Innovation et Connaissance

Transition énergétique : perspectives et enjeux. Par Xavier Drouet


Jacqueline Sala
Dimanche 22 Décembre 2024


La guerre en Ukraine et l'escalade des conflits au Moyen-Orient ont mis en lumière les menaces pesant sur la sécurité énergétique et la transition énergétique. Xavier Drouet conduit ici une analyse en profondeur de ces enjeux de dépendance et de soumission si nous n'y prenons pas garde. Mais les discours ne remplacent pas les actes... qui semblent particulièrement difficiles à se mettre en place au niveau national comme européen. Voici quelques tendance majeures que nous avons retenues.




Malgré une accalmie après la crise de 2021-2023, des risques de perturbations persistent, touchant les ressources fossiles et les matériaux pour l'énergie propre.

 es transitions énergétiques se sont accélérées grâce à des politiques publiques variables par région, mais leur avenir à court terme reste incertain en raison des tensions géopolitiques. De plus, la sensibilisation des populations, les coûts réduits des énergies renouvelables, et la surcapacité de production fossile, ainsi que la concurrence sur le marché, influencent également le rythme de cette transition énergétique.

 

Transition énergétique en chiffres 2023 année record pour le déploiement des énergies propres

Les énergies propres sont présentées comme s'intégrant rapidement au système énergétique mondial, avec une augmentation de 560 gigawatts de capacités en 2023, principalement en Chine, dans l'Union Européenne et aux États-Unis. Cependant, cette expansion n'a couvert qu'un tiers de la demande énergétique croissante, et les énergies renouvelables n'ont représenté que 15 % de la production totale d'énergie en 2023, une année où les émissions de CO2 ont encore atteint un nouveau record.

Les investissements prévus dans les énergies propres devraient atteindre environ 2 000 milliards de dollars par an en 2024, presque le double de ce qui est alloué aux nouveaux approvisionnements en pétrole, gaz et charbon.
Pourtant, dans les pays émergents et en développement (hors Chine), la part des investissements dans les énergies propres ne représente que 15 % du total, bien que ces pays abritent les deux tiers de la population mondiale et génèrent un tiers du PIB mondial.
Actuellement, 750 millions de personnes, principalement en Afrique subsaharienne, n'ont toujours pas accès à l'électricité, et plus de 2 milliards n'ont pas de combustibles non polluants pour cuisiner.

Avec le niveau actuel d'investissements, il est prévu que 550 millions de personnes auront accès à des appareils de cuisson propres et près de 200 millions à l'électricité d'ici 2030. Cependant, ces chiffres sont encore loin d'atteindre les objectifs d'accès universel.

 

Horizon 2030-2050 Pic de la demande en vue

L'article de Xavier Drouet que d'ici la fin de la décennie, la majeure partie de la croissance de la demande énergétique se concentrera en Inde, en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Afrique. Bien que cela soit présenté comme une opportunité pour les énergies propres, la réalité est plus complexe. Les énergies renouvelables, bien que plus efficaces, ne suffiront probablement pas à satisfaire la demande croissante.

L'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) prévoit une augmentation significative de la puissance renouvelable installée, mais souligne que les énergies à faibles émissions, y compris le nucléaire, devront générer plus de la moitié de l'électricité mondiale pour répondre aux objectifs. En conséquence, nous nous dirigeons vers un pic de la demande en énergies fossiles sans les moyens réels de le surmonter entièrement avec les énergies propres. La transition énergétique est donc beaucoup plus complexe et les défis restent immenses.
 

Les effets grandissants du dérèglement climatique, la progression de la transition énergétique et les améliorations des technologies décarbonées sont souvent mis en avant comme les solutions miracles pour rendre les systèmes énergétiques plus sûrs et moins polluants. Cependant, cette vision est loin de la réalité.

L'accélération des transitions énergétiques mondiales est encore bien trop lente pour atteindre les objectifs climatiques fixés par la COP de Paris. Les politiques gouvernementales, les stratégies des investisseurs et les comportements des consommateurs sont insuffisants pour corriger les défauts du système énergétique actuel et le rediriger vers une voie plus durable. En réalité, les politiques publiques actuelles continuent de nous mener vers une augmentation de 2,6 °C de la température mondiale d'ici 2100 (ONUE, 2024), exacerbant ainsi les risques climatiques.

Il est crucial que tous les acteurs prennent conscience que sans une transition énergétique rapide et puissante, les coûts d'une action climatique timorée ne feront qu'augmenter, les émissions de gaz à effet de serre s'accumulant dans l'atmosphère et les conditions météorologiques extrêmes causant des dégâts imprévisibles.

Cette situation exige des mesures radicales et immédiates, car se contenter de demi-mesures ne fera qu'aggraver une crise déjà critique.

J'espère que cette reformulation critique vous convient ! 😊

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A propos de Xavier Drouet

Transition énergétique : perspectives et enjeux. Par Xavier Drouet
Xavier Drouet, ancien élève de l'École Normale Supérieure et docteur en médecine, a dirigé plusieurs sociétés technologiques et soutenu la recherche et l'innovation au ministère de la Recherche en France. Actuellement, il est médiateur scientifique, publiant sur son blog "Hommes et Sciences", intervenant dans les médias, et donnant des conférences et formations.