Gouvernance

Les Etats Généraux de l'Information 2024 . Que peut-on retenir ?


Jacqueline Sala


Lancé en octobre 2023, ce projet a été piloté par un comité indépendant et visait à proposer un plan d'actions pour le monde de l'information en France. Les objectifs principaux étaient de lutter contre les influences étrangères, limiter la concentration des acteurs de l'information, prévenir la désinformation et garantir l'indépendance et l'avenir du service public.



Réunis à la demande d'Emmanuel Macron, les États généraux de l’information viennent de rendre leurs conclusions, jeudi 12 septembre 2024, après onze mois de travaux.

Les États généraux de l'information (EGI) de 2024 ont été restitués au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Cet événement a réuni les membres des EGI, les citoyens ayant participé aux consultations des neuf derniers mois, ainsi que l'ensemble des parties prenantes.

Lancé en octobre 2023, ce projet a été piloté par un comité indépendant et visait à proposer un plan d'actions pour le monde de l'information en France. Les objectifs principaux étaient de lutter contre les influences étrangères, limiter la concentration des acteurs de  l'information, prévenir la désinformation et garantir l'indépendance et l'avenir du service public.
 
Les contributions ont été recueillies via une plateforme dédiée, et de nombreuses auditions ont été réalisées pour enrichir les travaux. Le rapport final, ainsi que les fiches thématiques, sont accessibles en  ligne.
 

Encore un long chemin à parcourir...

C'est par un rapport de 350 pages que se sont soldés ces États généraux présidés par Bruno Patino, le patron d'Arte, qui les a repris après la démission de Bruno Lasserre. Une consultation plus impressionnante par la masse des énergies mobilisées que par les recommandations préconisées concrètement.

Pour Bruno Patino, le plus important est sans doute que ce rapport, issu de 174 auditions et d'assemblées citoyennes, permette de défendre des vérités factuelles, donc le journalisme, face à ces contre-vérités qui minent le débat public.
 
L'objectif était de lutter contre la désinformation en défendant une information de qualité sur les réseaux avec un label de crédibilité, qui serait favorisée dans les algorithmes. Il s'aligne sur les mesures de la Journalism Trust Initiative sur la protection des sources et la législation contre les procédures de corruption.
 

Un rapport qui ne fait pas l’unanimité

Le rapport ne se prononce pas sur un droit d'agrément des rédactions à la nomination de leur directeur, comme cela existe au Monde ou aux Échos, alors que c'est ce que réclamaient les journalistes en grève du JDD après le rachat de leur titre par Bolloré et l'imposition d'un directeur venu de Valeurs actuelles.

À la place, il est suggéré de mettre en place des comités d'éthique paritaires où pourront être discutés les choix des actionnaires, ce qui ne risque pas d'avoir beaucoup d'effet, même si est retenue l'idée de faire des présidents de sociétés de journalistes des salariés protégés.
Mais ce qui est recherché, c'est un équilibre entre le droit à l'information et le droit d'entreprendre. Il revient maintenant au gouvernement d'arbitrer. Les angles morts largement commentés par la presse n'empêchent pas de retenir des pistes d'amélioration.