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Relations France/Chine. L’accueil des cuisines occidentales modifient-elles les habitudes alimentaires chinoises ? »

Talleyrand "Donnez-moi de bons cuisiniers, je me charge du reste".


David Commarmond
Lundi 20 Octobre 2014




Le 14 octobre 2014 de 19h à 22h30, à la Maison de la Chine 76, rue Bonaparte, (Place Saint-Sulpice), 75006 Paris, organisée par le club Chine EMLYONFOREVER, s'est tenue une conférence sur le thème « Cuisine et gastronomie chinoises : entre traditions et modernité ». L’accueil des cuisines occidentales modifient-elles les habitudes alimentaires chinoises ? »
 
Placée sous le signe de la gourmandise entre deux identités culturelles très fortes ,cette soirée était un pont culinaire entre deux éléments de cette identité : la cuisine.
 
Pour répondre à ces questions, des intervenants prestigieux, experts dans leur domaine sont venus rassasier les esprits les plus curieux. 
Mme Isabella OBRIST, fut chargée en tant qu'auteur de « Petit ventre heureux, Cuisinez pour votre santé » d'ouvrir l'appétit intellectuel de la salle et de nous faire saliver devant une culture des plus riches dans ses variantes et sa diversité. Toutefois devant cette profusion de plats et de goûts, la dimension bien être et santé de la cuisine chinoise, se veut avant tout diététique, médicinale.
M. Christophe PRADERE, PDG fondateur de BETC Design a pris ensuite la parole et a approfondi les notions évoquées, de Qi, d'énergie mais insista davantage sur une autre dimension de la gastronomie chinoise, les traditions culturelles en analysant et comparant les codes esthétiques et symboliques des marques d’alcool et des rituels.
 
L'alcool est un élément commun au patrimoine culturel humain. Cette consommation est donc commune aux deux cultures. Pourtant les valeurs auxquelles elles sont associées sont différentes. En Europe, elle est commune à toutes les couches sociales. Sa consommation est avant tout un signe de reconnaissance sociale et d'appartenance, en un mot de pouvoir (symbolique) temporel, militaire et spirituel.
 
Les vins, les châteaux, les alcools forts utilisent très souvent les symboles et artefacts liés à l'héraldisme, comme les blasons, les couronnes, les épées, les sceaux et cachets afin de s'inscrire dans un territoire et dans une histoire réelle, fantasmée, parfois imaginaire. Les breuvages les plus précieux, les plus nobles, se réclament de la « Royauté et des Princes », véhiculant ainsi des valeurs d'élitisme, de préciosité, de privilèges. Tandis que d'autres évoquant le thème de la chevalerie, véhicule des valeurs militaires, de camaraderie, de compagnonnage, de noblesse, de confréries. D'autres enfin, évoquent des valeurs plus spirituelles comme les chartreuses.
 
Dans la culture chinoise, la nature a une place beaucoup plus importante. Les industriels et les marques jouent avec les codes et symboles. Par certains côtés, les signes extérieurs font apparaître des éléments très proches de nous. Pourtant la consommation d'alcool diffère par certains aspects.
 
Les codes impériaux se retrouvent souvent sur les bouteilles de très grande qualité et de très grand prix. Par leur morphologie, les bouteilles reprennent souvent la forme des hauts dignitaires. La présence des sceaux finissent de jouer avec le mimétisme des codes.
 
Car contrairement à ce qu'on pourrait penser, la Chine même communiste, a toujours été fière de son histoire. Et les codes impériaux ne sont pas ignorés pour autant. Les trésors nationaux sont l'équivalent de nos monuments nationaux appliqués aux artisans dépositaires d'un savoir-faire unique et d'un dévouement exemplaire à leur discipline. Les « Marco-polo », associent les codes des deux univers et se sont développés en Chine avec l'ouverture de la Chine à l'Occident, c'est à dire depuis 1990.
 
Les marques cherchent donc à entretenir et régénérer leurs imaginaires. Elles tendent aussi toutefois à modifier leur environnement en influençant et modifier ses modes de consommation par l'instauration de rituels.
 
Joël BELLASSEN, directeur de recherche à l'Institut national des langues orientales, fut le plat de résistance. Il eût la difficile tâche de dessiner une cartographie des différents systèmes, sous-systèmes et hors-systèmes qui font les subtilités des cuisines chinoises.
La cuisine actuelle plonge ses racines dans de nombreux éléments qui au cours du temps se sont sédimentés, amalgamés, mélangés et pour finir forésg l'histoire culinaire de ce pays.
 
Afin de nous faire voyager, et rendre celui plus digeste, il dessina une carte avec les 4 principaux systèmes chinois avec toute la poésie de ses rencontres qu'il a pu faire et de leurs caractéristiques propres.
 
La cuisine Huaiyang : une belle et charmante jeune fille de la chine classique.
Le Shandong très sucré, un robuste gaillard du Nord
La cuisine cantonaise : un prince noble et distingué
La cuisine du Sichuan : un lettré talentueux et vif d’esprit
 
Un petit rappel mnémotechnique pour se souvenir de leurs caractéristiques :« Sucré au sud, salé au nord, piquant à l’Ouest, Acide à l’Est ».
 
La cuisine chinoise est un hymne à la nature, elle se conçoit avec des produits avant tout frais. L'Equilibre est le maître mot de la cuisine chinoise. Entre le cuit et le crû, la cuisine chinoise joue avec tous nos sens, y compris les couleurs.
 
Elle peut être impériale, mandarinale, travaillée, végétarienne, pour les temples notamment et peut imiter le goût et la texture de la viande, médicinale. Elle est aussi ouverte aux influences et intégrer d'autres cultures comme la cuisine de la Clarté et de la Vérité (cuisine musulmane intégrée à la cuisine chinoise).
 
Mmes Séverine DISSARD, vice-présidente des relations européennes du GCIC, conseils en export et ancien membre associé à la Chambre de Commerce de Versailles, et Sandra PAINBENI, enseignant-chercheur en marketing du vin, intervenante notamment à la School of Wine & Spirits Business du Groupe ESC Dijon-Bourgogne et auteur de La Chine aime les Vins de France (Editions Kawa),ont conclu la soirée.
 
Citant Talleyrand "Donnez-moi de bons cuisiniers, je me charge du reste". Tout au long du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, le menu avait une place réservée dans les comptes rendus des rencontres protocolaires. Preuve que la gastronomie était tout aussi importante que la qualité des convives et la qualité des discussions dans les échanges diplomatiques.
 
N'est-il pas vrai que dans de nombreux contextes, pour annoncer une nouvelle « La cuisine et la gastronomie contribuent à la détente des relations » ? C'est un instrument de "soft-power" dont la reconnaissance émerge à nouveau peu à peu. La Suisse et la Thaïlande, par exemple, en font une priorité nationale.
 
Le concept même de gastro-diplomatie émerge aujourd'hui et fait l'objet d'un cours à l'Université de Washington. Et ce n'est peut-être pas anodin si l'exposition universelle de Milan, en 2015 aura pour thème "nourrir la planète", et verra ainsi passer à l'offensive la Suisse pour valoriser certaines spécialités, en lien avec des qualités réelles ou supposées liées au pays.
 
Nouveau territoire de conflits, les oppositions ou revendications culinaires peuvent cristalliser les rivalités entre les peuples et le soft-power se durcit de manière perceptible (par exemple le Keşkek turc contre Harissa arménien...).
 
Et bien sûr comment ne pas relever la récente polémique durant la visite officielle du président chinois cette année en France provoquée par le commentaire de Mme le ministre du commerce extérieur qui a émis une critique très déplacée sur le menu servi à cette occasion par les cuisines de l’Élysée.
 
Reprise par les médias et devenant virale, cette critique provoqua une réunion de crise de la cellule élyséenne qualifiant cet événement « d'incident gastronomique ».
 
La France n'est pas en reste, et les acteurs de ce secteur économique y voit une grande importance à la défense de leurs intérêts, que ce soit pour "l'oenotourisme" ou "l'agrotourisme", mais aussi l'image de marque des produits, la qualité des méthodes de production, le travail et les progrès effectués sur la traçabilité qu'ils possèdent depuis 20 ans.
 
Des opérations sont en cours, par exemple à Suzhou, pour promouvoir, dans un parc dédié, la gastronomie et l'art de vivre à la française.
 
Sandra PAINBENI a pris ensuite la relève et aborda l'aspect promotionnel et éducationnel aux goûts étrangers porté par certains salons ou événements spécialisés. Car sans évangélisation, il y a peu de chance de conquérir de nouveaux marchés et faire connaître sa culture.
 
Deux événements, les salons Omnivore et Vinisud furent évoqués et mis en valeur, sans toutefois que nous puissions vraiment avoir conscience de la démesure que ceux-ci doivent avoir sur le terrain.
 
De nombreux acteurs français sont présents en Chine et mènent des actions à l'étranger, par exemple à Shanghai, depuis deux ans, Omnivore, un festival de cuisine internationale, créé en 2003. Ce festival a signé un partenariat avec Inter-Rhône, pour promouvoir les vins de la vallée du Rhône au travers des rencontres entre professionnels, de master-classes et de dîners événements. Cette action permet de faire connaître d'autres vins français que les Bordeaux.
 
La valorisation de la cuisine occidentale en Chine reste toutefois à faire, car le rôle du Chef, tel que nous le percevons et qu'il existe en France n'est pas perçu en Chine, où il reste essentiellement un exécutant, un employé. Ce sujet fera l’objet d’une soirée du Club Chine EMLYON FOREVER en 2015.
 
La clientèle des restaurants occidentaux en Chine est par ailleurs essentiellement le fait d'expatriés et de chinois aisés, hormis bien sûr quelques exceptions.
 
Vinisud Asia est un autre exemple d’événement de promotion, qui se calque sur Omnivore. C'est le premier salon 100% dédié au vin qui se tient aussi à Shanghai, depuis 2013. Il regroupe tous les vins méditerranéens. Destiné aux professionnels, futurs prescripteurs chinois, il a pour but de développer la connaissance de ces vins auprès du futur consommateur chinois.
 
Il s'accompagne d'une éducation aux accords mets-vins via des événements interactifs. Il s'accompagnera cette année d'un événement associé à l'huile d'olive, afin d'étendre la connaissance de ces spécificités culinaires méditerranéennes.
 
En conclusion, nous sommes bien au stade de l'évangélisation et commençons tout juste à mener des opérations de séduction. Et comme recommandé, c'est devant un buffet chinois que les échanges se poursuivirent pendant encore une heure.
 
Le développement récent des cuisines occidentales en Chine fera l’objet d’une manifestation à part entière autour d’entreprises qui partageront leur analyse et leur expérience.
 
Pour plus d’information sur ce sujet et sur la programmation 2015 du Club Chine EMLYON FOREVER, vous pouvez contacter M. Jean-Christophe Vautrin par email à jean-christophe.vautrin@hotmail.fr
 
 
 
 

Relations France/Chine. L’accueil des cuisines occidentales modifient-elles les habitudes alimentaires chinoises ? »

Interview de Christophe Pradère
 
1. Pouvez-vous vous présenter votre société et vos activités ?
BETC Design est une agence qui appartient au groupe BETC et plus largement au groupe Havas. BETC Design est une agence que j'ai fondé il y a 14 ans en fusionnant les activités d'une agence de design produit 'Absolut Reality' avec des activités digitales de BETC. 
BETC Design est une agence qui compte un effectif de 30 personnes et qui pratique le design de manière holistique en croisant la stratégie et tous les métiers de la création, identité visuelle, packaging, produit, retail et digital.
Nos méthodes se fondent sur une approche croisée entre anthropologie et marketing, Les sciences humaines sont au cœur des réflexions tant créatives que stratégiques de l'agence.  
 
2. Auriez vous deux ou trois points que vous souhaiteriez approfondir par rapport à votre présentation ?
Cette approche caractérise les modes opératoires de l'Agence, en se servant des sciences humaines pour décrypter et comprendre à la fois les pratiques et les usages mais aussi les modes d'expression des marques et ainsi mieux investiguer leurs territoires d'expression.
 
3. 2014 a-t-il été un bon cru ?
2014 a été une année très difficile avec une reprise assez peu structurée du marché, c'est à dire beaucoup d'entreprises soucieuses et désireuses de lancer de nouveaux projets mais sans vraiment de cadres stratégiques ou de vision claire sur les enjeux à moyen et long terme. 
Beaucoup de dépense d'énergie pour des projets parfois annulés, parfois recadrés en cours de processus ou décalés dans le temps. 
 
4. Comment s'annonce 2015 pour vous ?
2015 s'annonce sous de meilleurs auspices, avec de belles perspectives liées à des conquêtes de nouveaux clients et sur de nouveaux projets qui se sont réalisés entre octobre et décembre de cette année. Donc une année 2015 avec une double ambition pour nous, celle de renforcer structurellement notre activité sur la France d'abord, puisque nous sommes une agence originellement attachée à des marques historiques et institutionnelles françaises (Air France, Orange/France Telecom,  Evian, Louis Vuitton, Rémy Martin, Pernod Ricard, Sanofi…) mais aussi se développer activement sur le marché asiatique, en particulier la Chine et la Corée.
 
5. Quel est votre retour d'expérience sur les salons chinois ?
Les salons chinois sont de vraies places de marchés dans un pays avec une population très importante et très éparpillée, l'intérêt de ces salons est de pouvoir rassembler dans un même lieu, dans un même temps donneurs d'ordre et fournisseurs.
 
Pour suivre Christophe Pradère
 
https://christophepraderedesigner.wordpress.com/
http://www.betcdesign.fr
 
 
Christophe Pradère
 
 


Michel Panet : Association France Chine Sichouan (Mission d’Octobre 2014 à Chengdu)

Une nouvelle mission a été menée au nom de l’Association du 19 au 27 octobre 2014, afin de participer principalement aux événements liés au 50° anniversaire de la reconnaissance de la Chine par la France en 1964.

La Mission s'inscrit dans le cadre de la 15e Foire internationale de l'Ouest de la Chine qui se déroule actuellement à Chengdu. Pour célébrer le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, la France a été invitée en tant que pays d'honneur de cet événement. Une délégation française composée de près de deux cents PME a fait le déplacement au Sichuan.

Au Sichuan, ACFS a mené les actions suivantes :

Rencontres lors du Forum Innova-tion des entreprises Europe/Chine EUPIC les 21/22/23 oct. et des ren-dez-vous en B to B entreprises chinoises et françaises.

Entretiens le 24 oct. avec différentes instances SIFA Sichuan Provincial People’s Association for Friendship with Foreign Countries (structure politique liée au MAE Chinois). Le Président LUO Yubin a pris ses fonc-tions en décembre 2012. Une récep-tion d’une délégation du SIFA a suivi le 8 nov. à Paris

Invitation du Président ACFS par le Président de la CCPIT M. LI Gang.

Discours le 24 oct. soir au Carlton Ritz de Chengdu de M. le Secrétaire d’Etat français Matthias FEKL en présence de M. JP Raffarin. A cette occasion, il est mentionné que la France a le 2eme réseau diplomatique dans le monde.