RSE et Economie collaborative

« Quand les valeurs créent de la valeur »

En direct du Salon Produrable.


Jacqueline Sala


« Face au mur, on se bouge, le Covid l’a prouvé. 17 000 milliards ont été mobilisés. Le problème, c’est qu’avec l’environnement, c’est le mur qui bouge » Bertrand Barde.




QUAND LES VALEURS CRÉENT DE LA VALEUR

C’était le titre de la conférence inaugurale de Produrable qui a cherché à poser les termes et enjeux du thème choisi par les organisateurs de cette 17ème édition : Parlons valeur(s). Elle a rassemblé un beau plateau. Par ordre alphabétique : Bertrand BADRE, fondateur de ‘Blue like an Orange’ (fonds d’investissements ‘durables’) ; Jean-Emmanuel CHALLAN BELVAL
Cofondateur et CEO de Greenscope (conseils en reporting ESG) ; Eric LOMBARD
Directeur général - Caisse des Dépôts ; Elisabeth MORENO Ancienne Ministre, Présidente - RING CAPITAL ET RING AFRICA ; Charles Znaty Porte-Parole du MEDEF.  
Ils ont partagé dans une salle bien remplie, leurs visions et expériences du sujet. Principaux enseignements.

La valeur ‘Finance’ toujours en tête

Bertrand Barde nous le rappelle : « Le traité de Rome qui mettait en avant le paradoxe de la croissance infinie dans un monde fini, c’était en 1972. La question de l’objet social des entreprises, General Motors la posait en 1970.  Les accords de Paris ont près de 10 ans et nous sommes très loin du respect de ses objectifs ». La situation est donc grave. D’autant que les mentalités des investisseurs même dans un fonds aussi vertueux que le sien n’ont pas beaucoup changé ; « Le rendement, c’est le moteur ; l’impact c’est le cadeau »
 
Résultat : seules 20% des grandes entreprises en France semblent être sur la bonne pente pour respecter les objectifs de 2030 (-55% de réduction des GES). Et encore la France et l’Europe sont plutôt en avance.

Transition, Transformation ou Révolution ?

« Nous avons 10 ans pour faire un pivot » alerte Eric Lombard. La transition, c’est du trop long terme. La transformation,  c’est déjà plus conséquent. Mais ne faut-il pas aller sur la voie d’une révolution des mentalités et des systèmes.
Car attention « si on continue les conséquences du dérèglement climatique, sur le seul plan économique, peuvent être désastreuses : -20% du PIB mondial d’ici 2050 selon l’assureur Swiss Re » Sans compter les dégâts humains, sociaux, etc… Le sujet est sérieux et les engagements ne peuvent plus se prendre à la légère. Mais comment changer un système ?

La valeur… d’exemple


« Toutes les entreprises ont des valeurs. Problème : trop peu les incarnent » alerte Elizabeth Moreno. L’exemplarité des sociétés, de leurs dirigeants est pourtant indispensable si l’on veut faire bouger les choses.

Valeur d’exemple que la Caisse des dépôts tente d’incarner à travers différentes initiatives : Comité d’engagement avec (droit de véto sur le critère durabilité) et Comité des parties prenantes (qui émettent des avis public) veillent à l’éthique des 300 milliards d’investissements de l’institution et au suivi de son impact. Une approche qu’elle tente de partager au niveau international au sein de la ‘Net Zero Alliance’ ou de ‘Finance in common’ (400 institutions dans le monde)

« L’exemple, c’est aussi celui donné par le comportement de chacun » ajoute Charles Znaty.
Le Medef (200 000 entreprises) a d’ailleurs fait de la « Croissance responsable » sa raison d’être. Les entreprises sont prêtes à se prêter au nécessaire exercice d’objectivation de leurs impacts environnementaux et sociétaux mais elles se heurtent à la complexité des standards de reporting  La crainte sur une perte de compétitivité est également très présente.
 

Rester Optimiste

 
« Face au mur, on se bouge, le Covid l’a prouvé. 17 000 milliards ont été mobilisés. Le problème, c’est qu’avec l’environnement, c’est le mur qui bouge » précise Bertrand Barde qui croit quand même au grand sursaut.  Jean-Emmanuel Challan Belval .
La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) viennent percuter la valeur fondée sur la simple matérialité financière.  La Standardisation des normes est en cours et l’IA ouvre de nouvelles voies pour faciliter la modélisation des impacts. Les risques encourus par les entreprises qui ne les intègrent pas sont tellement importants, qu’elles n’auront d’autres choix que de transformer leurs modèles.
Et comme ces nouveaux modèles peuvent ouvrir de nouveaux débouchés (ex. marché de l’économie circulaire évalué à 4 500 Mds €), tous les espoirs sont permis.

Le format de la conférence ne permettait pas la séance de questions-réponses. Il en est une qui me brûlait les lèvres. Si, comme il a été souligné, « Tout ce qui ne se mesure pas est sans valeur » et si in fine, la valeur cardinale reste l’euro, le dollar ou le yen, êtes-vous bien-sûr que nous serons à la hauteur des défis à relever ? Remarque personnelle.

Quelles nouvelles valeurs ?

Difficile de s’accorder. D’autant qu’il faudra trouver un cadre universel, sauf à voir se transformer l’Europe en ‘Boboland’. «On demande à l’Afrique de se transformer (4% des émissions mondiales de GES) sans lui en donner les moyens » souligne Elizabeth Moreno. Ce n’est pas comme cela qu’on y parviendra. Attention à ne pas être considéré comme des donneurs de leçons. Remarque personnelle.

Merci Christophe Pouilly pour ce témoignage

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Christophe Pouilly est le Vice-Président exécutif de La Fabrique du Futur & Co, un "Do Tank" avec 59 associés. Il dirige et accompagne des structures publiques et privées dans la prospective et la transformation. Sa mission est de projeter ces structures dans le futur. Il est également formateur et dirige la branche "Do Tank" avec 57 associés, aidant les organisations à anticiper et s'adapter aux grandes transitions.