Nomination. Directeur général du gf2i. Entretien avec Philippe Masseron.

L’impact de l’intelligence artificielle (IA), en particulier des services d’IA génératives, sur les industries créatives et l’économie de la connaissance est sans doute l’un des défis majeurs, mais il n’est pas spécifique à la France. Il convient de résoudre une équation complexe entre risque de prédation massive des contenus et développement des innovations portées par l’IA.
 
L’ouverture des données publiques a été impulsée depuis une dizaine d’années en France, champion européen depuis plusieurs années, mais on voit aujourd’hui que la direction prise d’une ouverture tous azimuts soulève des questions de souveraineté, de sécurité.
À cela s’ajoute la problématique des modèles économiques avec la nécessité de conjuguer maîtrise (quand ce n’est pas réduction) des budgets publics disponibles pour assurer le maintien d’un haut niveau de qualités des données dont ont besoin les professionnels de l’information dans des secteurs comme, par exemple, le droit ou celui de l’information sur l’économie des entreprises et pérennité de la diffusion des données.

Malgré le risque qui pèse sur les contenus, en particulier sur les créations protégées par le droit d‘auteur et les droits voisins, on doit considérer l’IA comme une source d’opportunités pour les professionnels de l’information et c’est la vision du gf2i, que l’on retrouve exprimée, notamment, dans les travaux de l’atelier Science ouverte et IA.
 
Les outils d’IA promettent l’automatisation d’une partie de du travail de tri, d’organisation de l’information. Cela vaut pour les journalistes, les veilleurs, les documentaliste et l’ensemble de la chaîne des utilisateurs.

Les ateliers du gf2i ont, de manière générale, pour objectifs d’identifier et progresser sur des problématiques métiers, techniques, scientifiques, juridiques ou transverses par la mutualisation et le partage d’expériences. Ce sont donc des espaces de travail et de partage où se concentre l’énergie des membres de l’association.
 
Ces ateliers sont également des laboratoires où se préparent les prises de position de l’association. La durée de vie des ateliers peut ainsi varier en fonction de l’actualité et la persistance de la thématique, ce qui ouvre la voie à des ateliers à durée limitée (des « ateliers flash ») comme cela a été fait pour élaborer la position du gf2i concernant l’IA et le droit d’auteur.
 
Il existe cependant des sujets de travail permanents tels que ceux abordés par l’atelier « Analyse de l’Information Stratégique, Évaluation des Risques & Opportunités » où l’on traite des outils, techniques et tendances en matière de veille, de sourcing et d’analyse d’informations stratégiques.
 
L’atelier Science ouverte et IA est l’illustration du caractère évolutif des ateliers que j’évoquais à l’instant, car il résulte de la fusion de deux précédents ateliers qui demandaient plus de transversalité.
 
Un troisième atelier a une activité aussi soutenue que les deux précédents et se consacre à la question de l’ouverture et de la valorisation des données publiques et privées pour la construction de modèles économiques viables et durables. Enfin, je dois également mentionner l’atelier en cours de structuration sur les données de santé, sujet au cœur de l’actualité avec la consultation publique ouverte la semaine passée par l’Agence du Numérique en Santé sur les réutilisations secondaires des données de santé.
 

J’ai eu l’opportunité et la satisfaction d’accomplir un parcours long et évolutif dans la gestion collective du droit d’auteur et d’y vivre un projet depuis sa promesse jusqu’à sa maturité. Plus qu’une expérience, ce que je retiens comme indispensable c’est, d’une part, le sens et l’importance de l’action collective (y compris dans des secteurs comme la presse et le livre où elle ne relève pas de l’évidence) et, d’autre part, la nécessité de conjuguer technologie et droit en anticipation.