Deux tables rondes ont particulièrement retenu notre attention.
- La première, qui a ouvert l’événement, a exploré l’évolution des métiers de la veille et de la connaissance à l’ère de l’intelligence artificielle et de la guerre de l’information.
- La seconde a posé la question cruciale de la fiabilité de l’information.
Autour de Fabrice Frossard, Fondateur, FABER CONTENT
Quatre intervenants : Louis JASNIN, Directeur Projet, GROUPE VYV, Denis BERTHAULT, Président, GF2I, Mouna EL HADDANI, Enseignante-chercheuse, UNIVERSITé D'ANGERS, Arnaud TUPINIER, Chief Development Officer, ESPRITS CO, Mickael REAULT, CEO, SINDUP ont apporté chacun à leur tour leur expérience et vision.
Un constat commun. “L’avenir des métiers de la veille et de l’intelligence économique est en pleine évolution. Nous sommes convaincus que cet avenir est résolument collaboratif. Il réside dans la sollicitation des experts, la circulation des expertises, et le partage des grilles de lecture”. Face aux intelligences artificielles génératives, il est essentiel de les apprivoiser, d’en connaître leurs limites, et surtout de garder une capacité à faire sans.
Un constat commun. “L’avenir des métiers de la veille et de l’intelligence économique est en pleine évolution. Nous sommes convaincus que cet avenir est résolument collaboratif. Il réside dans la sollicitation des experts, la circulation des expertises, et le partage des grilles de lecture”. Face aux intelligences artificielles génératives, il est essentiel de les apprivoiser, d’en connaître leurs limites, et surtout de garder une capacité à faire sans.
1er pilier : L’Intelligence Collective au Cœur de la Veille
L’intelligence collective est le moteur de cette nouvelle ère de la veille. Elle permet de rassembler les connaissances et les compétences de divers experts pour créer une intelligence économique stratégique. Cette intelligence collective est le fruit de la collaboration et du partage. Elle naît de la mise en commun des expertises et des grilles de lecture.
Avoir une équipe de veilleur dédiée est encore une chose rare, cette tâche est encore trop souvent assurée par un individu seul, plus rarement de façon décentralisée. Les veilleurs ont pourtant une très grande responsabilité, ils sont les moteurs de l’intelligence collective. Ils connaissent leur environnement (Louis Jasnin). Cette diversité de situations ne fait pas l’unanimité. La diffusion dans les fiches de poste, de “pratiques de veille”, sans en fixer de limites, de moyens.
Avoir une équipe de veilleur dédiée est encore une chose rare, cette tâche est encore trop souvent assurée par un individu seul, plus rarement de façon décentralisée. Les veilleurs ont pourtant une très grande responsabilité, ils sont les moteurs de l’intelligence collective. Ils connaissent leur environnement (Louis Jasnin). Cette diversité de situations ne fait pas l’unanimité. La diffusion dans les fiches de poste, de “pratiques de veille”, sans en fixer de limites, de moyens.
2e pilier : Au Service des Performances et de la Compétitivité des Entreprises
L’intelligence économique stratégique, issue de cette intelligence collective, est au service des performances et de la compétitivité des entreprises. Elle permet aux entreprises de se positionner avantageusement sur le marché, d’anticiper les évolutions et de prendre des décisions éclairées. Elle a par nature un caractère, une dimension transversale. ”la veille ne peut plus être juste un sujet à part entière, mais doit s’inscrire dans une transversalité, une stratégie, une culture globale de l’organisation, couplée avec le knowledge management, la culture de l’intelligence économique, la sensibilisation à la pensée systémique” (Mouna El Haddani).
La pression que subissent les organisations est telle, qu’il est nécessaire d’aller au-delà de la veille. La veille, finalement, ne suffit plus. Elle doit s’inscrire dans un tout et il faut appréhender l’ensemble si on veut accompagner les organisations. Pour Sindup, "le veilleur est en train de changer et doit devenir un animateur de communauté de veille".
La pression que subissent les organisations est telle, qu’il est nécessaire d’aller au-delà de la veille. La veille, finalement, ne suffit plus. Elle doit s’inscrire dans un tout et il faut appréhender l’ensemble si on veut accompagner les organisations. Pour Sindup, "le veilleur est en train de changer et doit devenir un animateur de communauté de veille".
3e pilier : Vers l’Excellence et les Performances Opérationnelles
Mais l’intelligence économique stratégique ne se limite pas à la compétitivité. Elle est aussi au service de l’excellence et des performances opérationnelles. Elle permet aux entreprises d’améliorer leurs processus, d’optimiser leurs ressources et d’atteindre l’excellence opérationnelle.
Pour Denis Berthault, du GFII a une vision approche différente, venant du monde de l’open data. Son expérience lui a enseigné que certains profils comme les informaticiens et les spécialistes du marketing, ont par leur formation et leur fonction une appréhension et une compréhension limitée de certains enjeux. Leur approche de l’information trop rationnelle, ne laisse pas de place à l’intuition, au feeling, à une vision à long terme.
Pour Mickaël Réault, il est important que cette logique d’organisation apprenante s’inscrive dans la fabrique de la connaissance afin d' éviter la déperdition de connaissance (métier, stratégique, environnement). Rappelant la célèbre phrase d’Einstein, “seule l’expérience produit de la connaissance”.
Pour Denis Berthault, du GFII a une vision approche différente, venant du monde de l’open data. Son expérience lui a enseigné que certains profils comme les informaticiens et les spécialistes du marketing, ont par leur formation et leur fonction une appréhension et une compréhension limitée de certains enjeux. Leur approche de l’information trop rationnelle, ne laisse pas de place à l’intuition, au feeling, à une vision à long terme.
Pour Mickaël Réault, il est important que cette logique d’organisation apprenante s’inscrive dans la fabrique de la connaissance afin d' éviter la déperdition de connaissance (métier, stratégique, environnement). Rappelant la célèbre phrase d’Einstein, “seule l’expérience produit de la connaissance”.
L’apport de l’IA.
Tout d’abord, il est important de préciser que la notion d’intelligence artificielle est surtout le buzzword du moment. C’est avant tout un modèle de langages et d'algorithmes, l’intelligence au sens humain de la chose est totalement absente. Ce buzzword est comme celui qui le précède, le Big Data, qui devait lui aussi tuer les métiers de la veille. Toujours le même discours, et pourtant les veilleurs sont toujours là.
Alors, oui, les services proposés sont impressionnants, on gagne en productivité. Mais cela à un coût et comporte des risques. Tous ses services sont américains (pour le moment) et par conséquent toutes les données sont traitées par des serveurs américains. D’autre part, ce sont encore des boîtes noires. Une grande étude menée sur plus de 200.000 postes, a rappelé que 2,6 % des utilisateurs délivrent des informations confidentielles dans l’organisation en utilisant ce type d’outils.
Tout n’est pas gagné, et si l’effet « Waouh » est encore là, il n’est pas impossible que les DSI sifflent la fin de partie en mettant des limites à l’usage incontrôlé et anarchique de ces services. Les IA ne sont pas exemptes d’erreurs, d’hallucinations comme lors de la journée du 20 février dernier où ChatGPT a complètement buggé.
Enfin il est loin d’être vertueux, à l’heure ou la conscience écologique devient une obsession cardinale, le développement des IA sur le plan environnemental revient à remettre une pièce dans la machine à carbone. Chaque mise à jour du modèle équivaut en émission de carbone à 205 allers-retours Paris-New York, 1 % d’eau consommée sur 25 questions posées à un ChatGPT, une explosion des minerais. Enfin sur le plan social, c’est 48 % des dirigeants qui disent avoir déjà licencié avec ce type de technologie. Et les perspectives de l’ADEME à l’horizon 2050 sont particulièrement négatives .
Alors, oui, les services proposés sont impressionnants, on gagne en productivité. Mais cela à un coût et comporte des risques. Tous ses services sont américains (pour le moment) et par conséquent toutes les données sont traitées par des serveurs américains. D’autre part, ce sont encore des boîtes noires. Une grande étude menée sur plus de 200.000 postes, a rappelé que 2,6 % des utilisateurs délivrent des informations confidentielles dans l’organisation en utilisant ce type d’outils.
Tout n’est pas gagné, et si l’effet « Waouh » est encore là, il n’est pas impossible que les DSI sifflent la fin de partie en mettant des limites à l’usage incontrôlé et anarchique de ces services. Les IA ne sont pas exemptes d’erreurs, d’hallucinations comme lors de la journée du 20 février dernier où ChatGPT a complètement buggé.
Enfin il est loin d’être vertueux, à l’heure ou la conscience écologique devient une obsession cardinale, le développement des IA sur le plan environnemental revient à remettre une pièce dans la machine à carbone. Chaque mise à jour du modèle équivaut en émission de carbone à 205 allers-retours Paris-New York, 1 % d’eau consommée sur 25 questions posées à un ChatGPT, une explosion des minerais. Enfin sur le plan social, c’est 48 % des dirigeants qui disent avoir déjà licencié avec ce type de technologie. Et les perspectives de l’ADEME à l’horizon 2050 sont particulièrement négatives .
En conclusion, la table ronde démontre l’importance de la collaboration et de la transversalité dans le contexte actuel d’abondance informationnelle. Cette conférence a mis en avant le rôle crucial des veilleurs et du top management dans la promotion d’une culture d’apprentissage et de partage des connaissances, insiste sur l’importance d’une approche pragmatique basée sur les besoins et les objectifs, et sur la nécessité de valoriser et d’entretenir la contribution de chacun. Il a été souligné également l’importance des sponsors pour soutenir la pratique de la veille collaborative. Enfin, la lumière est mise sur l’importance de fournir des preuves concrètes de la valeur ajoutée de la veille, que ce soit par des sources de qualité ou par des démonstrations sur le terrain. Ainsi, le texte appelle à une transformation de la culture managériale pour favoriser l’ouverture et la collaboration au sein de l’entreprise.
English Version.
In conclusion, the round table demonstrates the importance of collaboration and transversality in the current context of informational abundance. This conference highlighted the crucial role of watchmen and top management in promoting a culture of learning and knowledge sharing, insists on the importance of a pragmatic approach based on needs and objectives, and on the need to value and maintain everyone’s contribution. The importance of sponsors to support the practice of collaborative watch was also highlighted. Finally, the light is shed on the importance of providing concrete evidence of the added value of the watch, whether through quality sources or field demonstrations. Thus, the text calls for a transformation of managerial culture to promote openness and collaboration within the company.
English Version.
In conclusion, the round table demonstrates the importance of collaboration and transversality in the current context of informational abundance. This conference highlighted the crucial role of watchmen and top management in promoting a culture of learning and knowledge sharing, insists on the importance of a pragmatic approach based on needs and objectives, and on the need to value and maintain everyone’s contribution. The importance of sponsors to support the practice of collaborative watch was also highlighted. Finally, the light is shed on the importance of providing concrete evidence of the added value of the watch, whether through quality sources or field demonstrations. Thus, the text calls for a transformation of managerial culture to promote openness and collaboration within the company.