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PartagerAuteurs : Djbril Diakhaté, Susan Kovacs et Stéphane Le Bras
La désinformation joue un rôle essentiel dans la structure de nos sociétés depuis des siècles...
Ce numéro de Balisages tente de répondre à ces interrogations. Et la réaction, comme c'est souvent le cas en sciences sociales, est à la fois complexe et subtile. Effectivement, la désinformation joue un rôle essentiel dans la structure de nos sociétés depuis des siècles. Bien que les mécanismes et les modalités soient similaires, chaque processus est distinct, tant par son intensité, son champ d'action que par ses cibles (Bourdin et Le Bras, 2018).
La désinformation peut prendre différentes formes...
En réalité, la désinformation peut prendre différentes formes, qu'elle se manifeste à l'échelle d'un hameau, d'une région, d'un État, voire même au niveau mondial, dans des domaines variés et variés, allant de l'alimentation (Cohen, 2016) à l'industrie (Foucart, 2013) en passant bien évidemment par la politique (Berinsky, 2023), souvent grâce à des relais multiples et efficaces (Pinker, 2020). Cependant, elle suit toujours le même principe, à savoir celui de la propagation d'une fausse information, plus ou moins complexe, plus ou moins construite, dans le but de causer du tort, de contrôler, de manipuler (Colon, 2019).
Désinformation, tensions sociales, surcharge informationnelle.
En premier lieu, il est évident que la désinformation est en plein essor pendant des périodes de tension intense. Il est clair pour nous d'aujourd'hui que la crise récente du Covid-19 a amplifié les passions, les interprétations, les prises de position radicales, fragilisant les sociétés nationales et les solidarités internationales. Le texte de Karen Nuvoli, spécialiste en sciences de l'information et de la communication (Universités d'Aix-Marseille et de Rome-La Sapienza, Italie), sur les discours anti-vaccins en France et en Italie pendant la crise sanitaire met en évidence avec une acuité particulière que la pandémie a conduit à une augmentation de l'information médicale dans un contexte de surcharge informationnelle, ce que la chercheuse Caroline Sauvajol-Rialland appelle l'« infobésité », un phénomène récurrent en période de crise (Sauvajol-Rialland, 2014)...
"Aujourd’hui, des puissances étrangères n’hésitent pas, par le biais de ce qu’on appelle des armées numériques, à déstabiliser des pays entiers à l’approche d’élections (États-Unis, Grande-Bretagne) ou sur des sujets futiles mais marquants (les punaises de lit en région parisienne), tandis que la désinformation et sa répression sont exploitées dans les pays autoritaires pour bâillonner les oppositions (Inde ou Russie)."