DC : Quels sont les motifs de cette proposition de loi sénatoriale du 25 mars 2021, portant création d'un programme national d'Intelligence économique ?
CDD : Nous sommes en guerre économique et pourtant ni la France ni les Institutions européennes en tirent les conséquences. Dans cette hyper affrontement économique, nous sommes les spectateurs pas même engagés d'une bataille mondiale dont l'un des enjeux majeurs est de capter les richesses du vieux continent, l’Europe.
L'Union européenne qualifie la Chine de « rival systémique » mais elle peine à mettre en place les outils pour défendre ses intérêts. D'autant qu'elle doit affronter également son vieil allié transatlantique, les Etats-Unis, qui ne cessent de la harceler avec son droit extraterritorial et ses menaces de guerre commerciale. Dans ce contexte international, la France doit trouver sa place, celle d'une puissance maîtrisant son destin. Pour ce faire elle doit au sein d'une Europe puissante, jusqu’alors absente élaborer une doctrine nationale de sécurité économique articulée au niveau national et dans les territoires. Tel est l'objectif de cette proposition de loi : instaurer un programme national d'intelligence économique. Le monde se réarme économiquement et nous Français refusons de l'admettre tandis que les autres pays se battent depuis très longtemps sur les champs de bataille économiques. Les États-Unis ont toujours été de solides guerriers économiques. Et cela depuis leur naissance.
Face aux ambitions hégémoniques du Japon ils ont su réagir et stopper net les prétentions de leurs alliés asiatiques à la fin des années 1980. Les administrations républicaines et démocrates se sont entendues pour protéger les intérêts économiques du pays. Elles ont su déployer et conforter les moyens administratifs afin de soutenir le « Made in America » dans une parfaite entente public-privé.
On peut citer :
la constitution d'un réseau (Advocacy center) au sein des principaux ministères (départements) la création du poste de conseiller économique à la Maison Blanche, l’engagement de l'appareil sécuritaire et de renseignements dans la compétition économique mondiale en soutien aux entreprises américaines, l’utilisation du droit comme arme de guerre économique ainsi que l'a montré le rapport d'information bipartisan des députés Pierre Lellouche et Karine Berger en février 2016 sur « l'extraterritorialité de la législation américaine », extraterritorialité qui permet d'infliger de très lourdes amendes (9 milliards de dollars pour la BNP en 2014) voire de fragiliser des fleurons de l'industrie française, alors rachetés par des concurrents anglo-saxons (Technip en 2017, Alstom Power en 2014) la surveillance globale américaine détournée à des fins d'espionnage économique de nos entreprises comme le soulignent le rapport du Parlement européen sur le « système d'interception Echelon » publié en 2001.
Autant de menaces confirmées par les révélations en 2013 d’Edward Snowden ex-agent de la CIA et de la NSA. Ces techniques intrusives de captage de l'information économique affaiblissent les entreprises françaises et européennes et leur font perdre de nombreux marchés dans l'aéronautique par exemple (Airbus en 1995 en Arabie saoudite) ou dans les télécommunications (Thompson CSF en 1994 au Brésil).
La Chine a pris le temps d’observer, d'apprendre et de copier le modèle d'intelligence économique japonais afin d'élaborer une véritable stratégie de guerre économique. Cette dernière mêle les valeurs confucéennes, marxistes et celle d'un libéralisme anglo-saxon agressif et protectionniste. Les services de renseignements occidentaux ne cessent d'alerter leurs gouvernements sur les risques d'espionnage par les grands équipementiers télécoms chinois.
La politique chinoise est claire: face aux agressions économiques de ses concurrents elle applique la réciprocité. D'où le projet des routes de la soie lancé en 2013 et la signature de contrats fondés sur le droit chinois avec la création de tribunaux arbitraux installés sur le territoire chinois. La Chine fabrique un droit extraterritoriale qui pourrait poser problème à notre économie dans les prochaines années.
Aujourd’hui Washington et Pékin s'affrontent pour le leadership économique mondial, principalement sur le front technologique : 5G intelligence artificielle Big data batterie électrique cybersurveillance, véhicule connecté, espace, armements … la plupart de ces batailles économiques se jouent également sur le front des normes et des standards.
DC : Et quid de la France et de l'Europe ?
CDD : Nous demeurons désarmés aussi bien matériellement qu’intellectuellement. Les grandes doctrines sécuritaires de la France et de l'Europe concernent essentiellement la lutte contre le terrorisme, contre la prolifération nucléaire et dans une moindre mesure contre le changement climatique et les migrations.
Quid de la sécurité économique de 66 millions de français et de 448 millions d'Européens ?
C'est le vide stratégique. Pire, l'Union européenne est devenue l'objet d'affrontements économiques entre ses propres membres. Une bataille qui touche aussi bien ses acteurs économiques publics que privés. Le champ d'affrontement est très vaste et concerne les stratégies, les législations et les programmes financiers de l'Union. Dans le marché intérieur européen, la France est, tous les ans, déficitaire d'environ 30 milliards d'euros dans ses échanges commerciaux. La faute à une absence de stratégie nationale coordonnée et adaptée au cadre européen, principalement dans le domaine politique, législatif, des normes, des programmes de financement, des accords internationaux conclus par l'Union européenne. Résultat: notre pays subit des importations massives et destructrices de nos tissus industriels et agricoles. Plusieurs menaces et opportunités sont aujourd'hui totalement ignorées.
Ces enjeux sont alarmant. À cela s'ajoute une absence encore plus dommageable pour la France et plus largement l'Europe : le manque de protection européenne face aux stratégies chinoises et américaines.
Nous devons combler ce déséquilibre si nous voulons conserver le projet européen et éviter d'être victimes de la guerre commerciale sino-américaine et des stratégies de prédation économique intra-européennes.
Cette proposition de loi sénatoriale conduit pour la première fois à l'élaboration et la mise en place d'un programme national d'intelligence économique. L'intelligence économique est une approche des affaires fondées sur le recueil et la protection des informations indispensables au succès des entreprises.
Elle repose sur une veille concurrentielle constante dans les domaines susceptibles d'impacter les résultats de l'entreprise (domaines marketing, juridiques, techniques technologiques, normes) ; sur le recoupement d'informations accessibles en sources ouvertes croisé avec des informations sensibles; enfin sur leur analyse afin de permettre au décideur de prendre les meilleures décisions pour son organisation.
L'intelligence économique anticipent les évolutions des marchés et renforce les stratégies économiques à long terme. L'intelligence économique est l'affaire aussi bien des entreprises que des pouvoirs publics. A l'état d’aider les entreprises à obtenir l'information la plus juste et la plus précise possible.
La France s'éveille à l’Intelligence économique en 1994 à la suite du rapport du commissariat général au Plan dit « rapport Martre ».
L'année suivante, en pleine cohabitation, Matignon et l'Élysée s'accordent pour créer le comité pour la compétitivité et la sécurité économique (CCSE). Rattaché au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), le CCSE est composé de sept grands capitaines d'industrie chargé d'alerter le gouvernement en cas d'attaque des intérêts économiques du pays. Autre élément fondateur de l’Intelligence économique en France : le rapport du député Bernard Carayon en 2003, qui s'est inspiré des travaux du Medef du cercle d'intelligence économique du Medef, qui donne naissance au poste de Haut responsable à l'intelligence économique (HRIE), ancêtre de l'actuel Commissaire à l'information stratégique et à la sécurité économique (CISSE) installé au ministère de l'économie.
Mais ces initiatives n'ont pourtant pas permis d'appliquer réellement la démarche d'intelligence économique dans les entreprises et l’Etat. C'est pourquoi il est temps de franchir une nouvelle étape considérant l'utilité de l'intelligence économique pour servir notre indispensable stratégie industrielle.
La France ne dispose d'aucune législation majeure dans ce domaine contrairement aux autres grandes puissances. Comme la Chine qui protège son marché intérieur et projette son économie dans le monde à travers les routes de la soie . Comme les États-Unis qui possèdent deux lois sur l'espionnage économique et dont les administrations sont pleinement conscientes des enjeux de la concurrence mondiale. Comme la Russie qui interdit les investissements étrangers dans de nombreux domaines.
En France depuis 2003 le cadre législatif se limite à quelques articles de loi, des décrets et circulaires sur la gouvernance de la politique publique d'intelligence économique.
Une seule loi évoque la protection des entreprises devant le vol ou le détournement de leurs données sensibles : la loi numéro 2018- 670 du 30 juillet 2018 relative à la protection du secret des affaires.
La loi pacte de 2019 contient certains articles renforçant la surveillance des investissements étrangers lorsqu'ils sont « de nature à porter atteinte à l'ordre public, à la sécurité publique et aux intérêts de la défense nationale ».
La loi pacte complète ainsi le décret 2014- 479 du 14 mai 2014 10 dit « décret Montebourg » relatifs aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable. Si la notion de sécurité nationale existe, celle de sécurité économique reste à bâtir. Le décret numéro 2019- 206 du 20 mars 2019 relative à la gouvernance de la politique de sécurité économique rappelle dans son article1 que « la politique de sécurité économique vise à assurer la défense et la promotion des intérêts économiques, industriels et scientifiques de la nation, constitué notamment des actifs matériels et immatériels stratégiques pour l'économie française. Elle inclut la défense de la souveraineté numérique ».
La France est ouverte aux investissements étrangers et doit le rester mais en se protégeant sans naïveté face aux opérations financières destinées à nuire à son économie.
DC : Un tel enjeu de sécurité ne mérite-t-il pas un large débat et une grande loi ?
CDD : C'est le seul moyen de répondre aux questions posées par ce nouveau contexte économique international : Que faut-il protéger et comment ? Comment détecter et sécuriser les technologies porteuses? Comment accompagner nos entreprises sur les marchés prioritaires et mouvementés ?
Seul un programme national d’Intelligence économique peut aider l'Etat, les territoires et nos acteurs économiques à naviguer dans la mondialisation à l'appui de stratégies défensives et offensives. Les régions occupent pleinement leur place dans ce dispositif national. Depuis plus de 20 ans, elles voient leurs prérogatives en matière de développement économique se renforcer. Certaines circulaires les associent à la politique publique d'intelligence économique.
Une charte partenariale Etat-régions de France sur l'Intelligence économique territoriale/ Sécurité économique a été signé le 18 décembre 2019. Dans un document publié plus récemment, intitulé « L’intelligence économique territoriale. Une ambition des régions françaises pour la compétitivité des entreprises et des territoires », Régions de France confirme son intérêt et son engagement dans la sécurité économique. Il faudra donc agir davantage avec nos territoires en particulier les régions et les agglomérations des villes.
L'université doit s'emparer du concept de guerre économique au lieu de le disqualifier et de l'exclure du champ de la recherche. Sans le monde académique, il n'y a pas de pensée stratégique capable de nourrir les dirigeants politiques et économiques afin de les aider dans la conduite des affaires. Il faut que la France se réinscrive dans un rapport de force économique mondial et ne plus perdre de temps.
L'Union européenne qualifie la Chine de « rival systémique » mais elle peine à mettre en place les outils pour défendre ses intérêts. D'autant qu'elle doit affronter également son vieil allié transatlantique, les Etats-Unis, qui ne cessent de la harceler avec son droit extraterritorial et ses menaces de guerre commerciale. Dans ce contexte international, la France doit trouver sa place, celle d'une puissance maîtrisant son destin. Pour ce faire elle doit au sein d'une Europe puissante, jusqu’alors absente élaborer une doctrine nationale de sécurité économique articulée au niveau national et dans les territoires. Tel est l'objectif de cette proposition de loi : instaurer un programme national d'intelligence économique. Le monde se réarme économiquement et nous Français refusons de l'admettre tandis que les autres pays se battent depuis très longtemps sur les champs de bataille économiques. Les États-Unis ont toujours été de solides guerriers économiques. Et cela depuis leur naissance.
Face aux ambitions hégémoniques du Japon ils ont su réagir et stopper net les prétentions de leurs alliés asiatiques à la fin des années 1980. Les administrations républicaines et démocrates se sont entendues pour protéger les intérêts économiques du pays. Elles ont su déployer et conforter les moyens administratifs afin de soutenir le « Made in America » dans une parfaite entente public-privé.
On peut citer :
la constitution d'un réseau (Advocacy center) au sein des principaux ministères (départements) la création du poste de conseiller économique à la Maison Blanche, l’engagement de l'appareil sécuritaire et de renseignements dans la compétition économique mondiale en soutien aux entreprises américaines, l’utilisation du droit comme arme de guerre économique ainsi que l'a montré le rapport d'information bipartisan des députés Pierre Lellouche et Karine Berger en février 2016 sur « l'extraterritorialité de la législation américaine », extraterritorialité qui permet d'infliger de très lourdes amendes (9 milliards de dollars pour la BNP en 2014) voire de fragiliser des fleurons de l'industrie française, alors rachetés par des concurrents anglo-saxons (Technip en 2017, Alstom Power en 2014) la surveillance globale américaine détournée à des fins d'espionnage économique de nos entreprises comme le soulignent le rapport du Parlement européen sur le « système d'interception Echelon » publié en 2001.
Autant de menaces confirmées par les révélations en 2013 d’Edward Snowden ex-agent de la CIA et de la NSA. Ces techniques intrusives de captage de l'information économique affaiblissent les entreprises françaises et européennes et leur font perdre de nombreux marchés dans l'aéronautique par exemple (Airbus en 1995 en Arabie saoudite) ou dans les télécommunications (Thompson CSF en 1994 au Brésil).
La Chine a pris le temps d’observer, d'apprendre et de copier le modèle d'intelligence économique japonais afin d'élaborer une véritable stratégie de guerre économique. Cette dernière mêle les valeurs confucéennes, marxistes et celle d'un libéralisme anglo-saxon agressif et protectionniste. Les services de renseignements occidentaux ne cessent d'alerter leurs gouvernements sur les risques d'espionnage par les grands équipementiers télécoms chinois.
La politique chinoise est claire: face aux agressions économiques de ses concurrents elle applique la réciprocité. D'où le projet des routes de la soie lancé en 2013 et la signature de contrats fondés sur le droit chinois avec la création de tribunaux arbitraux installés sur le territoire chinois. La Chine fabrique un droit extraterritoriale qui pourrait poser problème à notre économie dans les prochaines années.
Aujourd’hui Washington et Pékin s'affrontent pour le leadership économique mondial, principalement sur le front technologique : 5G intelligence artificielle Big data batterie électrique cybersurveillance, véhicule connecté, espace, armements … la plupart de ces batailles économiques se jouent également sur le front des normes et des standards.
DC : Et quid de la France et de l'Europe ?
CDD : Nous demeurons désarmés aussi bien matériellement qu’intellectuellement. Les grandes doctrines sécuritaires de la France et de l'Europe concernent essentiellement la lutte contre le terrorisme, contre la prolifération nucléaire et dans une moindre mesure contre le changement climatique et les migrations.
Quid de la sécurité économique de 66 millions de français et de 448 millions d'Européens ?
C'est le vide stratégique. Pire, l'Union européenne est devenue l'objet d'affrontements économiques entre ses propres membres. Une bataille qui touche aussi bien ses acteurs économiques publics que privés. Le champ d'affrontement est très vaste et concerne les stratégies, les législations et les programmes financiers de l'Union. Dans le marché intérieur européen, la France est, tous les ans, déficitaire d'environ 30 milliards d'euros dans ses échanges commerciaux. La faute à une absence de stratégie nationale coordonnée et adaptée au cadre européen, principalement dans le domaine politique, législatif, des normes, des programmes de financement, des accords internationaux conclus par l'Union européenne. Résultat: notre pays subit des importations massives et destructrices de nos tissus industriels et agricoles. Plusieurs menaces et opportunités sont aujourd'hui totalement ignorées.
Ces enjeux sont alarmant. À cela s'ajoute une absence encore plus dommageable pour la France et plus largement l'Europe : le manque de protection européenne face aux stratégies chinoises et américaines.
Nous devons combler ce déséquilibre si nous voulons conserver le projet européen et éviter d'être victimes de la guerre commerciale sino-américaine et des stratégies de prédation économique intra-européennes.
Cette proposition de loi sénatoriale conduit pour la première fois à l'élaboration et la mise en place d'un programme national d'intelligence économique. L'intelligence économique est une approche des affaires fondées sur le recueil et la protection des informations indispensables au succès des entreprises.
Elle repose sur une veille concurrentielle constante dans les domaines susceptibles d'impacter les résultats de l'entreprise (domaines marketing, juridiques, techniques technologiques, normes) ; sur le recoupement d'informations accessibles en sources ouvertes croisé avec des informations sensibles; enfin sur leur analyse afin de permettre au décideur de prendre les meilleures décisions pour son organisation.
L'intelligence économique anticipent les évolutions des marchés et renforce les stratégies économiques à long terme. L'intelligence économique est l'affaire aussi bien des entreprises que des pouvoirs publics. A l'état d’aider les entreprises à obtenir l'information la plus juste et la plus précise possible.
La France s'éveille à l’Intelligence économique en 1994 à la suite du rapport du commissariat général au Plan dit « rapport Martre ».
L'année suivante, en pleine cohabitation, Matignon et l'Élysée s'accordent pour créer le comité pour la compétitivité et la sécurité économique (CCSE). Rattaché au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), le CCSE est composé de sept grands capitaines d'industrie chargé d'alerter le gouvernement en cas d'attaque des intérêts économiques du pays. Autre élément fondateur de l’Intelligence économique en France : le rapport du député Bernard Carayon en 2003, qui s'est inspiré des travaux du Medef du cercle d'intelligence économique du Medef, qui donne naissance au poste de Haut responsable à l'intelligence économique (HRIE), ancêtre de l'actuel Commissaire à l'information stratégique et à la sécurité économique (CISSE) installé au ministère de l'économie.
Mais ces initiatives n'ont pourtant pas permis d'appliquer réellement la démarche d'intelligence économique dans les entreprises et l’Etat. C'est pourquoi il est temps de franchir une nouvelle étape considérant l'utilité de l'intelligence économique pour servir notre indispensable stratégie industrielle.
La France ne dispose d'aucune législation majeure dans ce domaine contrairement aux autres grandes puissances. Comme la Chine qui protège son marché intérieur et projette son économie dans le monde à travers les routes de la soie . Comme les États-Unis qui possèdent deux lois sur l'espionnage économique et dont les administrations sont pleinement conscientes des enjeux de la concurrence mondiale. Comme la Russie qui interdit les investissements étrangers dans de nombreux domaines.
En France depuis 2003 le cadre législatif se limite à quelques articles de loi, des décrets et circulaires sur la gouvernance de la politique publique d'intelligence économique.
Une seule loi évoque la protection des entreprises devant le vol ou le détournement de leurs données sensibles : la loi numéro 2018- 670 du 30 juillet 2018 relative à la protection du secret des affaires.
La loi pacte de 2019 contient certains articles renforçant la surveillance des investissements étrangers lorsqu'ils sont « de nature à porter atteinte à l'ordre public, à la sécurité publique et aux intérêts de la défense nationale ».
La loi pacte complète ainsi le décret 2014- 479 du 14 mai 2014 10 dit « décret Montebourg » relatifs aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable. Si la notion de sécurité nationale existe, celle de sécurité économique reste à bâtir. Le décret numéro 2019- 206 du 20 mars 2019 relative à la gouvernance de la politique de sécurité économique rappelle dans son article1 que « la politique de sécurité économique vise à assurer la défense et la promotion des intérêts économiques, industriels et scientifiques de la nation, constitué notamment des actifs matériels et immatériels stratégiques pour l'économie française. Elle inclut la défense de la souveraineté numérique ».
La France est ouverte aux investissements étrangers et doit le rester mais en se protégeant sans naïveté face aux opérations financières destinées à nuire à son économie.
DC : Un tel enjeu de sécurité ne mérite-t-il pas un large débat et une grande loi ?
CDD : C'est le seul moyen de répondre aux questions posées par ce nouveau contexte économique international : Que faut-il protéger et comment ? Comment détecter et sécuriser les technologies porteuses? Comment accompagner nos entreprises sur les marchés prioritaires et mouvementés ?
Seul un programme national d’Intelligence économique peut aider l'Etat, les territoires et nos acteurs économiques à naviguer dans la mondialisation à l'appui de stratégies défensives et offensives. Les régions occupent pleinement leur place dans ce dispositif national. Depuis plus de 20 ans, elles voient leurs prérogatives en matière de développement économique se renforcer. Certaines circulaires les associent à la politique publique d'intelligence économique.
Une charte partenariale Etat-régions de France sur l'Intelligence économique territoriale/ Sécurité économique a été signé le 18 décembre 2019. Dans un document publié plus récemment, intitulé « L’intelligence économique territoriale. Une ambition des régions françaises pour la compétitivité des entreprises et des territoires », Régions de France confirme son intérêt et son engagement dans la sécurité économique. Il faudra donc agir davantage avec nos territoires en particulier les régions et les agglomérations des villes.
L'université doit s'emparer du concept de guerre économique au lieu de le disqualifier et de l'exclure du champ de la recherche. Sans le monde académique, il n'y a pas de pensée stratégique capable de nourrir les dirigeants politiques et économiques afin de les aider dans la conduite des affaires. Il faut que la France se réinscrive dans un rapport de force économique mondial et ne plus perdre de temps.
DC : Pouvez-vous nous présenter l'association Science Po Alumni ?
Fondée en 1875, trois ans après la création de l’« École Libre des Sciences Politiques », par Emile Boutmy, Sciences Po Alumni est une association reconnue d’utilité publique.
Sa vocation est de regrouper les étudiants et les diplômés de Sciences Po, en leur permettant de rester connectés à leur alma mater. L’ambition de Sciences Po Alumni est de former une communauté solidaire autour d’un socle de valeurs partagées et d’un fort sentiment d’appartenance tout en apportant des services en phase avec les attentes et les besoins de ses membres. L’action de l’association se déploie à travers plusieurs grands axes :
Sa vocation est de regrouper les étudiants et les diplômés de Sciences Po, en leur permettant de rester connectés à leur alma mater. L’ambition de Sciences Po Alumni est de former une communauté solidaire autour d’un socle de valeurs partagées et d’un fort sentiment d’appartenance tout en apportant des services en phase avec les attentes et les besoins de ses membres. L’action de l’association se déploie à travers plusieurs grands axes :
- Disposer d’un réseau efficace et qualifié
Une communauté de 90 000 étudiants et diplômés, riche de la diversité de ses profils
Une présence dans tous les secteurs d’activités, partout dans le monde, à des postes de responsabilité : startups et grandes entreprises, banques et cabinets de conseils, administrations publiques et organisations internationales, associations locales et ONG ou encore médias et culture
Une cartographie suivie de la mobilité des diplômés et une mise à jour régulière de leurs coordonnées grâce à un Annuaire dont les données sont complémentaires et plus riches que celles des réseaux sociaux.
Un réseau organisé en entités en France et à l’étranger : des clubs pour se retrouver autour d’une passion commune, des groupes professionnels pour rencontrer des experts qualifiés de son secteur, des sections régionales et internationales pour prendre contact partout en France et à l’étranger, des cercles thématiques ou géographiques pour échanger sur un sujet précis ou une zone du monde.
Une communauté de plus de 50 000 utilisateurs sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, LinkedIn et Instagram) pour informer les étudiants et les diplômés de Sciences Po des activités de l’association, créer du lien et échanger autour de l’actualité.
Une présence dans tous les secteurs d’activités, partout dans le monde, à des postes de responsabilité : startups et grandes entreprises, banques et cabinets de conseils, administrations publiques et organisations internationales, associations locales et ONG ou encore médias et culture
Une cartographie suivie de la mobilité des diplômés et une mise à jour régulière de leurs coordonnées grâce à un Annuaire dont les données sont complémentaires et plus riches que celles des réseaux sociaux.
Un réseau organisé en entités en France et à l’étranger : des clubs pour se retrouver autour d’une passion commune, des groupes professionnels pour rencontrer des experts qualifiés de son secteur, des sections régionales et internationales pour prendre contact partout en France et à l’étranger, des cercles thématiques ou géographiques pour échanger sur un sujet précis ou une zone du monde.
Une communauté de plus de 50 000 utilisateurs sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, LinkedIn et Instagram) pour informer les étudiants et les diplômés de Sciences Po des activités de l’association, créer du lien et échanger autour de l’actualité.
- Participer à 500 événements par an
Des conférences, des webconférences, des webinaires, des petits-déjeuners, des visites et l’incontournable Garden Party dans les jardins de Sciences Po.
Une programmation de qualité tout au long de l’année, sur des sujets d'actualité, autour de personnalités du monde politique, économique et socio-culturel, pour enrichir le débat public et valoriser la marque Sciences Po
Des rencontres conviviales pour se retrouver, découvrir, sympathiser et développer son réseau autour de dégustations de vins, de dîners littéraires, de visites au musée, de randonnées, de compétitions de golf et de polo ou encore de sorties à l'opéra.
Une programmation de qualité tout au long de l’année, sur des sujets d'actualité, autour de personnalités du monde politique, économique et socio-culturel, pour enrichir le débat public et valoriser la marque Sciences Po
Des rencontres conviviales pour se retrouver, découvrir, sympathiser et développer son réseau autour de dégustations de vins, de dîners littéraires, de visites au musée, de randonnées, de compétitions de golf et de polo ou encore de sorties à l'opéra.
- Comprendre le monde avec le magazine Émile
Un magazine trimestriel qui a pour objet de nourrir la réflexion sur les grands thèmes qui animent le monde, à travers l’œil affûté de professionnels reconnus dans leur domaine
Des interviews, des portraits de personnalités inspirantes ou au cœur de l’actualité, des tribunes, des enquêtes, des reportages ou des sélections littéraires
Un site internet de référence pour ses regards et ses analyses de l’actualité.
Des interviews, des portraits de personnalités inspirantes ou au cœur de l’actualité, des tribunes, des enquêtes, des reportages ou des sélections littéraires
Un site internet de référence pour ses regards et ses analyses de l’actualité.
- Favoriser les liens intergénérationnels
Du partage d’expérience et de conseils pour les étudiants en cours de cursus à Sciences Po
Une participation aux temps forts de la scolarité (Bachelor, Master et formation continue), à Paris ou sur les campus en régions,
Des actions de tutorat et de mentorat, ainsi qu’un soutien aux initiatives et aux associations étudiantes.
Une participation aux temps forts de la scolarité (Bachelor, Master et formation continue), à Paris ou sur les campus en régions,
Des actions de tutorat et de mentorat, ainsi qu’un soutien aux initiatives et aux associations étudiantes.
- Accompagner la trajectoire professionnelle de chacun
Aider les Alumni tout au long de leur vie professionnelle à prendre du recul sur leur parcours, à développer leurs talents et à définir des plans d’action pour dynamiser leur trajectoire grâce au Pôle Carrières.
- Développer la solidarité
Un réseau d’« Alumni pilotes » pour accompagner les diplômés les plus impactés par la crise à travers une écoute bienveillante, un conseil ponctuel ou une mise en relation (plus d'informations ici)
DC : Pouvez-vous nous parler de l'intelligence économique vue par Science-po ?
A ma connaissance, il n’y a pas une stratégie intelligence économique proprement dite à Sciences Po ? D’ailleurs est-ce le rôle de cette école ?
L’EGE, Ecole de Guerre Economique fondée et dirigée par Christian Harbulot, lui-même diplômé de Sciences Po, assure un enseignement de qualité.
La conférence que j’organise le 17 mars 2022, en tant que président du Groupe professionnel 1980 de Sciences Po Alumni, autour de cette proposition de loi sénatoriale du 25 mars 2021, portant création d'un programme national d'Intelligence économique fera l’objet d’un suivi.
Je suis également président du Comité économie d’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France).
Mon sujet de réflexion est : « l’industrie française la nécessaire renaissance ». En France, les ingénieurs ne font pas partie de l’élite politique et médiatique.
Cela est anormal, injuste et très regrettable. Le seul moyen de répondre aux défis économiques et sociaux contemporains est de comprendre les opportunités et les menaces du nouveau modèle de l’informatique anthropologique de la troisième révolution industrielle de 1980.
La formation mathématique, scientifique et informatique des ingénieurs est indispensable pour apprendre à se mouvoir dans ce nouveau paradigme.
Je souhaite donc rapprocher ces deux tribunes le Groupe professionnel 1980 de Sciences Po Alumni et le Comité économie d’IESF.
L'intelligence économique requiert une approche pluridisciplinaire et interculturelle, une bonne connaissance géostratégique. La formation des étudiants à Sciences Po semble donc adaptée pour leur permettre de comprendre la notion et ses subtilités.
Ancienne étudiante de la rue Saint-Guillaume, Claude Revel ancienne Déléguée Interministérielle à l’Intelligence économique y a enseigne de 2014 à 2017 l’approche française de l’intelligence économique à Sciences Po à l’École des Affaires Internationales.
Ce cours était consacré à la doctrine française de l’intelligence économique. Il existe des concepts proches et plus anciens; notamment dans le monde anglo-saxon : la notion de business intelligence née aux États-Unis dans les années 60, puis de compétitive intelligence qui est apparue dans les années 80, les théories plus contemporaines du risk management et du lobbying. L’approche française s’inspire de ces idées, mais se distingue en associant quatre dimensions, qui ailleurs sont souvent abordées séparément.
Le premier pilier est la veille permanente, qui permet d’anticiper. Ensuite, il faut assurer la sécurité économique : comment protéger son savoir-faire, ses données, son image et sa réputation. Le troisième pilier est centré sur l’influence : comment se montrer proactif, être présent dans les instances où s’élaborent les règles du jeu, pour agir sur ces règles, et pourquoi pas les susciter. Le dernier pilier, est la formation, afin de diffuser ces réflexes le plus largement possible.
L’intelligence économique est incontournable. Il s’agit d’un mode de gouvernance de l’État ou de l’entreprise. Tous les étudiants sont donc concernés, quel que soit leur projet de carrière. Il faut leur donner des notions-clés qu’ils pourront réutiliser une fois en poste dans n'importe quel pays. Il faut dégager des grands principes, au-delà de la méthodologie : le cours ne doit pas être un simple mode d’emploi des outils. Il s’agit d’acquérir une culture de l’intelligence économique.
Normalement les étudiants de Sciences Po sont de bons interlocuteurs !
L’intelligence économique requiert une approche pluridisciplinaire et interculturelle, une bonne connaissance géostratégique. La formation à Sciences Po est donc adaptée et permet de comprendre pleinement la notion et ses subtilités.
A l’École des Affaires Internationales (PSIA) de Sciences Po, les deux tiers des étudiants viennent de pays et d’horizons très différents. Cela apporte au cours. Ils appréhendent la notion sous des angles différents, en fonction de leur culture.
Il faut dépasser la seule idée de “guerre économique”. L’avenir passe par la collaboration et l’échange.
On parle de “coopétition”. Il faut se préparer à travailler ensemble, en coopération et en compétition avec les autres.
Il existe un Comité Intelligence Economique Stratégique à IESF. Il est présidé par Jean Goursaud, homme de grande qualité. J’en suis membre auprès de Bernard Besson, un grand expert du sujet. Ce comité a fait le constat que l'intelligence économique, un outil particulièrement performant d'efficience des entreprises, et plus généralement de toutes les activités collectives, était mal connue et donc peu ou mal utilisée.
Le comité a réalisé un projet de MOOC dédié à l'intelligence économique.
L’industrie française est en danger. Que faire ? La proposition de loi n° 489, objet de cet interview, a l’ambition de donner un nouveau cadre à l’intelligence économique. L’initiative de Marie-Noelle Lienemann est excellente. Elle est suivie par d’autres sénateurs et sénatrices élus sous des étiquettes politiques diverses. Tout montre l’importance, l’urgence et l’impérieuse nécessité de réindustrialiser notre territoire. Cela est indispensable pour notre indépendance, notre force économique, la création de richesses et d’emplois . Il semble que les décisionnaires « experts », dans de nombreux partis politiques et dans la haute fonction publique soient frileux.
Ils ont cédé aux sirènes de la financiarisation de l’économie, au mythe de l’entreprise sans usines, et aux sociétés de services. Les acteurs compétents de la société civile doivent s’élever contre ce pessimisme ambiant. La crise sanitaire a montré les faiblesse d’un marché mondialisé « grippé », elle a aussi mis à nue nos faiblesses structurelles et les risques en nous exposant à des prédateurs économiques.
Force est de constater que notre pays est insuffisamment armé ou réactif, et que nous devons prendre le taureau par les cornes. Une prise de conscience est un premier pas. Mais nous devons aller plus loin et faire converger les forces et les bonnes volontés.
La nécessité de l’encouragement d’une démocratie participative, riche d’hommes et de femmes de compétence, aux côtés de la démocratie représentative se fait sentir. Le changement de paradigme du passage de l’économie fordiste à l’économie numérique et ses influences sur le modèle de société dans ses dimensions économiques, sociales et culturelles nécessite une redéfinition de l’innovation et l’appréhension de la souveraineté face au numérique. La création d’une France innovante s’impose. comme un des enjeux majeurs du quinquennat. Avec Patrice Noailles-Siméon, j’ai créé le Forum européen des politiques d’innovation soutenu par le Collectif innovation. Il œuvre dans ce sens.
La souveraineté est le droit d'exercer une autorité législative, judiciaire et administrative sur un pays ou un peuple. La Monarchie de droit divin, puis la République ont légitimé cette souveraineté. La troisième révolution industrielle de 1980, révolution informatique, bouleverse tout. Internet, le big data, les interconnexions, et les algorithmes complètent la libre circulation des personnes et des biens par les échanges virtuels au sein de la société de l’information et de la connaissance, source de création de valeur du « cerveau d’œuvre » succédant à la main d’œuvre, augmentant nos capacités d'analyse et de compréhension.
Le monde contemporain entre dans le règne de la donnée à l’ère de la multitude. Le destin d’un pays dépend de sa capacité numérique. A l'ère de l'internet, des objets connectés, de l'intelligence artificielle et de la blockchain, la vision naïve d'un numérique libertaire est devenue dangereuse.
Il est grand temps que la France se dote d'une véritable et ambitieuse politique de souveraineté numérique.
Comment réussir l’industrie de la troisième révolution industrielle ? Quelles mesures prendre pour protéger les données des citoyens et des entreprises ? Le règlement des données personnelles ou GDPR entré en application le 25 mai 2018 est-t ’il un outil au service de la souveraineté européenne ? Quel rôle jouer dans la constitution du développement du marché du cloud ? Comment réussir une cybersécurité souveraine ? Quelles implications des décideurs politiques et économiques face à ces défis ? Quels enseignements supérieurs et quelles formations spécialisés et généralistes au service de toutes ces ambitions ?
L’EGE, Ecole de Guerre Economique fondée et dirigée par Christian Harbulot, lui-même diplômé de Sciences Po, assure un enseignement de qualité.
La conférence que j’organise le 17 mars 2022, en tant que président du Groupe professionnel 1980 de Sciences Po Alumni, autour de cette proposition de loi sénatoriale du 25 mars 2021, portant création d'un programme national d'Intelligence économique fera l’objet d’un suivi.
Je suis également président du Comité économie d’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France).
Mon sujet de réflexion est : « l’industrie française la nécessaire renaissance ». En France, les ingénieurs ne font pas partie de l’élite politique et médiatique.
Cela est anormal, injuste et très regrettable. Le seul moyen de répondre aux défis économiques et sociaux contemporains est de comprendre les opportunités et les menaces du nouveau modèle de l’informatique anthropologique de la troisième révolution industrielle de 1980.
La formation mathématique, scientifique et informatique des ingénieurs est indispensable pour apprendre à se mouvoir dans ce nouveau paradigme.
Je souhaite donc rapprocher ces deux tribunes le Groupe professionnel 1980 de Sciences Po Alumni et le Comité économie d’IESF.
L'intelligence économique requiert une approche pluridisciplinaire et interculturelle, une bonne connaissance géostratégique. La formation des étudiants à Sciences Po semble donc adaptée pour leur permettre de comprendre la notion et ses subtilités.
Ancienne étudiante de la rue Saint-Guillaume, Claude Revel ancienne Déléguée Interministérielle à l’Intelligence économique y a enseigne de 2014 à 2017 l’approche française de l’intelligence économique à Sciences Po à l’École des Affaires Internationales.
Ce cours était consacré à la doctrine française de l’intelligence économique. Il existe des concepts proches et plus anciens; notamment dans le monde anglo-saxon : la notion de business intelligence née aux États-Unis dans les années 60, puis de compétitive intelligence qui est apparue dans les années 80, les théories plus contemporaines du risk management et du lobbying. L’approche française s’inspire de ces idées, mais se distingue en associant quatre dimensions, qui ailleurs sont souvent abordées séparément.
Le premier pilier est la veille permanente, qui permet d’anticiper. Ensuite, il faut assurer la sécurité économique : comment protéger son savoir-faire, ses données, son image et sa réputation. Le troisième pilier est centré sur l’influence : comment se montrer proactif, être présent dans les instances où s’élaborent les règles du jeu, pour agir sur ces règles, et pourquoi pas les susciter. Le dernier pilier, est la formation, afin de diffuser ces réflexes le plus largement possible.
L’intelligence économique est incontournable. Il s’agit d’un mode de gouvernance de l’État ou de l’entreprise. Tous les étudiants sont donc concernés, quel que soit leur projet de carrière. Il faut leur donner des notions-clés qu’ils pourront réutiliser une fois en poste dans n'importe quel pays. Il faut dégager des grands principes, au-delà de la méthodologie : le cours ne doit pas être un simple mode d’emploi des outils. Il s’agit d’acquérir une culture de l’intelligence économique.
Normalement les étudiants de Sciences Po sont de bons interlocuteurs !
L’intelligence économique requiert une approche pluridisciplinaire et interculturelle, une bonne connaissance géostratégique. La formation à Sciences Po est donc adaptée et permet de comprendre pleinement la notion et ses subtilités.
A l’École des Affaires Internationales (PSIA) de Sciences Po, les deux tiers des étudiants viennent de pays et d’horizons très différents. Cela apporte au cours. Ils appréhendent la notion sous des angles différents, en fonction de leur culture.
Il faut dépasser la seule idée de “guerre économique”. L’avenir passe par la collaboration et l’échange.
On parle de “coopétition”. Il faut se préparer à travailler ensemble, en coopération et en compétition avec les autres.
Il existe un Comité Intelligence Economique Stratégique à IESF. Il est présidé par Jean Goursaud, homme de grande qualité. J’en suis membre auprès de Bernard Besson, un grand expert du sujet. Ce comité a fait le constat que l'intelligence économique, un outil particulièrement performant d'efficience des entreprises, et plus généralement de toutes les activités collectives, était mal connue et donc peu ou mal utilisée.
Le comité a réalisé un projet de MOOC dédié à l'intelligence économique.
L’industrie française est en danger. Que faire ? La proposition de loi n° 489, objet de cet interview, a l’ambition de donner un nouveau cadre à l’intelligence économique. L’initiative de Marie-Noelle Lienemann est excellente. Elle est suivie par d’autres sénateurs et sénatrices élus sous des étiquettes politiques diverses. Tout montre l’importance, l’urgence et l’impérieuse nécessité de réindustrialiser notre territoire. Cela est indispensable pour notre indépendance, notre force économique, la création de richesses et d’emplois . Il semble que les décisionnaires « experts », dans de nombreux partis politiques et dans la haute fonction publique soient frileux.
Ils ont cédé aux sirènes de la financiarisation de l’économie, au mythe de l’entreprise sans usines, et aux sociétés de services. Les acteurs compétents de la société civile doivent s’élever contre ce pessimisme ambiant. La crise sanitaire a montré les faiblesse d’un marché mondialisé « grippé », elle a aussi mis à nue nos faiblesses structurelles et les risques en nous exposant à des prédateurs économiques.
Force est de constater que notre pays est insuffisamment armé ou réactif, et que nous devons prendre le taureau par les cornes. Une prise de conscience est un premier pas. Mais nous devons aller plus loin et faire converger les forces et les bonnes volontés.
La nécessité de l’encouragement d’une démocratie participative, riche d’hommes et de femmes de compétence, aux côtés de la démocratie représentative se fait sentir. Le changement de paradigme du passage de l’économie fordiste à l’économie numérique et ses influences sur le modèle de société dans ses dimensions économiques, sociales et culturelles nécessite une redéfinition de l’innovation et l’appréhension de la souveraineté face au numérique. La création d’une France innovante s’impose. comme un des enjeux majeurs du quinquennat. Avec Patrice Noailles-Siméon, j’ai créé le Forum européen des politiques d’innovation soutenu par le Collectif innovation. Il œuvre dans ce sens.
La souveraineté est le droit d'exercer une autorité législative, judiciaire et administrative sur un pays ou un peuple. La Monarchie de droit divin, puis la République ont légitimé cette souveraineté. La troisième révolution industrielle de 1980, révolution informatique, bouleverse tout. Internet, le big data, les interconnexions, et les algorithmes complètent la libre circulation des personnes et des biens par les échanges virtuels au sein de la société de l’information et de la connaissance, source de création de valeur du « cerveau d’œuvre » succédant à la main d’œuvre, augmentant nos capacités d'analyse et de compréhension.
Le monde contemporain entre dans le règne de la donnée à l’ère de la multitude. Le destin d’un pays dépend de sa capacité numérique. A l'ère de l'internet, des objets connectés, de l'intelligence artificielle et de la blockchain, la vision naïve d'un numérique libertaire est devenue dangereuse.
Il est grand temps que la France se dote d'une véritable et ambitieuse politique de souveraineté numérique.
Comment réussir l’industrie de la troisième révolution industrielle ? Quelles mesures prendre pour protéger les données des citoyens et des entreprises ? Le règlement des données personnelles ou GDPR entré en application le 25 mai 2018 est-t ’il un outil au service de la souveraineté européenne ? Quel rôle jouer dans la constitution du développement du marché du cloud ? Comment réussir une cybersécurité souveraine ? Quelles implications des décideurs politiques et économiques face à ces défis ? Quels enseignements supérieurs et quelles formations spécialisés et généralistes au service de toutes ces ambitions ?
Biographie
Carrière : Auditeur externe PriceWaterhouseCoopers, direction audit interne, direction financière en milieu industriel puis financier (Groupe Thomson/Thales puis Altus Finance), consulting en économie de la santé, recrutement (Euroconsulting chasseurs de têtes), consulting en stratégie.
Engagement depuis vingt ans sur les sujets stratégiques essentiels du début de XXIème siècle : l’intelligence économique (parmi les pionniers en France, création et animation d'un des premiers cercles français au Medef en 1998), l’intelligence artificielle, la souveraineté numérique, la gouvernance d’internet, l’avenir de l’internet et l’internet de l’avenir avec RINA (Recursive Inter Network Architecture).
Missions en entreprises et formations.
CEO de la SAS 01 Innovation
Président du Comité Economie d’Ingénieurs Et Scientifiques de France (IESF)
Vice-Président du Forum Européen des Politiques d’Innovation
Président du groupe 1980 de Sciences Po Alumni
Diplômé de Sciences Po Paris (Section Economique et Financière), Docteur en droit.
Engagement depuis vingt ans sur les sujets stratégiques essentiels du début de XXIème siècle : l’intelligence économique (parmi les pionniers en France, création et animation d'un des premiers cercles français au Medef en 1998), l’intelligence artificielle, la souveraineté numérique, la gouvernance d’internet, l’avenir de l’internet et l’internet de l’avenir avec RINA (Recursive Inter Network Architecture).
Missions en entreprises et formations.
CEO de la SAS 01 Innovation
Président du Comité Economie d’Ingénieurs Et Scientifiques de France (IESF)
Vice-Président du Forum Européen des Politiques d’Innovation
Président du groupe 1980 de Sciences Po Alumni
Diplômé de Sciences Po Paris (Section Economique et Financière), Docteur en droit.