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Open Data et 1er Hackathon IDF2030 : Interview Frédéric Theulé


David Commarmond


VeilleMag : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots

F.T :Frédéric Theulé, directeur de la Communication de l'IAU îdF. Je suis par ailleurs titulaire d'une thèse d'histoire urbaine (sur la thématique de la gouvernance des institutions territoriales), enseignant à l'université (Versailles-Saint-Quentin), et ancien journaliste.



VeilleMag : I'IAU est présente sur Twitter @iauidf, vous avez un site internet, quel regard portez-vous sur l'impact des nouvelles technologies dans votre approche de la ville ?

F.T :  L'IAU îdF s'adresse prioritairement aux élus et spécialistes de l'Ile-de-France. En tant que fondation nationale reconnue d'utilité publique, nous produisons des études et des éditions (Cahiers, Notes rapides, Carnets pratiques, atlas...) qui permettent de faire le tour de questions variées (urbanisme, économie, environnement, transports, logement, culture, sécurité, etc.). Nous disposons par ailleurs d'un site internet conçu comme la pierre angulaire de la diffusion de nos informations : toutes les études, toutes les publications, mais aussi des Power Point, se retrouvent sur ce site, conçu comme un lieu ressource.

Ceci mérite d'être précisé dans la mesure où cela conditionne notre approche des médias sociaux. Nous y sommes présents depuis un an environ, grâce à l’attention permanente de Cédric Lavallart, notre webmestre, rédacteur en chef de la newsletter et community manager. Je porte pour ma part une attention particulière à Twitter dans la mesure où ce média est particulièrement suivi par les journalistes, les élus, les spécialistes des questions urbaines. Notre rôle a ici pour objectif d'informer ces communautés différentes de notre actualité.

Nous pensons que l'impact des nouvelles technologies dans notre approche de la ville est incontournable. Nous sommes par exemple très présents sur l'imagerie 3D. Nous travaillons également sur des thématiques liées à la gestion des risques naturels (inondations, tempêtes...) via les réseaux sociaux. Nous souhaitons également communiquer de plus en plus en tendant à mobiliser les techniques de datavisualisation. Enfin, je souhaite à ce que nous développions beaucoup, au département Communication, les vidéos (documentaires, dossiers thématiques, interviews...), dont les réseaux sociaux permettent une circulation très agile, dans une perspective de diffusion de nos savoirs.

 

VeilleMag : Cet événement est une première, il montre la dynamique de l'Île-de-France, des collectivités locales et de l'Institut, cela a-t-il modifié votre regard ?

F.T : Indiscutablement. Cela montre aux organismes associés de la Région IDF que la mutualisation est une piste de travail à creuser de plus en plus. L'action menée ce week end autour du hackathon, en partenariat avec La Fonderie et sous la houlette de la Région, a permis de mieux nous connaître les uns les autres, mais également de nous mobiliser autour d'une politique publique qui nous concerne de plus en plus : l'opendata. La dynamique se situe d'abord à ce niveau-ci.

Elle se situe également au niveau des institutions. L'action de ce WE a été menée avec la SNCF, la RATP, Openstreetmap France, La Cantine... autant de structures avec lesquelles une dynamique vient d'être esquissée. Cela nous a permis de nous rendre compte de problématiques croisées. Par exemple, je dois revoir prochainement La Cantine sur la thématique de la gestion des risques naturels (tempêtes, etc.) grâce aux réseaux sociaux. Il existe en Ile-de-France de nombreux acteurs volontaristes, un événement tel que le hackathon constitue une véritable étincelle permettant de développer des partenariats et plus globalement des échanges.

  
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 : L'Hackathon se veut interdisciplinaire et présente une parité Homme /femmes. Avons-nous prouvé qu’aujourd’hui il était possible de faire avancer les mentalités.

F.T : Je ne sais pas si la question se pose en termes de parité hommes-femmes dans la mesure où les réseaux de développeurs informatiques sont pour l’instant assez largement masculins. Cela évoluera peut être. L'une des spécificités du hackathon IDF2030 a, en revanche, été de confronter au sein d'une même équipe des urbanistes et des développeurs. Il y avait des femmes urbanistes à l'IAU tout au long du week end, et leur pilotage s'est souvent avéré essentiel. 

  
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 : L'Hackathon a-t-il rempli ses objectifs ? Pensez-vous renouveler l’expérience l'an prochain et faire des émules ?

F.T : Le hackathon a pleinement rempli ses objectifs. L'IAU îdF souhaiterait d'ailleurs poursuivre cette dynamique avant l'an prochain : nous sommes en train d'étudier la possibilité d'organiser des événements de ce type en 2013. Affaire à suivre...

   
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 : Avez-vous relevé une idée impactante, des talents ?

F.T : Il y a eu beaucoup d'idées marquantes. J'en retiendrai 5 :

- Le Sim Sdrif (sur le podium) parce qu'il a une véritable vocation pédagogique, en permettant d'établir les liens de corrélation entre les transports, les équipements, les espaces verts, l'habitat et l'emploi.

  • Le projet ID Futur (également sur le podium), car il valorise l'attractivité économique en faisant appel au "crowdsourcing".

  • La web application de l'équipe des Fauves (équipe n°3) : un véritable bonne idée selon moi dans la mesure où cette application permet aux citoyens de repérer, sur une carte et de manière thématique, les moments d'échange et de débat participatif. Une conférence organisée par une association, une réunion d'information mise en place dans une mairie, un café philo dans un bar, un débat dans une université... Voilà un outil permettant à des citoyens d'appréhender leurs territoires d'une autre manière. A titre personnel, et pour avoir travaillé pendant plus de 10 ans au sein d'une collectivité territoriale, je suis étonné que cette solution n'ait pas plus retenu l’attention des membres du jury.

  • Le projet n°7, des partenaires particuliers, parce qu'il permet de valoriser l'IDF à travers ses lieux de tournage potentiels, là encore en faisant appel au "crowdsourcing". Une idée qui séduira peut être la Commission du Film d'IDF, organisme associé à la Région.

  • Enfin, comment ne pas être marqué par le projet n°10, qui a remporté ce hackathon ? L'idée de construire une application destinée à des brigands souhaitant "enterrer des cadavres dans les lieux les plus reculés de la région" est certes provocatrice, mais leur solution est aisément appropriable pour d'autres usages - en phase avec la loi ceux-ci ! Je pense que c'est ce qu'a vu le jury, présidé par Alain Amédro, conseiller régional en charge du Sdrif.


  
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 : Quels seront les impacts du l'hackathon à court, moyen et long terme sur le schéma directeur. Allez-vous continuer à faire évoluer ses outils ?

F.T : Il ne peut y avoir d'impact direct du hackathon sur le Schéma directeur à court terme dans la mesure où nous entrons, le 2 avril, dans la procédure d'enquête publique. Il devrait en revanche en avoir à moyen et long terme vis-à-vis du grand public. Je n'imagine pas qu'au moins une des applications primées ne soit pas développée dans les mois à venir. Un "Sim Sdrif" mené à son terme aurait par exemple une vocation pédagogique pour les Franciliens. 

  
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: Avec tous ses changements, quel peut être la durée de vie de l'information, la projection des scénarii et à terme la pérennité des documents.

F.T : Tous les observateurs avertis observent une baisse drastique de la durée de vie d'une information. Nous sommes au quotidien littéralement "recouverts" par les informations du matin, et vivons presque l'information comme un éternel feuilleton... La technique du "story telling" est passée par là !

   
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 : La confiance apparaît en filigrane dans la problématique de l'Open data. Confiance dans les sources, confiance dans l'analyse des experts et dans le rôle du citoyen ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

F.T : Comme nombre d'institutions, nous pensons à l'IAU îdF que l'opendata est à la fois une réalité incontournable, mais aussi un élément qu'il faut manier avec nuance. Pour le dire autrement, nous avons pris le parti, comme la grande majorité des structures confrontées à l'ouverture des données, de libérer un premier niveau de données.

Par ailleurs, en tant que chercheur spécialiste des systèmes de gouvernance liés à la ville et à titre personnel, je suis parfois interrogatif devant cette nouvelle politique publique qui peut amener des associations ou des citoyens à ne prendre en compte qu'un champ de données parcellaire sur une question éminemment complexe. Les techniciens qui travaillent chaque jour (à l'IAU îdF comme ailleurs) sont rompus à un exercice qui les amène en permanence à croiser de nombreuses données. Nous savons qu'une réflexion reposant sur la donnée nécessite une connaissance très fine et très pointue. Cette expertise peut faire défaut à ceux qui n'ont pas ce savoir-faire, d'où les craintes qui peuvent être exprimées. Celles-ci rejoignent d'ailleurs celles de certains observateurs : un expert tel que Stéphane Rozès met ainsi en garde contre les possibles dérives que l'opendata peut entraîner.