Intelligence des Territoires, PME, ETI

Filex 2019 : "Les clusters sont des acteurs dynamiques sur les territoires"


David Commarmond
Vendredi 8 Novembre 2019


Il y avait foule au 1er Forum Filex France organisé par France Cluster le 12 et 13 septembre 2019. Entre visites, conférences et ateliers répartis sur deux sites et deux jours, ce sont plus de soixante-cinq intervenants et près d’une centaine d’acteurs ont pris la parole et 400 participants qui se sont déplacé pour ce premier événement.



Filex 2019 : "Les clusters sont des acteurs dynamiques sur les territoires"
Petit rappel de contexte : Les clusters et les outils d’accélération sont des acteurs majeurs pour booster la croissance des entreprises, l’activité et l’emploi sur les territoires, avec leurs projets et leurs réseaux d’entreprises innovantes. 2019 est consacrée « année de l’industrie ».
 
136 territoires d’industries ; appel à projets territoires d’innovation ; Action cœurs de ville…. de nombreuses initiatives nationales soutiennent actuellement des initiatives territoriales qui se concentrent sur les priorités clé du moment : transition numérique, énergie durable, mobilité propre, transformation du secteur agricole et du système de santé, ou encore adaptation des compétences aux évolutions du marché du travail.
 
Mais le contexte c’est aussi la mise en œuvre de la phase IV de la politique des pôles de compétitivité et un questionnement certain sur l’avenir après 2022 ? Quelle coopération Etat/Régions demain dans le soutien au développement des clusters ? Quelles nouvelles attentes institutionnelles, nationales ou territoriales vis-à-vis des clusters ?

Table ronde 1 : 20 ans de clusters / clusters dans 20 ans : vers des écosystèmes d’accélération territoriale

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Animée par Xavier Roy, la table ronde réunie Ulla Engelmann, Responsable de l’Unité Clusters, Economie sociale et Esprit d’entreprises à la Commission européenne en tant que Grand témoin. Jean-Luc Ansel, Président de France Clusters et Fondateur de la Cosmetic Valley, Chantal Deschamps, directrice du cluster Brit’Inov, Armelle Judde, Directrice pilotage stratégique et filières, Région Nouvelle-Aquitaine, Anne Jouvenceau, Directrice générale adjointe du Genopole d’Evry, biocluster, Olivier Mousson, Président de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale et Conseiller-Maître à la Cour des Comptes, Paulette Pommier, ancienne conseiller auprès du Délégué DATAR, en charge de la politique « cluster ». Pendant près d’une heure, chaque intervenant est revenu sur son expérience, souvent avec beaucoup d’émotions.

20 ans, c’est l’âge de l’adolescence, pour les clusters, ce sont 20 ans de politiques nationales et régionales qui ont fluctué et demandé à tous les acteurs de démontrer de nombreuses qualités : persévérance, souplesse, résilience, confiance et bien d’autres encore pour traverser de nombreuses épreuves. 
 
Parallèlement, les clusters sur le territoire se sont diversifiés et pris de nombreuses formes juridiques et appellations : systèmes productifs localisés, grappes d’entreprises, pôles de compétitivité, PTCE, clusters. Les clusters sont devenus des marqueurs territoriaux et des éléments d’un écosystème plus vaste, ils sont essentiels à la croissance des entreprises, à la structuration des filières territoriales et au final de développer l’activité et l’emploi local. Paulette Pommier regrettant toutefois l’articulation difficile entre les différents acteurs et les missions. Difficultés qui se traduisent en matière d’emploi et de recrutement.
 
Toutefois, de l’avis général de nombreux défis sont encore à relever. Comme l’illustre Anne Jouvanceau en évoquant son expérience et l’évolution de son environnement économique et technologique. « Il y a 20 ans, le défi consistait à trouver les ressources humaines et scientifiques pour décrypter l’ADN, aujourd’hui, il s’agit avant tout de stocker les données (cloud, sécurisation, données personnelles).
 
Comme le résume Olivier Mousson, nous avons besoin de lieux de réflexions et d’échanges au sein des institutions. Après 20 ans sans stratégie ni de réelle politique publique, nous avons avancé à l’aveugle comme un bateau ivre, sans destination». D’autre part nous jouons encore trop souvent en solitaire ou travaillons en silo, même si des initiatives comme Bretin’ov (Chantal Deschamps), montrent que les temps changent et qu’il est possible de travailler en mode collaboratif, de nombreux progrès sont possibles.

L’atelier « Comment déployer un service de veille stratégique qui contribue à transformer le modèle économique d’un cluster ? », atelier Sindup organisé et animé par Mickael Réault

Autour de la table, deux représentants de la société Laval Virtual, société spécialisée dans la réalité virtuelle, Nicolas Ribeyre, responsable du service de veille (vidéo) , Laurent Chrétien, Directeur Général de Laval Virtual, Adrien Sassot, Account Manager chez Sindup.
 
Résumé de l’intervention : face aux nombreux challenges à venir, les écosystèmes s’organisent. La complexité des enjeux et fait qu’elles sont confrontées au besoin de mieux comprendre leur environnement quotidien (veille opérationnelle) et son évolution (veille prospective).
 
Pour Adrien Sassot « Chaque acteur a ses besoins », Sindup aide les Clusters à mettre en place une veille stratégique répondant aux challenges et centres d’intérêt de chacun :
  • clusters, de nouveaux modèles de gouvernance, des modèles économiques, d’animation du réseau 
  • filières : opportunités d’affaires, export, partenariats stratégiques
  • territoires : attractivité, sécurité, environnement, smart city
  • entreprises : identifier les opportunités d’affaires et d’innovation, développer les collaborations en groupement, appréhender et développer l’export
 
Laval Virtual, cluster de la réalité virtuelle et augmentée, est venu présenter sa démarche de veille technologique au sein du réseau.
 
Il a pour but d’assurer toute action visant, aux niveaux régional, national et international, à assurer la promotion et le développement, l'accompagnement et la structuration de l'écosystème, propre au territoire de Laval Agglomération, des technologies de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, ainsi que des technologies associées :
  • développer et promouvoir les technologies innovantes ;
  • favoriser l'implantation, la création et le développement d'entreprises ;
  • favoriser l'internationalisation des activités des acteurs de l'écosystème ;
  • initier ou participer à la structuration, à l'animation de clusters, pôles de compétitivité ;
  • développer les relations dans cet écosystème entre les communautés scientifiques et académiques et le monde économique ;
  • organiser tous les évènements permettant de favoriser l'écosystème de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée


L’atelier « Transition numérique : rôle pour les clusters et enjeu pour la croissance de vos entreprises » proposé par  Marc LAGET

Animé par  Marc LAGET, Expert aménagement et développement numérique des territoires, CGET, les intervenants sont José LEVICES, Président, cluster numérique CINESTIC, Frédéric WALLET, INRA « Illustration : la valeur ajoutée de la transition numérique dans les secteurs de agroalimentaire et de agriculture », Raphaël NIETO, Directeur, cluster numérique ALIPTIC.

Un exemple d’accompagnement intercluster à la transition numérique en Nouvelle Aquitaine. « Comment le cluster numérique Aliptic a t-il accompagné le réseau d'entreprises de la filière luxe et excellence dans sa transition numérique ? »
 
Eléments de contexte : L’atelier vise à exposer différents acteurs confrontés enjeux et défis liés à la transition numérique et au développement de l’entreprise à l’échelon local, national et international. Ce développement passant par le recrutement de nouveaux talents (travail de la marque, des valeurs, de notions d’influence digitale, de visibilité web, etc) et pour les territoires un questionnement sur l’attractivité (pourquoi on vient et pourquoi on y reste).
 
Raphaël NIETO, Directeur du cluster numérique ALIPTIC qui regroupe à ce jour 150 entreprises de la filière numérique qui accompagnent les entreprises dites « traditionnelles » dans leurs transitions numériques. Cette initiative se distingue de plusieurs façons :
  • Elle émane d’une demande des acteurs du terrain ayant identifié un besoin et un risque.
  • Des sous-traitants du monde du luxe (plumassiers, manufacturiers, cordonniers, gantiers, textile), dépositaires d’un savoir-faire exceptionnel, entreprises du patrimoine vivant pour beaucoup, mais qui jusqu’à présent avaient une forte dépendance aux sociétés commanditaires.
 
 Un sentiment d’urgence et le besoin imprécis d’intégrer le digital dans l’entreprise afin de ne pas passer à côté d’une évolution technologique et sociétale.
 
Cette demande de la base s’est faite auprès de professionnels du numérique organisés en cluster afin de proposer une expertise et une stratégie auprès des dirigeants, qui est le 2e élément clé. Non seulement parce qu’ils sont les commanditaires, mais surtout parce qu’ils ont besoin d’être accompagnés, mais surtout d’être soutenus dans leur stratégie digitale.
 
En effet, le caractère global ou systémique de la démarche fait qu’aucun secteur de l’entreprise n’est épargné par la transformation. Des achats, aux ventes, en passant par les RH aux Relations Clients (CRM). Ce qui est le 3ᵉ élément clé.
 
Pour fonctionner, le cluster a besoin de confiance et de temps. C’est pourquoi les intervenants sont des professionnels de haut niveau du réseau. Des ateliers sont organisés régulièrement sur plusieurs mois, chaque dirigeant expose une problématique, au cours de ses réunions les échanges font amener les dirigeants à trouver (avec l’accompagnement de l’expert) des solutions propres à sa situation et à ses enjeux stratégiques. En fin de processus, une stratégie collective doit pouvoir être définie et proposée comme plan d’action pour le collectif luxe et excellence (ex : ressource mutualisée pour du community management).
 
Cette méthodologie d’appui à la Transformation Numérique sectorielle peut quant à elle trouver une seconde vie en étant transposée dans d’autres territoires et d’autres filières. A ce titre, une note détaillant la méthode a été transmise fin octobre à la secrétaire d’Etat Agnès Pannier Runacher lors de son passage en Haute-Vienne pour le « Tour de France des solutions ».
 
Frédéric WALLET, de l’INRA aborda la transition numérique dans les secteurs de l’agroalimentaire et de agriculture. Devant nourrir 9 milliards d’humains et encore plus demain, celle-ci doit se réinventer et relever de nouveaux défis et tenir compte de nouvelles contraintes (climatiques, environnementales, sociétales). Intégrer de nouvelles technologies afin d’être plus efficaces, exploiter de nouvelles données grâce aux drones. Les acteurs publics quant à eux doivent développer de nouvelles pratiques et évaluer les partenariats publics-privés.
 
Face aux acteurs traditionnels, de nouveaux entrants comme Amazon sont prêts à disrupter en misant sur des technologies inédites comme la Blockchain. Des acteurs plus petits, des startups, comme yaka ou charrette prennent à contre-pieds l’approche d’Amazon, et misent au contraire sur la proximité et les circuits courts.
 
Avant d’arriver au consommateur, le circuit de distribution a perdu près de 50 % de la production.
Avant de produire plus, améliorer les circuits de productions et de stockage sont des axes de progrès. C’est pourquoi l’inter-opérabilité de la chaîne de production-distribution, l’amélioration de l’information nutritionnelle aux consommateurs ou la gouvernance des données pourraient mieux intégrées par les acteurs. Quid alors du rôle des Gafa ? Quid de l’arrivée du numérique dans l’agriculture ?

Quelles seront les compétences de demain ? Quelles seront les motivations personnelles du consommateur de demain ?