience d'apprentissage des étudiants en Master au sein de votre institution ?

Il faut faire preuve de beaucoup de curiosité, s’intéresser aux sujets qui sont en lien de près mais aussi d’un peu plus loin avec les axes structurants de la formation. Il ne faut pas hésiter à prendre contact avec les professionnels et les spécialistes des domaines concernés.
Parallèlement, il faut travailler « le fond », lire les travaux des chercheurs dans ces différents domaines, connaître les enjeux, les approches et théories, maîtriser des méthodes scientifiques, développer son esprit critique. Il faut aussi travailler son insertion professionnelle en maîtrisant certaines pratiques, des savoir-être et en développant son réseau professionnel.

Si vous aviez une préconisation à faire pour améliorer les conditions de travail des Maîtres de conférences de Master ou pour l'évolution du système éducatif, quelle serait-elle

La gestion par les enseignants-chercheurs de formations de master, telles que le master Relations internationales – intelligence stratégique et gestion de crises, nécessite du temps et de l’énergie.  
Elle implique de piloter une équipe pédagogique de collègues enseignants-chercheurs et de professionnels afin de donner de la cohérence aux enseignements dans le cadre d’un projet pédagogique clair et pertinent.
Elle suppose également d’assurer le suivi des étudiants dans le cadre de leurs activités professionnelles (stage, alternance) et de leur formation en particulier de leurs travaux de recherche (mémoire de fin d’études).
Enfin, elle nécessite d’animer un réseau de partenaires privés et publics autour d’un projet pédagogique de manière à alimenter les enseignements et la recherche et favoriser l’insertion professionnelle des étudiants. Ce travail, mené par les enseignants-chercheurs parallèlement aux autres tâches d’enseignement ou de recherche, mériterait sans doute d’être plus valorisé.
 

Thomas Meszaros, merci pour ce témoignage et ces analyses.


Juste un point avant de nous quitter, si vous aviez quelques recommandations de lecture, a nous faire, quelles seraient-elles ?

Concernant les ouvrages je vous propose les références suivantes:
les travaux de Patrick Lagadec sur les crises,
ceux d’Ulrick Beck sur la société du risque,
ceux de Michel Dobry sur la sociologie des crises politiques.
Je me permets également de signaler un ouvrage qui vient d’être publié et que j’ai dirigé que les simulations de crises 
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/20212/Crises-et-simulations.
Sans oublier l'ouvrage d'Edgar Morin sur la "Crisologie".