Benoit Maille, vous êtes Responsable Intelligence économique à la CCIR Paris Ile-de-France - Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France.
Vous êtes également l'auteur et l'animateur de la formation en ligne sur la veille et l’IE, lancée depuis juin 2017 sur la plateforme https://learning.intracen.org/ qui vise à familiariser vos auditeurs aux enjeux et pratiques de l'intelligence économique et la veille dans un contexte international. Ce parcours pédagogique « Se former à l’intelligence économique » a été produit pour le Centre du Commerce International (ITC) .
Vous comptez aujourd’hui plus de 7000 inscrits de tous les pays depuis son lancement. Certes, bien qu'elle délivre un badge, on ne peut pas la considérer comme une formation certifiante mais elle participe largement à la sensibilisation des acteurs économiques à ces disciplines. La prochaine formation débutera le 13 mai 2024 et se terminera le 3 juin 2024.
Vous êtes également l'auteur et l'animateur de la formation en ligne sur la veille et l’IE, lancée depuis juin 2017 sur la plateforme https://learning.intracen.org/ qui vise à familiariser vos auditeurs aux enjeux et pratiques de l'intelligence économique et la veille dans un contexte international. Ce parcours pédagogique « Se former à l’intelligence économique » a été produit pour le Centre du Commerce International (ITC) .
Vous comptez aujourd’hui plus de 7000 inscrits de tous les pays depuis son lancement. Certes, bien qu'elle délivre un badge, on ne peut pas la considérer comme une formation certifiante mais elle participe largement à la sensibilisation des acteurs économiques à ces disciplines. La prochaine formation débutera le 13 mai 2024 et se terminera le 3 juin 2024.
Pourriez-vous d’abord nous rappeler quand, comment et par qui a été conçue cette initiation avancée à l’IE et à la veille ?
Nous collaborons depuis une douzaine d’années avec l’ITC pour bâtir et déployer des dispositifs de veille et d’IE dans des pays en développement (Afrique subsaharienne, Caraïbes et Océan indien). Celui-ci nous a demandé de concevoir une formation ad hoc afin de capitaliser sur cette expérience et de toucher des publics plus larges au travers de sa plateforme de formation en ligne, la SME Trade Academy. J’ai imaginé cette formation avec un de leurs experts de la formation à distance et je l’anime depuis 2017, au rythme de quatre sessions annuelles, en français et en anglais.
Cette formation s’adresse principalement aux PME exportatrices des pays en développement et aux organisations publiques qui les accompagnent. Après un module introductif sur les concepts et les enjeux de l’intelligence économique, elle propose quatre modules sur tous les aspects de la veille, puis un module sur l’influence et un autre sur la gestion du risque export.
Cette formation s’adresse principalement aux PME exportatrices des pays en développement et aux organisations publiques qui les accompagnent. Après un module introductif sur les concepts et les enjeux de l’intelligence économique, elle propose quatre modules sur tous les aspects de la veille, puis un module sur l’influence et un autre sur la gestion du risque export.
Parlons d’abord du format choisi : l’enseignement en ligne.
Depuis son lancement il y a dix ans, la plateforme SME Trade Academy a formé plus de 130 000 personnes dans 190 pays. C’est dire combien ce mode d’apprentissage tend à se développer…
Quand on regarde les retours des apprenants, on constate qu’ils plébiscitent l’e-learning pour sa souplesse (les formations sont disponibles au moment de leur choix) et les possibilités de bénéficier d’enseignements qui leur sont normalement inaccessibles (en raison de leur coût et de l’éloignement géographique des publics visés). Notre formation à l’intelligence économique n’a pas eu de mal à s’intégrer dans cette plateforme qui propose une centaine de cours différents : en effet, l’IE et la veille intéressent de nombreuses personnes.
Quand on regarde les retours des apprenants, on constate qu’ils plébiscitent l’e-learning pour sa souplesse (les formations sont disponibles au moment de leur choix) et les possibilités de bénéficier d’enseignements qui leur sont normalement inaccessibles (en raison de leur coût et de l’éloignement géographique des publics visés). Notre formation à l’intelligence économique n’a pas eu de mal à s’intégrer dans cette plateforme qui propose une centaine de cours différents : en effet, l’IE et la veille intéressent de nombreuses personnes.
Quels sont les risques liés à ce mode d’apprentissage et quelles solutions avez-vous adoptées pour y faire face ?
D’une manière générale, les apprenants en formation continue disposent de peu de temps à consacrer à leur formation. En choisissant un enseignement à distance en mode asynchrone, comme c’est le cas ici, l’apprenant peut caser sa formation dès qu’il dispose d’un peu de temps, au bureau ou à la maison, à toute heure du jour ou de la nuit.
Qui plus est, le mode asynchrone est tout à fait adapté pour des groupes d’apprenants dispersés sur de multiples fuseaux horaires. Mais c’est vrai qu’il est difficile pour l’apprenant à distance de rester concentré tout au long du cours. C’est pour cela que nous avons fait le choix de le solliciter en permanence, par des questions ouvertes ou fermées, des outils et des sources d’information qu’il peut tester par lui-même, et des exercices de natures variées. On peut aussi préciser que la plateforme utilisée est particulièrement fluide (j’ai pu le constater en testant des dizaines de plateformes dans le monde) et qu’elle utilise de multiples moyens pédagogiques. Enfin, il faut reconnaître que le risque d’isolement est réel.
Pour cette raison, ce cours propose de nombreuses possibilités d’interaction avec le tuteur et les autres apprenants : forum en ligne, messagerie intégrée, évaluation du cours par les apprenants, groupe Linkedin des alumni...
Qui plus est, le mode asynchrone est tout à fait adapté pour des groupes d’apprenants dispersés sur de multiples fuseaux horaires. Mais c’est vrai qu’il est difficile pour l’apprenant à distance de rester concentré tout au long du cours. C’est pour cela que nous avons fait le choix de le solliciter en permanence, par des questions ouvertes ou fermées, des outils et des sources d’information qu’il peut tester par lui-même, et des exercices de natures variées. On peut aussi préciser que la plateforme utilisée est particulièrement fluide (j’ai pu le constater en testant des dizaines de plateformes dans le monde) et qu’elle utilise de multiples moyens pédagogiques. Enfin, il faut reconnaître que le risque d’isolement est réel.
Pour cette raison, ce cours propose de nombreuses possibilités d’interaction avec le tuteur et les autres apprenants : forum en ligne, messagerie intégrée, évaluation du cours par les apprenants, groupe Linkedin des alumni...
Les managers d’entreprises, surtout dans les pays en développement, ont-ils toujours du mal à comprendre l’IE ou la veille stratégique ? Quels sont les reproches exprimés ?
Ils ont souvent une compréhension théorique du sujet qui est partielle, voire fausse : en effet, certains l’assimilent à de l’espionnage industriel et ne comprennent pas tout le profit que l’on peut tirer de l’information ouverte. Bien sûr, ils confondent IE et veille, ou bien appellent « veille » toute recherche d’information, sans comprendre qu’il s’agit d’un processus organisé et systématique qui s’inscrit dans le temps et se focalise sur les priorités stratégiques de l’organisation. En résumé, on peut dire que leur culture informationnelle est basique.
Mais cela est aussi souvent le cas dans les pays plus développés où les dirigeants se fient davantage à leurs intuitions qu’aux conclusions qu’on peut tirer d’une analyse poussée de l’information disponible. Et il faut garder en tête que les managers des pays en développement ont souvent une culture de l’information qui repose sur l’oral et sur le réseau personnel.
Mais cela est aussi souvent le cas dans les pays plus développés où les dirigeants se fient davantage à leurs intuitions qu’aux conclusions qu’on peut tirer d’une analyse poussée de l’information disponible. Et il faut garder en tête que les managers des pays en développement ont souvent une culture de l’information qui repose sur l’oral et sur le réseau personnel.
Vous avez naturellement privilégié les apports des technologies digitales. Mais tout le monde n’a pas accès aux outils ou aux bases de données structurées. Alors comment faites-vous ?
Il est vrai que les sources d’information dans ces pays sont souvent peu structurées et peu formalisées. Cependant il existe de plus en plus de données open source sur internet, même pour ces pays. Il faut parfois aussi recourir à des méthodes indirectes. Comme, dans ces pays, la presse et les médias ne sont pas spécialisés sur l’information d’affaires, il faut extraire les données business dans les médias généralistes.
Ne pas oublier les informations produites par les administrations locales ni celles produites par des acteurs étrangers mais qui traitent du pays considéré (cabinets de consultants, médias basés à l’étranger, organisations internationales) en tenant compte qu’elles peuvent contenir des biais. Bien sûr, comme le savent les professionnels de l’information, il est impératif de confronter et de combiner les sources d’information entre elles.
Ne pas oublier les informations produites par les administrations locales ni celles produites par des acteurs étrangers mais qui traitent du pays considéré (cabinets de consultants, médias basés à l’étranger, organisations internationales) en tenant compte qu’elles peuvent contenir des biais. Bien sûr, comme le savent les professionnels de l’information, il est impératif de confronter et de combiner les sources d’information entre elles.
Parlons maintenant de votre public. Avez-vous dégagé les principaux profils professionnels des personnes inscrites ? Sur le nombre d’inscrits enregistrés vous devez disposer de statistiques significatives ? Y a-t’il une cible que vous souhaiteriez aujourd’hui convaincre ?
Il s’agit plutôt d’hommes (60% des inscrits), de moins de 35 ans (50%), résidant en Afrique (45%) et travaillant dans des entreprises (55%). Ce sont souvent des dirigeants et cadres d’entreprises, même si cette formation attire également des personnels d’administrations publiques et des étudiants. Le profil type ainsi décrit correspond bien à celui que vise la formation. Je regrette seulement qu’il n’y ait pas plus d’Européens (17%) et surtout de Français (7% des inscrits) qui suivent cette formation gratuite et ouverte à tous mais c’est vrai qu’ils ne sont pas la cible première de cette formation.
La majorité des apprenants sont des néophytes et ne connaissaient pas le sujet avant de suivre cette formation. La plupart la jugent utile et comptent s’en servir dans leurs activités professionnelles. Quelques-uns souhaiteraient même l’approfondir et se spécialiser dans ce domaine...
La majorité des apprenants sont des néophytes et ne connaissaient pas le sujet avant de suivre cette formation. La plupart la jugent utile et comptent s’en servir dans leurs activités professionnelles. Quelques-uns souhaiteraient même l’approfondir et se spécialiser dans ce domaine...
Quels seraient les disciplines qu’il serait souhaitable d’intégrer pour faire face aux nouveaux défis de souveraineté, d’esprit de collaboration et d’indépendance ?
A la fin de cette formation, il est demandé à chacun quels seraient les autres formations qu’il souhaiterait voir proposées par la SME Trade Academy. Parmi les sujets proposés en lien avec l’IE, on relève la diplomatie économique, le knowledge management, le réseautage, la sécurité des données et surtout l’OSINT qui est citée à de nombreuses reprises. Un certain nombre d’apprenants souhaitent également une formation IE de niveau 2 qui approfondisse l’e-réputation, la gestion des risques, la veille multilingue ou qui traite de l’IE appliquée à certains pays ou secteurs d’activité.
Par ma part, je pense que le renseignement d’affaires en sources ouvertes est un sujet prioritaire de même que la méthodologie d’interrogation et d’utilisation des bases de données. Quant à aborder l’utilisation de l’IA dans ce cadre, cela me paraît un peu prématuré car les corpus d’information disponibles pour entraîner les modèles de langage sont encore insuffisants pour ces pays. Mais cela va sans doute évoluer…
Benoît Maille, merci de cet entretien.
Votre parcours - Chef de projet IE international @ CCI Paris, Ile-de-France
Gardez le contact avec Benoît Maille
Diplômé en intelligence économique (IEP de Paris, ESIEE), Benoît MAILLE est chef de projet IE à la CCI de région Paris Ile-de-France. Fort de plus de 25 ans d’expérience dans le domaine, il a été en charge des prestations d’information commerciale et technologique de l’ARIST et de la coordination des actions d’intelligence économique de la CCIP.
Aujourd’hui, il mène des actions d’IE en faveur du développement international des entreprises, en particulier en matière d’ingénierie de veille, de formation à l’IE et de sensibilisation à l’information professionnelle.
Aujourd’hui, il mène des actions d’IE en faveur du développement international des entreprises, en particulier en matière d’ingénierie de veille, de formation à l’IE et de sensibilisation à l’information professionnelle.
Son approche de l’IE se veut pragmatique et adaptée aux PME. Elle s’appuie sur les outils du web 2.0 (bases de données professionnelles, dispositifs de veille, réseaux sociaux…) qu’elle utilise de manière défensive et offensive.
Il a conçu et anime la formation IE en ligne du Centre du commerce international (ITC) et intervient régulièrement en France et à l’international. Il a mené de nombreuses missions en Afrique (Algérie, Botswana, Cameroun, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Sénégal…) ainsi que dans la zone des Caraïbes et dans l’Océan indien.
Il a conçu et anime la formation IE en ligne du Centre du commerce international (ITC) et intervient régulièrement en France et à l’international. Il a mené de nombreuses missions en Afrique (Algérie, Botswana, Cameroun, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Sénégal…) ainsi que dans la zone des Caraïbes et dans l’Océan indien.