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Intelligence économique et veille stratégique au service de la transition. Tribune libre de Mickaël Réault. Sindup


Jacqueline Sala


L’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) ainsi que l’économie sociale et solidaire (ESS) sont des modèles qui émergent et modifient les chaînes de valeur au sein de notre économie...Ces acteurs dits « régénératifs », dont les perspectives coïncident avec des attentes sociétales de plus en plus prégnantes, bousculent le paysage concurrentiel.




L’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) ainsi que l’économie sociale et solidaire (ESS) sont des modèles qui émergent et modifient les chaînes de valeur au sein de notre économie.

Ils inspirent des entreprises traditionnelles soucieuses de transformer leur modèle économique afin de générer des externalités positives. Cette recherche d’alignement entre rentabilité et responsabilité sociétale et environnementale est sans doute l’une des transformations les plus significatives des prochaines décennies. Elle est largement soutenue par des acteurs économiques encore émergents qui, dès leur création, intègrent à leur raison d’être la réparation des écosystèmes environnementaux et sociaux.

Ces acteurs dits « régénératifs », dont les perspectives coïncident avec des attentes sociétales de plus en plus prégnantes, bousculent le paysage concurrentiel. La règlementation, évoluant progressivement en leur faveur, leur offre des perspectives de réussite autant économique que durable et éthique.

L’EFC et l’ESS représentent ainsi un vaste terrain d’innovation et un potentiel avantage concurrentiel pour l’avenir. Dans ce contexte, comment la veille stratégique et l’intelligence économique deviennent-elles des facteurs de réussite pour les entreprises qui investissent en ce sens ?
 

Des leviers de transformation en puissance

L’économie sociale et solidaire (ESS) trouve son origine au XIXème siècle. Créée en réponse au capitalisme industriel, elle émerge avec le développement des coopératives de production fondées sur une utilité résolument sociale. Aujourd’hui, elle offre une nouvelle voie aux entreprises soucieuses de correspondre aux exigences sociales et environnementales. L’ESS représente 200 000 organisations et 2,5 millions d’emplois pour 10% du PIB national. Ces structures recherchent une performance économique qu’elles mettent au profit d’une utilité sociale considérée comme première. Elles allient un mode de gouvernance participatif et démocratique à un encadrement strict des bénéfices, un respect du vivant et un ancrage territorial de leurs activités.
 
La RSE, quant à elle, inscrite dans le code civil au travers de la loi Pacte, est une contribution volontaire ou parfois contrainte des entreprises aux enjeux du développement durable. Concrètement, elle rassemble les mesures prises par celles-ci pour réduire leurs externalités négatives tout en développant des impacts positifs. Cela se traduit, par exemple, pour une industrie, par la réduction de ses émissions de polluants et/ou par la recherche de circuits de réemplois pour les déchets qu’elle génère. L’économie circulaire, de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) est une illustration avancée de ce processus vertueux. En substituant à la vente d'un volume de biens, la vente d'une solution globale intégrant des biens et des services, elle se donne pour finalité d'atteindre une performance d'usage ou territoriale, tout en réduisant la consommation de biens et de ressources.
 
RSE et ESS sont donc toutes deux en phase avec, les attentes sociétales croissantes, les limites planétaires et des règlementations en constante évolution. Conjuguées à des outils d’intelligence économique (IE), elles deviennent un atout pour les performances financières, environnementales et sociales des organisations.
 

De la veille stratégique à la veille régénératrice

Le passage d’un modèle linéaire à un modèle circulaire est désormais vital.
Le passage d’un modèle linéaire à un modèle circulaire est désormais vital.
C’est à cet endroit que la veille stratégique, pilier fondamental de l’intelligence économique, devient un puissant levier de transformation, en faveur d’une société plus durable et éthique capable de répondre aux enjeux du XXIème siècle.

En effet le contexte géopolitique et économique international est largement perturbé avec des tensions exacerbées, des pénuries et des conflits d’usage croissants : l’extraction minière et l’accès aux ressources naturelles posent des difficultés grandissantes, l’énergie bon marché fait défaut et les alternatives propres à bas coût relèvent encore de l’espoir. Ces phénomènes nécessitent une adaptation des modèles économiques.
 
Le passage d’un modèle linéaire à un modèle circulaire est désormais vital. Cette affirmation est rendue possible par l’observation des tendances, des signaux faibles et d’une multitude d’indicateurs. Si une veille informationnelle est absolument indispensable à une transformation de nos modèles socio-économiques à l’échelle macroéconomique, elle est également cruciale à l’échelle des entreprises, quelle que soit leur taille. En effet, les organisations doivent aujourd’hui fonder leur transformation sur une connaissance précise de leur environnement et de ses évolutions.

Qu’elles soient règlementaires, organisationnelles ou technologiques, qu’elles concernent les opportunités de marché ou l’anticipation des risques, ces informations doivent être récoltées, analysées et intégrées pour conduire l’entreprise à des choix opérationnels ou structurels efficaces et ordonnés à une transformation vertueuse.

La veille stratégique est également source de connaissances durables pour une organisation véritablement apprenante : les connaissances acquises pourront être réemployées à mesure des évolutions et des transformations pour prendre des décisions éclairées.
 
Pour que la transformation des entreprises s’accorde aux enjeux sociaux et environnementaux, ainsi qu’aux aspirations sociétales et aux règlementations à venir, il est nécessaire qu’elle se fonde sur une connaissance précise et complète du contexte dans lequel elles évoluent. Se transformer sans s’informer reviendrait à partir en haute montagne ou en haute mer sans consulter la météo. Pire, à anticiper un climat favorable et à se vêtir en conséquence, pour finalement se retrouver dans une tempête de neige. Les aléas n’ont aujourd’hui aucun répit pour ceux qui préfèrent l’improvisation.
 
Face à l’urgence de la transformation des organisations, tant pour leur propre résilience que pour un monde plus soutenable, il est nécessaire de prendre le temps de l’acquisition des connaissances. Fondement de notre capacité de jugement et de discernement, la connaissance rend une entreprise capable de faire des choix stratégiques, en cohérence avec son environnement et plus pertinents. Une veille stratégique constante et précise permet d’éviter de se précipiter dans des actions chronophages ou des investissements qui, en fin de compte, pourraient se révéler inadaptés voire contre-productifs. La veille devient régénératrice en aidant les entreprises à mettre en place et à développer des modèles vertueux, au service d’une économie plus responsable, durable et circulaire.

Elle est fondée sur une utilisation des informations – tendances du marché, connaissance des acteurs, évolution des innovations, etc. – en vue de restaurer des écosystèmes fragilisés.

Mickaël Réault – CEO Sindup Co-animateur du Club AEGE « ESS-RSE » à l’École de Guerre Économique