Focus

Le 1er forum international sur l’Europe  dédié à la défense remporte un immense succès et souligne la prise de conscience des enjeux.


David Commarmond


Le 13 et 14 Mars 2024, au sein de l’Ecole Militaire s’est tenu le premier grand événement organisé par l’Academ d’envergure. « Le 1er forum international sur l’Europe  dédié à la défense». Sur place ce sont près de 2600 personnes, 68 nationalités qui se sont retrouvés pour assister à 38 tables rondes et 3 ateliers sur deux jours. En ligne et en replay près de 15000 personnes ont suivi les tables rondes. Le mot succès est un peu faible tant les chiffres donnent le tournis.

Difficile de dresser un panorama des tables rondes et interventions. On peut toutefois apporter un éclairage sur trois interventions marquantes.



Le Discours d'ouverture de Gitanas Nausėda, président de la République de Lituanie donne le ton. Gitanas Nausėda soutient que cette guerre n’est pas seulement une attaque contre l’Ukraine, mais une menace pour les valeurs fondamentales de liberté, de démocratie et de droit sur lesquelles nos nations sont construites. Il souligne que la Russie vise à déstabiliser l’ordre mondial, à semer la méfiance et les conflits, et à établir un nouvel ordre mondial basé sur la peur et la puissance.
 
Gitanas Nausėda met en garde contre l’idée que la Russie de Poutine peut être apaisée par des concessions territoriales. Il soutient que la sécurité de tous les États européens est menacée et que la démocratie ne peut être protégée par des armes nucléaires seules. Il prédit que si l’agression de la Russie en Ukraine n’est pas arrêtée, la Russie exercera son pouvoir de manière encore plus forte en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine.
 
Gitanas Nausėda conclut en disant que la Russie ne s’arrêtera pas d’elle-même, elle doit être arrêtée, et il serait préférable pour nous de le faire en Ukraine et de le faire plus tôt que plus tard. Il appelle à produire des quantités adéquates de munitions, d’armements et d’équipements et à les fournir à temps. Il affirme que c’est un fardeau que nous pouvons assumer, nous avons juste besoin d’investir davantage.

Jean Yves Le Drian « L'Europe à la croisée des chemins vers une souveraineté stratégique »

Jean Yves Le Drian dans son intervention, aborde les défis auxquels l’Europe est confrontée à la croisée des chemins. Il souligne que l’Europe est au cœur de transformations majeures et se trouve à l’aube d’une nouvelle ère. Il mentionne que la géopolitique de l’Europe est en train de se remodeler, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine. Il exprime sa préoccupation face à la possibilité d’un conflit avec la Russie et une prise de distance de l’allié américain en cas de retour au pouvoir de Donald Trump. Il pose la question de savoir si l’Europe peut affirmer sa souveraineté stratégique et, si oui, comment et quels choix elle doit faire ?.
 
Il souligne que l’Europe peut soit se diluer dans un ensemble hétérogène et sans puissance sur la scène internationale, soit basculer vers une souveraineté stratégique assumée. Il insiste sur le fait que l’Europe doit renforcer son unité face au danger, assumer son projet d’union, libérer son industrie, relancer son économie et ses investissements, et soutenir l’innovation et la recherche.

Il met en garde contre le risque que l’économie européenne sorte des premiers rangs dans les 20 prochaines années, laissant la place aux géants qui domineront alors l’économie et les échanges internationaux.
 
Enfin, il souligne que la sécurité européenne est gravement mise en cause par le retour de la guerre en Ukraine, qualifiant cette guerre de brutale et de barbare. Il mentionne les destructions apocalyptiques qui marquent le territoire ukrainien et sa population, ainsi que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.

Discours de clôture du . Chef d'état major des armées général d’armée Thierry Burkhard

Dans un monde en constante évolution, l'’Europe se trouve à la croisée des chemins » pour reprendre les mots du Ministre, cherchant à équilibrer ses alliances traditionnelles avec l’OTAN et l’Union européenne, tout en faisant face à de nouveaux défis stratégiques.
L’OTAN, avec son cadre d’interopérabilité efficace, a longtemps été le pilier de la défense collective en Europe. Parallèlement, l’Union européenne offre des outils qui élargissent le spectre de l’action, permettant une autre forme de réactivité. Ces deux entités, loin d’être en opposition, sont en réalité complémentaires.
 
Cependant, l’autonomie stratégique européenne est devenue une nécessité. Face à l’attitude de la Russie, notamment en Ukraine, l’Europe doit consolider son architecture de sécurité. La guerre en Ukraine ne concerne pas seulement ce pays, mais la sécurité de l’ensemble du continent européen, voire au-delà.
 
L’autonomie stratégique est également cruciale pour une coopération harmonieuse avec les pays africains. Chaque pays africain a sa propre trajectoire, tout comme chaque pays européen, et leur souveraineté doit être respectée. Cependant, l’Afrique et l’Europe sont étroitement liées, tant géographiquement qu’historiquement.
 
Quatre enjeux stratégiques
en Afrique ont un impact direct sur l’Europe : la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les trafics illicites, la protection contre l’assujettissement par des puissances régionales, et la protection de l’environnement et la lutte contre les effets du changement climatique.
 
Enfin, l’Europe doit mieux maîtriser ses approches en Méditerranée, en Arctique et en Indo-Pacifique. Ces régions sont essentielles pour les flux économiques de l’Europe.

En conclusion, l’autonomie stratégique européenne est plus qu’un concept, c’est une nécessité. Personne en Europe ne peut réussir seul, et la coordination est essentielle. Face à ces défis, l’Europe doit s’emparer de ces sujets et agir de manière collective et coordonnée (Voir son intervention).

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