Intelligence des risques

« La Guerre cognitive : Science‐fiction ou réalité ? » Actes de la conférence AAIE-IHEDN


Jacqueline Sala
Mercredi 28 Février 2024




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L'ÈRE numérique, qui avait pour objectif de favoriser la collaboration et l'entraide, montre son versant négatif avec la propagation de désinformation à grande échelle sur les réseaux sociaux et la propagation de la propagande en Ukraine.
La division des opinions, le manque de confiance envers les institutions et les interférences étrangères sont des signes inquiétants de cette "guerre cognitive". Il est impératif d'examiner et de réagir face à cette situation qui impacte chacun.
Il y a plus de vingt ans, Christian Harbulot avait déjà discuté de l'importance de reconnaître et de réagir aux nouvelles menaces de la guerre cognitive.

La guerre cognitive. Témoignages

Face à la surabondance d'informations manipulées et non maîtrisées, la guerre cognitive évolue vers l'utilisation accrue de technologies et réseaux sociaux, redéfinissant ainsi ses fondements traditionnels basés sur l'argumentation.

Le Colonel Pappalardo questionne cette évolution, se demandant s'il s'agit de nouvelles tendances ou simplement d'une adaptation des méthodes anciennes aux nouveaux outils. Les enjeux actuels se concentrent sur la compréhension de cette dynamique, notamment à travers les forces morales des combattants.

Le Commandant Maynié, du CDEC, avec ses 23 ans d'expérience dans l'armée, étudie ces forces morales, notamment à travers le syndrome post-traumatique militaire, pour renforcer la résilience des soldats face à la violence en temps de guerre.
Il s'est penché sur les forces morales des combattants, notamment le PTSD - Troubles de stress post-traumatique, et a rédigé deux mémoires sur le sujet. Il a travaillé au CDEC pour rédiger la politique du CMAT sur le renforcement des forces morales des soldats. En tant que Fellow à l'Institut Montaigne, il a réfléchi à l'extension au monde civil de cette notion des forces morales. Il a également travaillé avec des étudiants sur la guerre cognitive, explorant la question de la résilience, de l'esprit de défense et de la force morale dans le contexte de la conflictualité.
Son travail vise à définir la guerre cognitive et son impact sur les soldats, la société et la nation. Sa réflexion s'inscrit dans une approche globale de renforcement des capacités morales des soldats face à la violence, tant sur le terrain qu'à travers les nouvelles formes de guerre, telles que la guerre cognitive.

 

Au-delà de nos frontières, des enjeux à l'échelle internationale

Le concept de guerre cognitive est étudié dans le cadre du projet EGE MercurIE 2022-2023, dirigé par Patrick Cansell.
Marc BONTÉ explique que cette définition découle de la dimension militaire de ce concept, en analysant les doctrines des différentes armées.
La Chine adopte une approche globale de la guerre cognitive, la pratiquant en permanence et contre tous, y compris sa propre population pour maintenir son soutien.
Stanislas FONTEVILLE souligne que la Chine applique la guerre cognitive à la fois spatialement et temporellement, utilisant ses concitoyens comme laboratoire pour obtenir leur soutien politique.
Les États-Unis, en revanche, ne mentionnent pas la conservation du soutien de leur population dans leurs textes officiels, mais ont fait des tentatives en ce sens lors de la guerre du Vietnam.
Les critères principaux issus de l'analyse de la doctrine chinoise sont comparés aux pratiques d'autres pays, mettant en évidence des différences d'approche. La guerre cognitive est ainsi étudiée en profondeur pour mieux comprendre ses implications et son utilisation dans le contexte international.

Invisibilité de cette guerre et la difficulté à mesurer ses effets.

Stanislas FONTEVILLE souligne l'importance des facteurs macro-critères de l'omniprésence et la permanence dans la guerre cognitive, notamment dans la doctrine chinoise.
L'invisibilité de cette guerre et la difficulté à mesurer ses effets sont également abordées.
Patrick CANSELL souligne l'importance d'une étude comparative des doctrines pour légitimer les informations recueillies, mettant en avant la permanence et l'omniprésence de la guerre cognitive.

A propos de ...

Patrick Cansell, ancien responsable intelligence économique chez Giat Industries, a créé ARTEM Information & Stratégies pour gérer des crises et accompagner des clients face à des situations critiques. Son cabinet se concentre sur les thèmes sociétaux, environnementaux, activismes et risques réputationnels, ainsi que sur des études technico-opérationnelles pour le ministère des Armées. Lors d'une soirée, il abordera la guerre cognitive, définie par l'École de Guerre Économique comme une guerre de la rhétorique et de l'argumentation, influençant les opinions et les décideurs. Cette guerre se base sur la création d'un paysage informationnel rationnel autour des cibles. Depuis la publication de l'ouvrage de Christian Harbulot, avec l'avènement des réseaux sociaux, la guerre cognitive a évolué vers un enfermement cognitif, exacerbé par les bulles de filtres. L'objectif des tables rondes est d'aborder ces sujets de manière opérationnelle pour comprendre comment la guerre cognitive s'inscrit dans notre quotidien.

« La Guerre cognitive : Science‐fiction ou réalité ? » Actes de la conférence AAIE-IHEDN
L'Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN) a commencé à organiser des cycles de formation en intelligence économique et stratégique suite au Rapport Martre en 1997.
Depuis 1996, des sessions de formation ont eu lieu chaque année à l'École Militaire, traitant de sujets tels que l'éthique, le lobbying et l'influence, ainsi que l'intelligence économique et stratégique.

Ces cycles sont maintenant supervisés par M. Arnaud Sers.

Guillaume Stevens, actuellement Directeur Business Unit - Républik Sécurité

Guillaume Stevens est actuellement le Directeur Business Unit chez Républik Sécurité. Avant d’occuper ce poste, il a eu un parcours riche et varié dans le domaine de la sécurité et de l’intelligence économique.

En 2014, Guillaume Stevens Chadelas a rejoint l’IHEDN où il a occupé plusieurs fonctions importantes. Il a contribué à la conception et mise en œuvre de formations de haut niveau en sécurité économique, cybersécurité, relations publiques, stratégies d’influence, veille, conformité, due diligence et éthique des affaires.

A propos de "La guerre cognitive, l'arme de la connaissance " de Christian Harbulot et Didier Lucas

"La guerre cognitive" est un livre dirigé par Christian Harbulot et Didier Lucas,  publié en 2002 aux Editions Lavauzelle, qui explore l'utilisation de l'information et de la connaissance comme des armes dans des conflits asymétriques. L'ouvrage souligne l'importance de la maîtrise de l'information dans les affrontements contemporains et met en avant les implications de cette forme de guerre pour les relations internationales et la sécurité nationale.
Les stratégies de guerre cognitive comprennent la désinformation, la propagande, la manipulation des médias, les cyberattaques, les Psyops, le contrôle narratif et l'influence par les réseaux sociaux. Elles visent à influencer les perceptions, les croyances et les comportements des adversaires. Ces méthodes servent à semer la confusion, à renforcer le soutien à une cause spécifique, à perturber les systèmes d'information de l'adversaire, à affecter le moral et la volonté de l'adversaire, à contrôler le récit des événements, et à influencer les débats publics. La maîtrise de l'information et de la communication est essentielle dans les conflits modernes pour atteindre les objectifs stratégiques.