
Paris, le 11 Mars 2025 au Paris Défense Strategie Forum, l'idée d'une AUTONOMIE STRATÉGIQUE EUROPÉENNE a gagné en force. Ce concept, autrefois perçu par certains comme une initiative française avec une certaine réserve envers l'OTAN, est désormais au centre des discussions sur l'avenir de la sécurité et de la défense du continent européen. Un véritable élan intellectuel, politique et diplomatique. Sur les enjeux et les défis :
L'idée d'une autonomie stratégique européenne a pris une importance croissante ces dernières années, motivée par une prise de conscience des évolutions géopolitiques et des vulnérabilités du continent. Les intervenants s'accordent sur le fait que face à des puissances comme la Russie, la Chine, mais on le voit peut-être demain aussi aux États-Unis, en tout cas dans un certains segments, la puissance militaire individuelle des États européens est insuffisante.
Le repli sur soi n'est pas une bonne option pour l'autonomie stratégique, car il est essentiel de maintenir la coopération, les dialogues, les échanges avec les autres pour défendre les intérêts européens.
Le repli sur soi n'est pas une bonne option pour l'autonomie stratégique, car il est essentiel de maintenir la coopération, les dialogues, les échanges avec les autres pour défendre les intérêts européens.
La Nécessité Impérieuse d'une Autonomie Partagée
Depuis l'élection de Donald Trump, il devient évident que les Européens doivent s'affranchir de la dépendance à l'égard des États-Unis pour pouvoir garder le contrôle des conditions de leur sécurité sur leur propre continent. Le risque d'une Europe divisée, où la souveraineté des États impuissants se résume à pouvoir choisir de qui ils veulent dépendre, est réel.
Certains pourraient être sous influence russe, d'autres sous influence chinoise, d'autres avec les Américains, ce qui pourrait mener à un patchwork de nations européennes à plus ou moins long terme. Pour éviter de redevenir un champ de confrontation entre superpuissances qui éviteront toujours de se faire la guerre sur leur propre sol mais chez les États faibles. Les Européens doivent suivre une autonomie stratégique partagée au niveau européen.
Certains pourraient être sous influence russe, d'autres sous influence chinoise, d'autres avec les Américains, ce qui pourrait mener à un patchwork de nations européennes à plus ou moins long terme. Pour éviter de redevenir un champ de confrontation entre superpuissances qui éviteront toujours de se faire la guerre sur leur propre sol mais chez les États faibles. Les Européens doivent suivre une autonomie stratégique partagée au niveau européen.
Défis Capacitaires et Industriels

Plusieurs défis entravent cette autonomie. Sur le plan capacitaire, l'exemple du spatial est frappant : même les États européens les plus puissants ne peuvent acquérir des capacités suffisantes en observation, renseignement, communication et positionnement. Les disparités capacitaires sont illustrées par le faible nombre de satellites d'observation français (10) comparé à la Russie (100) et aux États-Unis (250). Ces disparités s'étendent à presque tous les domaines militaires (terrestre, naval, aérien). Les Européens ne peuvent pas participer pleinement aux négociations russo-américaines faute de capacité à remplacer le soutien américain à l'Ukraine.
Sur le plan industriel, une réduction de la fragmentation de la base industrielle et technologique de défense européenne est cruciale. On estime une perte d'environ 30 % d'efficacité des investissements en défense des États européens due aux doublons. Il est donc essentiel de lancer des projets d'équipement majeurs (avions, navires, chars, satellites) en coopération européenne.
La Construction d'une Capacité Opérationnelle Européenne
L'édification d'une capacité opérationnelle européenne repose sur deux piliers :
- Un pilier opérationnel : capacité de planifier et conduire des engagements militaires européens sans ou avec une participation américaine secondaire, nécessitant des états-majors de commandement, un leadership politique et des structures comparables à l'OTAN.
- Un pilier capacitaire : équipements et systèmes d'armes, les deux piliers devant progresser conjointement.
Au niveau national, le processus capacitaire part de fiches de caractéristiques militaires exprimant les besoins opérationnels et les capacités technologiques, transformées en spécifications techniques par des services spécialisés. Au niveau européen, les prérogatives de la Commission dans le domaine opérationnel sont limitées, car le traité ne prévoit pas de rôle précis, relevant donc de l'inter-gouvernemental.
L'Évolution du Concept et les Différences Nationales
Encore une fois, l'autonomie stratégique est un concept profondément enraciné dans la pensée française. La défense de la France s'est historiquement construite autour de cette idée d'autonomie stratégique nationale, ce qui fait que notre situation diffère souvent de celle de la plupart de nos partenaires. Le véritable défi pour la France est aujourd'hui d'européaniser cette autonomie.
Cela implique un changement de paradigme majeur, amorcé dès 2017. En effet, à partir des orientations de cette année et dans la loi de programmation militaire, l'idée que l'autonomie stratégique nationale et européenne sont indissociables a été formalisée. Pour beaucoup de nos partenaires, il s'agit pour la première fois de considérer très sérieusement la possibilité d'un retrait significatif des États-Unis du continent européen.
Cela implique un changement de paradigme majeur, amorcé dès 2017. En effet, à partir des orientations de cette année et dans la loi de programmation militaire, l'idée que l'autonomie stratégique nationale et européenne sont indissociables a été formalisée. Pour beaucoup de nos partenaires, il s'agit pour la première fois de considérer très sérieusement la possibilité d'un retrait significatif des États-Unis du continent européen.
Le Rôle Croissant de l'Union Européenne et du Commissaire à la Défense
La création de ce nouveau poste de commissaire à la défense et à l'espace au sein de la Commission reflète une réelle prise de conscience et une volonté affirmée de renforcer les capacités européennes dans les domaines opérationnels et de la défense. Dès le départ, l'objectif affiché pour ce poste était d'encourager les États membres à déléguer certaines compétences en matière de défense au niveau européen.
L'ambition sous-jacente est de bâtir une véritable Union européenne de la défense. Pour y parvenir, le commissaire prévoit d'identifier les investissements nécessaires pour couvrir tout le spectre des capacités européennes. Sa devise est claire : « dépenser plus, dépenser mieux, dépenser ensemble, et dépenser européen ».
Son objectif ultime est de créer un marché unique européen de la défense.
Cette démarche collaborative s’articule autour de trois axes principaux.
Tout d'abord, le développement de capacités communes, intégrées et gérées au niveau de l'Union européenne. Ensuite, le second axe vise à stimuler et renforcer la production européenne d'armement grâce à des financements européens. Enfin, comme Jean-Dominique Julian l'a souligné, on peut penser au Fonds européen de défense comme un outil clé pour encourager la recherche et le développement de nouveaux systèmes d'armes au niveau européen.
Malheureusement, la dotation sur 7 ans de 8 milliards d'euros demeurent faible vu les enjeux. Il y a un autre dispositif qui a été mis en point sur proposition du commissaire à l'époque qui consiste à favoriser les achats en commun des Européens. Et puis il y a les investissements de défense l'objet du programme équipe et qui là aussi propose de stimuler avec des crédit européens les investissements dans le domaine de la défense. Nous avons aussi le système qui avait pour objectif d'acheter en commun des munitions profite d'Ukraine.
L'ambition sous-jacente est de bâtir une véritable Union européenne de la défense. Pour y parvenir, le commissaire prévoit d'identifier les investissements nécessaires pour couvrir tout le spectre des capacités européennes. Sa devise est claire : « dépenser plus, dépenser mieux, dépenser ensemble, et dépenser européen ».
Son objectif ultime est de créer un marché unique européen de la défense.
Cette démarche collaborative s’articule autour de trois axes principaux.
Tout d'abord, le développement de capacités communes, intégrées et gérées au niveau de l'Union européenne. Ensuite, le second axe vise à stimuler et renforcer la production européenne d'armement grâce à des financements européens. Enfin, comme Jean-Dominique Julian l'a souligné, on peut penser au Fonds européen de défense comme un outil clé pour encourager la recherche et le développement de nouveaux systèmes d'armes au niveau européen.
Malheureusement, la dotation sur 7 ans de 8 milliards d'euros demeurent faible vu les enjeux. Il y a un autre dispositif qui a été mis en point sur proposition du commissaire à l'époque qui consiste à favoriser les achats en commun des Européens. Et puis il y a les investissements de défense l'objet du programme équipe et qui là aussi propose de stimuler avec des crédit européens les investissements dans le domaine de la défense. Nous avons aussi le système qui avait pour objectif d'acheter en commun des munitions profite d'Ukraine.
Le Plan "ReArmEurope" : Un Nouvel Élan ?
Le plan de 100 milliards, c'est une commande et le planReArmEurope doté d'un milliard et demi encore plus modeste pour les année à venir sont des tentatives de donner un nouvel élan concret à l'autonomie stratégique. On est dans une mécanique de prêt. Donc en fait, l'Union européenne va émettre les obligations pour tout une partie des États-avends et elle se propose de le faire sur une base de 150 milliards d'euros près. Ce qui permet de le faire, c'est l'activation de ce qu'on appelle la clause de sauvegarde.
L'objectif est de pouvoir mutualiser la demande et de procéder à des achats communs et de se focaliser évidemment d'abord sur les projets ce qu'ils appellent le "flagship" project qui ont été identifiés par la Commission européenne. Il y a un premier tabou qui a sauté l'année dernière sur le financement des technologies et les usages duals.
L'objectif est de pouvoir mutualiser la demande et de procéder à des achats communs et de se focaliser évidemment d'abord sur les projets ce qu'ils appellent le "flagship" project qui ont été identifiés par la Commission européenne. Il y a un premier tabou qui a sauté l'année dernière sur le financement des technologies et les usages duals.
L'Importance de l'Innovation et de l'Adaptation Industrielle
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, de nombreux événements ont eu lieu sur le terrain, et il est essentiel d'en tirer des enseignements. L'industrie de la défense évolue rapidement. Ce qui importe, c'est de parvenir à différencier clairement les cycles longs, caractéristiques des grands programmes de nos programmations militaires, des cycles courts, qui doivent s'ouvrir aux innovations technologiques. C'est ce que l'on désigne en anglais par le concept de "high-low".
Le principal défi, pour les États comme pour les acteurs privés, réside dans la répartition des prises de risques. Il s'agit de trouver un équilibre entre la responsabilité de l'État et celle du secteur privé. En Europe, les dispositifs d'amorçage – qui couvrent la recherche, le développement et les premières phases technologiques – fonctionnent correctement. Cependant, la phase d'industrialisation, ou "scale-up", pose davantage de difficultés, notamment en termes de financement.
Je partage l'idée qu'il ne faut pas s'arrêter sur des formats ou des structures institutionnelles. Il est préférable d'adopter une logique basée sur les besoins et les coalitions, selon une approche "Band of Willing". Pour renforcer les capacités européennes en matière de défense et de sécurité, il est aussi important de collaborer avec les Britanniques et d'explorer les possibilités de coopération.
Aujourd'hui, une convergence stratégique se dessine sur l'analyse de la menace russe, ce qui n'était pas le cas auparavant. La France continue de promouvoir la préférence européenne dans ce domaine.
Le principal défi, pour les États comme pour les acteurs privés, réside dans la répartition des prises de risques. Il s'agit de trouver un équilibre entre la responsabilité de l'État et celle du secteur privé. En Europe, les dispositifs d'amorçage – qui couvrent la recherche, le développement et les premières phases technologiques – fonctionnent correctement. Cependant, la phase d'industrialisation, ou "scale-up", pose davantage de difficultés, notamment en termes de financement.
Je partage l'idée qu'il ne faut pas s'arrêter sur des formats ou des structures institutionnelles. Il est préférable d'adopter une logique basée sur les besoins et les coalitions, selon une approche "Band of Willing". Pour renforcer les capacités européennes en matière de défense et de sécurité, il est aussi important de collaborer avec les Britanniques et d'explorer les possibilités de coopération.
Aujourd'hui, une convergence stratégique se dessine sur l'analyse de la menace russe, ce qui n'était pas le cas auparavant. La France continue de promouvoir la préférence européenne dans ce domaine.
Leçons de l'Ukraine : Quantité et Rapidité
Evidemment que les Européens ont des capacités de niveau technologique comparable à ces problèmes. On l'a vu d'ailleurs dans différents secteurs mais les munitions pour arriver à à créer un système qui permettent d'approvisionner les avec un 855 par an, a a été très problématique et et les échéances qui avaient été fixées par le commissaire Therry Breton n'ont pas été tenues alors que dans le même temps, la Russie parvenait à passer à 3 millions à plus de 155 par an.
Souvenez-vous de la décision de lui envoyer des chars puis de lui envoyer des avions. "Cela prend du temps". C'est pas un problème tellement qualitatif encore que dans lesquels il va falloir les confessions plus adaptées. C'est surtout une question de quantité.
Souvenez-vous de la décision de lui envoyer des chars puis de lui envoyer des avions. "Cela prend du temps". C'est pas un problème tellement qualitatif encore que dans lesquels il va falloir les confessions plus adaptées. C'est surtout une question de quantité.
Surmonter les Obstacles et Bâtir une Culture Commune
Il y a une bataille culturelle qui est je crois en train d'être gagnée. Les lignes bougent. À nous maintenant surtout de faire en sorte que cela se traduise en acte et en décision et de pas être des spectateurs de ce moment qui nous permettte de travailler avec nos partenaires pour maintenir une ambition haute sur tous les sujets dont je viens de parler. La défense reste une prérogative nationale.