Gestion de crise

Les Proverbes et la Crise : « Ne remet pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui » Par Thierry Fusalba


Jacqueline Sala
Mardi 19 Novembre 2024


En situation de crise, tout retard comme toute hésitation peut se payer cash. Lorsqu’une défaillance est constatée, qu’un dysfonctionnement lié à l’organisation ou au fonctionnement est révélé, il faut tout de suite le corriger. Notion stratégique = les signaux faibles.




"Les Proverbes et la Crise" est une nouvelle série de publications proposée par Thierry FUSALBA.
 
Les Origines
Les Latins comparaient ceux qui disaient « on verra ça demain » aux corbeaux dont le croassement ressemble au mot cras, cras, (demain, demain), créant l’expression Sponsio corvina, (promesse de corbeau), chère à saint Augustin. Ce proverbe nous rappelle l’inconséquence du tyran de Thèbes Archias, qui se trouvait au milieu d’une fête et à qui on apporta une lettre importante. Il la jeta loin de lui en s’écriant : A demain les affaires sérieuses. Or, on l’y informait qu’une conspiration s’était formée contre lui ; elle eut lieu et il fut tué peu de temps après.

Ce proverbe est donc très ancien. Ainsi, le maréchal de France et mémorialiste Blaise de Monluc (1502-1577), l’a nommé la devise d’Alexandre le Grand : Ce que tu peux faire anuit (aujourd’hui, car jadis on comptait en nuits et non en jours), n’attends pas au lendemain.
Elle signifie qu’il ne fait pas remettre à plus tard ce qu’on peut faire immédiatement, même si Alphonse Allais l’a détournée de façon ironique…
 
Les Enseignements pour la gestion de crise
En situation de crise, tout retard dans la prise de décision comme toute hésitation peut s’avérer désastreuse. En conséquence, lorsqu’une défaillance est constatée, qu’un dysfonctionnement lié à l’organisation ou au fonctionnement est révélé, il faut tout de suite le corriger. De même, dans le cadre de la gestion post-crise, tout enseignement tiré dans le cadre du RETEX doit être suivi de mesures correctrices.
 
Notion stratégique : les signaux faibles.
La notion de signal faible a été introduite par Ansoff en 1975 dans « Managing Strategic Surprise by Response to Weak Signal » ; pour lui, c’est une « information fragmentaire, rapidement obsolète et largement anticipative, qui permettrait à l’entreprise qui les identifie de prédire les futures grandes transformations de son environnement économique ».

Les signaux faibles sont donc des éléments portant sur l’’environnement, des opportunités et des menaces qui sont implicites, partiels et non facilement identifiables.

Certains passent inaperçus ; d’autres sont détectés dans le cadre de la veille mais sont mal exploités ou, pire, ignorés. Ils confortent l’idée que la crise est un processus et non une rupture brutale des équilibres. Aucune n’est totalement inédite même si elle peut l’être dans sa durée, sa zone d’application ou sa gravité (comme la Covid19). Dans le cadre du pilotage de crise, ils sont d’autant plus difficiles à percevoir que la situation est caractérisée par une accélération du temps, un stress élevé, une grande incertitude, une multiplication des acteurs et des sollicitations, saturation des canaux de communication et des priorités en cours.
 
 

Auteur : Thierry Fusalba, Directeur de l’Agence C4

Expert en communication de crise et d’influence, il a fondé en 2009 l’Agence C4 (Conseil et Coaching en Conduite de Crise) qui propose une méthode de pilotage de crise UNIQUE (www.agencec4.com). Il a travaillé avec différents cabinets de conseil (Didier Heiderich, Layer Cake, Nanocode Easylience, Element), conduit des exercices et dirigé des cellules de crise à l’international et écrit différents ouvrages sur la gestion des crises. Il enseigne actuellement à l’IRIS Paris, l’IEC de Lyon dont il est membre du Conseils scientifique et à l’UFR Santé de Rouen.
Résidant en Touraine où il est élu dans sa commune, Thierry FUSALBA est passionné d’écriture. Il a publié un roman » Les vies multiples », un carnet de route « Les hommes du bord de terre », un essai politique « Moi, électeur de la République », ainsi qu’un recueil de nouvelles, « Mémoires d’outre espace » et un recueil de poésies « Poésies incomplètes ».
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