Santé

L'information scientifique, technique et sociétale à l'ère numérique par Gilbert C. Faure, immunologiste. ACCS


David Commarmond
Lundi 23 Décembre 2024


Gilbert C. Faure souligne l'importance d’une veille informationnelle spécialisée dans le contexte actuel de surabondance d'information. Il utilise une variété d'outils, dont Scoop.it, les réseaux sociaux et les bases de données pour se tenir au courant des dernières avancées scientifiques et les partager.



DC : Pouvez-vous vous présenter :

L'information scientifique, technique et sociétale à l'ère numérique par Gilbert C. Faure, immunologiste. ACCS
GC Faure je suis médecin, immunologiste et actuellement enseignant-chercheur au CREM Centre de Recherche sur les Médiations à l’Université Lorraine de Nancy.
 
J’ai eu l’occasion de partager mon expérience et mes réflexions sur l'évolution de l'information scientifique et les défis de la désinformation vaccinale lors du séminaire de l’ACCS, où j’ai eu l’occasion de présenter mes méthodes de veille scientifique, technique et sociétale et outils dont la curation avec Scoop.it

DC : Qu’est-ce-que la curation :

GC Faure : La curation de contenus est le processus de sélection, d'organisation, d’augmentation et de partage de contenus pertinents et de qualité sur un sujet particulier.
  • Sélection: trouver, identifier et choisir des contenus pertinents parmi l’énorme quantité d'informations disponibles.
  • Organisation : Structurer et classer le contenu sélectionné de manière logique et accessible.
  • Augmentation : commenter, mettre en relation, regrouper
  • Partager : Diffuser le contenu organisé à une audience cible, souvent via des plateformes de médias sociaux, des blogs ou des newsletters.
La curation permet de filtrer le bruit informationnel et de mettre en avant des contenus pertinents et de valeur pour un public spécifique. C'est une manière efficace de démontrer son expertise sur un sujet et de rester à jour avec les tendances et les nouvelles informations.

Scoop.it est une plateforme de curation de contenus qui permet aux utilisateurs, enseignants, chercheurs, organismes et entreprises de découvrir, sélectionner, éditer et partager du contenu. J’utilise cet outil depuis des années.

DC : Comment êtes-vous parvenu à développer un intérêt pour l’information scientifique ?

GC Faure : En tant que médecin et immunologiste, chercheur et enseignant, j’ai développé un intérêt pour l'information scientifique dès le début de ma carrière. En tant que chargé de mission à la documentation à l'Université, j’ai créé des liens avec les professionnels de l’information en tant que "end user" - utilisateur final. J’ai vu évolué tous les écosystèmes.

Pourquoi appréciez-vous autant Scoop-it ?

GC Faure :  J’utilise l'outil Scoop.it depuis des années, j’en suis un fervent utilisateur depuis plus de dix ans.
J’apprécie cet outil de curation de contenus pour sa capacité à organiser l'information, à la partager et à découvrir de nouvelles ressources. Je l'utilise pour mes recherches, mes cours et pour suivre l'actualité scientifique, notamment récemment sur la vaccination. Pendant le Covid, il m’a aussi permis de mettre à disposition des étudiants, même à longue distance, à Wuhan par exemple des ressources sélectionnées pour des travaux personnalisés.

DC : Comment les outils de veille informationnelle ont-ils évolué : quels sont les nouveaux défis ?

GC Faure :  Evidemment, les outils ont énormément évolué depuis l'époque des "Current Contents" sur papier, les tirés à part et les photocopies. Les ressources numériques se sont multipliées, mais leur coût d’accès est devenu un problème majeur pour les universités, les organismes de recherche et les états.
 
Les utilisateurs finaux, chercheurs, enseignants et étudiants évoluent aussi mais sont peu formés à l’explosion de l’information et à la maîtrise des nombreux outils qui apparaissent sur le marché.
 
La veille informationnelle n’est pas naturelle pour beaucoup qui aussi manquent de temps dans le cadre de leurs différentes activités.
 
Un autre défi est le manque de culture du partage de l'information. Dans ce domaine, malgré l’existence d’outils, chercheurs et enseignants ont souvent du mal à fonctionner en réseau et à partager leurs connaissances.
 Bien que le terme semble parfois un peu passé de mode, je crois beaucoup au potentiel de la curation de contenus, qui apporte à la veille le plus de l’intervention humaine du spécialiste et/ou du passionné mais il est essentiel que les outils se maintiennent et que les curateurs continuent à s'investir dans cette activité qui exige ténacité, et persistance.

Comment s’inscrit dans ce contexte la désinformation pour les professionnels de santé

GC Faure :  : La problématique de la désinformation est un défi majeur pour la santé publique, notamment en lien avec la vaccination. Les réseaux sociaux amplifient la diffusion de fausses informations limitant dans le monde entier la couverture vaccinale indispensable. Par ailleurs, des professionnels de santé contribuent parfois à la désinformation en ligne. Les tentatives de réinformation et/ou de debunking de la part organismes public, des sociétés savantes semblent assez peu efficaces, n’atteignant pas leurs cibles.
 
Cette hésitation vaccinale particulièrement problématique pour la santé des populations est influencée par des facteurs socioculturels variés. C’est un phénomène très complexe vis à vis duquel devraient se mettre en place des recherches et des actions interdisciplinaires impliquant sciences médicales et biologiques (maladies infectieuses, immunologie, santé publique…) sciences humaines et sociales (sciences de l’information, psychologie, économie, politologie…).
 
On peut s’inquiéter particulièrement des conséquences de cette désinformation, l'augmentation des cas de rougeole et de coqueluche aux États-Unis en étant un exemple, et la situation politique actuelle de ce pays n’étant pas rassurante.

Conclusion

L'interview met en lumière l'importance de la veille informationnelle et de la curation de contenus dans un monde où l'information scientifique est omniprésente mais souvent difficile à décrypter. G.C Faure souligne le rôle crucial des experts humains dans la sélection et le partage de l'information fiable, notamment face au défi de la désinformation.