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Interview : France Université Numérique au Salon I-Expo, Mme Catherine Mongenet


David Commarmond




Q. Quelle est votre première impression du salon I-expo ?
R. En tant que Groupement (GIP), être exposant à I-expo était notre toute première fois. Toutefois depuis la création de France Université Numérique, nous avions eu l'occasion de parcourir le territoire. La plateforme FUN qui existe depuis 2013 a beaucoup évolué et acquis une autonomie juridique et financière. Cette évolution s'explique par plusieurs facteurs et notamment par le fait que nous sommes passés de 25 MOOC à près de 200 MOOC. Sans compter ceux qui sont encore en développement et ceux accessibles dans des espaces dédiés (SPOC).
 
Q. Les MOOC sont donc entrés dans le paysage institutionnel ?
R. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis notre intervention à l'INRIA en 2014. FUN a beaucoup évolué, le paysage académique également et plus particulièrement les positions des Universités sur les MOOC. Et l'évolution est positive.
 
FUN a aujourd'hui près de 200 mooc en accès public. De nombreuses innovations ont eu lieu. Par exemple avec le MOOC « Du manager au leader agile » un « MOOC tour » a été mis en place afin que Cécile Dejoux rencontre les apprenants. Un autre exemple, les apprenants qui initient des réunions informelles dans des bibliothèques, des cafés, des fablabs pour échanger ou travailler ensemble sur des projets, ont l'opportunité faire connaître leur initiative afin que nous les relayons auprès de notre communauté d'apprenants.

Nous avons eu ainsi écho de ce type d'initiative à Roanne, Brest et même jusqu’en Côte d'Ivoire, à Abidjan.

Les établissements d’enseignement supérieurs ont compris que le numérique était un atout et qu’il pouvait procurer de nombreux avantages. Les réticences du début se sont estompées, mais de nouvelles questions se sont posées, ouvrant de nouveaux débats.

Parmi les avantages, ils ont vu qu'ils pouvaient réutiliser les MOOC et pérenniser ainsi cet investissement, en intégrant par exemple les MOOC dans leurs propres cours sous diverses formes et notamment sous forme de SPOC pour leurs étudiants. Les établissements peuvent également s'en servir pour intégrer des méthodologies de classe inversée, donnant aux MOOC le rôle de passeur l'information. L'intervenant pédagogique gardant un rôle d'animateur avec une posture plus axée sur le questionnement.

Q. La typologie des apprenants a-t-elle changé ?
R. Par rapport à notre analyse présentée en 2014, non. Nous touchons surtout des apprenants diplômés de l'enseignement supérieur, universitaire ou issus de grandes écoles. Nous avons noté que le taux d'apprenants connectés en Afrique était passé de 15 % à 17 % entre 2014 et 2015. Les lignes ont donc bougé sur ce point et cela a eu quelques impacts.
 
Q. Quelles en sont les conséquences ?
R. On constate à la fois un intérêt grandissant des universités des pays du Sud pour la conception de MOOC et l’émergence de collaborations entre les établissements français et ceux les pays du sud. Ainsi plusieurs universités tunisiennes ont conçus des MOOC et plusieurs projets de MOOC résultent de partenariats entre différentes institutions. L’objectif est de produire des contenus qui répondent bien aux besoins d’apprenants tant du Nord que du Sud, en intégrant différentes pratiques d’apprentissage, et en enrichissant les contenus avec des exemples variés, à l’image du MOOC « des rivières et des hommes » où les équipes vietnamiennes et colombiennes ont enrichis les contenus avec des exemples et études de cas tirés de leurs contextes locaux. Un autre exemple est celui du MOOC du CNAM « désir d’entreprendre » qui a été intégré dans les cursus de formation doctorale de 4 universités marocaines.
 
Q. Sur quels grands chantiers travaillez-vous ?
R. Plusieurs chantiers sont en cours dont celui concernant la mise en place de la certification. La certification est très attendue tant des apprenants et que établissements. Elle consiste à déployer un dispositif numérique de surveillance d’examen. Tout apprenant qui le souhaite peut s’y inscrire et obtenir, s’il satisfait les conditions de réussite, un certificat délivré par l’établissement responsable du MOOC.

Certains établissements envisagent d’ores-et-déjà de délivrer des crédits universitaires (ECTS) pour l’obtention d’un tel certificat, renforçant encore le dispositif, à l’instar du MOOC « Du Manager au leader agile ». du CNAM. Au-delà des apprenants, la certification intéresse évidement les entreprises et leurs DRH, et il devient de plus en plus courant de se prévaloir des certificats obtenus sur un MOOC dans un CV ou sur un profil social.

Notons également l’initiative très innovante de l’université de Lyon 3 qui propose aux apprenants de suivre conjointement deux MOOC « Introduction à la cartographie cartographie des processus métiers  » et « pilotage Pilotage des organisations et processus métiers  » à que les compléter s’ajoute un travail personnel, afin d'obtenir un Diplôme Universitaire Numérique (DUN) de l’université.
 
 
https://www.fun-mooc.fr/courses/lyon3/26001S02/session02/about
https://www.fun-mooc.fr/news/fun-deploie-un-systeme-de-certification-pour-ses-m/
 
Les langues sont toujours le point faible des MOOC ?
Il est vrai que nous avons peu de MOOC en langues sur MOOC. Ceux existants tant en Anglais qu’en Français langue étrangère ont rencontré un franc succès. Par ailleurs l'Inalco (Institut national des langues orientales) travaille à la production de plusieurs MOOC d’apprentissage de langues rares dont les premiers vont sortir cet été.

Notons également que un nombre grandissant de MOOC propose le sous-titrage des vidéos dans plusieurs langues (principalement l’anglais),

Enfin, FUN coordonne le projet EIFFEL qui a, entre autre, pour objet de proposer des améliorations notables en terme d’accessibilité mais aussi en ce qui concerne les traductions dans des langues étrangères.