RSE et Economie collaborative

Les nouveaux modèles d’affaires durables générateurs de valeurs.

Table-ronde lors du Salon Produrable


Jacqueline Sala


Cette table ronde adressait un enjeu critique : la capacité de modèles d’affaires durables à générer de la valeur. Elle a rassemblé 3 personnalités du conseil : Emilie Alberola (Directrice Europe du Sud EcoAct), Auriane Coste (Directrice de STIM), Alan Fustec (Président de l'Agence LUCIE et de Kerlotec) et une de "l‘industrie" Marion Huertas (Responsable développement durable – SIGNIFY).




LES LIMITES DE LA "RSE1.0"

Les limites des plans d’optimisation de la décarbonation sont claires. Emilie Alberola et Alan Fustec le confirment ‘On parvient à une réduction de -15% ou -20% de réduction des émissions de GES mais il est très difficile d’aller au-delà ». Sans compter la difficulté à intégrer les enjeux de biodiversité et sociaux. 
Sans vision systémique, sans volonté de ‘penser le changement VS changer le pansement’, il sera quasi impossible d’atteindre les objectifs de réduction fixés à l’horizon 2030 et encore moins ceux du net zero de 2050.
 

Les freins à l’adoption de nouveaux modèles

« Concevoir et mettre en œuvre un nouveau modèle, c’est faire preuve de créativité et avoir un état d’esprit d’entrepreneur. Les dirigeants de grandes entreprises ont plus des talents de gestionnaires » constate Auriane Clostre. Elle pointe également l’orientation encore trop ‘technique’ des services innovation et R&D qui n’intègrent pas toutes les composantes d’un nouveau modèle d’affaire.
« Il y a un véritable enjeu de prospective » confirme Emilie Alberola, « les entreprises doivent apprendre à se projeter dans le futur ». Mais le poids du modèle historique pèse lourd et il est difficile de l’alléger.
 

De l’importance du « Test & Learn »

« Il n’y a pas de recette magique » prévient Auriane Clostre. Savoir tester, se confronter au terrain et pivoter si besoin sont des clés du succès. Cette approche, bien connue des startups, ne fait pas partie des gênes des entreprises bien établies. Leur fonctionnement repose plus sur les analyses marché et clients avant de lancer un produit ou un service que sur l’expérience terrain.

Economie circulaire : 4 modèles d’affaires

Est fait un rapide panorama salutaire des 4 modèles d’affaires qui prévalent dans l’économie circulaire, dont on prédit de beaux jours devant elle (marché européen X 3 entre 2023 et 2030 pour atteindre entre 500 et 600 Mds€ selon Eurostat).
- De la vente à la location
- Réparation : Ateliers de services ou formation utilisateurs
. 2nde vie : multiplication des sites ‘Vinted / Le bon coin/ etc…
. Recyclage : gestion des déchets

Dans tous les cas de figure, l’objectif est le même : produire des biens et des services en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Rappelons qu’un habitant européen en émet 600 kgs/an. Les impacts en termes de modèles sont nombreux : ecoconception, production et consommation responsables, économie de la fonctionnalité, etc…

C’est sur ce dernier modèle qu’est engagé Synergy, souligne Marion Hueltas. Sa société a fait de l’optimisation énergétique de la lumière sa proposition de valeur et du concept « Light As a Service » le cœur de son offre.  Elle insiste sur les bénéfices multiples de cette approche. Au-delà de l’optimisation de la consommation énergétique, c’est le bien-être des salariés  qui peut être adressé voire même la conception des luminaires (impression 3D à partir de matières recyclées).

Nouveaux modèles et comptabilité

Alan Fustec défend avec conviction la vision de la triple comptabilité qui prend en compte, c’est le cas de le dire, au-delà de la dimension financière, des considérations environnementales et sociales. Il estime qu’environ 100 entreprises en France l’ont adoptée. C’est peu (euphémisme). Mais il y croit. Une chaire dédiée au sujet est en cours de lancement avec la Rennes School of Business. Son Label ‘Lucie Positive’ a pour vocation de valoriser les entreprises engagées dans une trajectoire de respect des limites planétaires. « Nous en sommes très loin » déclare-t-il. Pour Alan, il est urgent de pouvoir démontrer «qu’une vie confortable est possible en respectant les limites planétaires ».  
Qu’il soit entendu.

Remarque personnelle

Une table ronde remarquablement rythmée par son animatrice (Hélène TEULON, Fondatrice de Ginko 21), des intervenants qui maîtrisent leurs sujets et qui ont su varier approche méthodologique et partage d’expériences.
Une question en suspens. Il a été fait mention pour les entreprises engagées sur la voie de nouveaux modèles d’affaires vertueux, de savoir faire écosystème en y intégrant fournisseurs, clients, partenaires et même concurrents.
Cela ne vaut-il pas pour les acteurs engagés dans le conseil à la mutation de ces entreprises ?

 

Merci Christophe Pouilly pour ce témoignage

Christophe Pouilly est le Vice-Président exécutif de La Fabrique du Futur & Co. Il assure la direction opérationnelle de ce "Do Tank" qui compte 57 associés aux expertises transdisciplinaires. Sa mission : aider les structures (publiques ou privées) à se projeter dans le futur et les accompagner dans leurs grandes transitions. Membre de la Société Française de Prospective et l'Association of Professionnel Futurists, Christophe est également formateur au sein de l'organisme de formation (certifié Qualiopi) de la Fabrique du Futur.