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2024 en rétrospective : transformations et défis relevés de la veille stratégique. Par Arnaud Marquant


Jacqueline Sala
Mercredi 11 Décembre 2024


En 2024, le secteur de la veille stratégique a traversé une année marquée par l'innovation technologique, une adoption accrue de l'intelligence artificielle et une transformation culturelle des professionnels. Le tout au cœur d'une conjoncture pour le moins floue...



« L'incertitude n'est pas un défaut de la science économique, mais une donnée essentielle des choix économiques. » Prix Nobel d'économie en 1988 et spécialiste de la prise de décision sous incertitude, Maurice Allais nous lègue une pensée particulièrement d'actualité. Qu'il s'agisse du contexte international (guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient...) ou national (dissolution de l'Assemblée nationale), le moins que l'on puisse dire est que l'année 2024 a été marquée par les doutes, l'imprévisibilité et le flou. C'est dans ces conditions que le secteur de la veille stratégique s'est signalé par des outils toujours plus performants, l'intégration des solutions d'intelligence artificielle générative et la redéfinition des pratiques professionnelles.

Des outils de veille toujours plus sophistiqués

Premier axe majeur de cet exercice rétrospectif : le perfectionnement des plateformes de veille. En 2024, les éditeurs ont intensifié leurs efforts pour répondre aux besoins d'un marché toujours exigeant – notamment en lien avec l'infobésité et les fake news. Désormais, les outils de veille sont en capacité de produire une indexation des données plus efficiente, ce qui permet aux entreprises de bénéficier de statistiques plus complètes et plus détaillées. Celles-ci facilitent le suivi des performances et des impacts des campagnes d'information. À titre d'exemple, la capacité à analyser l'interaction des cibles avec les livrables a gagné en finesse : taux d'ouverture, temps de lecture ou encore partage des newsletters sont suivis avec précision.
La cybersécurité est aussi devenue l'un des prérequis des solutions proposées. Relativement invisible par les clients, elle relève pourtant bien des investissements consentis par les éditeurs de solutions de veille, ceci pour garantir la confidentialité des données dans un contexte de menaces croissantes. Cette sophistication permet aux entreprises de naviguer efficacement dans un environnement où l'information est surabondante et souvent contradictoire.
 

L'essor de l'IA générative : vers une veille augmentée

Second axe : 2024 a marqué une accélération dans l'usage de l'IA générative au sein des processus de veille. Jusqu'alors perçue comme une option (un « Nice to have »), cette technologie est devenue un incontournable (un « Must have »). Ainsi, l'IA permet aujourd'hui des synthèses rapides, des traductions de qualité et des résumés pertinents, le tout en des temps records. Elle libère très clairement les veilleurs des tâches répétitives pour se concentrer sur des analyses stratégiques.
Cette omniprésence de la performance permet aux organisations de mieux détecter les innombrables signaux faibles et de leur donner de la cohérence. En surveillant des sources de plus en plus variées – forums, réseaux sociaux ou think tanks – les outils augmentés par l'IA permettent de repérer des tendances émergentes bien avant que celles-ci ne deviennent dominantes. Grâce à ces analyses enrichies, nous nous situons de plus en plus aux frontières de la prédictibilité, même si l'on ne peut actuellement parler que de tendance. Quoi qu'il en soit, une telle connaissance permet aux organisations d'être plus vigilantes, de prévenir certains risques de crises et d'ajuster très rapidement leurs stratégies marketing ou logistiques.
 

Une culture de la veille en pleine transformation

En parallèle des multiples évolutions technologiques, 2024 a également vu un changement culturel au sein de la communauté des veilleurs. C'est notre troisième axe de réflexion. Certes, l'adoption de l'IA a suscité de longs débats depuis deux ans, ainsi que des peurs. Cette dynamique a nettement évolué au cours des douze derniers mois. Désormais, nous observons au sein des organisations une acceptation croissante, nouvelle, des outils numériques comme partenaires essentiels plutôt que comme menaces. C'est tellement vrai que de nombreux managers, longtemps hostiles à l'IA, en sont devenus d'âpres défenseurs. Et pour cause : de plus en plus de grandes entreprises ont déployé cette année leur propre IA générative, à telle enseigne que la différence ne se fait pas entre l'homme et la machine, mais entre le professionnel non augmenté et celui qui sait travailler avec l'intelligence artificielle.
Le bilan 2024 de la veille stratégique illustre un secteur en pleine mutation. Les progrès technologiques redéfinissent les pratiques, tandis que la profession elle-même adopte des approches plus tournées vers l'usage de l'IA générative, sur fond d'usages plus collaboratifs et transversaux. Ces évolutions répondent à une demande croissante d'efficacité et de précision dans un monde marqué par des crises de plus en plus présentes.
Dans un tel contexte d'incertitudes, en 2025, le défi consistera à maintenir l'équilibre fécond entre innovation et expertise humaine, afin de continuer à apporter une réelle valeur ajoutée aux organisations.
 

Auteur : Arnaud Marquant, KB Crawl

Arnaud Marquant est diplômé du Conservatoire National des Arts et Métiers et de l’université de Mc Master en Ontario au Canada en tant qu’ingénieur en génie électrique spécialisé en transport et distribution de l’énergie.
Après 3 années dans une filiale du groupe Eramet, spécialiste français des aciers spéciaux, en tant que Directeur adjoint de la maintenance d’un site de production d’alliage de fer, il intègre le groupe Bureau Veritas, entreprise française leader mondial dans l’inspection, la certification et des tests comme spécialiste en électricité. Il y exercera différentes fonctions opérationnelles et fonctionnelles dans les métiers de l’inspection des bâtiment et infrastructures, en France et à l’étranger. 
En novembre 2018, il a rejoint KB Crawl comme directeur des opérations.