Personnalités

Thomas Parisot : Pionnier de la Transformation Numérique. Directeur Général Adjoint de la plateforme Cairn.info. Président du Groupement français des industries de l’information (gf2i)


David Commarmond
Lundi 27 Janvier 2025


Thomas Parisot est le Directeur Général Adjoint de la plateforme Cairn.info. Il a rejoint Cairn.info en 2005, après avoir travaillé aux Éditions Gallimard et dans le déploiement de technologies documentaires. L'annonce du rapprochement entre le gf2i et l'ADBS est effectivement un tournant significatif, qui vise à unir les forces des deux structures pour mieux répondre aux enjeux actuels de la gestion de l’information, particulièrement dans le contexte de la montée en puissance de l’intelligence artificielle.



Biographie de Thomas Parisot

Thomas Parisot est le Directeur Général Adjoint de la plateforme Cairn.info. Il a rejoint Cairn.info en 2005, après avoir travaillé aux Éditions Gallimard et dans le déploiement de technologies documentaires. Sous sa direction, Cairn.info a développé un modèle de licences institutionnelles utilisé par des bibliothèques universitaires dans plus de 70 pays. Il a également contribué à la signature d’accords avec plus de 500 éditeurs pour la diffusion numérique de revues et de livres.
 
Depuis le départ à la retraite de Marc Minon en 2020, Thomas Parisot assure avec Jean-Baptiste de Vathaire le pilotage de l’équipe Cairn.info, qui compte désormais une quarantaine de personnes. Il intervient dans des domaines aussi variés que le développement informatique, la structuration et l’enrichissement numérique des œuvres, la composition et la fabrication papier, la traduction, la production audiovisuelle, la data analysis ou encore la promotion internationale des publications.
 
En plus de ses responsabilités chez Cairn.info, Thomas Parisot est Président du Groupement français des industries de l’information (gf2i) et participe activement aux travaux du groupe universitaire du Syndicat national de l’édition (SNE), dont il est vice-président.

DC : Quels ont été les principaux accomplissements du gf2I en 2024 et quelles sont les perspectives pour 2025 ?

TP : L'année 2024 a été marquée par plusieurs avancées importantes pour le gf2i, avec de nombreux ateliers dans nos domaines de prédilection (Open Data, Science Ouverte, Veille, etc.), l’amorce d’un cycle de rencontres avec des régulateurs important de notre secteur (ARCEP, CNIL, etc.), une rencontre avec les parlementaires sur la rôle des publications scientifiques dans la lutte contre la désinformation et plusieurs autres événements importants dédiés à l'innovation numérique et à la gouvernance de l'information. Les membres du GF2I ont renforcé leur collaboration avec divers acteurs privés et publics, tout en poursuivant leur mission d'éducation et de sensibilisation à la transformation numérique.
 
Pour 2025, le gf2i a d’ores et déjà engagé plusieurs initiatives stratégiques : un évènement sur le marché des données à l’heure de la GenAI en partenariat avec Cap Digital et la FNPS, une participation active au salon iExpo sur la modification des équilibres entre fournisseurs et réutilisateurs d’information, une rencontre au Sénat sur l’édition à l’heure de l’IA, etc. Et a amorcé une démarche de rapprochement avec d’autres acteurs de notre secteur pour unir les forces face à la domination des géants technologiques.

DC : L'annonce du rapprochement du gf2i avec l'ADBS est une grande nouvelle, pourriez-vous nous en parler ? En quoi consiste exactement ce rapprochement et pourquoi ce thème ?

TP : L'annonce du rapprochement entre le gf2i et l'ADBS est effectivement un tournant significatif, qui vise à unir les forces des deux structures pour mieux répondre aux enjeux actuels de la gestion de l’information, particulièrement dans le contexte de la montée en puissance de l’intelligence artificielle.

DC : Quels autres événements vont rythmer l'année 2025 ?

TP : Nos deux associations vont œuvrer ensemble à la défense de la diversité et de la pluralité des sources d’information, ainsi qu'à l’amélioration de la régulation des grandes plateformes numériques, pour éviter qu’elles ne nuisent aux intérêts des producteurs d’informations et ne compromettent l’accès libre et équitable aux contenus. Protéger notre souveraineté informationnelle et garantir un niveau de confiance et de transparence indispensable au débat démocratique est un défi gigantesque qui demande à ce que nous dépassions nos différences et les mettions davantage au profit de la défense de nos métiers.

L’année 2025 sera également marquée par le Forum annuel du gf2i à Paris en juin, ainsi que par une participation active à la Biennale du numérique de l’ENSSIB à Lyon en novembre, qui rassemblera un très beau panel d’expert(e)s autour des questions de gouvernance de données. Notre veille active lors d’évènement  IA & Big Data et d’autres consacrés aux évolutions rapides de l’IA jalonnera également cette fin d’année, ainsi que des grands entretiens au format vidéo avec des penseurs / penseuses des évolutions technologiques que nous vivons, au plus grand profit de la réflexion de nos membres et plus largement.

DC : Comment l'écosystème français et européen comprend et fait face concrètement aux dernières affirmations des géants américains sur les fakes news ?

TP : Les fakes news sont un défi de taille, et l'écosystème français et européen a mis en place plusieurs mesures pour y faire face concrètement. Sur le plan législatif, l’Europe a renforcé ses réglementations pour contraindre les plateformes à être plus transparentes dans la gestion de l’information. La loi DSA (Digital Services Act) et le P2B (Platform-to-Business Regulation) ont déjà imposé aux géants technologiques une plus grande responsabilité vis-à-vis des contenus diffusés sur leurs plateformes. Les acteurs français comme la CNIL ou l'ARCOM ont renforcé leur action contre la désinformation en développant des outils de détection des fake news, tout en sensibilisant le public à la nécessité de vérification des sources. De plus, des initiatives éducatives sont mises en place pour mieux former la population à la gestion de l’information et au développement de l'esprit critique, notamment via des collaborations avec des écoles et universités pour sensibiliser dès le plus jeune âge. Au sein des ateliers du GF2I, nous accueillons ces réflexions, les stimulons et les faisons mieux connaitre aux différentes parties prenantes.

DC : Le sommet de l'IA va bientôt commencer, comment le vivez-vous ? Est-ce pour vous un événement historique ? Comment vont vos institutions intégrent ces perspectives ?

TP : Le sommet de l’IA est un événement d’une importance capitale, car il mettra la lumière sur l’un des domaines technologiques les plus prometteurs, mais aussi les plus complexes de notre époque. Les enjeux éthiques, réglementaires et sociétaux que soulève le développement fulgurant de l’IA sont colossaux, et la prise de conscience collective de l'impact potentiel de ces technologies est encore trop partielle, tant du point de vue des opportunités que des risques. Les institutions françaises et européennes, conscientes de l'importance stratégique de ce domaine, intègrent les perspectives de l'IA à travers des politiques publiques qui visent à encourager l’innovation tout en garantissant la sécurité et l’éthique. L’Europe s’efforce également de se positionner comme un leader mondial de l'IA responsable, avec des propositions réglementaires comme l'AI Act  pour encadrer le développement de cette technologie. Les discussions porteront sur des thèmes aussi variés que l’IA explicable, la souveraineté numérique, et la protection des données personnelles dans un monde où les systèmes intelligents sont de plus en plus omniprésents, et nous les suivrons de près.