Intelligence artificielle

Grand angle. La souveraineté numérique est plurielle ! Matériel, logiciel, données, IA générative mais aussi matières premières et terres rares. David Fayon.


Jacqueline Sala
Mardi 2 Avril 2024


L’évolution de la chaîne de valeur dans le domaine technologique a vu la transition de la valeur ajoutée du matériel vers les logiciels, puis vers les données et enfin vers l’IA générative. Cependant, il reste stratégique pour les acteurs de maîtriser l’ensemble de cette chaîne.



Allons découvrir le travail de fond réalisé par David Fayon dans son article paru sur son site https://davidfayon.fr/ .
Il y aborde la notion de souveraineté numérique sous différentes facettes car loin de se limiter au seul domaine logiciel, elle englobe également le matériel, les données, les IA génératives, ainsi que la partie cachée : matières premières et terres rares.
Son analyse de l’histoire du numérique se décompose en 3 périodes, enrichie d’une 4ème qui débute, celle de l'IA générative.
Source :
https://davidfayon.fr/2024/03/souverainete-numerique-plurielle-materiel-logiciel-donnees-intelligence-artificielle-generative-matieres-premieres-terres-rares/

 

L'informatique a débuté pendant la Seconde Guerre mondiale avec le décryptage des messages codés allemands et l'utilisation d'outils de calcul de trajectoire balistique.

La valeur ajoutée, essentiellement matérielle, s'est d'abord déplacée vers le logiciel. Cela s'explique par deux facteurs concomitants :
  • d'une part, une baisse considérable du prix et de la taille des ordinateurs
  • d’autre part, la crise et la complexité des logiciels, alors que de nouveaux langages de programmation sont apparus au fil des années.
La date clé est 1985, lancement de Windows, largement inspiré du système d'exploitation Macintosh sorti l'année précédente. A noter 1995, année de l'essor d'Internet dans les pays occidentaux : Explorer était livré directement installé sur les PC et la première vague des géants d'Internet fut lancée en 1994-1995.
 
2005 est l'année du boom du Web 2.0. Il se traduit par l’utilisation de données personnelles par des applications, qui pour certaines deviennent des plateformes et attirent autour d’elles tout un écosystème.
En échange du service gratuit, vos données personnelles sont utilisées, même si des formules premium sont disponibles ailleurs. Nous vivons à une époque où les plateformes, notamment les GAFAM, sont reines.

L’intelligence artificielle générative, apparue au grand public avec le phénomène ChatGPT en novembre 2022, aura des usages matures dès 2025, notamment dans le monde de l’entreprise
 

Maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur technologie : matériel, logiciels, données, IA


L’évolution de la chaîne de valeur dans le domaine technologique a vu la transition de la valeur ajoutée du matériel vers les logiciels, puis vers les données et enfin vers l’IA générative. Cependant, il reste stratégique pour les acteurs de maîtriser l’ensemble de cette chaîne.

En ce qui concerne les systèmes d’exploitation et les logiciels, les risques tels que les portes dérobées sont réels. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir des systèmes d’exploitation souverains.

Maîtriser l’énergie nécessaire au fonctionnement des équipements.

Les combustibles fossiles, en particulier le charbon, sont très polluants et sa consommation devrait continuer à augmenter. L’énergie nucléaire pourrait devenir abordable et sans déchets radioactifs dans les années à venir.

Le numérique induit par essence diverses pollutions, d’où les nécessaires sobriété numérique et l’innovation. Il est essentiel de distinguer la consommation d’énergie, le transport et le stockage des données. Les câbles sous-marins jouent un rôle crucial dans les transferts de données continentales, et toute interruption peut avoir des conséquences dramatiques pour un pays. En effet, l’accès à Internet est désormais essentiel. De plus, la gestion des datacenters représente une part significative de la consommation d’énergie.
 

Sans oublier les métaux, l’eau et les terres rares, éléments essentiels pour toute l’industrie numérique.

Les terres rares sont utiles entre autres dans la production d'aimants, dans la miniaturisation des composants de nos smartphones avec l'augmentation de la puissance des ordinateurs. Leur exploitation nécessite des quantités astronomiques d’eau et crée de la pollution en libérant des métaux lourds, de l’acide sulfurique et parfois de l’uranium dans l’environnement.

Dans ce contexte, la R&D doit être développée pour trouver des matériaux de substitution à moindre coût économique et écologique. La conscience stratégique est présente mais insuffisante.
 

La France n’a pas d’ennemis pour l’instant, seulement des intérêts. Reste à trouver l’équation gagnante entre économie, éthique et écologie.

Merci David Fayon. Responsable Ecosystème Innovation & Prospective à La Poste

David Fayon
David Fayon souhaite la promotion des usages du numérique dans ses trois dimensions interdépendantes : technique, organisationnelle, humaine. Il prône une juste complémentarité entre les mondes numérique et physique.
 
Il est auteur de plusieurs livres sur Internet et membre de plusieurs associations oeuvrant pour le développement du numérique comme La Fabrique du Futur, CREIS-TERMINAL, PlayFrance.Digital ou l’IT50+. Il est également mentor pour des start-up.