
« Ukraine : Kyiv et Washington ... s'accordent sur les minerais » titrent les journaux ces derniers jours, et l'on pourrait rajouter « s'accordent avec la Russie », car il n'a pas échappé aux experts du sujet que 70 % des ressources minérales sont situées dans des régions actuellement sous contrôle russe (Donestsk, Dnipropetrovsk, Louhansk...).
Pourquoi, cette annonce fait froid dans le dos ? Car, c'est sur la bête encore fumante de centaines de milliers de morts et de blessés d'une guerre forcément inutile (et qui se poursuit) que les grandes puissances, les premières, commencent à négocier. Chacun trouvera toujours une légitimité à justifier ses choix comme se faire rembourser (avec même l'application de taux d'intérêts) sa contribution à l'effort de guerre ...
Pourquoi, cette annonce fait froid dans le dos ? Car, c'est sur la bête encore fumante de centaines de milliers de morts et de blessés d'une guerre forcément inutile (et qui se poursuit) que les grandes puissances, les premières, commencent à négocier. Chacun trouvera toujours une légitimité à justifier ses choix comme se faire rembourser (avec même l'application de taux d'intérêts) sa contribution à l'effort de guerre ...
Affaire de « balance » d'intérêts et de rapports de force
La géopolitique mondiale fonctionne d'abord sur « des rapports d'intérêt », le mot en anglais est plus évocateur, « balance of interest » (des intérêts plus ou moins partagés à l'échelle de la planète) pour reprendre les mots d'Henry Kissinger s'appuyant souvent sur « des rapports de force » (balance of power) pour arriver à ses fins quand la voie diplomatique n'a pas été privilégiée.
Quant aux vraies règles du jeu mondial « rules of games », elles sont souvent connues par les plus initiés. Concernant, ces fameux intérêts, bien sûr, la « balance of interest » affirme avec justesse l'hétérogénéité idéologique du système international. On évoque souvent des intérêts identitaires, religieux, historiques (...) très différents qui justifieraient les moyens (les rapports de force ) ...
On retrouve là, toute la guerre des mots, de l'information, mais derrière cette guerre des mots il y a de vrais morts. Les intérêts sous-jacents sont souvent ailleurs et plus simples : c'est le primat des intérêts économiques. Il y en a un que nous semblons redécouvrir à chaque guerre : l'intérêt de l'exploitation des ressources agricoles et minières ... chez les autres.
Quant aux vraies règles du jeu mondial « rules of games », elles sont souvent connues par les plus initiés. Concernant, ces fameux intérêts, bien sûr, la « balance of interest » affirme avec justesse l'hétérogénéité idéologique du système international. On évoque souvent des intérêts identitaires, religieux, historiques (...) très différents qui justifieraient les moyens (les rapports de force ) ...
On retrouve là, toute la guerre des mots, de l'information, mais derrière cette guerre des mots il y a de vrais morts. Les intérêts sous-jacents sont souvent ailleurs et plus simples : c'est le primat des intérêts économiques. Il y en a un que nous semblons redécouvrir à chaque guerre : l'intérêt de l'exploitation des ressources agricoles et minières ... chez les autres.
Minérotropisme conflictogène aux portes de l'Europe
Dans le mot géopololitique, il y a bien le préfixe « géo », la terre, qui comprend « tout ce qu'il y a dessus et dessous » de richesses. Ce dessous, comme le dessous de cartes stratégiques qu'il serait bon de remettre à l'ordre du jour des programmes de Géographie , d'Histoire et de Sciences par notre Education Nationale.
On devrait recommander en tout premier lieu la lecture du remarquable livre (peu connu) du docteur en science politique Apoli Bertrand Kameni intitulé « Minerais stratégiques, Enjeux africains ». Il pointe du doigt combien derrière « la façade ethnico-culturelle trop souvent privilégiée pour expliquer et justifier des conflits se cachent des enjeux industriels majeurs » liés à nos choix politiques de société, à nos choix citoyens. Il donne notamment l'exemple de réglementations environnementales européennes aboutissant à des choix technologiques et donc au développement de ce qu'il qualifie de « minérotropismes conflictogènes » pour s'approvisionner en matière première minérale nécessaire à la fabrication de nouvelles technologies. Dans son livre, il multiplie les exemples en Afrique (...) aujourd'hui, « ce minérotropisme conflictogène » est aux portes de l'Europe.
On devrait recommander en tout premier lieu la lecture du remarquable livre (peu connu) du docteur en science politique Apoli Bertrand Kameni intitulé « Minerais stratégiques, Enjeux africains ». Il pointe du doigt combien derrière « la façade ethnico-culturelle trop souvent privilégiée pour expliquer et justifier des conflits se cachent des enjeux industriels majeurs » liés à nos choix politiques de société, à nos choix citoyens. Il donne notamment l'exemple de réglementations environnementales européennes aboutissant à des choix technologiques et donc au développement de ce qu'il qualifie de « minérotropismes conflictogènes » pour s'approvisionner en matière première minérale nécessaire à la fabrication de nouvelles technologies. Dans son livre, il multiplie les exemples en Afrique (...) aujourd'hui, « ce minérotropisme conflictogène » est aux portes de l'Europe.
Des intérêts certes convergeants mais à quel prix ?
Ainsi, nous semblons redécouvrir que l'Ukraine était non seulement le grenier à blé de l'Europe mais aussi un grenier à minerais stratégiques. Pourtant, géologues et industriels connaissent depuis longtemps ce recouvrement quaternaire sur une bonne partie de la surface de l'Ukraine qui cachent un vieux socle minéral cristallin né de la jonction des grandes plaques tectoniques, concentrant des métaux stratégiques, notamment du titane.
Longtemps, l'Ukraine a été un des principaux producteurs de ce métal précieux vendu à la Russie, (80 % des approvisionnements russes), permettant ainsi à la Russie à côté de la Chine d'être le principal exportateur mondial de ce métal (50 %), avec un savoir-faire et une qualité titane russe de niveau aérospatiale, prisés des entreprises européennes et américaines.
Mais, depuis des années, les responsables américains craignaient que le marché mondial du titane ne soit que trop tributaire de la Russie et la Chine. Il en est aujourd'hui de même des Européens qui cherchent à reconquérir leur souveraineté en matière de sécurisation de leur approvisionnement en ces métaux devenus critiques. Les lignes certes bougent dans le sens des intérêts de chacun qui pour le coup convergent peut-être, dommage qu'il est fallu en passer par une guerre et des morts (et d'autres à venir) pour aller vers ce premier compromis
Longtemps, l'Ukraine a été un des principaux producteurs de ce métal précieux vendu à la Russie, (80 % des approvisionnements russes), permettant ainsi à la Russie à côté de la Chine d'être le principal exportateur mondial de ce métal (50 %), avec un savoir-faire et une qualité titane russe de niveau aérospatiale, prisés des entreprises européennes et américaines.
Mais, depuis des années, les responsables américains craignaient que le marché mondial du titane ne soit que trop tributaire de la Russie et la Chine. Il en est aujourd'hui de même des Européens qui cherchent à reconquérir leur souveraineté en matière de sécurisation de leur approvisionnement en ces métaux devenus critiques. Les lignes certes bougent dans le sens des intérêts de chacun qui pour le coup convergent peut-être, dommage qu'il est fallu en passer par une guerre et des morts (et d'autres à venir) pour aller vers ce premier compromis
A propos d'Alexandre Marciel
Auteur de cet article et invité de la Commission Européenne dans le cadre de la Raw Materials Week, l’expert Toulousain en métaux stratégiques et matériaux innovants, Alexandre Marciel (dit le Chasseur d’Atomes) à travers son exposition « De l’objet aux minerais » a pu préfigurer cette Académie européenne des matières premières (il a constitué en dix ans la première matériauthèque au monde) et a présenté ce qui pourrait constituer une innovation dans la fusion nucléaire avec la transmutation de métaux (à lire dans un prochain numéro).
Gardez le contact.
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NB Veillemag
Volodymyr Zelensky rencontre Donald Trump vendredi 28 février à la Maison-Blanche.
Les sujets à l'ordre du jour incluent la discussion et la possible ratification d'un accord sur l'exploitation des ressources minières de l'Ukraine.
Les sujets à l'ordre du jour incluent la discussion et la possible ratification d'un accord sur l'exploitation des ressources minières de l'Ukraine.