Avant tout, Thibault Renard, fit un petit rappel de l'agenda.
Après le succès de la première édition en 2016, l’édition 2018 du Festival du film Sécurité organisée par Security Systems Valley se tiendra le 2 octobre 2018. Ce festival entend de nouveau réunir entreprises, organismes, institutions, collectivités… pour inciter, grâce à l’image et au numérique, à une prise de conscience et à une appropriation des bonnes pratiques par le plus grand nombre. Des films et supports numériques traitant de sécurité sous ses différents aspects sont mis en compétition durant une journée. Ce Festival a aussi l’originalité d’associer aux projections des films des conférences et tables rondes avec l’intervention d’experts en sûreté, sécurité et maîtrise des risques.
Site internet : https://www.security-systems-
Après un tour de table, Thibault Renard et Philippe Clerc, donnèrent la parole à Alain Juillet qui présenta l'initiative ALCCI dont il est à l'origine avec Dominique Lapprand.
L'association dont le site est encore en création (https://www.alcci.fr/ ) créée le 31 mai 2017 par trois experts dans les domaines de la sécurité publique nationale comme internationale et de la protection des entreprises, dont ils assurent respectivement les fonctions de président, vice-président, administrateur délégué et secrétaire général.
Partant du constat que l'ampleur et les multiples ressorts d'un phénomène encore peu reconnu, mais en pleine expansion, ils ont décidé qu'il était temps de réagir en lançant une association dédiée à ce fléau. Son but : informer et épauler les entreprises, sensibiliser les pouvoirs publics sur le commerce illicite dans sa globalité.
Comme l’explique Alain Juillet, « le rôle de l’association est de créer un contexte favorable et ouvert à toutes les questions de commerce illicite".
Au-delà d’un objectif général de prise de conscience de l’ensemble du phénomène par l’opinion publique, nous voulons apporter à tous les acteurs de l’entreprise concernée une connaissance globale favorisant une synergie des initiatives des uns et des autres pour une meilleure protection des intérêts des sociétés ».
Les Caractéristiques du marché:
- Par essence échappent aux statistiques officielles,
- Par essence clandestines.
Quelques chiffres :
- 650 milliards de dollars par an,
- portés à 2 000 milliards* si on inclut les flux financiers.
*Chiffres communiqués par le Forum économique mondial de Davos en 2015.
Son fonctionnement est étroitement lié à la fois au crime organisé et à la délinquance et plus récemment au financement d’activités terroristes. Toutefois, le commerce illicite reste toujours animé par une motivation économique.
Des pratiques commerciales grises se développent, conduisant les entreprises à perdre le contrôle de la distribution de leurs produits.
La forme traditionnelle du commerce illicite (vol, fraude en tout genre, contrefaçon ou contrebande) demeure très présente. Se développe, le non-respect des nouvelles réglementations (que les Anglo-saxons rattachent à la «compliance ») qui entre en concurrence avec les produits licites.
Ces produits qualifiés de faux peuvent également s’avérer dangereux pour la santé voire la vie du consommateur.
L'autre aspect du commerce illicite concerne toute la chaîne de production et de recyclage, dont il est exclu, qui en fait donc une activité polluante, menaçant les espèces protégées, alimentant les conflits (« diamants du sang », bois tropicaux) ou encore liés aux formes actuelles d’esclavage (travail forcé, travail des enfants).
Par ailleurs et bien que les entreprises hésitent à le reconnaître, des pratiques commerciales grises se développent, les conduisant à perdre le contrôle de la distribution de leurs produits (importations parallèles et produits vendus à leur insu) ou à devenir involontairement complices en tombant dans la chausse-trappe d’achats illicites (produits détournés, non conformes ou élaborés dans des conditions répréhensibles). Un phénomène que la mondialisation des échanges commerciaux, le différentiel de taxes, la fragmentation des cadres et pratiques juridiques favorisent.
UNE APPROCHE FRANÇAISE PARCELLAIRE
Le commerce illicite en s’affranchissant des règles, désorganise des pans entiers de l’économie et peut nuire à l’ordre public.
À l’international, il est l’objet d’une attention particulière. L’OCDE en a fait un objet d’étude et a mis en place un groupe de travail permanent. Il est au coeur des réflexions du Forum Economique Mondial de Davos (WEF). Interpol l’a identifié comme une menace criminelle majeure et c’est un sujet clé pour Europol comme pour l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD).
En France, en revanche, les autorités publiques ne lui ont pas accordé jusqu’ici la même attention et les entreprises sont encore dans une posture essentiellement réactive. Pourtant une meilleure anticipation des mécanismes de cette concurrence déloyale éviteraient des pertes de parts de marchés, des suppressions d’emploi, ou des atteintes préjudiciables à image. Seuls quelques acteurs (du luxe notamment) prennent au sérieux cet enjeu et ont développé une démarche pertinente contre certains des nombreux aspects du commerce illicite.
ALCCI est pour la première fois en France une réponse transverse pour tous les acteurs concernés.
- L’ALCCI propose ainsi de venir en aide aux entreprises et à ses acteurs en leur donnant une approche complète et transverse du commerce illicite.
- L'ALCCI s’appuie sur son réseau de partenaires en France comme à l’étranger (institutionnels, associations professionnelles, universités et centres de recherche, organisations gouvernementales et non gouvernementales, think-tanks) pour mener à bien la mission qu'elle s'est assignée.
- La vocation d'ALCCI est également de représenter ses membres auprès des instances internationales et de s’inscrire dans la dynamique qui émerge dans ce domaine.
- ALCCI par le biais de rencontres, d’études et de partage d’informations, permettra une mutualisation et une coordination des actions qui s’avèrent aujourd’hui nécessaires pour contrer le commerce illicite.
Gilles Desoblin et Philippe Laurier, IRT SystemX firent ensuite un "retour sur l’attaque contre Vinci en bourse".
L'axe de la transformation numérique de l'entreprise est une tendance de fond, toutefois, "les classiques" font toujours recette. La fraude au président en fait partie, elle ne coûte pas chère et peut rapporter gros. Un peu comme le loto, mais demande un travail préparatoire très important pour être crédible.
Le cycle de vie de l'arnaque est long et marche toujours, même si elle est connue. Les victimes rechignent à l'évoquer et admettre qu'elles en ont été victime. L'évocation dans la presse et aujourd'hui dans les réseaux sociaux a porté à la connaissance d'un plus grand public le phénomène. C'est pourquoi, les auteurs ont appris à varier leurs cibles. Des services comptables, aux services de communication, le canal varie, les méthodes demeurent.
L'arrivée d'internet, des réseaux sociaux et la multiplicité des canaux de communication, rend le temps plus précieux, difficile pour les professionnels de vérifier toutes les informations. Émettre un faux communiqué de presse peut être très efficace. C'est ce qui est arrivé à l'entreprise de Vinci. Un communiqué de presse arrive à l'AFP, repris par la presse professionnelle. Il est pris en compte par les professionnels, le cours de l'action chute, quelque temps après le communiqué est dénoncé, car un élément marque la tromperie, l'adresse mail de contact est fausse par exemple. Le cours remonte.
Entre temps, la manipulation boursière est passée, des ordres d'achats et de ventes, sont passés, étant en dessous du radar, les opérations frauduleuses ont permis d'obtenir des bénéfices. Ce type d'opération, en fonction de la hauteur de la chute et de la remontée peut être opéré plusieurs fois (trois ou quatre), sans soucis, mais en étant (relativement) espacé.
La méthode du "faux site internet" est un peu plus complexe, mais tout aussi efficace. Elle demande de faire une copie du site, (un copier coller des pages), de déposer des noms de domaines (avec des variantes), même 15 jours avant, il y a peu de chance d'être détecté. De mettre en ligne le site et d'organiser une campagne de communication auprès des cibles.
Dans tous les cas le temps est l'élément clé, l'enjeu est d'avoir plusieurs coups d'avance. L'urgence étant mauvaise conseillère. Il est impératif de se rendre maître du temps pour ne pas se soumettre aux injonctions de l'adversaire. Trois fonctions clés doivent être sensibilisées, la direction, la communication et la direction financière. Chaque fonction finissant par s'immuniser, il est nécessaire de faire circuler l'information entre les services.
Pour éviter la désorganisation, les prises de décisions risquées et les initiatives indépendantes, des scenarii d'anticipation peuvent limiter l'impact négatif d'une attaque criminelle.
Au vu de l'affaire Vinci, on peut dire que l'arnaque à encore de beaux jours devant elle, même si les grandes entreprises sont sensibilisées, nombre de PME sont des cibles de choix.
Intervention de Julien Marcel
M. Julien MARCEL Secrétaire Général du CDSE, a présenté le Laboratoire du CDSE ainsi que la première création d'un jeu : "Mission sûreté à l’international" un outil de prévention et d’acculturation aux questions de sûreté à l’international".
Objectif : Sensibiliser aux bonnes pratiques en matière de sûreté à l’international et promouvoir les métiers de la sûreté et de la sécurité autrement.
Comment : En parlant de la sécurité et de la sûreté autour d’un moment de partage.
Sur un mode ludique, cet outil construit autour de visuels simples et parfois décalés, "Mission sûreté à l’international" propose, pour le moment, à la communauté du CDSE et de la sûreté en général, de diffuser la culture de la prévention des risques à l’international.
En créant une conversation entre praticiens de la sécurité/sûreté et leurs collaborateurs afin que chacun puisse intégrer des réflexes de bonne conduite et de bon sens, applicables en mission à l’étranger.
Cette première création par le LAB,sera suivie par d'autres projets.