La situation actuelle de l'industrie automobile en Europe peut en effet faire penser à une "Bérézina" à venir, dans le sens où elle se trouve face à des défis majeurs qui pourraient entraîner des pertes considérables si des solutions adaptées ne sont pas mises en place (très) rapidement. Voici quelques enseignements à tirer et réflexions sur ce parallèle historique.
- 1. Manque de vision stratégique à long terme
- 2. Des décisions politiques lentes ou "mal réfléchies"
- 3. Sur-réglementation et perte de compétitivité
- 4. Importance de l'innovation
- 5. L'industrie automobile comme arme stratégique
- 6. Et le protectionnisme : pourrait-il stopper la "Bérézina" ?
- Conclusion
1. Manque de vision stratégique à long terme
Comme Napoléon et ses troupes à la Bérézina, l'industrie automobile européenne semble parfois manquer de vision claire à long terme.
Ce manque de vision stratégique à long terme dans l'industrie automobile européenne s'explique par plusieurs facteurs :
Ce manque de vision stratégique à long terme dans l'industrie automobile européenne s'explique par plusieurs facteurs :
- Les constructeurs européens ont longtemps dominé le marché des moteurs à combustion interne (essence et diésel) : leur succès dans ce domaine les ont rendus moins réactifs face à la transition nécessaire vers les véhicules électriques et hybrides. Les constructeurs européens ont souvent sous-estimé l'urgence des changements environnementaux et réglementaires.
- Réglementation européenne tardive : bien que l'Union Européenne impose désormais des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2, ces mesures ont été prises relativement tard. Cela a laissé aux constructeurs européens peu de temps pour adapter leurs chaînes de production, et certaines décisions politiques n'ont pas offert de clarté suffisante sur les priorités à venir (véhicules électriques vs. hydrogène, par exemple).
- Concurrence internationale : pendant que l'industrie européenne s'enlisait dans ses modèles traditionnels, les constructeurs chinois et américains (Tesla en tête) ont pris de l'avance sur les technologies de rupture comme l'électrification, les batteries et les voitures autonomes. L'Europe s'est retrouvée en position de retardataire plutôt que de leader dans ces secteurs.
- Manque d'investissement en R&D : l'industrie européenne a investi dans des améliorations progressives de la technologie existante plutôt que dans des innovations radicales. Cela a conduit à une stagnation des capacités technologiques dans des domaines clés comme l'électrification et les infrastructures de recharge.
- Problèmes de gouvernance interne : certaines grandes entreprises européennes sont souvent perçues comme ayant une structure décisionnelle rigide. Cela rend difficile la prise de décision rapide, nécessaire dans un environnement technologique qui évolue à très grande vitesse.
- Vision à court terme et rentabilité immédiate : beaucoup de constructeurs européens se sont concentrés sur des objectifs financiers à court terme, cherchant à maximiser les profits immédiats plutôt qu'à anticiper les évolutions du marché. Ce manque de préparation stratégique a généré de gros retards dans la transition vers une industrie plus durable.
Ce cumul de facteurs a mené à une adaptation lente, alors que les enjeux climatiques, les nouvelles attentes des consommateurs et la concurrence mondiale exigeaient une transformation bien plus rapide.
Aujourd'hui, il est clair que l'Europe, à force de retards répétés dans l'innovation, risque de perdre (définitivement) sa compétitivité face aux constructeurs américains (Tesla) et surtout asiatiques, notamment chinois (Aiways, Avatr, Byd, Chery, Denza, GWM, MG, NIO, Seres, Xiaomi, Xpeng, Zeekr).
Aujourd'hui, il est clair que l'Europe, à force de retards répétés dans l'innovation, risque de perdre (définitivement) sa compétitivité face aux constructeurs américains (Tesla) et surtout asiatiques, notamment chinois (Aiways, Avatr, Byd, Chery, Denza, GWM, MG, NIO, Seres, Xiaomi, Xpeng, Zeekr).
2. Des décisions politiques lentes ou "mal réfléchies"
Dans le cadre de l'industrie automobile européenne, les décisions politiques lentes ou "mal réfléchies" peuvent être expliquées de plusieurs manières :
1. Inertie politique
- Complexité des processus décisionnels : dans l'Union Européenne, la prise de décision implique de multiples acteurs (Etats membres, Parlement Européen, Commission Européenne), ce qui ralentit la mise en place de réformes structurantes. La nécessité d'obtenir des consensus allonge les délais, particulièrement pour des dossiers controversés comme la transition écologique.
- Manque de réactivité : les décideurs ont parfois sous-estimé la vitesse à laquelle les enjeux climatiques, technologiques et économiques allaient évoluer et s'imposer, en particulier la montée en puissance des véhicules électriques et de la concurrence internationale (notamment chinoise et américaine).
2. Pressions des lobbys dans l'UE
Dans l'UE, les groupes industriels et les syndicats de travailleurs ont un poids significatif sur les décisions politiques, souvent en faveur du maintien des technologies traditionnelles (moteurs thermiques) pour protéger les emplois et les profits à court terme. Cela a pu retarder l'adoption de réformes ambitieuses et nécessaires, comme la généralisation des véhicules électriques ou la mise en place de normes environnementales plus strictes.
3. Vision à court terme
- Priorité à la croissance économique immédiate : les gouvernements, soucieux des résultats électoraux à court terme, privilégient souvent des décisions qui favorisent la croissance rapide et le maintien des emplois traditionnels plutôt que d'investir dans des transformations profondes qui nécessitent du temps pour porter leurs fruits.
- Manque d'anticipation des tendances mondiales : les dirigeants ont parfois négligé l'accélération de certaines tendances mondiales, comme l'essor des énergies renouvelables et la demande croissante de voitures électriques, ce qui a conduit à des décisions non adaptées à la réalité du marché.
4. Décalage entre ambitions et moyens
Bien que certaines politiques soient ambitieuses sur le papier (objectifs de neutralité carbone par exemple), leur mise en œuvre souffre d'un manque continu de financement, d'infrastructures adéquates (stations de recharge pour véhicules électriques, par exemple) ou de coordination entre les Etats membres. Cela donne l'impression que ces décisions sont "mal réfléchies" car elles ne parviennent pas à atteindre les objectifs fixés.
5. Conflits d'intérêts politiques
Certains pays, comme l'Allemagne, qui est historiquement un poids lourd dans l'industrie automobile, ont tout fait pour maintenir les moteurs thermiques plus longtemps, en contradiction avec les objectifs écologiques de l'UE. Cela a forcément généré des compromis politiques qui ont pu affaiblir l'impact des décisions prises.
6. Réticences au changement
Les décideurs politiques et industriels sont souvent réticents à imposer des changements trop rapides par peur de déstabiliser des secteurs clés de l'économie (emplois, chaînes d'approvisionnement, etc.). Cela s'est traduit par des décisions insuffisamment audacieuses ou mal adaptées aux transformations nécessaires.
Ces facteurs cumulés expliquent pourquoi certaines décisions politiques ont été lentes, tardives ou "mal réfléchies", freinant la transition de l'industrie automobile vers un modèle plus durable et compétitif sur le marché mondial. Finalement, dans l'UE, on a imposé en continu des normes toujours de plus en plus contraignantes sans pour autant accompagner les acteurs industriels de manière efficace.
3. Sur-réglementation et perte de compétitivité
Une autre balle dans le pied pourrait être la sur-réglementation européenne. Alors que les constructeurs européens doivent composer avec des normes environnementales strictes et des coûts salariaux élevés, leurs concurrents internationaux (notamment chinois) bénéficient souvent de conditions plus souples. Cette sur-réglementation est souvent citée comme un facteur de perte de compétitivité dans l'industrie automobile européenne.
De quoi s'agit-il ?
1. Coûts accrus pour les entreprises
- Conformité réglementaire coûteuse : l'imposition de normes environnementales, de sécurité ou de travail extrêmement strictes peut entraîner des coûts élevés pour les entreprises. Par exemple, les constructeurs automobiles doivent investir massivement dans des technologies de réduction des émissions (moteurs hybrides, électriques) pour répondre aux normes européennes. Ces coûts de mise en conformité augmentent les prix de revient des véhicules, réduisant la marge bénéficiaire et augmentant le prix final pour les consommateurs, ce qui diminue la compétitivité sur les marchés mondiaux où les concurrents sont soumis à des réglementations moins strictes.
- Charges administratives : les entreprises doivent souvent "naviguer" à travers une bureaucratie complexe pour se conformer à la réglementation. Cela détourne des ressources humaines et financières des activités productives et de l'innovation, créant un handicap concurrentiel par rapport à des pays où la réglementation est plus souple et moins coûteuse à appliquer.
2. Rigidité dans l'innovation
- Frein à l'innovation : la sur-réglementation peut décourager les entreprises d'investir dans l'innovation, car elles sont obligées de consacrer une part disproportionnée de leurs ressources à respecter des normes existantes. Par exemple, en Europe, les constructeurs automobiles doivent investir une grande partie de leurs budgets de R&D pour adapter leurs produits aux standards environnementaux actuels, limitant ainsi leur capacité à investir dans des technologies de rupture (automatisation, véhicules autonomes ...) qui pourraient leur donner un avantage compétitif.
- Uniformité forcée : une réglementation trop contraignante impose des solutions standardisées et laisse peu de place à l'expérimentation. Cela empêche les entreprises de développer des stratégies originales ou de créer de nouveaux segments de marché qui pourraient renforcer leur compétitivité.
3. Compétition inégale avec les marchés internationaux
- Désavantage compétitif face à la Chine et aux Etats-Unis : les constructeurs européens doivent faire face à une concurrence internationale croissante, notamment en provenance de la Chine (Aiways, Avatr, Byd, Chery, Denza,GWM, MG, NIO, Seres, Xiaomi, Xpeng, Zeekr) et des Etats-unis (Tesla). Dans ces pays, les réglementations environnementales et sociales peuvent, c'est clair, être moins contraignantes ou plus pragmatiques, offrant ainsi un avantage compétitif aux fabricants étrangers. Par exemple, les fabricants chinois bénéficient d'une réglementation plus souple et de fortes subventions (diverses et variées) de leur gouvernement pour les véhicules électriques, ce qui leur permet de produire à moindre coût.
- Exportations pénalisées : les produits européens, fabriqués sous des règles strictes, sont souvent plus chers à produire, ce qui les rend moins compétitifs sur les marchés internationaux. Cela limite la capacité des entreprises à s'imposer sur des marchés à forte croissance, notamment en Asie ou en Amérique Latine, où les consommateurs sont très sensibles aux prix.
4. Rigidité du marché du travail
Réglementation sociale rigide : dans certains pays européens, les entreprises sont également confrontées à une réglementation stricte en matière de travail (droits des travailleurs, horaires, coût du travail), ce qui peut entraver leur capacité à s'adapter rapidement aux fluctuations du marché. Les coûts salariaux élevés et la difficulté à ajuster la taille des effectifs en fonction de la demande peuvent rendre les entreprises moins agiles et donc moins compétitives face à leurs concurrents internationaux.
5. Réduction des marges de manœuvre stratégiques
Décisions stratégiques restreintes : la sur-réglementation peut restreindre la capacité des entreprises à prendre des décisions rapides et stratégiques. Par exemple, les règles sur la réduction des émissions de CO2 et les interdictions de moteurs thermiques à horizon 2035 contraignent les constructeurs à redéfinir en urgence leur modèle économique, ce qui peut entraîner des erreurs de planification ou des investissements précipités dans des technologies encore immatures.
6. Risque de délocalisation
Déplacement de la production : en raison des contraintes réglementaires, certaines entreprises ont choisi de déplacer leurs opérations vers des régions où les normes sont plus souples. Cela a pu entraîner une désindustrialisation partielle en Europe, et une perte d'emplois et d'expertise technique, ce qui a affaibli l'écosystème industriel local et réduit la compétitivité globale de la région.
7. Instabilité réglementaire
Changements fréquents et imprévisibles : en plus de la sur-réglementation, la fréquence et l'imprévisibilité des changements législatifs compliquent la planification à long terme des entreprises. Les régulations sur les émissions de CO2 ou les normes de sécurité automobile, par exemple, évoluent régulièrement, rendant les investissements risqués pour les entreprises qui doivent constamment ajuster leurs produits et procédés.
La sur-réglementation entraîne une perte de compétitivité en augmentant les coûts de conformité, freine l'innovation et, enfin, crée un désavantage face à des concurrents internationaux soumis à des règles moins strictes. Un équilibre à trouver serait donc nécessaire (et urgent) entre régulation et souplesse pour que l'industrie automobile européenne puisse rester à la fois compétitive et "durable".
4. L'IMPORTANCE DE L'INNOVATION
L'un des grands enseignements militaires de la bataille de la Bérézina est la nécessité d'une adaptation (très) rapide aux conditions imposées par le terrain.
Aujourd'hui, les acteurs de l'industrie automobile doivent miser sur l'innovation pour survivre et prospérer : développement des véhicules autonomes, amélioration des batteries, production plus durable, etc.
Ceux qui s'accrochent aux vieux modèles risquent de connaître le même sort que l'armée napoléonienne, piégée par l'hiver et les erreurs tactiques.
L'importance de l'innovation dans l'industrie automobile européenne, particulièrement pour les véhicules électriques, est cruciale pour répondre aux défis économiques, environnementaux et technologiques de demain.
L'innovation dans ce secteur ne se limite pas à l'amélioration des véhicules eux-mêmes, mais touche également à l'ensemble de l'écosystème, des infrastructures de recharge aux modèles économiques.
1. Maintien de la compétitivité face à la concurrence mondiale
Compétition croissante : les constructeurs automobiles européens font face à une concurrence féroce de la part de fabricants étrangers, notamment chinois et américains, qui dominent le marché des véhicules électriques. Tesla, par exemple, s'est imposé comme un leader en matière d'innovation dans les batteries, la conduite autonome, et les logiciels de gestion des véhicules. Les entreprises européennes doivent innover pour rester compétitives et conserver leurs parts de marché.
2. Réponse aux réglementations environnementales
Normes strictes de l'UE : l'Union Européenne a fixé des objectifs ambitieux pour la réduction des émissions de CO2, avec des sanctions sévères pour les constructeurs qui ne respectent pas les seuils. L'innovation dans les technologies des batteries, la gestion énergétique et les matériaux est indispensable pour répondre à ces exigences. Cela inclut des batteries plus performantes, des systèmes de gestion de l'énergie intelligents, et des moteurs électriques plus efficaces.
3. Amélioration de l'autonomie et de la performance des véhicules électriques
Autonomie des batteries : l'un des principaux freins à l'adoption massive des véhicules électriques est l'autonomie limitée des batteries et le temps de charge. L'innovation dans les technologies des batteries est essentielle pour améliorer ces deux aspects. Des batteries plus légères, à plus grande capacité et capables de se recharger rapidement encourageraient une adoption plus large des véhicules électriques par les consommateurs.
4. Création de nouveaux modèles économiques et services
Mobilité partagée et connectée : l'innovation dans les technologies numériques ouvrirait la voie à de nouveaux modèles économiques basés sur la mobilité partagée, la connectivité des véhicules et l'intégration de services numériques. Par exemple, les constructeurs européens devraient innover au plus vite pour intégrer les véhicules électriques dans des plateformes de mobilité urbaine, comme les services de covoiturage, de location ou d'abonnement.
5. Amélioration de l'expérience utilisateur
Connectivité et automatisation : l'innovation dans les systèmes embarqués, comme les interfaces homme-machine, les systèmes de navigation avancée, ou encore la conduite autonome, permet de créer une expérience utilisateur unique et fluide. L'automobile devient non seulement un moyen de transport, mais un espace connecté, confortable et intelligent.
6. Soutien à l'infrastructure et à la logistique de recharge
- Infrastructures de recharge : l'innovation ne concerne pas uniquement les véhicules, mais aussi le développement d'infrastructures de recharge. Des solutions comme la recharge sans fil, les superchargeurs rapides, ou encore l'intégration des véhicules électriques dans les réseaux intelligents (smart grids) sont cruciales pour soutenir l'adoption massive des véhicules électriques. Ces innovations permettront de résoudre l'une des principales inquiétudes des consommateurs : la disponibilité et la rapidité des points de recharge.
- Gestion intelligente de l'énergie : l'innovation dans la gestion des flottes de véhicules électriques, en optimisant leur recharge et leur utilisation via des algorithmes intelligents, permettra de maximiser l'efficacité énergétique et de minimiser les temps d'arrêt, ce qui est particulièrement important pour les entreprises de logistique ou de transport public.
7. Rôle clé dans la durabilité et l'économie circulaire
- Recyclage des batteries : l'un des plus grands défis environnementaux pour les véhicules électriques est le recyclage des batteries. L'innovation dans la gestion du cycle de vie des batteries, comme le développement de techniques de recyclage plus efficaces et moins coûteuses, est essentielle pour rendre les véhicules électriques véritablement durables. En Europe, des initiatives émergent pour améliorer le recyclage des matériaux critiques (lithium, cobalt, nickel).
- Réduction de l'empreinte écologique : l'innovation permet également d'améliorer l'efficacité énergétique des processus de production et de réduire l'empreinte écologique des véhicules eux-mêmes, en utilisant des matériaux recyclés ou en optimisant la chaîne d'approvisionnement.
L'innovation est donc le moteur central de l'industrie automobile européenne pour garantir sa compétitivité face à la concurrence mondiale, répondre aux exigences environnementales croissantes, et s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs.
Dans un contexte où la mobilité durable et l'électrification des transports sont en pleine expansion, l'innovation dans les technologies des batteries, les systèmes connectés et les infrastructures de recharge est plus que jamais cruciale : elle permettra à l'industrie automobile européenne de rester à l'avant-garde de cette révolution technologique, tout en contribuant à la transition écologique globale.
5. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE COMME ARME STRATÉGIQUE
L'industrie automobile européenne, en particulier avec la montée des véhicules électriques, joue un rôle stratégique majeur, à la fois en termes de puissance économique, de souveraineté industrielle et de transition écologique. Considérer cette industrie comme une arme stratégique s'appuie sur plusieurs éléments cruciaux pour l'Europe dans un contexte globalisé et concurrentiel.
1. Poids économique et influence industielle
- Secteur clé pour l'économie européenne : l’industrie automobile représente environ 7 % du PIB de l’Union Européenne et génère plus de 13 millions d’emplois (directs et indirects). Les grands constructeurs (Volkswagen, Renault, Stellantis, BWM, Mercedes-Benz) sont des acteurs majeurs de l’économie européenne. Cette industrie est non seulement essentielle pour la croissance économique, mais elle influe également sur d’autres secteurs clés, comme la métallurgie, la chimie et l’électronique.
- Base industrielle forte : l’industrie automobile européenne a développé des chaînes d’approvisionnement complexes, avec des réseaux de sous-traitants et des infrastructures logistiques de classe mondiale. Cela confère à l'Europe une position de force dans l'économie mondiale, tout en garantissant une certaine autonomie industrielle face aux grandes puissances concurrentes comme les Etats-Unis et la Chine.
2. Souveraineté technologique et industrielle
- Indépendance stratégique face à la concurrence mondiale : la maîtrise des technologies automobiles, notamment dans le domaine des véhicules électriques, des batteries et de la conduite autonome, est essentielle pour la souveraineté industrielle européenne. Dépendre de pays comme la Chine pour des composants critiques, comme les batteries ou les matériaux rares, affaiblirait la capacité de l'Europe à maintenir son indépendance technologique et à répondre aux besoins stratégiques de ses industries.
- Développement des batteries europénnes : l'Union Européenne a lancé des projets ambitieux pour réduire sa dépendance aux importations asiatiques de batteries électriques, notamment via la création de « gigafactories » en Allemagne, en France et dans d'autres pays. Ces initiatives visent à sécuriser l'approvisionnement en batteries et à renforcer la souveraineté technologique dans un domaine clé pour l'avenir de la mobilité.
3. Transition énergétique et écologie
- Leadership dans la transition vers une économie verte : l'industrie automobile européenne est au cœur des efforts de transition écologique du continent, notamment via la promotion des véhicules électriques et hybrides. L'atteinte des objectifs climatiques de l'Union Européenne, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la neutralité carbone d'ici 2050, dépend en grande partie de la capacité de l'industrie automobile à innover et à transformer la mobilité.
- Innovation écologique comme arme économique : en menant la transition vers des véhicules plus écologiques, l’Europe se positionne comme un leader mondial de la mobilité durable. Cela offre un avantage concurrentiel significatif à long terme, en anticipant les réglementations environnementales strictes qui seront adoptées mondialement. L’innovation dans les technologies vertes et le recyclage des matériaux critiques pourrait aussi permettre à l’Europe de conquérir de nouveaux marchés et de s’affirmer comme pionnière de l’industrie verte.
4. Capacité à résister aux chocs économiques
- Résilience économique et industrielle : l'industrie automobile européenne a une capacité historique à absorber les chocs économiques, comme la crise financière de 2008 ou les perturbations dues à la pandémie de Covid-19. Cette résilience, renforcée par des politiques de soutien, des programmes de relance, et des investissements massifs dans l'innovation, confère à l'Europe un levier stratégique face aux crises économiques mondiales. En renforçant ses capacités industrielles, l'Europe se prémunit contre la perte de compétitivité ou les dépendances extérieures.
- Adaptation rapide aux bouleversements mondiaux : l'adoption rapide de nouvelles technologies, comme l'électrification et la digitalisation des véhicules, ainsi que l'intégration de services de mobilité connectée, montre la capacité de l'industrie automobile à anticiper et à s'adapter aux grandes tendances du futur. Cela permet à l’Europe de renforcer son rôle de leader technologique et industriel face aux géants mondiaux.
5. Puissance géopolitique et influence globale
- Instrument de pouvoir sur la scène internationale : une industrie automobile puissante permet à l'Europe de peser davantage dans les négociations commerciales internationales. L'exportation de véhicules européens, reconnus pour leur qualité, confère à l’Europe un avantage en termes de balance commerciale et de soft power. Les constructeurs européens, en s'implantant à l’étranger, participent à l'influence économique et culturelle du continent.
- Pression dans les négociations commerciales : l’industrie automobile européenne joue un rôle central dans les négociations commerciales avec d'autres puissances. Les exportations de voitures et de technologies automobiles représentent des leviers importants dans les discussions avec les Etats-unis, la Chine ou d’autres grands marchés émergents. De plus, le maintien de tarifs douaniers protecteurs ou l’obtention de concessions dans les accords commerciaux sont souvent directement liés aux intérêts de l’industrie automobile.
6. Création d'un écosystème innovant et d'excellence
- Pôle d'innovation en Europe : l’industrie automobile européenne est un centre d'excellence en matière de recherche et développement (R&D). Les constructeurs automobiles collaborent avec des startups, des universités et des centres de recherche pour développer des technologies innovantes, que ce soit dans l'intelligence artificielle, les matériaux avancés ou les batteries. Cela renforce l’Europe comme pôle technologique global et moteur de l'innovation industrielle.
- Stimulus pour d'autres industries : l'industrie automobile, en innovant dans des secteurs comme la batterie, les matériaux ou la connectivité, stimule également d'autres industries stratégiques, comme l’électronique, l’intelligence artificielle ou les énergies renouvelables. Cela crée un cercle vertueux d'innovation, qui accroît la compétitivité globale de l’Europe.
L'industrie automobile européenne est bien plus qu'un simple secteur économique. Elle constitue une véritable arme stratégique pour l'Europe. Elle est un vecteur d’influence économique et géopolitique, un moteur de la transition écologique et un pilier essentiel de la souveraineté technologique.
En renforçant ses capacités d'innovation, en développant des infrastructures de production locales, et en investissant dans des technologies de rupture comme les véhicules électriques et autonomes, l’Europe pourrait s’affirmer comme un leader mondial dans l’industrie automobile de demain, tout en assurant sa résilience face aux défis mondiaux.
L'industrie automobile a toujours été en effet, en Europe, un symbole de puissance économique.
6. ET LE PROTECTIONNISME ? POURRAIT-IL STOPPER LA "BÉRÉZINA"
Le protectionnisme pourrait être envisagé comme une solution pour protéger l'industrie automobile européenne, mais cela comporterait des risques et des limites.
- Arguments en faveur du protectionnisme
- Protection contre la concurrence étrangère
En augmentant les taxes sur les importations ou en imposant des quotas, les gouvernements européens pourraient rendre les véhicules importés plus chers, donnant un avantage compétitif aux constructeurs locaux.
- Préservation des emplois
L'industrie automobile européenne emploie plus de 13 millions de personnes (directes et indirectes). Des politiques protectionnistes pourraient aider à éviter des pertes d'emplois massives en rendant l'environnement économique plus favorable pour les fabricants locaux.
- Encouragement de la production locale
En réduisant la concurrence étrangère, les entreprises européennes pourraient avoir plus de temps pour innover et renforcer leur compétitivité dans des domaines comme les véhicules électriques et les technologies vertes.
2. Limites et risques du protectionnisme
- Répercussions sur le commerce mondial
Le protectionnisme pourrait entraîner des représailles immédiates de la part d'autres pays, ce qui pourrait réduire l'accès des constructeurs européens à des marchés étrangers. Cela est particulièrement risqué pour les entreprises qui exportent une grande partie de leur production (Cognac français en Chine par exemple).
- Augmentation des prix pour les consommateurs
En limitant l'importation de véhicules moins chers, les consommateurs européens pourraient voir une augmentation des prix, ce qui pourrait affecter la demande des véhicules électriques.
- Frein à l'innovation
Un marché protégé peut réduire l'incitation à innover rapidement. Si les entreprises européennes sont protégées de la concurrence mondiale, elles pourraient être alors moins enclines à adopter les dernières technologies ou à améliorer l'efficacité de leur production.
Finalement, bien que le protectionnisme puisse offrir une protection temporaire à l'industrie automobile européenne, il pourrait aussi nuire à long terme à sa compétitivité internationale. Des politiques plus équilibrées, combinant innovation, soutien gouvernemental et ouverture commerciale, pourraient être plus durables pour l'avenir de ce secteur.
CONCLUSION
Sommes-nous condamnés dans l'Union Européenne à "nous tirer des balles dans le pied" en matière de véhicules électriques et de véhicules tout court?
Pas nécessairement (à ce jour), mais cela dépendra de la capacité de l'Europe à apprendre de ses erreurs passées, à éviter les décisions court-termistes, et à se positionner stratégiquement sur le présent et le futur (de façon réaliste et coordonnée) en misant surtout sur l'innovation et, temporairement, sur un subtil dosage de protectionnisme limité.
La "Bérézina" pourrait être évitée si l'on parvenait à trouver un juste équilibre entre compétitivité, innovation, respect de l'environnement et protection des emplois dans cette phase de transition cruciale. Facile à dire ! Très difficile à faire !
Une chose est sûre: il y a urgence à agir vite, de façon coordonnée, réaliste et efficace ...
Pas nécessairement (à ce jour), mais cela dépendra de la capacité de l'Europe à apprendre de ses erreurs passées, à éviter les décisions court-termistes, et à se positionner stratégiquement sur le présent et le futur (de façon réaliste et coordonnée) en misant surtout sur l'innovation et, temporairement, sur un subtil dosage de protectionnisme limité.
La "Bérézina" pourrait être évitée si l'on parvenait à trouver un juste équilibre entre compétitivité, innovation, respect de l'environnement et protection des emplois dans cette phase de transition cruciale. Facile à dire ! Très difficile à faire !
Une chose est sûre: il y a urgence à agir vite, de façon coordonnée, réaliste et efficace ...
Merci Christophe Stalla-Bourdillon pour cette analyse en profondeur des enjeux et défis qui se posent à l'Industrie Automobile Française et Européenne.
Christophe Stalla-Bourdillon est un consultant international spécialisé en intelligence économique, géostratégie et relations internationales. Diplômé de langues étrangères, de l'ESSEC et d'institutions militaires, il a apporté son expertise auprès de grandes organisations, dans l'industrie (fusions & acquisitions, export, import) et pour l'État français.
Il est également professeur à l'ICN Business School et à l'Ecole Polytechnique, où il enseigne l'intelligence économique et la géostratégie.
Christophe Stalla-Bourdillon est polyglotte, maîtrisant plusieurs langues étrangères, et a visité officieusement plus de 140 pays au cours de sa carrière. Il fut également membre du Comité national MEDEF pour l'intelligence économique et a co-édité un rapport pour le Premier ministre français en 2004.
Il est également professeur à l'ICN Business School et à l'Ecole Polytechnique, où il enseigne l'intelligence économique et la géostratégie.
Christophe Stalla-Bourdillon est polyglotte, maîtrisant plusieurs langues étrangères, et a visité officieusement plus de 140 pays au cours de sa carrière. Il fut également membre du Comité national MEDEF pour l'intelligence économique et a co-édité un rapport pour le Premier ministre français en 2004.
C'est un globe-trotter passionné par les questions économiques et stratégiques à l'échelle mondiale.
Contexte
Pour comparer la défaite de la Bérézina et la situation future de l'industrie automobile en Europe en utilisant des chiffres, on peut créer un parallèle symbolique et non "scientifique" basé sur des indicateurs de perte, de survie, et d'adaptation face à des crises.
1. Défaite de la Bérézina (1812) :2. Industrie automobile en Europe (situation actuelle et à venir) :
- Taille de l'armée de Napoléon : Avant la campagne de Russie, environ 600 000 hommes.
- Pertes : Lors du passage de la Bérézina (retraite de la Grande Armée de Russie), environ 25 000 soldats français périssent ou sont capturés. À la fin de la campagne, seuls 10 000 à 30 000 survivants rentrent en France.
- Taux de perte (à l'issue de la campagne de Russie) : Plus de 90 % de l'armée de départ.
- Adaptation stratégique : Après la défaite, Napoléon a dû réorganiser ses forces pour continuer à gouverner et défendre son empire.
3. Comparaison symbolique :
- Taille du marché automobile : Environ 12,1 millions de véhicules vendus en 2024 dans l'UE (prévision).
- Pertes attendues :
- La transition vers les véhicules électriques pourrait entraîner une perte d'emplois significative. Des études parlent de 500 000 à 600 000 emplois à risque dans les prochaines années.
- Des constructeurs traditionnels pourraient disparaître ou être forcés de fusionner.
- Taux de perte estimé : On pourrait voir une réduction de 20 à 30 % des volumes de production et d'emploi dans les secteurs traditionnels (essence/diesel) d'ici 2030.
- Adaptation stratégique : Les constructeurs doivent investir massivement dans la transition écologique et l'innovation pour survivre (électrification, digitalisation, intelligence artificielle). Des chiffres de croissance dans les véhicules électriques et hybrides montrent des hausses de 20% annuelles, mais à partir d'une base encore faible.
Ce parallèle montre que la crise que l’industrie automobile pourrait affronter requiert une transformation massive, avec de lourdes pertes dans les secteurs traditionnels et une capacité de résilience pour se réorienter vers l’innovation et la "durabilité".
- Événement catastrophique : Pour l'armée napoléonienne, la Bérézina a représenté une hécatombe et une retraite forcée ; pour l'industrie automobile, la transition vers les technologies vertes pourrait représenter une "Bérézina" si elle n'est pas bien gérée.
- Taux de perte : Si l'on compare les pertes humaines et industrielles en pourcentages, on pourrait dire que l'industrie automobile pourrait perdre un pourcentage similaire d'emplois et de parts de marché à celui que l'armée napoléonienne a perdu en soldats à la Bérézina.
- Survie des plus résilients : Tout comme une minorité de soldats a survécu en réorganisant leurs forces, seuls les constructeurs qui se réinventent (ex. Tesla, les fabricants chinois, et ceux qui investissent dans la technologie verte) pourraient prospérer dans ce nouveau contexte industriel.