Marie Roussie poursuit actuellement des études doctorales en Innovation et Prospective à l'Université Paris Dauphine-PSL. Son principal domaine d'activité est l'exploration des possibilités innovantes et prospectives de la science-fiction, en particulier dans le cadre du programme Red Team de la Défense française.
Marie Roussie a écrit de nombreux articles et pris part à plusieurs conférences portant sur des thèmes tels que l'innovation ouverte, la diversité et la transformation à travers la science-fiction.
Son objectif est d'employer des récits fictifs pour anticiper et se préparer aux dangers à venir.
Julien Poisson, Doctorant CIFRE Université Caen Normandie, s'est entretenu avec elle. Nous les remercions pour cette rencontre.
Comment peut-on définir la science-fiction ?
Une question en or, qui divise le petit monde de la science-fiction, ses auteurs, ses fans et ses spécialistes… La science-fiction est un genre artistique qui renferme une grande diversité d’œuvres.
Elles composent un large éventail de thématiques et de modèles d’intrigue, du Space opéra à la cli-fi,de Blade Runner 2049 à des récits bien plus proches de nous temporellement comme Le Fils de l’Homme -1*. Cette diversité fait de la science-fiction un terrain de jeu et de recherche incroyable, que nous explorons actuellement avec ma direction de thèse, Sonia Adam-Ledunois et Sébastien Damart (DRM-Mlab, Dauphine-PSL).
Nous avons cherché à synthétiser cette diversité pour définir la science-fiction en tant que genre. Elle se définit selon nous comme un genre artistique aux fictions spéculatives cohérentes et informées scientifiquement. Autrement dit, la science-fiction se construit sur des idées spéculatives, différentes de la réalité connue et perçue (Suvin, 1979 : Jameson, 2005). Ces idées, nouvelles, inconnues, sont cependant plausibles. Elles sont cohérentes et s’appuient sur des connaissances scientifiques fortes (Russ, 1975 ; Besson, 2021). Cette articulation entre spéculation et cohérence scientifique est bien ce qui différencie la science-fiction du fantastique ou d’autres genres encore. Elle introduit la possibilité de changement, plus ou moins radicales, sur de nombreuses dimensions (politique, technologique, sociale, économique…) avec une exigence de plausibilité qui fait que même si l’idée est spéculative, n’existe pas (et n’existera sûrement jamais), le lecteur peut y croire. Et c’est ce qui fait toutes les potentialités réflexives de la science-fiction, sur le présent et le futur. Et ce qui explique l’intérêt aujourd’hui de nombreux chercheurs et de nombreuses organisations (publiques et privées) pour ce genre artistique.
D’un point de vue formel, les œuvres de science-fiction reposent sur différentes stratégies d’écriture.
Istvan Csicsery-Ronay a dédié une partie de sa carrière à définir les « 7 beauties of Science Fiction » (2008), soit une liste d’attributs sur lesquels reposent les différents récits de science-fiction. Nous avons analysé ces attributs avec Sonia et Sébastien dans notre article "What are foresight-designed science fictions made of ?", paru dans la revue Technovation. Nous cherchions à comprendre, dans l’utilisation que font les organisations (militaires dans le cas de cette recherche) de la science-fiction, les dimensions du genre les plus pertinentes. Autrement dit : quand une armée s’intéresse à la science-fiction pour réfléchir à des enjeux futurs, qu’est-ce qui l’intéresse le plus ? Qu’est-ce qui conditionne sa projection vers demain ? Sans créer de spoiler sur l’article, nous avons été surpris de certains résultats et notamment de l’appui presque systématique sur des mécaniques de paraboles et l’importance de créer une proximité très forte avec la réalité, ce qui peut paraître contradictoire avec la définition même du genre apporté plus haut.
Elles composent un large éventail de thématiques et de modèles d’intrigue, du Space opéra à la cli-fi,de Blade Runner 2049 à des récits bien plus proches de nous temporellement comme Le Fils de l’Homme -1*. Cette diversité fait de la science-fiction un terrain de jeu et de recherche incroyable, que nous explorons actuellement avec ma direction de thèse, Sonia Adam-Ledunois et Sébastien Damart (DRM-Mlab, Dauphine-PSL).
Nous avons cherché à synthétiser cette diversité pour définir la science-fiction en tant que genre. Elle se définit selon nous comme un genre artistique aux fictions spéculatives cohérentes et informées scientifiquement. Autrement dit, la science-fiction se construit sur des idées spéculatives, différentes de la réalité connue et perçue (Suvin, 1979 : Jameson, 2005). Ces idées, nouvelles, inconnues, sont cependant plausibles. Elles sont cohérentes et s’appuient sur des connaissances scientifiques fortes (Russ, 1975 ; Besson, 2021). Cette articulation entre spéculation et cohérence scientifique est bien ce qui différencie la science-fiction du fantastique ou d’autres genres encore. Elle introduit la possibilité de changement, plus ou moins radicales, sur de nombreuses dimensions (politique, technologique, sociale, économique…) avec une exigence de plausibilité qui fait que même si l’idée est spéculative, n’existe pas (et n’existera sûrement jamais), le lecteur peut y croire. Et c’est ce qui fait toutes les potentialités réflexives de la science-fiction, sur le présent et le futur. Et ce qui explique l’intérêt aujourd’hui de nombreux chercheurs et de nombreuses organisations (publiques et privées) pour ce genre artistique.
D’un point de vue formel, les œuvres de science-fiction reposent sur différentes stratégies d’écriture.
Istvan Csicsery-Ronay a dédié une partie de sa carrière à définir les « 7 beauties of Science Fiction » (2008), soit une liste d’attributs sur lesquels reposent les différents récits de science-fiction. Nous avons analysé ces attributs avec Sonia et Sébastien dans notre article "What are foresight-designed science fictions made of ?", paru dans la revue Technovation. Nous cherchions à comprendre, dans l’utilisation que font les organisations (militaires dans le cas de cette recherche) de la science-fiction, les dimensions du genre les plus pertinentes. Autrement dit : quand une armée s’intéresse à la science-fiction pour réfléchir à des enjeux futurs, qu’est-ce qui l’intéresse le plus ? Qu’est-ce qui conditionne sa projection vers demain ? Sans créer de spoiler sur l’article, nous avons été surpris de certains résultats et notamment de l’appui presque systématique sur des mécaniques de paraboles et l’importance de créer une proximité très forte avec la réalité, ce qui peut paraître contradictoire avec la définition même du genre apporté plus haut.
-1* Balade Runner 2049, sorti en 2017, réalisé par Denis Villeneuve.
Le fils de l’homme, sorti en 2006, réalisé par Alfonso Cuaron
Quels sont les liens entre la science-fiction et le management stratégique ?
La science-fiction est un allié pour penser demain. Elle construit de futurs contextes, permet de tester des hypothèses et même d’explorer la possibilité de changement.
De nombreux liens sont faits depuis longtemps avec le management stratégique, et continuent de se construire aujourd’hui. Et il s’agit, depuis quelques années, d’un champ de recherche très dynamique en sciences de gestion ! L’un des articles de la thèse en rédaction explore certains de ces liens (Quand la science-fiction infiltre les organisations, parue dans la Revue française d’administration publique).
Nous avons construit pour cette recherche une base de données compilant tous les programmes, projets, recherches… d’organisations à travers le monde mentionnant la science-fiction.
Premier apprentissage : si un enthousiasme certain pour ces démarches s’observe depuis une dizaine d’années, elles ne sont pas nouvelles. Dès 1982 un collectif de chercheurs publiés une anthologie des Chroniques muxiennes, collection de courts récits prospectifs traduits sous forme de science-fiction et réalisés pour EDF.
Les liens entre science-fiction et appréhension du futur sont en fait anciens, et certains chercheurs considèrent même le genre artistique comme une des traditions intellectuelles pour penser demain (Cazes,1986 ; Son, 2015). La traduction de cet intérêt au niveau du management stratégique est plus récente, et s’appuie sur de nombreuses recherches validant l’intérêt réflexifs de la science-fiction et surtout de nombreux appels à « se mettre à la science-fiction ») (Peper, 2017 ; Langlet, 2019).
Deuxième apprentissage, les organisations publiques sont des championnes de ces démarches. Sans pouvoir conclure sur leur dimension « pionnière », la base de données construite montre notamment une présence importante de tels projets chez les acteurs du secteur de La Défense sur le continent nord américain. Vigilance cependant face à ce résultat comme le souligne l’article : il peut être dû à différent biais de recherche, je rappelle ici que la thése en cours de rédaction se concentre sur l’utilisation de la science-fiction par les armées françaises.
Un troisième apprentissage concerne les ambitions poursuivies et les modalités mobilisées dans le travail des organisations avec la science fiction. L’analyse de 56 programmes dédiés à la science-fiction dans des organisations aux profils variés nous a permis de nous essayer à une taxonomie sur ces usages. Nous proposons 3 profils types de ces démarches, qui se définissent selon les objectifs qui leur sont attribués, les acteurs impliqués ainsi que le travail réalisé avec le genre science-fiction.
Cette exploration est toujours en cours, et constituera une part importante du manuscrit du thèse pour expliquer cet intérêt croissant du management stratégique pour la science-fiction et ses différentes traductions et implications.
De nombreux liens sont faits depuis longtemps avec le management stratégique, et continuent de se construire aujourd’hui. Et il s’agit, depuis quelques années, d’un champ de recherche très dynamique en sciences de gestion ! L’un des articles de la thèse en rédaction explore certains de ces liens (Quand la science-fiction infiltre les organisations, parue dans la Revue française d’administration publique).
Nous avons construit pour cette recherche une base de données compilant tous les programmes, projets, recherches… d’organisations à travers le monde mentionnant la science-fiction.
Premier apprentissage : si un enthousiasme certain pour ces démarches s’observe depuis une dizaine d’années, elles ne sont pas nouvelles. Dès 1982 un collectif de chercheurs publiés une anthologie des Chroniques muxiennes, collection de courts récits prospectifs traduits sous forme de science-fiction et réalisés pour EDF.
Les liens entre science-fiction et appréhension du futur sont en fait anciens, et certains chercheurs considèrent même le genre artistique comme une des traditions intellectuelles pour penser demain (Cazes,1986 ; Son, 2015). La traduction de cet intérêt au niveau du management stratégique est plus récente, et s’appuie sur de nombreuses recherches validant l’intérêt réflexifs de la science-fiction et surtout de nombreux appels à « se mettre à la science-fiction ») (Peper, 2017 ; Langlet, 2019).
Deuxième apprentissage, les organisations publiques sont des championnes de ces démarches. Sans pouvoir conclure sur leur dimension « pionnière », la base de données construite montre notamment une présence importante de tels projets chez les acteurs du secteur de La Défense sur le continent nord américain. Vigilance cependant face à ce résultat comme le souligne l’article : il peut être dû à différent biais de recherche, je rappelle ici que la thése en cours de rédaction se concentre sur l’utilisation de la science-fiction par les armées françaises.
Un troisième apprentissage concerne les ambitions poursuivies et les modalités mobilisées dans le travail des organisations avec la science fiction. L’analyse de 56 programmes dédiés à la science-fiction dans des organisations aux profils variés nous a permis de nous essayer à une taxonomie sur ces usages. Nous proposons 3 profils types de ces démarches, qui se définissent selon les objectifs qui leur sont attribués, les acteurs impliqués ainsi que le travail réalisé avec le genre science-fiction.
Cette exploration est toujours en cours, et constituera une part importante du manuscrit du thèse pour expliquer cet intérêt croissant du management stratégique pour la science-fiction et ses différentes traductions et implications.
Comment expliques-tu que de plus en plus d’organisations s’intéressent à la science- fiction pour servir les approches prospectives ?
Comme mentionné à la question précédente, l’analyse est en cours de production sur ce sujet, donc je ne peux apporter de réponse concluante et définitive. Cependant, les recherches déjà conduites associées à ce que j’observe chez différents clients (industriels, organisations publiques, entreprises de secteurs variés) que j’accompagne dans le cadre de mes missions de consultante peuvent me faire émettre quelques hypothèses.
Je pense, tout d’abord, qu’un changement culturel s’observe. La science-fiction n’est plus ce genre un peu ringard, aux œuvres « nanards », réservée à une communauté de geeks passionnés (volontairement, j’accentue les clichés : l’histoire de la science-fiction est bien plus complexe que cette image très caricaturale). Un nouvel enchantement s’observe autour des œuvres de science- fiction, qui attirent aujourd’hui des publics variés (bien qu’en France le genre reste encore confidentiel).
Ce phénomène doit être multifactoriel, et est à questionner dans nos recherches sur les organisations.
Egalement, je pense que nous sommes possiblement à un point de bascule des méthodes et outils de management stratégique. L’incertitude ambiante, la sensation de dépassement de nombreux acteurs par des cycles technologiques qu’ils perçoivent comme s’accélérant, la sensation de montée de la conflictuatilité à travers le monde, intensification des problématiques écologiques… autant de questionnements et de peurs qui augmentent l’intérêt porté par les individus et les organisations sur le futur.
Or on manque toujours d’outils performants. Ou, plutôt, je pense que de très nombreux outils existent, très pertinents et efficaces. Mais très complexes et surtout experts. Parler du futur demande un engagement et une capacité à engager. Or quoi de mieux que des histoires pour engager ? Une hypothèse qui viendrait notamment expliquer les discours croissant dans la société civile et les entreprises en France sur le besoin d’utopies, des récits positifs sur le futur qui redonnent confiance et espoir.
Autrement dit, un ensemble de facteurs se croisant, qui sont encore à explorer et à démêler en s’appuyant bien évidemment sur l’ensemble des recherches déjà produites sur le sujet.
Rendez-vous dans quelques mois pour en discuter avec plaisir !
Je pense, tout d’abord, qu’un changement culturel s’observe. La science-fiction n’est plus ce genre un peu ringard, aux œuvres « nanards », réservée à une communauté de geeks passionnés (volontairement, j’accentue les clichés : l’histoire de la science-fiction est bien plus complexe que cette image très caricaturale). Un nouvel enchantement s’observe autour des œuvres de science- fiction, qui attirent aujourd’hui des publics variés (bien qu’en France le genre reste encore confidentiel).
Ce phénomène doit être multifactoriel, et est à questionner dans nos recherches sur les organisations.
Egalement, je pense que nous sommes possiblement à un point de bascule des méthodes et outils de management stratégique. L’incertitude ambiante, la sensation de dépassement de nombreux acteurs par des cycles technologiques qu’ils perçoivent comme s’accélérant, la sensation de montée de la conflictuatilité à travers le monde, intensification des problématiques écologiques… autant de questionnements et de peurs qui augmentent l’intérêt porté par les individus et les organisations sur le futur.
Or on manque toujours d’outils performants. Ou, plutôt, je pense que de très nombreux outils existent, très pertinents et efficaces. Mais très complexes et surtout experts. Parler du futur demande un engagement et une capacité à engager. Or quoi de mieux que des histoires pour engager ? Une hypothèse qui viendrait notamment expliquer les discours croissant dans la société civile et les entreprises en France sur le besoin d’utopies, des récits positifs sur le futur qui redonnent confiance et espoir.
Autrement dit, un ensemble de facteurs se croisant, qui sont encore à explorer et à démêler en s’appuyant bien évidemment sur l’ensemble des recherches déjà produites sur le sujet.
Rendez-vous dans quelques mois pour en discuter avec plaisir !
Dans ton article « De quoi sont faites les fictions de science-fiction conçues pour la prospective ? » tu t’intéresses au secteur de la Défense, penses-tu que cette approche peut être utile pour d’autres secteurs ? Lesquels ? des exemples d’initiatives ?)
Le travail de thèse en cours bénéficie d’un terrain de recherche singulier : la Red Team Défense -2* du ministère des armées. Donc il se focalise sur le secteur de la Défense. Les armées ne sont cependant pas les seules à s’intéresser à la science-fiction et de nombreuses autres initiatives existent dans d’autres secteurs d’activités.
Par exemple, Microsoft a publié en 2015 ses Future Visions, une anthologie de récits de science-fiction écrits par des auteurs et autrices et questionnant la portée des innovations technologiques en cours de production par les laboratoires de recherche de l’entreprise. Ou encore Rêver 2074, du Comité Colbert qui en 2014 a fait travailler des auteurs et autrices sur des visions des savoir-faire d’exception du futur collectés auprès de différentes maisons de luxe.
Tout secteur d’activité et tout type d’entreprise peut trouver un intérêt dans la science-fiction. Avec cependant une vigilance, qui me tient tout particulièrement quand je vois le nombre d’offres et de projets exploser ces dernières années : manipuler la science-fiction est une mécanique délicate. Encore aujourd’hui nous manquons de connaissance sur le fonctionnement des programmes de science-fiction institutionnels, leurs portées et écueils. C’est tout le sujet de la thèse en cours : commencer à ouvrir cette boîte noire pour informer des pratiques aujourd’hui exponentielles sans bénéficier d’un véritable recul critique. Il ne suffit pas d’écrire un récit de science-fiction pour bien penser demain. Il ne suffit pas de
regarder la dernière série de science-fiction pour tirer des idées pertinentes. Tout un travail d’analyse est à
produire et à conduire dans ce type de démarches pour qu’elles soient pertinentes.
Par exemple, Microsoft a publié en 2015 ses Future Visions, une anthologie de récits de science-fiction écrits par des auteurs et autrices et questionnant la portée des innovations technologiques en cours de production par les laboratoires de recherche de l’entreprise. Ou encore Rêver 2074, du Comité Colbert qui en 2014 a fait travailler des auteurs et autrices sur des visions des savoir-faire d’exception du futur collectés auprès de différentes maisons de luxe.
Tout secteur d’activité et tout type d’entreprise peut trouver un intérêt dans la science-fiction. Avec cependant une vigilance, qui me tient tout particulièrement quand je vois le nombre d’offres et de projets exploser ces dernières années : manipuler la science-fiction est une mécanique délicate. Encore aujourd’hui nous manquons de connaissance sur le fonctionnement des programmes de science-fiction institutionnels, leurs portées et écueils. C’est tout le sujet de la thèse en cours : commencer à ouvrir cette boîte noire pour informer des pratiques aujourd’hui exponentielles sans bénéficier d’un véritable recul critique. Il ne suffit pas d’écrire un récit de science-fiction pour bien penser demain. Il ne suffit pas de
regarder la dernière série de science-fiction pour tirer des idées pertinentes. Tout un travail d’analyse est à
produire et à conduire dans ce type de démarches pour qu’elles soient pertinentes.
-2* Expérimentation finalisée en 2023, qui a fait collaborer des auteurs, autrices et illustrateurs avec des
militaires et des experts scientifiques pour produire différents récits de science-fiction imaginant des menaces pour les France et ses intérêts à horizon 2030-2060. Ces fictions sont utilisées par la suite au sein du ministère pour alimenter les réflexions stratégiques de différentes de ses directions.
Question finale : Tu es engagée au sein de « Making Tomorrow », peux-tu nous présenter ce collectif et ses missions ?
Le Collectif Making Tomorrow, c’est une très belle aventure d’exploration et de jeux avec le(s) futur(s). Nous travaillons avec des anthropologues, des designers, des auteurs et autrices, des économistes… des experts de différents champs qui chacun éclaire de son regard des trajectoires futures possibles.
Ce qui va arriver n'est jamais tout à fait nouveau. Mais correspond rarement à ce qui était attendu. C’est pourquoi nous aidons les décideurs publics et privés à imaginer des versions de leur avenir qui se démarquent des visions dominantes pour en éprouver les limites. Et décider quelle direction choisir concrètement, dès demain.
Nos approches reposent sur deux piliers
#1. Notre exigence académique (différents membres étant enseignants et/ou chercheurs).
Elle nous pousse à nourrir en permanence notre curiosité et à savoir faire sens des informations collectées. Nous regardons partout, des rapports des organisations politiques aux derniers articles scientifiques sans oublier les actualités de VCs et les imaginaires (et pas que de science-fiction !). Nous maîtrisons différents outils dits de prospective ou de management stratégique pour traiter ces données. Nous les manipulons et créons avec eux des cartographies de trajectoires futures sur différentes thématiques en fonction des besoins des décideurs accompagnés.
#2. Une approche créative et radicale des futurs pour faire converger différentes données de l’environnement, même les plus radicales, pour oser construire des visions différentes des scénarios tendanciels. Nous leur donnons vie pour débattre aujourd’hui de nos visions de l’avenir (plausibles et désirables), au travers d’exercice de design fiction ou de scenarios planning.
C’est ce qui m’a attiré dans ce collectif, cette capacité à faire le grand écart entre une approche très scientifique et analytique du futur et un intérêt pour des idées radicales qui poussent à penser le changement ou des menaces extrêmes. Nos interventions contribuent à faire émerger de nouvelles visions et orientations pour mieux appréhender collectivement les défis à relever et se mettre en mouvement.
Ce qui va arriver n'est jamais tout à fait nouveau. Mais correspond rarement à ce qui était attendu. C’est pourquoi nous aidons les décideurs publics et privés à imaginer des versions de leur avenir qui se démarquent des visions dominantes pour en éprouver les limites. Et décider quelle direction choisir concrètement, dès demain.
Nos approches reposent sur deux piliers
#1. Notre exigence académique (différents membres étant enseignants et/ou chercheurs).
Elle nous pousse à nourrir en permanence notre curiosité et à savoir faire sens des informations collectées. Nous regardons partout, des rapports des organisations politiques aux derniers articles scientifiques sans oublier les actualités de VCs et les imaginaires (et pas que de science-fiction !). Nous maîtrisons différents outils dits de prospective ou de management stratégique pour traiter ces données. Nous les manipulons et créons avec eux des cartographies de trajectoires futures sur différentes thématiques en fonction des besoins des décideurs accompagnés.
#2. Une approche créative et radicale des futurs pour faire converger différentes données de l’environnement, même les plus radicales, pour oser construire des visions différentes des scénarios tendanciels. Nous leur donnons vie pour débattre aujourd’hui de nos visions de l’avenir (plausibles et désirables), au travers d’exercice de design fiction ou de scenarios planning.
C’est ce qui m’a attiré dans ce collectif, cette capacité à faire le grand écart entre une approche très scientifique et analytique du futur et un intérêt pour des idées radicales qui poussent à penser le changement ou des menaces extrêmes. Nos interventions contribuent à faire émerger de nouvelles visions et orientations pour mieux appréhender collectivement les défis à relever et se mettre en mouvement.
Articles de thèse cités :
- Roussie, M., Adam-Ledunois, S., & Damart, S. (2024). What are foresight-designed science-fictions made of ?. Technovation, 138, 103111.
- Roussie, M., Adam-Ledunois, S., & Denis-Rémis, C. (2024). Quand la science-fiction infiltre les organisations. Revue française d'administration publique, 185(1), 259-281.
Bibliographie
- Besson, A. (2021), Les Pouvoirs de l’enchantement. Usages politiques de la SF et de la fantasy, Éditions Vendémiaire
- Cazes, B. (1986). Histoire des futurs. Les figures de l’avenir de saint Augustin au XXIème siècle. Éditions Seghers, Paris.
- Csicsery-Ronay, I. (2008). The Seven Beauties of Science Fiction. Wesleyan University Press.
- Dégot, V., Girin, J., & Midler, C. (1982). Chroniques muxiennes. Scénarios d’introduction de la télématique et de la bureautique dans une entreprise imaginaire. Editions entente.
- Jameson, F. (2005). Archéologies du futur. Le désir nommé utopie et autres sciences-fictions. (Amsterdam éditions).
- Peper, E. (2017). Why business leaders need to read more science fiction? Harvard Business Review.
- Russ, J. (1975). Towards an Aesthetic of Science Fiction. Science Fiction Studies, 2(2), 112–119. JSTOR.
- Son, H. (2015). The history of Western futures studies: An exploration of the intellectual traditions and three- phase periodization. Futures, 66, 120–137.
- Suvin, D. (2016). Metamorphoses of Science Fiction. Gerry Canavan