Discours d'ouverture : Constat et Appel à l'Action
Sébastien Lecornu, Ministre des Armées, a ouvert le forum en présentant les "enjeux cruciaux" qui marquent le contexte mondial actuel. Il a mentionné les "répercussions de la guerre en Ukraine", la "tension persistante au Moyen-Orient", les "défis posés par l'intelligence artificielle", et les "implications géopolitiques de la réélection de Monsieur Donald Trump outre Atlantique". Face à ces défis, il a affirmé que "l'Europe se trouve donc à la croisée des chemins", justifiant ainsi le thème central de cette nouvelle édition.
M. Lecornu a insisté sur la nécessité de dépasser une vision parfois limitée des enjeux de défense, soulignant que "la manière d'appréhender les différents sujets de défense ont été parfois un tout petit peu délaissée" durant la période des dividendes de la paix. Il a lancé un appel à un "réarmement intellectuel", affirmant que "avant euh les armes avant les pourcentages de Produits Intérieurs brut avant les milliards d'euros c'est avant tout un réarmement intellectuel".
Face à une période "nouvelle" et "difficilement qualifiable", marquée par la multipolarité et des menaces parfois invisibles, le ministre a souligné l'importance pour l'Europe de "ne pas déléguer sa pensée stratégique et donc de réfléchir par nous-mêmes". Il a notamment évoqué l"imprévisibilité du partenaire américain", interrogeant "qu'est-ce que nous européens nous pouvons faire y compris en matière industrielle" si leur posture de défense évolue.
Ruben Brekelmans, Ministre de la Défense des Pays-Bas, invité, a confirmé l'analyse de son homologue français, insistant sur le fait que "Europe is standing at a crossroads". Il a souligné que la "decades long reliance on the US cannot simply be taken for granted anymore" et qu'"instead it must be earned". M. Brekelmans a ainsi plaidé pour que "Europe therefore needs to fortify its security architecture", insistant sur l'urgence d'agir car "we don't have much time to get this right we only have one shot". Il a préconisé une approche fondée sur "strength through resilience and through partnerships".
Le ministre néerlandais a mis en avant la capacité collective de l'Europe, rappelant que "combined we spend more on financial military and humanitarian aid for Ukraine than the United States" et que "our combined GDP is five times bigger than Russia's". Il a fermement condamné les ambitions de Poutine et a réaffirmé le soutien à l'Ukraine, la qualifiant de "front line of our freedom and security of Europe". M. Brekelmans a insisté sur la nécessité d'"accelerate our support" à l'Ukraine et de renforcer la "military production" européenne, appelant à "cut red tape that is preventing us from going faster from procuring faster". Il a plaidé pour une "more open strategic autonomy in all domains", concluant que "a strong Europe is the only guarantee of peace on our continent". Tout en reconnaissant l'importance de l'alliance avec les États-Unis, il a souligné que l'Europe doit "take action as a united Europe now" et a salué "France's effort for a free and strong Europe". On observe une convergence avec les propos de M. Lecornu sur la nécessité d'une action européenne autonome face à un contexte mondial incertain et l'importance de renforcer les capacités industrielles de défense.
M. Lecornu a insisté sur la nécessité de dépasser une vision parfois limitée des enjeux de défense, soulignant que "la manière d'appréhender les différents sujets de défense ont été parfois un tout petit peu délaissée" durant la période des dividendes de la paix. Il a lancé un appel à un "réarmement intellectuel", affirmant que "avant euh les armes avant les pourcentages de Produits Intérieurs brut avant les milliards d'euros c'est avant tout un réarmement intellectuel".
Face à une période "nouvelle" et "difficilement qualifiable", marquée par la multipolarité et des menaces parfois invisibles, le ministre a souligné l'importance pour l'Europe de "ne pas déléguer sa pensée stratégique et donc de réfléchir par nous-mêmes". Il a notamment évoqué l"imprévisibilité du partenaire américain", interrogeant "qu'est-ce que nous européens nous pouvons faire y compris en matière industrielle" si leur posture de défense évolue.
Ruben Brekelmans, Ministre de la Défense des Pays-Bas, invité, a confirmé l'analyse de son homologue français, insistant sur le fait que "Europe is standing at a crossroads". Il a souligné que la "decades long reliance on the US cannot simply be taken for granted anymore" et qu'"instead it must be earned". M. Brekelmans a ainsi plaidé pour que "Europe therefore needs to fortify its security architecture", insistant sur l'urgence d'agir car "we don't have much time to get this right we only have one shot". Il a préconisé une approche fondée sur "strength through resilience and through partnerships".
Le ministre néerlandais a mis en avant la capacité collective de l'Europe, rappelant que "combined we spend more on financial military and humanitarian aid for Ukraine than the United States" et que "our combined GDP is five times bigger than Russia's". Il a fermement condamné les ambitions de Poutine et a réaffirmé le soutien à l'Ukraine, la qualifiant de "front line of our freedom and security of Europe". M. Brekelmans a insisté sur la nécessité d'"accelerate our support" à l'Ukraine et de renforcer la "military production" européenne, appelant à "cut red tape that is preventing us from going faster from procuring faster". Il a plaidé pour une "more open strategic autonomy in all domains", concluant que "a strong Europe is the only guarantee of peace on our continent". Tout en reconnaissant l'importance de l'alliance avec les États-Unis, il a souligné que l'Europe doit "take action as a united Europe now" et a salué "France's effort for a free and strong Europe". On observe une convergence avec les propos de M. Lecornu sur la nécessité d'une action européenne autonome face à un contexte mondial incertain et l'importance de renforcer les capacités industrielles de défense.
Le discours de fermeture du ministre des affaires européennes
Jean-Noël Barrot, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a clôturé la première journée du forum en revenant sur les "bouleversements récents que nous avons connus, du Covid 19 à la guerre en Ukraine". Ces événements ont ébranlé "5 certitudes européennes dans lesquelles nous étions installés".
La première certitude remise en cause est celle d'une "confortable « dépendance industrielle et technologique »", qui a mis en lumière des vulnérabilités dans des secteurs comme la santé et le numérique. M. Barrot a souligné que "les problèmes d'approvisionnement qu'elle a engendré ont fait apparaître l'étendue de nos dépendances industrielles et technologiques". Cette idée fait écho à la nécessité de "relocaliser nos capacités de production" évoquée par Emmanuel Chiva de la DGA et au constat de Sébastien Lecornu sur la nécessité de renforcer l'industrie européenne de défense face à l'évolution de la posture américaine.
La deuxième certitude était celle du "« doux commerce »", alors que l'UE se retrouve "prise en étau » entre la puissance commerciale chinoise et des États-Unis qui relancent une guerre commerciale". Face à cela, M. Barrot a exposé la stratégie européenne de dissuasion et la nécessité de "produire en Europe et à diversifier les partenariats à l'import et à l'export", soulignant l'impératif de se "désensibiliser aux guerres commerciales".
La troisième certitude, "« celle de l’invincibilité démocratique »", est menacée par les ingérences et la désinformation. M. Barrot a insisté sur la nécessité de "protéger notre débat public" et de faire appliquer les réglementations européennes pour responsabiliser les plateformes numériques.
La quatrième certitude ébranlée est "« celle de la prééminence du droit sur la force »", mise à mal par la guerre en Ukraine. M. Barrot a réaffirmé l'attachement de l'Europe au droit international mais a souligné la nécessité de "réformer et de consolider les institutions qui en sont les garantes". Enfin, la cinquième certitude était "« celle de l’impossibilité de la guerre sur le continent européen »", tragiquement démentie par le conflit en Ukraine.Face à ces remises en question, M. Barrot a affirmé que "la réponse à ces bouleversements tient en peu de mots : « C’est l’autonomie stratégique. »". Il a ensuite détaillé les actions entreprises et à venir pour renforcer cette autonomie, telles que la diversification des partenariats, la dissuasion commerciale et la réforme des institutions internationales. Il a également insisté sur le "réarmement des esprits", soulignant la nécessité d'une adhésion collective à cette vision. On retrouve ici l'écho de l'appel de M. Lecornu à un "réarmement intellectuel".
La première certitude remise en cause est celle d'une "confortable « dépendance industrielle et technologique »", qui a mis en lumière des vulnérabilités dans des secteurs comme la santé et le numérique. M. Barrot a souligné que "les problèmes d'approvisionnement qu'elle a engendré ont fait apparaître l'étendue de nos dépendances industrielles et technologiques". Cette idée fait écho à la nécessité de "relocaliser nos capacités de production" évoquée par Emmanuel Chiva de la DGA et au constat de Sébastien Lecornu sur la nécessité de renforcer l'industrie européenne de défense face à l'évolution de la posture américaine.
La deuxième certitude était celle du "« doux commerce »", alors que l'UE se retrouve "prise en étau » entre la puissance commerciale chinoise et des États-Unis qui relancent une guerre commerciale". Face à cela, M. Barrot a exposé la stratégie européenne de dissuasion et la nécessité de "produire en Europe et à diversifier les partenariats à l'import et à l'export", soulignant l'impératif de se "désensibiliser aux guerres commerciales".
La troisième certitude, "« celle de l’invincibilité démocratique »", est menacée par les ingérences et la désinformation. M. Barrot a insisté sur la nécessité de "protéger notre débat public" et de faire appliquer les réglementations européennes pour responsabiliser les plateformes numériques.
La quatrième certitude ébranlée est "« celle de la prééminence du droit sur la force »", mise à mal par la guerre en Ukraine. M. Barrot a réaffirmé l'attachement de l'Europe au droit international mais a souligné la nécessité de "réformer et de consolider les institutions qui en sont les garantes". Enfin, la cinquième certitude était "« celle de l’impossibilité de la guerre sur le continent européen »", tragiquement démentie par le conflit en Ukraine.Face à ces remises en question, M. Barrot a affirmé que "la réponse à ces bouleversements tient en peu de mots : « C’est l’autonomie stratégique. »". Il a ensuite détaillé les actions entreprises et à venir pour renforcer cette autonomie, telles que la diversification des partenariats, la dissuasion commerciale et la réforme des institutions internationales. Il a également insisté sur le "réarmement des esprits", soulignant la nécessité d'une adhésion collective à cette vision. On retrouve ici l'écho de l'appel de M. Lecornu à un "réarmement intellectuel".
En conclusion, les interventions officielles de cette première journée du Paris Defense Stratégie Forum ont mis en évidence une reconnaissance partagée des défis sécuritaires et de la nécessité d'une autonomie stratégique européenne renforcée. Les ministres français et néerlandais ont souligné l'importance d'une pensée stratégique renouvelée, d'un renforcement des capacités industrielles et militaires européennes, et d'une action collective pour garantir la sécurité et la stabilité du continent face à un monde en transformation.
Vers l’autonomie stratégique
Le ministre Jean-Noël Barrot a exposé l'autonomie stratégique comme une réponse nécessaire aux défis géopolitiques actuels, soulignant la nécessité pour l'Europe de renforcer ses capacités militaires et industrielles, de réduire ses dépendances technologiques en maîtrisant l'usage de ses armements, et de mobiliser des financements communs pour la défense. Il a insisté sur le principe de la préférence européenne afin de soutenir l'industrie du continent et a noté une convergence croissante entre les États membres sur l'importance de prendre en main la sécurité européenne face aux menaces actuelles. L'objectif est de construire une identité stratégique européenne forte et autonome à travers une action collective concrète.
Contacts
Extrait de ReutersDiscours final
Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu, s'est imposé comme une figure montante de la politique française. Engagé dès l'âge de 16 ans au sein de l'UMP, devenue Les Républicains, il a gravi les échelons avec une rapidité remarquable. Après avoir été maire de Vernon entre 2014 et 2015, il a présidé le Conseil départemental de l'Eure à deux reprises (2015-2017 et 2021-2022) et a siégé comme sénateur de l'Eure en 2020. Sous la présidence d'Emmanuel Macron, il a occupé plusieurs postes ministériels stratégiques, notamment en tant que secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique (2017-2018), ministre chargé des Collectivités territoriales (2018-2020), et ministre des Outre-mer (2020-2022). Depuis 2022, il occupe le poste clé de ministre des Armées, consolidant son rôle au sein de l'exécutif.
Ruben Brekelmans, est un homme politique néerlandais et membre du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD). Il est actuellement Ministre de la Défense des Pays-Bas depuis le 2 juillet 2024.
Avant de devenir ministre, il a été représentant à la Seconde Chambre des États généraux de mars 2021 à juillet 2024, où il était porte-parole pour les affaires étrangères, la politique culturelle internationale, et les prolongations des missions étrangères. Il a également travaillé comme consultant en stratégie au Boston Consulting Group et a occupé divers postes au sein du ministère de la Justice et de la Sécurité, ainsi qu'au ministère des Finances.
Brekelmans a étudié l'économie à l'Université de Tilburg, la politique mondiale à la London School of Economics, et a obtenu une maîtrise en administration publique à la Harvard Kennedy School.
Jean-Noël Barrot
Jean-Noël Barrot, est un économiste et homme politique franco-suisse. Actuellement Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères depuis septembre 2024, il a auparavant occupé des postes tels que Ministre délégué chargé de l'Europe et Ministre délégué au Numérique. Il est également vice-président du Mouvement démocrate (MoDem). Fils de Jacques Barrot, ancien commissaire européen, il est diplômé de HEC Paris et de l'École d'économie de Paris.