Depuis 2013, emmenées par des agents publics déterminés, de petites équipes maîtrisant parfaitement les codes du numérique ont revivifié les valeurs de sens, d’autonomie et de responsabilité trop souvent absentes des grandes organisations. Dans une exceptionnelle frugalité de moyens, elles ont produit des services publics numériques plébiscités par leurs usagers. Par analogie avec les méthodes de production et d’organisation des startups, nous les avons appelées « startups d’État », même si elles ne visent ni le profit ni l’entrée en bourse.
Cette expérience est riche d’enseignements pour la réforme de l’État dans son ensemble. Pour qu’elle ne demeure pas un simple témoignage, il reste à en décider et à en organiser le passage à l’échelle pour engager une réelle et profonde conversion numérique de l’État. C’est une réforme peu coûteuse : 0,1 % du budget de chaque administration suffirait à y implanter un incubateur d’innovation radicale comme beta.gouv.fr. Elle peut galvaniser une génération d’intrapreneurs de la fonction publique et émanciper une foule de contributeurs qui créeront des milliers de filières simplifiées, soulageant des millions de Français et dégageant d’énormes gains d’efficacité.
Exode numérique choisi ou uberisation subie, la traversée du désert est devant nous. L’exode de millions de salariés dépossédés du sens de leur travail est engagé, mais un nouveau pari de la confiance est possible. Il est même à portée de main.
Cette note a été écrite par Henri Verdier , directeur interministériel du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC), et Pierre Pezziardi , entrepreneur en résidence au sein de la DINSIC et animateur de l’incubateur de startups d’État.