Un vecteur d'excellence
Vous avez assisté à la Conférence des Ambassadeurs de Paris à l'Unesco. Pouvez-vous nous faire un retour sur cet événement ?
Quand on connaît ses missions, on comprend que l’UNESCO était le lieu idéal pour accueillir une conférence dédiée à la diplomatie culturelle. Une centaine de participants s’y étaient réunis pour écouter des intervenants d’origine multiple : Arabie Saoudite, France, Gabon, Maroc, Maurice, République Démocratique du Congo… J’ai apprécié la variété des expériences nationales présentées, les nombreux exemples cités ainsi que le consensus sur le fait que la diplomatie culturelle constitue un vecteur d’excellence de la coopération entre ces différents pays. . En quelque sorte l’alliance du passé, du présent et de l’avenir.
De votre point de vue et en fonction de votre expérience au sein de la CCI, pouvez-vous nous expliquer comment la diplomatie culturelle peut renforcer les relations commerciales entre la France et les pays africains ?
Le commerce étant fondé sur la confiance et la connaissance réciproques, la diplomatie culturelle apporte de réels atouts aux relations commerciales. Elle génère de multiples occasions de rencontre entre acteurs économiques, occasions qui débouchent parfois sur des échanges commerciaux. Les affaires qui se font alors entre les peuples sont facilitées par un cadre culturel partagé : au travers de la langue bien sûr - la francophonie représente un avantage certain - mais aussi par des repères historiques et culturels communs, parfois même jusque dans une même organisation administrative et des fondements du droit comparables.
Quels sont les principaux défis auxquels la coopération culturelle entre la France, l’Afrique et les pays du Golfe doit faire face ?
Il s’agit de trouver le juste équilibre entre la promotion de notre conception de la culture et le dialogue avec les autres cultures. Il ne faut pas s’imposer aux cultures locales mais collaborer avec elles et leur donner des moyens de prospérer. Les actions possibles relèvent de différents champs : programmes communs de recherche, restitution d’œuvres, travail historique et archéologique, soutien aux scènes artistiques nationales… Mais la concurrence qui s’exerce dans ce domaine entre grandes puissances auprès des mêmes cibles ne facilite pas l’atteinte de cet équilibre.
Comment les entreprises françaises peuvent-elles tirer parti de la diplomatie culturelle pour améliorer leurs relations commerciales en Afrique ?
En profitant de la proximité mentale qu’elle induit avec les Africains et en recourant à un réseau culturel extrêmement développé : instituts français, lycées français, services de coopération et d’action culturelle au sein des ambassades de France… Elles peuvent également s’appuyer sur les décideurs africains formés en France et sur tous les expatriés français installés en Afrique. De nombreux produits français ont des débouchés privilégiés dans les pays africains francophones mais ils sont aussi attendus dans le reste du Continent.
Quels sont, selon vous, les secteurs économiques les plus prometteurs pour une coopération renforcée grâce à la diplomatie culturelle ?
On pense, bien sûr, d’abord aux industries culturelles : architecture, audiovisuel, édition, ingénierie muséographique, jeux vidéo, mode, musique, spectacles vivants… Toutefois d’autres secteurs peuvent bénéficier des actions de diplomatie culturelle, particulièrement ceux qui reposent sur une forte médiation humaine : l’action sociale, la formation, le tourisme. Ainsi que toutes les infrastructures par lesquelles transitent les biens culturels.
Benoît Maille, Merci de cet entretien
Diplômé en intelligence économique (IEP de Paris, ESIEE), Benoît MAILLE est chef de projet IE à la CCI de région Paris Ile-de-France. Fort de plus de 25 ans d’expérience dans le domaine, il a été en charge des prestations d’information commerciale et technologique de l’ARIST et de la coordination des actions d’intelligence économique de la CCIP. Aujourd’hui, il mène des actions d’IE en faveur du développement international des entreprises, en particulier en matière d’ingénierie de veille, de formation à l’IE et de sensibilisation à l’information professionnelle. Son approche de l’IE se veut pragmatique et adaptée aux PME. Elle s’appuie sur les outils du web 2.0 (bases de données professionnelles, dispositifs de veille, réseaux sociaux…) qu’elle utilise de manière défensive et offensive.
Il anime la formation IE en ligne du Centre du commerce international (ITC) et intervient régulièrement en France et à l’international. Il a mené de nombreuses missions en Afrique ainsi que dans la zone des Caraïbes et dans l’océan Indien.
Il anime la formation IE en ligne du Centre du commerce international (ITC) et intervient régulièrement en France et à l’international. Il a mené de nombreuses missions en Afrique ainsi que dans la zone des Caraïbes et dans l’océan Indien.