DC : Pouvez-vous partager avec nous un aperçu de votre parcours et de votre expertise ?
Mon rôle consiste principalement à prendre en charge
– les affaires publiques et relations institutionnelles de l’Association
– le développement de l’Association et le renforcement de son offre de services ;
– l’animation et la diffusion des travaux de fond et prises de position du gf2i sur les enjeux majeurs du Numérique : innovation et réglementation dans les cadres français et européen en termes de souveraineté numérique, Intelligence Artificielle, régulation des Plateformes numériques, Gouvernance de la Data et Big Data, Open Data, Science ouverte, etc.
Après une double formation en droit (DEA à Paris 2) et en information-communication (Institut Français de Presse), j’ai porté pendant plusieurs décennies la croissance et la gestion du CFC (Centre Français d’exploitation du droit de Copie), organisme de gestion collective de droit d’auteur pour la presse et le livre, comme directeur juridique et directeur général.
J’ai donc une longue expérience du développement d’une organisation collective, de l’animation de ses instances ainsi que de l’élargissement de l’offre de services numériques, dans un secteur confronté à de nombreux bouleversements technologiques, économiques et réglementaires.
DC : Pouvez-vous nous éclairer sur la manière dont le gf2i envisage de renforcer son action auprès des institutions et des régulateurs, notamment dans le contexte des mutations profondes que connaît le secteur de l’information ?
Concrètement, cela signifie que nous participons aux travaux de plusieurs institutions, comme le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique dont le gf2i est membre. Nous participons à la plupart des missions ou commissions qui concernent notre domaine. Nous sommes particulièrement présents sur les sujets d'intelligence artificielle comme nous l’avons été sur le métavers.
En 2024, nous avons également mis en place un cycle de « Rencontres avec les régulateurs », les autorités administratives indépendantes comme l'ARCEP, la CNIL, l'Arcom ou encore la CADA. L'objectif est de créer un échange régulier sur des sujets définis, et d'ouvrir d'autres sujets de discussion en fonction des préoccupations de nos membres. Nous répondons aussi le plus souvent possible aux consultations publiques sur des sujets pertinents pour nous, comme nous l’avons fait, par exemple, à l’automne dernier sur les utilisations secondaires des données de santé.
Enfin, un autre axe de notre action est la mise en place de partenariats avec d'autres organisations. Par exemple, nous avons récemment conclu un partenariat avec l'ADBS, et d'autres partenariats sont à l'étude.
Le gf2i n'est pas un syndicat, c'est une association de réflexion et de travail où sont représentés de nombreux métiers. Des entreprises de nombreux secteurs, énergie, banque, technologique, édition ou encore information sur les entreprises sont représentées, ce qui nous permet de travailler sur des sujets variés avec différentes organisations. Par exemple, dans le secteur de l'information sur les entreprises, nous prévoyons de collaborer avec la FIGEC dont plusieurs membres du gf2i sont adhérents du gf2i comme Altares, Ellisphere ou Infolégale. Des échanges sont également en cours avec d’autres organisations, comme OpenDataFrance ou l’ANDSI.
DC : Pouvez vous nous faire partager votre expérience sur les premiers projets concrets nés de la collaboration avec l'ADBS, et les avantages que vous anticipez pour les membres du gf2i ?
Objectifs et Actions Concrètes :
1. Faciliter l’adhésion croisée des membres : Nous voulons encourager les membres des deux organisations à adhérer à l’autre, pour ceux qui ne sont pas encore membres.
2. Créer une offre de formation commune : L’ADBS a déjà un catalogue de formations riche, tandis que le gf2i n'a pas vocation à proposer des formations. Cependant, en collaborant, nous pourrions développer de nouvelles formations intéressantes pour les membres des deux organisations.
3. Suivre les travaux quotidiennement : Les deux associations ont adhéré l'une à l'autre pour suivre leurs travaux respectifs et collaborer plus étroitement.
4. Prises de position communes : Lorsque nécessaire, nous prendrons des positions communes sur des sujets pertinents.
Sur les formations, le catalogue de l’ADBS pourra être élargi avec des formations élaborées avec le gf2i, et les membres du gf2i pourront, le cas échéant donner conduire des formations à l'ADBS. À l’inverse les adhérents du gf2i pourront également bénéficier des formations de l’ADBS.
Nous n'avons pas encore fixé d'objectif précis en termes de calendrier. Nous préférons rester flexibles et adaptables dans la formalisation de ce partenariat. Cependant, nous espérons mettre en place quelque chose de concret d'ici septembre-octobre 2025. Si cela prend un peu plus de temps, ce sera pour début 2026.
DC : Pouvez-vous nous éclairer sur la position du groupement concernant la transparence des données d'entraînement des IA génératives ? Quel est votre vision au vue de votre expérience dans le domaine des droits d'auteurs ?
La transparence est l'un des outils principaux pour atteindre cet objectif de confiance.
Lorsque l'on aborde ces questions sous l'angle du droit d'auteur, il y a une forte demande pour que les services d'IA générative respectent les droits d'auteur, en particulier en Europe, où le règlement sur l'intelligence artificielle (RIA) prévoit clairement que les services doivent respecter le droit d'auteur et les droits voisins.
Le règlement prévoit ainsi que les systèmes d'IA doivent fournir des résumés des données qu'ils ont utilisées pour leur entraînement, y compris les œuvres protégées par le droit d'auteur. Ces résumés doivent être accessible au public et inclure les données provenant des entraînements successifs, pas seulement les entraînements initiaux.
La France avait pris l'initiative dans ce domaine, en missionnant dès le printemps 2024, la professeure de droit Alexandra Bensamoun dans le cadre du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique. Sa mission était de travailler sur l'obligation de transparence et de proposer un modèle de résumé des données utilisées par les systèmes d'IA. Son rapport, rendu au CSPLA en décembre dernier, inclut une proposition de modèle de résumé soutenue par de nombreux acteurs, dont le gf2i.
S’il est important de respecter les impératifs de protection du secret des affaires (les détails techniques sur les algorithmes ne doivent pas être divulgués), il est crucial de connaître les contenus et données utilisés pour entraîner et faire fonctionner les systèmes d'IA, car il faut, notamment, permettre aux ayants droit d’être en capacité d’exercer leurs droits. La mission du CSPLA a proposé un modèle de résumé détaillé, qui va aussi loin que possible dans le cadre de la réglementation européenne.
DC : Pouvez-vous nous faire partager votre expérience sur les ambitions et les modalités de l'atelier dédié aux données de santé ? Lancez-vous un appel à compétences ?
De plus, un cadre européen a été établi avec l'Espace européen des données de santé. Il est donc essentiel, au niveau national, de structurer et mettre en place quelque chose qui puisse s'intégrer dans ce cadre européen. Nous voulons contribuer à cette construction à travers un atelier dédié au sein du gf2i.
Nous cherchons actuellement des compétences spécifiques et explorons diverses pistes. J'espère que nous parviendrons à faire fonctionner cet atelier d'ici 2025. En ce moment, l'atelier n'est pas encore formalisé, bien que plusieurs personnes réfléchissent actuellement à sa structuration.
DC : Pouvez-vous nous éclairer sur la stratégie de communication du gf2i pour l'année 2025 ?
Notre présence auprès des autorités de régulation reste une priorité, comme je l'ai déjà mentionné. Nous exprimons nos positions à travers différents moyens de communication disponibles aujourd'hui, comme les réseaux sociaux, les newsletters, les communications ciblées lorsque nécessaire, et notre site internet. Ce dernier a déjà été partiellement revitalisé en 2024 et nous prévoyons de l'enrichir davantage. Nous utilisons également un réseau social interne pour mobiliser nos membres si besoin.
Quant aux événements, voici quelques-uns des principaux où nous serons présents cette année :
1. Data Business Day : Organisé cette semaine avec CAP Digital et la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée, cet événement a été un succès.
2. I Expo 2025 : Nous aurons une présence physique avec un stand et animerons trois ou quatre tables rondes portant sur la veille, l'analyse stratégique de l'information, l'ouverture des données publiques et privées, ainsi que l'intelligence artificielle et la science ouverte.
3. Rencontres François Gèze : Prévu le 28 mars au Sénat, cet événement est coorganisé par le Syndicat national de l'édition, la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée, et le gf2i, avec un programme centré sur « édition scientifique et IA » qui sera finalisé prochainement.
4. Biennale du numérique de l’ENSSIB en novembre prochain, dont le gf2i est partenaire et qui sera consacrée à la gouvernance des données.
Nous avons également un autre événement traditionnel, notre forum annuel, qui a lieu en juin lors de notre assemblée générale. Cette année, il se tiendra le 17 juin.
En ce qui concerne le salon Big Data & IA 2025, bien que nous ne soyons pas exposants, nous participons en assistant aux conférences pour en faire un compte-rendu destiné à nos membres. Nous avons trouvé cette approche efficace et comptons la renouveler cette année.
Nous organisons aussi des manifestations internes, telles que nos séries "décryptages", qui existent depuis plusieurs années et permettent de présenter des solutions nouvelles ou d'entendre des experts sur diverses thématiques. Une nouveauté cette année est le lancement des "grands entretiens" : des interviews vidéo de scientifiques et juristes sur des sujets d'actualité, diffusées en direct avec possibilité de replay, en nous appuyant sur les moyens matériels de Cairn.info.