
Quand le pouvoir altère la perception
Le pouvoir, par essence, modifie la perception de la réalité.
De nombreuses études en psychologie et en neurosciences ont démontré que les individus placés en position d'autorité – qu’elle soit hiérarchique ou fonctionnelle – développent une confiance en soi exacerbée, une diminution de leur empathie et une réduction de leur capacité à percevoir les signaux émanant de leur entourage.
Ce biais cognitif les pousse à croire qu'ils sont infaillibles et que leurs décisions sont les meilleures, indépendamment des faits rapportés ou des conseils qu'ils reçoivent.
De nombreuses études en psychologie et en neurosciences ont démontré que les individus placés en position d'autorité – qu’elle soit hiérarchique ou fonctionnelle – développent une confiance en soi exacerbée, une diminution de leur empathie et une réduction de leur capacité à percevoir les signaux émanant de leur entourage.
Ce biais cognitif les pousse à croire qu'ils sont infaillibles et que leurs décisions sont les meilleures, indépendamment des faits rapportés ou des conseils qu'ils reçoivent.
Un entourage complice
Le phénomène est souvent amplifié dans et par le premier cercle du décideur.
L’expérience de Milgram nous a appris que la croyance/conviction en la légitimité de celui qui incarne une autorité entraîne un changement drastique du seuil de capacité à le contredire. La peur de représailles, la volonté de plaire ou simplement la soumission à une figure d'autorité contribuent à créer une bulle informationnelle tautologique exempte de feedback critique.
Une spirale délétère s’installe et renforce la conviction déraisonnable de sa supériorité intellectuelle et stratégique du dirigeant auto-alimentant l'illusion de sa toute-puissance.
L’expérience de Milgram nous a appris que la croyance/conviction en la légitimité de celui qui incarne une autorité entraîne un changement drastique du seuil de capacité à le contredire. La peur de représailles, la volonté de plaire ou simplement la soumission à une figure d'autorité contribuent à créer une bulle informationnelle tautologique exempte de feedback critique.
Une spirale délétère s’installe et renforce la conviction déraisonnable de sa supériorité intellectuelle et stratégique du dirigeant auto-alimentant l'illusion de sa toute-puissance.
L'effet tunnel du « power trip » du décideur
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Lorsque le "power trip" s'installe, il engendre un véritable sentiment d’ivresse qui s’accompagne d’un effet tunnel : le décideur devient incapable d’envisager d’autres alternatives à la sienne et impose sa vision en éteignant tout réel débat.
Il en vient à confondre « intuition » avec « solution ».
S’érigeant en expert omniscient, il cumule les biais cognitifs : effet Dunning-Kruger, biais de confirmation, de cadrage, d’ancrage, de congruence, notamment.
Il en vient à confondre « intuition » avec « solution ».
S’érigeant en expert omniscient, il cumule les biais cognitifs : effet Dunning-Kruger, biais de confirmation, de cadrage, d’ancrage, de congruence, notamment.
L’existence des états métamotivationnels
Ce « power trip » s’explique particulièrement bien par l’existence des états métamotivationnels dérivés de la théorie du renversement développée par Michael Apter et Ken Smith.
Dans ce référentiel, le « power trip », ou l’ivresse du pouvoir résulte de la bascule du fonctionnement de la psyché du décideur dans un mode qualifié de « maîtrise » (contrôle) qui le pousse – indépendamment de sa propre volonté – à dominer les situations et les personnes.
Il se sent invincible et habilité à imposer sa volonté ; une dominance « autique » (orientée vers soi) de l’exercice de sa pensée, dans lequel le pouvoir devient une fin en soi, conduisant à une prise de décision égocentrique et une propension incontrôlable à rejeter les contraintes et les règles, et à agir impulsivement de manière à renforcer ses propres fantasmes de pouvoir.
Dans ce référentiel, le « power trip », ou l’ivresse du pouvoir résulte de la bascule du fonctionnement de la psyché du décideur dans un mode qualifié de « maîtrise » (contrôle) qui le pousse – indépendamment de sa propre volonté – à dominer les situations et les personnes.
Il se sent invincible et habilité à imposer sa volonté ; une dominance « autique » (orientée vers soi) de l’exercice de sa pensée, dans lequel le pouvoir devient une fin en soi, conduisant à une prise de décision égocentrique et une propension incontrôlable à rejeter les contraintes et les règles, et à agir impulsivement de manière à renforcer ses propres fantasmes de pouvoir.
Une écoute bloquée
Ce « power trip » entraîne une incapacité à s'adapter, à écouter ou à s'engager dans d'autres points de vue.
Ce phénomène s’observe couramment dans de nombreux contextes, qu'il s'agisse de la gestion de crises, de la gouvernance d'entreprises ou de la conduite des affaires publiques.
Ce phénomène s’observe couramment dans de nombreux contextes, qu'il s'agisse de la gestion de crises, de la gouvernance d'entreprises ou de la conduite des affaires publiques.
Des « antidotes » existent
Si la bascule des états métamotivationnels est inexorable et échappe à tout contrôle de la pensée, il est possible d’en limiter la portée par divers moyens.
D’abord en connaissant l’existence de la théorie du renversement et des états métamotivationnels et en apprenant à reconnaitre que l’on a basculé dans l’effet tunnel pour pouvoir en sortir.
Ensuite, en acquérant une culture cindynique pour se familiariser, par exemple, avec l’importance de la définition de la prise de risque qui correspond à une confrontation volontaire ou non— incertaine ou d'un terme indéterminée— d’un organisme à un danger, pouvant, en fonction de l’état de vulnérabilité— ou non— de l’organisme, engendrer (immédiatement ou à terme) soit un bénéfice (matériel ou moral), soit tout type de dommage (pour lui-même ou pour des tiers), soit les deux (simultanément ou séquentiellement).
D’autres définitions cindyniques de termes galvaudés comme le danger, la vulnérabilité ou la résilience sont à privilégier en complément.
Enfin en s’entourant d’un conseil de direction véritablement indépendant, composé de personnes capables de challenger les décisions et d’apporter des contre-arguments solides tout en gardant constamment à l’esprit la distinction entre l’expert, l’analyste, le conseiller et le décideur : l’expert éclairant sur la situation et ses conséquences probables, en se gardant bien de tout parti pris, l'analyste en hiérarchisant les clarifications, les hypothèses et les scénarios des experts en précisant les périmètres de compétences, de responsabilités et de décisions en jeu à l’aulne de la doctrine applicable, le conseiller en élaborant plusieurs stratégies alternatives en cohérence avec la situation telle qu’elle est comprise et à l’aulne de la doctrine applicable en collaboration avec les experts et analystes, le décideur pourra véritablement arbitrer entre les différentes stratégies proposées et veiller à la bonne coordination de la réponse qui en découle (planification, conduite, soutien logistique et tactique des effecteurs).
D’abord en connaissant l’existence de la théorie du renversement et des états métamotivationnels et en apprenant à reconnaitre que l’on a basculé dans l’effet tunnel pour pouvoir en sortir.
Ensuite, en acquérant une culture cindynique pour se familiariser, par exemple, avec l’importance de la définition de la prise de risque qui correspond à une confrontation volontaire ou non— incertaine ou d'un terme indéterminée— d’un organisme à un danger, pouvant, en fonction de l’état de vulnérabilité— ou non— de l’organisme, engendrer (immédiatement ou à terme) soit un bénéfice (matériel ou moral), soit tout type de dommage (pour lui-même ou pour des tiers), soit les deux (simultanément ou séquentiellement).
D’autres définitions cindyniques de termes galvaudés comme le danger, la vulnérabilité ou la résilience sont à privilégier en complément.
Enfin en s’entourant d’un conseil de direction véritablement indépendant, composé de personnes capables de challenger les décisions et d’apporter des contre-arguments solides tout en gardant constamment à l’esprit la distinction entre l’expert, l’analyste, le conseiller et le décideur : l’expert éclairant sur la situation et ses conséquences probables, en se gardant bien de tout parti pris, l'analyste en hiérarchisant les clarifications, les hypothèses et les scénarios des experts en précisant les périmètres de compétences, de responsabilités et de décisions en jeu à l’aulne de la doctrine applicable, le conseiller en élaborant plusieurs stratégies alternatives en cohérence avec la situation telle qu’elle est comprise et à l’aulne de la doctrine applicable en collaboration avec les experts et analystes, le décideur pourra véritablement arbitrer entre les différentes stratégies proposées et veiller à la bonne coordination de la réponse qui en découle (planification, conduite, soutien logistique et tactique des effecteurs).
Le respect du champ des compétences et des limites de chacun
Dans le même ordre d’idée, avoir une vigilance toute particulière sur la définition et le respect des périmètres de compétence, de décision, de responsabilité.
Dans un contexte où, là encore, la compétence est la capacité que possède une personne de porter un jugement de valeur dans un domaine dont elle a une connaissance approfondie, la décision est une action d’arbitrage, de détermination, de jugement, après délibération individuelle ou collective, la responsabilité est la charge entraînée par la prise de décisions importantes et obligeant celui qui en est investi à rendre compte de ses actes et de ses résultats à ceux qui la lui ont confiée.
Dans un contexte où, là encore, la compétence est la capacité que possède une personne de porter un jugement de valeur dans un domaine dont elle a une connaissance approfondie, la décision est une action d’arbitrage, de détermination, de jugement, après délibération individuelle ou collective, la responsabilité est la charge entraînée par la prise de décisions importantes et obligeant celui qui en est investi à rendre compte de ses actes et de ses résultats à ceux qui la lui ont confiée.
Le devoir impérieux de trouver un équilibre
Le "power trip" est une tentation permanente pour tout leader.
Il est aussi une menace qui peut compromettre son efficacité et la pérennité de son action.
La toute-puissance n'est qu'une illusion qui se dissipe souvent trop tard, lorsque les conséquences deviennent irréversibles.
La véritable force d’un décideur ne réside donc pas dans la croyance en son infaillibilité, mais dans sa capacité à piloter les situations en s’appuyant sur une équipe pluridisciplinaire agile, alimentée par des données fiables et vérifiables.
Seule cette posture permet d’exercer un pouvoir véritablement stratégique, loin des mirages de l’autorité absolue.
Il est aussi une menace qui peut compromettre son efficacité et la pérennité de son action.
La toute-puissance n'est qu'une illusion qui se dissipe souvent trop tard, lorsque les conséquences deviennent irréversibles.
La véritable force d’un décideur ne réside donc pas dans la croyance en son infaillibilité, mais dans sa capacité à piloter les situations en s’appuyant sur une équipe pluridisciplinaire agile, alimentée par des données fiables et vérifiables.
Seule cette posture permet d’exercer un pouvoir véritablement stratégique, loin des mirages de l’autorité absolue.
A propos du Dr Jan-Cédric Hansen
Le Dr Jan-Cedric Hansen est un médecin, praticien hospitalier, spécialiste reconnu à l’international dans le domaine stratégique de la médecine de catastrophe, il est, à ce titre, vice-président de plusieurs sociétés savantes et auteur d’un livre sur “Piloter et décider en situation sanitaire exceptionnelle” publié par les édition hospitalière (LEH) https://www.leh.fr/edition/p/piloter-et-decider-en-sse-9782386120244 .
Il a été le conseiller spécial du directeur général de l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS-WAHO) pendant la crise Ebola et, anime, entre autres, depuis plusieurs années, un séminaire d’une semaine sur l’impact des questions sanitaires dans les relation internationales Afrique-Europe dans le cadre des enseignements de l’Université Senghor.
Il a été le conseiller spécial du directeur général de l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS-WAHO) pendant la crise Ebola et, anime, entre autres, depuis plusieurs années, un séminaire d’une semaine sur l’impact des questions sanitaires dans les relation internationales Afrique-Europe dans le cadre des enseignements de l’Université Senghor.